jeudi 11 octobre 2007

sortir de la crise

Rapport (saison 2006-2007) du représentant du PS au Conseil de fondation du Grand Théâtre
CONCLUSIONS

Le Grand Théâtre est à Genève le meilleur exemple de ces institutions culturelles d'importance pour le moins régionale, mais dont le financement reste essentiellement municipal (si l'on fait abstraction de sa capacité d'autofinancement partiel). Reconnu pour la qualité de ses productions, essentiel au " tissu " (ou plutôt au réseau) culturel genevois (114), seul théâtre lyrique de la région genevoise, c'est-à-dire seule institution pérenne (puisque publique) capable de représenter cette synthèse de la musique, du théâtre, de la littérature et de la création visuelle qu'est l'opéra, présent " internationalement " (en témoignent à la fois ses tournées et l'audience internationale de ses représentations à Genève même), désireux enfin de renforcer cette présence, le Grand Théâtre n'a plus rien de municipal, sinon son financement. Or il n'y a pas d'opéra " bon marché " : l'institution et le genre même qui y est représenté coûtent cher (115) (et coûteront de plus en plus cher), la première pour être maintenue, le second pour être représenté ; comme on ne peut être à la fois un opéra de prestige et un théâtre municipal, il faudra donc bien que l'on fasse le pas menant du Grand Théâtre municipal à l'Opéra régional, sachant que l'on ne peut prétendre durablement assurer le second par le financement du premier, et qu'il y a quelque chose d'absurde à " asseoir " sur le seul financement (et le seul contrôle) municipal un opéra capable de se déplacer (matériel, décors et personnel compris) jusqu'à Mexico pour y représenter deux ouvrages lyriques et deux ouvrages chorégraphique. Le refus du Conseiller d'Etat (et néanmoins camarade) Charles Beer d'entrer en matière sur une demande de la Fondation du GT d'ouvrir un débat sur un financement partagé, Ville-canton, du GT, avant que la " Conférence culturelle " ait fait la preuve, par l'acte, de son utilité, ou, par l'inaction, de son inutilité (116) , ce refus paraît donc au soussigné relever quelque peu de l'aveuglement politique (volontaire, l'aveuglement) : se contenter de dire (ou d'écrire) que " les conditions ne sont pas réunies pour résoudre la question complexe des ressources du Grand Théâtre (car) il n'existe pas de cadre pour une telle négociation, aussi longtemps que la Conférence culturelle n'est pas opérationnelle. Par ailleurs, le contexte économique laisse peu de marge à l'Etat de Genève pour prendre de nouveaux engagements " et que " ni le moment, ni le lieu ne sont donc propices à un débat de fond ", cela n'est qu'une forme polie du refus de discuter -ou du refus de prendre en compte le risque, pour l'institution elle-même, de voir perdurer la situation actuelle.

Par ailleurs, la réduction du débat de fond à une alternative simpliste du genre " Genève ne peut pas entretenir son Grand Théâtre sans y mettre les moyens. Mais elle pourrait par contre tout à fait se priver d'opéra " n'est pas, non plus acceptable politiquement, même (ou surtout) dans la bouche du Conseiller administratif en charge de la culture (117), et même si ainsi exprimée, cette alternative a toutes les apparences d'une évidence. Le choix ne se fait pas entre " un opéra à n'importe quel prix " et " pas d'opéra du tout " : il se fait entre un grand opéra régional financé régionalement, et un petit opéra municipal financé municipalement. Certes, le " besoin " d'opéra n'est pas, au sens strict, un besoin social. Genève a " besoin " d'un service du feu, d'un service de voirie, d'un service des eaux, pas d'un Opéra. Genève a un Opéra parce qu'elle en a envie et qu'elle a fait le choix de satisfaire cette envie. L'existence de l'Opéra ne relève pas d'une obligation, ni d'une nécessité, ni de la moindre rationalité économique, mais d'un choix politique, parfaitement volontariste. Genève pourrait se passer du Grand Théâtre. Si elle n'a pas décidé de s'en passer, elle n'a jamais été contrainte à cette décision. Genève a un Opéra parce qu'elle a choisi d'en avoir un. Cela posé, reste à assumer ce choix. Or il ne peut être réellement assumé tant qu'il reposera sur la seule volonté de la seule municipalité de la Ville.

Le Grand Théâtre est l'Opéra de la région, payé par la commune. Il n'est probablement plus personne, ni au sein du Conseil de Fondation de l'institution ni au sein du Conseil municipal (et du Conseil administratif) de la Ville qui n'ait conscience, plus ou moins confusément, et que cela soit exprimé ou non, que cette situation ne peut durer, et que la Ville ne peut (politiquement, plus encore que financièrement) continuer à supporter seule ou presque la charge financière de la plus " grosse " institution culturelle de la région -de même qu'à l'inverse, le Grand Théâtre ne peut continuer à dépendre si étroitement qu'actuellement de la seule source municipale de financement public. Si rien n'est changé à la structure du financement public du Grand Théâtre, l'alternative restera donc celle à laquelle depuis des années la GT et la Ville sont confrontés : ou bien la subvention municipale augmente année après année, (en plus de son indexation puisque l'opéra est un secteur économique sur-inflationniste), pour maintenir l'outil de production à un niveau quantitatif et qualitatif constant ; ou bien la municipalité maintient sa subvention à un niveau constant, en termes réels, mais le GT manquera de moyens et, comme l'écrit le Conseil de fondation dans son " commentaire " au budget 2005-2006, il faudra " envisager des coupes structurelles " à son budget, coupes structurelles dont apparemment la victime (expiatoire) est d'ores et déjà désignée, une fois pour toutes: le Ballet. Mais quelles qu'en soient les victimes, et même si plutôt que de supprimer le Ballet la Fondation décidait de réduire la programmation lyrique, ces coupes structurelles affaibliraient la capacité du GT à jouer le rôle central qui est le sien dans le tissu culturel genevois.

Une institution culturelle, si importante soit-elle, est toujours fragilisée par sa dépendance à l'égard d'une source de financement unique, ou hégémonique, à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une source de financement publique soumise aux décisions d'organes politiques qui sont toujours le lieu de rapports de force, et souvent celui de marchandages, politiques. Si la puissance publique est pérenne, ses décisions sont changeantes. La multiplicité des sources de financement de la culture est donc une condition de la liberté culturelle, ce que d'excellents auteurs confirment : " La meilleure protection du statut des artistes et de leur rôle, ce sont les structures complémentaires de subventionnement. Je suis totalement contre le guichet unique, contre le désenchevêtrement, parce que, quand la femme ou l'homme politique passe, la liberté artistique doit demeurer. Et le fait d'être exposé à un seul prince me semble être le pire des dangers " (Charles Beer) (118).
C'est en refusant d'admettre la nécessité de la recherche d'autres sources de financement public que l'on met le plus gravement en danger l'institution que l'on affirme par ailleurs vouloir préserver : cela vaut pour le Grand Théâtre comme pour le Théâtre de Carouge, cela vaut pour la culture comme pour les autres champs d'intervention publique (du moins si l'on parle d'institutions pérennes, et pas de sociétés anonymes faillibles) et cela vaut à Genève comme ailleurs (119). Le PS ne doit pas lâcher cet os là, quelle que soit la situation financière de la Ville ; ce n'est pas pour " faire des économies " qu'il faut se battre pour le partage des responsabilités publiques en matière d'institutions culturelles, mais pour accroître l'implication de toutes les collectivités publiques de la région dans la politique culturelle de la région, et pour ouvrir encore plus cette politique culturelle à de nouvelles formes d'expression, et à de nouveaux discours culturels.

" Il faut montrer qu'une politique culturelle ne produit pas une esthétique d'Etat. (…) L'institution doit être un lieu de liberté, de division, de confrontation politique "
(Olivier Py, " Le Monde " du 4 mai 2007)

La politique culturelle ne se réduit pas à la politique du patrimoine, c'est-à-dire à la représentation (et à l'entretien) de la création passée. Elle doit aussi porter sur la création présente, dite par pléonasme " contemporaine " ou " vivante ", et cela sans exclusive et en renonçant a priori à définir une culture officielle. La programmation des dernières saisons du Grand Théâtre, de ce point de vue, manifeste un souci d'ouverture à la création contemporaine qu'il convient de saluer encore une fois, même (ou à plus forte raison) si l'ensemble du public " habituel " (ou habitué) du GT ne s'y retrouve pas, et même (ou à plus forte raison) si la réussite de la politique artistique de la direction est " plombée " par sa gestion et sa conception des relations avec le personnel et les syndicats.

Si nous nions au pouvoir politique (même municipal) tout droit à déterminer les formes de la culture (s'arrogerait-il ce droit, d'ailleurs, qu'il serait bien en peine d'en concrétiser l'ambition), nous entendons bien lui imposer l'obligation de concentrer ses efforts sur la part la plus novatrice de la création et de la représentation culturelles, c'est-à-dire la part qui nécessite un soutien public parce qu'elle ne représente pas (ou pas encore) un " marché " culturel, une source de profit possible pour le secteur privé.
C'est par leurs marges que tiennent ensemble les pages des livres ; c'est par leurs marges aussi que tiennent les réseaux culturels. Un soutien à la création culturelle implique donc un soutien à ce qui est, au départ, création dans les marges. La collectivité a à la fois le devoir de soutenir la création culturelle marginale et celui de réduire ce soutien lorsque cette création (ou sa représentation) devient institution, patrimoine ou marché, et conquiert un terrain (marchand ou social) où d'autres sources de financement se font jour.

Ainsi, la part des ressources affectées par les collectivités publiques, et en premier lieu par la Ville, à la culture, et qui est actuellement affectée aux institutions culturelles, dont le GT, doit-elle être réduite, pour que la part et le volume affectés à la création non-institutionnelle puissent être accrus -ce que 61,7 % des personnes interrogées à Genève en 1996 souhaitaient.

Le problème de la répartition de la charge financière des institutions culturelles entre les collectivités publiques est posé en termes explicitement politiques : il ne s'agit pas de " faire des économies " pour réduire déficit ou dette, mais de définir une politique culturelle

Sortir de la crise : propositions
Il y a un bon usage possible de la crise qui a abouti à la commande du double audit entamé à fin 2006. En reprenant plusieurs des conclusions des deux audits, et en les conjuguant à des positions de principes déjà exprimées dans ses rapports précédents, le soussigné suggérait et persiste à suggérer à son parti de reprendre et de défendre les positions et propositions suivantes (dont certaines sont, à la date de remise de ce rapport, concrétisées ou en passe de l'être -ces propositions-là sont mises en italique), outre celles qui, avancées par le Département de la Culture e/o la Direction générale119, méritent également d'être soutenues (120) :

1. remplacement sans délai de la présidence et de la vice-présidence du Conseil de fondation (les actuels président et vice-président ayant annoncé qu'ils ne se représenteraient pas au terme, fin août, de leur actuel mandat, il convient de s'assurer de leur départ effectif, et de leur remplacement par des personnalités nouvelles, n'ayant pas pris part aux conflits de ces deux dernières années).
2. Création d'une commission ad hoc du Conseil municipal pour la mise en œuvre des conclusions de l'audit -jusqu'à le cas échéant, la dissolution de l'actuelle fondation, conformément à l'art. 25 de son statut, et à la reprise du GTG par la Ville en gestion directe dans l'attente de la création d'une fondation nouvelle rassemblant la Ville, l'ACG et le canton, ainsi que les contributeurs privés réguliers.
3. Réintégration des employées et employés " déplacés " à la suite de leur action de dénonciation de cas de mobbying et de harcèlement. Le principe de cette réintégration est admis.
4. Unification du statut du personnel, dans le statut de la fonction publique municipale (à l'exception du personnel artistique et du directeur général).
5. Création formelle d'une commission unique du personnel. Négociation avec les syndicats et la commission du personnel, et promulgation, d'un nouveau règlement du personnel. Assurer le respect des droits syndicaux.
6. Création d'une direction administrative (remplaçant l'actuel secrétariat général), d'une direction financière et d'une direction des ressources humaines, postes devant être occupés par des fonctionnaires municipaux-ales. La création de ces trois directions suppose une modification du statut de la Fondation. Municipalisation du secrétariat général. Création d'un Conseil de direction réunissant les directions générale, financière, administrative, technique et des ressources humaines, ainsi que les directions des publics et de la production. La direction actuelle a estimé à 2,7 millions sur deux ans le coût de la création de cinq directions spécifiques (des ressources humaines, administrative et financière, technique, des publics et de la production). Ce coût (121) peut être absorbé par des économies de fonctionnement pour quelques centaines de milliers de francs, et un prêt (remboursable) de deux millions accordé (sans intérêts) par la Ville. On peut suggérer que le remboursement de ce prêt soit effectué par prélèvements sur la subvention, sans autre augmentation de celle-ci que son indexation, et sans garantie de déficit (une telle garanti n'étant généralement qu'une subvention supplémentaire déguisée).
7. Institution d'une médiation (" tiers garant ", (ombuds-wo-man), nommée par la Ville et agissant entre le personnel (Ville et fondation) et la direction.
8. Rédaction des statuts de la nouvelle fondation et du règlement interne du Conseil de fondation dans le sens suivant :
a. Réduction du nombre de membres du Conseil de fondation nommés par le Conseil administratif
b. Représentation du personnel au Conseil de fondation avec droit de vote
c. Représentation du Cercle au Conseil de fondation
d. fixation à cinq du nombre de représentant-e-s du Conseil municipal (actuellement, le nombre dépend du nombre de groupes au Conseil : plus il y a de groupes, plus il y a de représentants, à raison d'un-e par groupe -le statut actuel parle même de " partis ")
e. présence (à titre consultatif) des directions du ballet et des chœurs au Conseil de fondation
f. redéfinition des compétences du bureau, restriction de la délégation de compétence du Conseil de fondation au bureau
g. ouverture du Conseil de fondation à une représentation de l'ACG et du DIP (sous réserve de l'octroi par eux d'une subvention régulière), conformément à la motion M-393 acceptée par le Conseil municipal le 7 octobre 2003.
h. renforcement du pouvoir de surveillance de la Ville, maintien de la présence d'un conseiller-e administratif-ve (celui/celle chargé-e du DAC), ou d'un représentant du DAC, au Conseil de fondation (et au bureau).
9. Redéfinition du financement du Grand Théâtre :
a. Plafonnement du subventionnement municipal à un multiple maximum des subventions accordées par le canton et les autres communes
b. Réduction de la subvention versée par la ville, en fonction de la charge salariale supplémentaire provoquée (pour la Ville) par la municipalisation du personnel de la Fondation.
c. Conclusion d'une convention tripartite et quadriennale de financement du GTG entre la Ville de Genève, l'ACG et le canton, conformément à la motion M-394 acceptée par le Conseil municipal le 7 octobre 2003. Cette convention remplacerait l'actuelle convention Ville/Fondation.
10. Ballet : création d'un Ballet de Genève, autonome du GTG, sous statut de fondation, avec une convention de collaboration Ballet-GTG (usage des infrastructures, service d'opéra) et une subvention indépendante.

(114) Le Conseil de fondation, dans ses commentaires sur les comptes 2003-2004, estime -de manière quelque peu autoproclamatoire- que le GT joue un rôle de " modèle à suivre ", et souligne que les " retombées " de son activité " rejaillissent (…) sur l'ensemble des acteurs culturels du canton par un effet d'entraînement "… métaphore dont la lourdeur stylistique ne doit pas empêcher d'être approuvée, puisqu'elle constate ce qui, effectivement, qualifie le rôle d'une institution culturelle dans un " paysage culturel " régional.

(115) Si l'Opéra de Genève coûte cher à la Municipalité, son coût global n'atteint de loin pas celui des grands opéras européens, et sa situation financière n'est de loin pas aussi déséquilibrée que celle de ses homologues. A titre de comparaison, le budget de la Scala de Milan atteint les 115 millions d'euros, soit entre quatre fois plus que le coût total du GTG pour la Ville, et cinq fois plus que le budget du GTG (pour 2,5 fois plus de spectateurs et un personnel deux fois et demi plus important). En outre, les comptes de la Scala sont en déficit régulier de 500'000 à 1 million d'euros par année, et l'institution a dû prélever 7,5 millions d'euros sur son propre patrimoine pour équilibrer ses comptes 2004. En 2004, la Scala a reçu 44 millions d'euros de subventions publiques (en gros, cinq fois plus que le GTG) et l'Opéra de Paris 94 millions (mais pour deux scènes, et l'emploi de 1600 personnes). … En revanche, la charge du Grand Théâtre pour la collectivité publique reste, en comparaison européenne, assez considérable : les treize principaux opéras italiens ont reçu, ensemble en 2004, 104 millions d'euros des collectivités locales, soit, à treize, quatre fois plus que le seul opéra genevois (ou, en moyenne par opéra, trois fois moins…), 239 millions d'euros de l'Etat central et 95 millions des mécènes et sponsors privés. Le problème n'est donc pas un problème de coût global (l'opéra genevois est plutôt moins onéreux financièrement que ses homologues européens), mais un problème de répartition de ce coût (il repose à Genève de manière disproportionnée sur la seule collectivité locale). En Italie, l'Etat central donne deux fois plus, et les " privés " autant, que les collectivités locales pour les opéras (en 2004, pour treize institutions lyriques : 239 millions d'euros de l'Etat central, 104 millions des collectivités locales, 95 millions des " privés ")

(116) Ce qui menace d'être le cas : aucune commune n'a proposé de mettre le moindre argent dans un " pot commun " et la Conférence culturelle ne réunissait, fin octobre 2006, que les seules communes de Lancy, Plan-Les-Ouates et Genève (outre les représentants de l'Association des communes genevoises, qui n'a pas le moindre fonds propre à disposition, autre que le fonds d'équipement). Quant à son premier projet, celui de la Maison de la Danse, il a sombré en vote populaire à Lancy.

(117) A qui Le Courrier attribue ces propos, tenu lors du débat au Conseil municipal, le 17 mai 2005 sur la demande de crédit (de 6,4 millions) pour la rénovation des ponts de scène du GT. Pour Patrice Mugny, réduire la charge financière du Grand Théâtre ne pourrait se faire qu'en supprimant le Baller, en exportant la réalisation des décors (ce qui priverait des artisans genevois de travail) ou en baissant la qualité ou le nombre de spectacles, au détriment des rentrées financières (Le Courrier du 8 juin). Autant dire -et nous sommes de cet avis- qu'on ne peut espérer " faire des économies " sur le budget du GTG, et que la question est bien celle d'un partage de son financement.

(118) in Journal de l'ADC, janvier-mars 2005

(119) Les opéras italiens sont souvent très endettés (ATS 20 juillet 2004 18:20)
ROME - Les finances des plus grands opéras d'Italie sont alarmantes. Seuls trois des treize fondations responsables de leur gestion présentent des chiffres noirs. Ce sont la Fenice à Venise, l'Opéra de Rome et l'Académie Sainte-Cécile, à Rome également. Les autres institutions plongent dans le rouge, indique une étude du journal économique milanais "Sole 24 Ore". La Scala de Milan par exemple a enregistré l'an passé une perte de 9,7 millions d'euros (15 millions de francs). La dette des Arènes de Vérone s'est élevée en 2003 à presque 3 millions d'euros (4,5 millions de francs). Les pertes globales des treize plus grandes institutions lyriques italiennes totalisent 28,2 millions d'euros (43 millions de francs), rapporte le journal dans son édition de lundi. Les bilans sont principalement lestés par les salaires du personnel.

(120) Un document de la direction générale liste, en avril, les dix-neuf " mesures " à prendre et leur mise en œuvre. Nous le résumons ci-dessous (en précisant que si aucune de ces propositions ne va dans le " mauvais sens ", certaines en restent au début du chemin à faire) :
mesure* mise en œuvre délai de réalisation
1. Commission du personnel Ville-fondation immédiate septembre 2007
2. révision du règlement technique septembre 07 jun 2008
3. révision du règlement du Ballet septembre 08 juin 2009
4. révision du règlement des chœurs septembre 07 décembre 2007
5. Convention collective de travail pour le GTG septembre 08 septembre 2009
6. examen des postes à municipaliser immédiate septembre 2007
7. engagement directeur-trice ressources humaines (DRH)* immédiate septembre 2007
8. engagement directeur-trice technique* immédiate septembre 2007
9. engagement directeur-trice financier-e (DAF)* immédiate septembre 2007
10. création d'un service des système d'inormation* attente DAF janvier 2008
11. refonder le bureau technique* immédiate septembre 2007
12. réintégration des Mmes * et ** en cours septembre 2007
13. Comité éthique, information droits et devoirs, règlements immédiate septembre 2007
14. constitution d'un cadre de relations entre la Ville et la Fondation*
15. transformation du Conseil de fondation*
16. point sur la sécurité avec l'OCIRT et la SUVA en cours juin 2007
17. révision et complément des cahiers des charges* attente DRH juin 2008
18. municipalisation de six postes en cours
* ces mesures et la négociation de leur champ et de leurs modalités impliquent particulièrement le Conseil de fondation

De son côté, et pratiquement au même moment (avril 2007), le DAC propose (sans fixer d'échéance) des " priorités pour le Conseil de Fondation ", dont la plupart correspondent à celles avancées par la Direction générale :
1. Unifier les commissions du personnel
2. Mettre à plat les règlements et les convention s collectives du chœur, du ballet, du personnel technique, pour aboutir à une convention collective de treavail au GTG
3. Constituer une équipe de direction (directeur-trice RH, directeur-trice administratif et financier -un même poste ou deux postes distincts-, directeur-trice technique, directeur-trice des relations extérieures). Le DAC précise qu'il s'agit de " mettre en place une structure de direction collégiale pour contrebalancer le pouvoir artistique du directeur général ".
4. fonctionnarisation de six collaborateurs*
5. étude de la fonctionnarisation d'autres postes
6. réintégration des deux tapissières-accessoiristes*
7. création d'un comité d'éthique
8. constitution d'un cadre adéquat pour les relations entre la Ville et la Fondation
9. Transformation du Conseil de fondation avec présence consultative de représentants du personnel
*ces propositions sont également considérées par le DAC comme ses propres priorités
A ces " priorités " proposées par le DAC au Conseil de fondation s'ajoutent celles que le DAC se définit pour lui-même : élaboration des cahiers des charges pour les directions spécifiques (RH, administration, finance, technique), mise en place de médiations collectives et individuelles, convention de subventionnement…

(121) En gros : un million sur deux ans pour la direction des ressources humaines, 900'000 FS pour la direction financière et administrative, 650'000 FS pour la direction technique, 200'000 FS pour la direction de la production