samedi 21 avril 2007

La "crise" au Grand Théâtre de Genève : Chronique d'un déni de réalité


La "crise" au Grand Théâtre de Genève : Chronique d'un déni de réalité

"Dès que j'ai eu conscience du sérieux de la situation, j'ai immédiatement réagi et oeuvré sans désemparer depuis" (Bruno de Preux, président de la Fondation du Grand Théâtre)

"Aucun indicateur de (l')existence (du malaise social au Grand Théâtre) n'est remonté jusqu'à moi avant mars 2006"
(Jean-Marie Blanchard, Directeur général du GTG, "Tribune de Genève" du 25 avril 2007)



26 juin 2003 : une employée du service des tapissiers-accessoiriste dénonce à ces chefs le comportement "inadéquat" d'un collaborateur du service, M. F., à son égard et à l'égard d'une autre employée, et cela depuis plus de six mois. F. fait des excuses à la fin de l'été, avant que sa candidature à la titularisation comme tapissier soit retenue, et qu'une autre employée exprime les mêmes plaintes à son égard.

juin 2005 : le nouveau chef du service annonce qu'il souhaite que F. soit nommé sous-chef. Quatre employé-e-s du service s'insurgent par lettre contre ce choix. La direction classe l'affaire.

août 2005 : F. est nommé sous-chef ad interim. Les quatre employé-e-s du service rédigent un dossier accablant pour F, l'adressent à Patrice Mugny après avoir pris contact avec le syndicat SIT.

septembre 2005 : le Conseil administratif ouvre une enquête administrative contre F., dont la nomination comme sous-chef ad interim est gelée par la direction, mais les employé-e-s qui ont dénoncé F. sont priés de ne plus se rendre à leur travail pendant l'enquête -lors de laquelle les plaignant-e-s n'ont pas accès à l'ensemble de la procédure.

25 novembre 2005 : l'enquête administrative "blanchit" F. et conclut que ses pratiques sont "admissibles". Il s'avérera par la suite que la procédure d'enquête administrative est tout à fait inadéquate dans un cas semblable.

Décembre 2005 : Le SIT demande la réintégration des quatre plaignant-e-s, ce que le Conseiller administratif accepte.

6 janvier 2006 : Le bureau du Conseil de fondation refuse, sur préavis de la Direction, de réintégrer les quatre employé-e-s avant qu'un audit externe, qui sera confié à PriceWaterhouse, ne conclue que cette réintégration est sans risque. En revanche, F. est autorisé à reprendre son travail.

13 février 2006 : le personnel mandate ses commissions et les syndicats
Une Assemblée générale du personnel du GTG (personnel Ville et personnel fondation), à laquelle participent plus de 60 personnes, mandate les commissions du personnel et les syndicats SIT et SSP "pour entreprendre des démarches en vue (de) remédier (aux) problèmes récurrents qui péjorent les relations de travail" au GTG : précarité de l'emploi et du statut, problèmes de santé et de sécurité, banalisation du mobbing. Le personnel mandate les commissions et les syndicats pour "entrer en négociation" avec la Fondation et le DAC. Le 18 février, les syndicats et les commissions écrivent à l'ensemble des membres du Conseil de fondation une lettre exposant les revendications du personnel.

16 février 2006 : un rapport d'enquête sur mesure
Pricewaterhouse rend le rapport commandé par le DAC : il n'analyse la situation que depuis 2005,. fait l'impasse sur les événements précédents et conclut à la non-réintégration des quatre tapissiers-accessoirires plateau, et propose leur mutation dans un autre service de la Ville, au prétexte de préserver l'autorité des chef et sous-chef du service, d'éviter la dégradation de la communication à l'intérieur du service et même le sabotage. La direction et le bureau du Conseil de fondation sont très contents : PricewaterhouseCoopers écrit ce qu'ils avaient envie de lire. En octobre, le président du Conseil de fondation demandera au Conseiller administratif de distribuer le rapport de Pricewaterhouse à l'ensemble du personnel et du Conseil de fondation -ce à quoi Patrice Mugny se refusera, cet audit ayant été totalement dévalué par la suite des événements. F. est réintégré, et la procédure de sa nomination comme sous.chef ad interim est relancée.

29 février 2006 : Le Conseiller administratif fait la sourde oreille et couvre la direction et le Conseil de fondation
Dans une lettre aux commissions du personnel et aux syndicats, lettre dans laquelle il doute de leur "volonté de négocier à la fois avec la Fondation du Grand Théâtre et avec la Ville de Genève", et les accuse de "caricaturer fortement la réalité", le Conseiller administratif Patrice Mugny refuse la municipalisation du personnel, et prend à son compte les conclusions de l'enquête administrative sur le cas des employés de l'atelier de tapisserie, enquête selon laquelle on ne peut "parler de mobbing et de harcèlement" au Grand Théâtre". Le Conseiller administratif rend les syndicats et les commissions "attentifs" au fait que le Conseil de fondation "reste l'organe suprême de décision" du GTG, ce que les syndicats avaient d'autant moins oublié qu'ils demandaient précisément, avec insistance, à être reçu par cet "organe suprême", lequel se refusa avec non moins d'insistance de se commettre avec ces gueux.

Mars 2006 : le Conseil administratif reçoit le SIT et les quatre plaignant-e-s et leur communique la conclusion (négative à leur égard) de l'audit Pricewaterhouse. Les deux plaignantes, soutenues par le syndicat, exigent leur réintégration. Le contrat de quatre auxiliaires ayant témoigné contre F. n'est pas renouvelé.

20 mars 2006 : Le personnel et les syndicats insistent
Une Assemblée générale du personnel adopte une résolution qui refuse la réponse du Conseil administratif à la lettre des organisations du personnel du 18 février, réitère "une dernière fois" au Conseil de fondation la demande des commissions du personnel et des syndicats de rencontrer le Conseil, exige la réintégration du personnel fixe des tapissiers-accessoiristes et le renouvellement des contrats du personnel auxiliaire, et se réserve "le cas échéant, de rendre publique la situation du personnel du Grand Théâtre".

22 mars 2006 : La Fondation et la direction tentent d'écarter les syndicats
Le président de la Fondation refuse d'élargir aux syndicats (qui le demandent) et à la commission du personnel de la Ville une rencontre entre la Fondation et la Commission du personnel du Grand Théâtre. Cinq jours plus tard, le Directeur général annonce aux commissions du personnel et aux syndicats qu'il ne rencontrera que la commission du personnel du GTG, et qu'il n'est disponible que pour une rencontre séparée avec les syndicats et la commission du personnel Ville.

11 avril 2006 : Les syndicats sont méchants
Le représentant socialiste au Conseil de Fondation demande qu'une réunion extraordinaire du Conseil soit organisée pour débattre des revendications du personnel et des syndicats, et que des représentants des syndicats et de la commission du personnel y soient invités. Le président du Conseil de fondation répond que "le problème des tapissiers accessoiristes est réglé", que "le Conseil doit (...) jouer, cas échéant, son rôle d'ultime instance de décision", sans négocier quoi que ce soit avec le personnel et les syndicats. Le Directeur général, pour qui la convocation d'une AG du personnel pendant les horaires de travail relève du "coup de force", accuse les syndicats de vouloir "déstabiliser le TGT" et de faire "intervenir la presse" de façon "intolérable"

11 mai 2006 : les syndicats et les commissions du personnel demandent, pour la troisième fois, à être reçus par la Fondation. Les commissions et les syndicats réitèrent également leur demande "que des mesures de préventions soient mises en places afin de faire cesser" mobbying et harcèlement sexuel, et proposent une communication écrite de la direction, indiquant que ces comportements (affichage de matériel ou site pornographique, mixité des vestiaires, injures sexistes, homophobes ou dénigrantes, irrespect des subordonné-e-s et des collègues) ne seront plus tolérés, une information au personnel et une formation des cadres sur ces questions, la mise en place d'une instance de plainte extérieure et mixte, ainsi que d'une procédure claire de gestion des plaintes.

23 mai 2006 : Les syndicats sont très méchants
le Conseil de fondation nie les évidences et refuse (par neuf voix contre deux) de recevoir les syndicats et les commissions du personnel. Le président de la Fondation affirme eque le Conseil de fondation n'est obligé ni de recevoir, ni de négocier avec, les syndicats, qu'il serait "dangereux" de recevoir car ils sont dans une phase "offensive et agressive". Le directeur du DAC croit savoir que "le personnel ne semble pas se retrouver dans les prises de position des syndicats. Les deux Conseillers administratifs Mugny et Muller s'opposent eux aussi à une rencontre du Conseil de fondation avec les syndicats, et le Directeur général fait du refus d'une telle rencontre une "question de confiance" à l'égard de la direction. Patrice Mugny se prononce, "pour des raisons budgétaires", contre la municipalisation du personnel technique et administratif permanent
Lettre du président de la Fondation à la Commission du personnel du GTG, à la Commission du personnel de la Ville, au SIT et au SSP :
"(...) Lors de sa séance du 23 mai 2006, le Conseil de Fondation a constaté que le problème des tapissiers-accessoiristes était réglé. Il a également constaté, qu'après investigations, il n'existait pas de cas connus de mobbying ou de harcèlement sexuel au Grand Théâtre. (...) Le Conseil de Fondation a considéré, à la majorité, qu'il n'était pas l'instance compétente pour vous recevoir".

19 juin 2006 : Les syndicats et le personnel attendent toujours des réponses
Dans une lettre au Conseil de fondation, les syndicats et les commissions du personnel prennent acte du refus du Conseil de fondation de les recevoir, et réitèrent (en demandant qu'on veuille bien leur dire quel est l'interlocuteur "ayant compétence de négociation") leurs revendications sur la rémunération des employés temporaires,la compensation des heures supplémentaires, les indemnités, les atteintes à la personnalité (mobbying, harcèlement), l'égalité de traitement entre employés Ville et employés fondation, la santé et la sécurité. Le 21 juin, le président du Conseil de fondation répond (si on peut dire) que la Direction a déjà communiqué "les décisions prises au sujet du personnel temporaire", ne dit rien sur les autres revendications du personnel et renvoie le paquet à la Direction.

29 août 2006 : suicide d'un employé, lettre collective de plus de 70 employés
Denis Riotton, machiniste au GTG, se suicide le 29 août.
Le 31 août, 78 employés du Grand Théâtre (soit la majorité du personnel sous contrat municipal) écrivent à Patrice Mugny et Jean-Marie Blanchard, les altertant sur les conditions dans lesquelles ils doivent travailler, notamment dans les services techniques et les ateliers : rythmes insoutenables, des séquences qui peuvent prévoir neuf jours de travail suivis d'un seul jour de récupération, autoritarisme de certains chefs....
"Interpellation à qui de droit.
Combien de drames, combien de douleurs devront être soufferts avant d'être pris sérieusement en compte ?
Nous voulons des mesures concrètes afin que le facteur humain soit pris en considération dans notre institution.
Nous considérons que les conditions de stress générées par les spectacles n'autorisent, ni n'excusent, les débordements langagiers et les attitudes irrespectueuses subies fréquemment.
Notre collègue avait exprimé son désarroi et son besoin de se recomposer par des horaires plus réguliers, pourtant son appel a été vain.
Nous sommes profondément choqués par sa disparition."
L'"interpellation à qui de droit" des employés du GTG est, pour le moins, révélatrice à la fois d'un malaise, de l'inefficacité des fonctionnements internes à l'institution, notamment de ses canaux de communication, et des effets désastreux des choix faits depuis plusieurs mois par la direction, soutenue dans ces choix par la Fondation et le Conseil administratif.
A la réception de cette lettre, Patrice Mugny, Jean-Marie Blanchard, puis Bruno de Preux (qui n'en était pas destinataire), président de la Fondation du Grand Théâtre, réagissent comme s'ils étaient tenus pour responsables du suicide de l'employé du GTG. Or, rien dans le texte de la lettre n'exprime une telle accusation : les signataires se contentent d'observer que l'appel de leur collègue à des horaires plus réguliers a été "vain". Le Secrétaire général du GTG diffuse un "résumé du dossier administratif de M. Denis Riotton", afin de prouver que son suicide n'est pas du à ses conditions de travail et à ses problèmes professionnels, mais à ses problèmes personnels.

13 septembre : le Conseil administratif se réveille
Après la lettre des employés du GTG, et en accord avec le Directeur général et le bureau du Conseil de fondation, Patrice Mugny annonce au Conseil municipal le lancement d'un audit sur le fonctionnement général du Grand Théâtre.

15 septembre 2006: les syndicats rappellent les évidences, le directeur général le leur reproche et les nie, le président de la Fondation se fait son audit perso
Communiqué de presse du SIT et du SSP
Concerne : Conditions de travail au Grand Théâtre
"Dans le cadre de la récente affaire qui a ébranlé le personnel du Grand Théâtre, les syndicats SIT et SSP rappellent qu'ils dénoncent depuis de nombreux mois, auprès de la Fondation comme du Département, l'ambiance générale délétère qui règne dans cette institution, les prob lèmes de santé et sécurité provoqués par une surcharge de travail et une inégalité de traitement manifeste entre les personnels de la Ville et de la Fondation. Les plaintes réitérées du personnel de la Ville et de la Fondation. Les plaintes réitérées du personnel, victime de propos offensants et d'attitudes irrespectueuses, ont été systématiquement banalisées ou ignorées par la hiérarchie du Grand Théâtre. Le refus d'entrer en négociation avec les syndicats, l'interdiction faite au personnel de se réunir sur le temps et travail et les pressions exercées sur leurs représentant-e-s révèlent une absence totale de respect des droits syndicaux les plus élémentaires. Le climat qui règne au Grand Théâtre ne pourra redevenir normal que dans la mesure où ses hauts responsables se révèlent capables de rétablir un climat de travail serein."
Commentaire du Directeur général (dans "Le Temps" du 16 septembre) : "les signataires (de la lettre collective des employées et employés) se sont exprimés de manière maladroite, sous le coup de l'émotion. Ils n'ont en tout cas pas suivi les canaux traditionnels en usage dans chaque entreprise". Jean-Marie Blanchard ajoute (dans "Le Courrier" du 16 septembre) craindre "que les revendications syndicales et le tapage médiatique ne nous aident pas à avancer". En réalité, il aura fallu précisément les revendications syndicales et le "tapage médiatique" pour que la Ville d'abord, la Fondation et la direction du Grand Théâtre ensuite, avancent.
Le président de la Fondation, Bruno de Preux, "auditionne" du 15 au 18 septembre à son étude 12 collaborateurs du Grand Théâtre, dont des membres de la Commission du personnel. Certains signataires "auditionnés" par le président ont demandé à être accompagnés d'un représentant des syndicats , ce qui a été refusé à deux d'entre eux. Le directeur a quant à lui entendu plusieurs cadres, signataires de la lettre collective;

19 septembre 2006 : le Conseil de fondation s'incline
Le Conseil de fondation accepte le principe d'un audit. Lors de la même séance, il reconduit intégralement son bureau, et réélit les membres sortants dans leurs fonctions.

20 septembre 2006 : AG du personnel. Pour les syndicats et la CPTA, "le climat qui règne au Grand Théâtre ne pourra redevenir normal que dans la mesure où les hauts responsables se révèlent capables de le rétablir", capacité dont, sur la base de l'expérience des derniers mois, les syndicats et la commission sont tentés de douter.

21 septembre 2006 : le Conseiller administratif et le directeur général entendent (enfin) le personnel
Une grande réunion organisée au Muséum d'histoire naturelle permet aux signataires de la lettre-pétition de fin août de s'adresser directement au Conseiller administratif Patrice Mugny et au directeur général Jean-Marie-Blanchard,et à exprimer leur malaise et leurs griefs, devant une direction qui a jusqu'à présenté nié tout fondement à ce malaise et à ces griefs.

26 septembre 2006 : la direction générale informe le personnel
Le directeur général informe l'ensemble du personnel du projet d'audit -une semaine après que la presse en ait informé l'ensemble de la République.

29 septembre 2006 : la gauche serre les rangs
Une rencontre "informelle" entre représentants des partis de l'Alternative au Conseil de fondation, conseillers municipaux des mêmes partis et représentants des syndicats SIT et SSP et des commissions du personnel du GTG est organisée, pour coordonner les positions défendues au sein du Conseil et à l'extérieur dans la perspective de l'audit, et pour s'assurer que ses conclusions seront effectivement mises en oeuvre.

6 octobre 2006 : L'entreprise "Ressources" présente un projet d'audit, qui va servir de base à la détermination du champ de l'audit. "Ressources" sera ensuite écartée de l'attribution de l'audit, alors que celui-ci se fera largement sur la base de son projet, pour cause de proximité avec "la gauche" et les syndicats, et au prétxte qu'elle a précisément réalisé le projet d'audit.

13 octobre 2006 : on commence à négocier (mais sur l'audit)
Les négociations commencent entre la Ville, la fondation, la direction, la commission du personnel et les syndicats sur le champ et les conditions de déroulement de l'audit.

Le Conseil municipal vote le lancement d'un audit en deux lots, le premier sur la gestion du personnel, les relations et les conditions de travail, le second sur l'adéquation des moyens aux prestations (et vice-versa).

17-20 octobre 2006 : La Fondation chipote, les syndicats s'inquiètent, Patrice Mugny rassure, le président de la fondation se vexe
Le Conseil de fondation du GTG adopte le projet d'audit et le protocole d'accord sur l'audit entre le GTG, la Ville et les syndicats et la CPTA, en apportant plusieurs modifications aux textes proposé (prolongation d'un mois du délai de remise des rapports, appel d'offre public au lieu d'une désignation sur invitation des auditeurs par les mandants, choix des auditeurs par les mandants (Ville et GTG) avec droit de veto pour les syndicats et la CPTA, plutôt que choix par consensus entre les trois parties), modifications auxquelles les syndicats et la CPTA s'opposent. La Commission du personnel et les syndicats interpellent, après une Assemblée du personnel le 20 octobre, le Conseiller administratif qui les assure "de la volonté de la Ville de Genève de les associer au choix du ou des soumissionnaires" et s'engage, le 19 octobre, "à ne pas choisir le ou les auditeurs sans l'accord de la Commission interne du personnel et des syndicats SIT et SSP/VPOD". Le lendemain, le président du Conseil de fondation exprime ses regrets que la CPTA et les syndicats ne lui aient "pas fait part directement de leur réaction" et que Patrice Mugny "ait jugé utile, une fois de plus sans me consulter" de leur confirmer l'engagement de la Ville de ne pas choisir le ou les auditeurs sans leur accord.

23 octobre 2006 : publication dans la Feuille d'Avis officielle de l'appel d'offre pour l'audit, et présentation de son cahier des charges et de son calendrier. Le président de la Fondation déclare : "nous voulons un audit inattaquable". A la remise de l'audit, ça ne l'empêchera pas de l'attaquer.
L'appel d'offre prévoit la remise d'une première version des rapports d'audit le 23 mars, d'une version finale le 29 mars, et d'une publication le 2 avril. Ce calendrier ne sera pas tenu.
Le personnel est réuni par la direction et le bureau du Conseil de fondation. Le 27 octobre, le président de la Fondation écrit au directeur (et aux membres du Conseil) avoir été "frappé (de constater) à quel point les collaborateurs du Grand Théâtre avaient été systématiquement "disinformés", notamment par les syndicats".

13 novembre 2006 : le bureau du Conseil de fondation menace le représentant socialiste au Conseil
Le président de la Fondation écrit "au nom du Conseil de fondation" (qui n'a pas été consulté) et "d'entente avec les organes du Parti socialiste" (qui ne sont pas d'accord) au représentant socialiste au Conseil pour le menacer d'une demande d'exclusion du Conseil, et d'une plainte pénale pour violation du secret de fonction, s'il persiste à transmettre des informations aux syndicats et à son parti. Le représentant socialiste répond au président du Conseil de fondation qu'il ne changera rien à la conception qu'il a de son rôle de membre du Conseil de fondation, et du secret de fonction.

16 novembre 2006 : la Ville, le Grand Théâtre, le personnel et les syndicats signent un protocole d'audit
Le Conseil administratif de la Ville, le Conseil de fondation du GTG, le Directeur général, la commission du personnel du GTG et les syndicats SIT et SSP signent un protocole réglant le déroulement de l'audit. Le protocole garantit notamment "l'anonymat et la confidentialité absolue" à toutes les personnes entendues, ainsi que les droits syndicaux et la protection du personnel, qui est libre de rapporter tous les éléments que ses membres "jugeront bon de transmettre aux auditeurs". Ce protocole prévoit la mise à disposition des résultats de l'audit fin mars, la soumission d'une première version des rappports d'audit avant la publication définitive, un choix en commun accord du ou des auditeurs

20 novembre 2006 : 12 dossiers d'offre relatives à l'audit du GTG sont déposés dans les délais.

Novembre 2006 : Le Conseil administratif ouvre une enquête administrative contre deux employés du GTG accusés par un rapport du Contrôle des finances de passer des commandes de matériel à une entreprise leur appartenant, et facturant donc au GTG des prestations qu'ils fournissaient eux-mêmes.

19 Décembre 2006 : Le directeur général demande la tête du secrétaire général et arrache la confiance du Conseil de fondation.
Le Conseil de fondation vote une confiance absolue au Directeur général, qui exige ensuite au Bureau du Conseil le licenciement du Secrétaire général.
"Le Matin" révèle une nouvelle affaire de harcèlement sexuel, impliquant le même personnage (F) que celle à l'origine de l'éclatement de la crise, chef qui avait été "blanchi" par toutes les instances du GTG et de la Ville. F. est poussé à la démission (avec une indemnité de six mois de salaire).

17 Janvier 2007 : Le Conseil de fondation ratifie le sacrifice du bouc émissaire
Le Conseil de fondation refuse (par six voix contre quatre) le préavis du bureau, de licenciement d'Antonio Soragni, alors même que le président et le vice-président, à la suite du Directeur général, mettaient leur démission dans la balance pour emporter le vote du Conseil. En revanche, le Conseil accepte (par six voix contre deux) le déplacement d'Antonio Soragni vers un autre poste à la Ville de Genève.

24 Janvier 2007 : Deux fusibles sautent, un troisième se sent menacé
Le Secrétaire général du GTG, Antonio Soragni, est "déplacé" par le Conseil administratif dans une autre fonction et un autre service de la Ville (avec salaire garanti jusqu'en juin 2008). Dans le même temps, le Directeur technique, Jacques Ayrault, quitte sa fonction au GTG pour en prendre une identique à Paris. Les deux hommes sont mis en cause depuis des mois, ainsi que le directeur général, Jean-Marie Blanchard, par le personnel.
Devant la Commission des finances du Conseil municipal, Patrice Mugny rappelle les conditions d'engagement et de licenciement du directeur général. "Le Matin dimanche" en rend caricaturalement compte le 11 février. Le directeur général et le bureau du Conseil de fondation s'en émeuvent et y voient une volonté du Conseiller administratif de limoger Jean-Marie Blanchard, et de prendre le pouvoir sur la Fondation.

Février 2007 : le président de la Fondation et le Conseiller administratif en charge de la culture s'étripent
Dans une lettre à Patrice Mugny, Bruno de Preux lui reproche ses "nombreuses prises de position publiques au sujet du Grand Théâtre", institution au nom de laquelle "ses seuls organes" (le Conseil de fondation et son bureau, "par la voix de son Président") sont habilités à s'exprimer.
Maryvonne Joris, ancienne administratrice du Théâtre de Poche, est désignée, ad interim, pour remplacer Antonio Soragni au poste de Secrétaire général. Là, le bureau du Conseil de fonation, la direction générale et le Con seil administratif trouve un accord.
Jacque Ayrault est, lui, remplacé ad interim à la direction technique par Michel Millet.

16 février 2007 : tentative de purge au Conseil de fondation
Dans une lettre au représentant socialiste au Conseil de fondation et au président du PS de la Ville de Genève, le président de celle-ci annonce qu'il va demander son exclusion, et qu'une plainte pénale est envisagée, pour violation répétée du secret de fonction (en l'occurrence : avoir transmis à son parti, à des conseillers municipaux et aux syndicats, six mois auparavant, et pour édification sur les méthodes de la direction, le "résumé du dossier administratif de M. Denis Riotton" concocté par la direction générale après le suicide de M. Riotton, afin de faire passer celui-ci pour un malade mental). Le PS de la Ville de Genève ne donne aucune suite à la lettre du président du Conseil de fondation, et ne change donc pas de représentant au Conseil (contrairement à ce que firent, en leur temps, suite à des démarches semblables du bureau du Conseil de fondation, les partis radical et libéral). Quant au représentant, il se contente de confirmer son engagement précédent "de respecter la confidentialité des décisions et délibérations du Conseil de fondation, dans la mesure où ces délibérations ont fait l'objet d'une décision préalable de huis clos ou d'une décision expresse de secret", et rien de plus.

23 février 2007 : Le président de la Fondation annonce sa "démission"
Bruno de Preux annonce dans une lettre aux membres du Conseil de fondation sa décision de "démissionner de toutes (ses) fonctions au sein du Grand Théâtre", mais précise que cette décision "prendra effet à l'expiration de (son) mandat, c'est-à-dire au 31 août 2007". Il ne s'agit donc pas d'une démission, mais simplement d'une décision de ne pas se représenter à un nouveau mandat, à l'échéance du mandat actuel.
L'annonce de la vraie-fausse démission du président du Conseil de fondation, et par ailleurs de son vice-président, Robert Roth, est faite par la "Tribune de Genève" avant que les membres du Conseil en soient informés par les principaux intéressés -qui reçoivent du président une lettre annoçant sa démission, mais datée du 22 décembre précédent...

27 février 2007 : Le Conseil de fondation enregistre les vraies-fausses démissions du président et du vice-président de la Fondation, et d'un membre du Conseil.
Le Conseil de fondation prend connaissance de la longue déclaration dans laquelle Bruno de Preux donne les raisons de sa décision de ne pas se représenter en août à son poste de président de la Fondation. Cette déclaration (et celle, convergente sur le fond, de Robert Roth, vice-président) est un réquisitoire contre le Conseiller administratif Patrice Mugny avec qui "il n'est plus possible de travailler" (Robert Roth), car ses initiatives de "pompier pyromane" sont "néfastes à la bonne marche de l'institution" (Bruno de Preux).
Dans la foulée du président et du vice-président, un membre du Conseil de fondation (André Hoffmann, nommé par le Conseil administratif mais, de son propre aveu, "recruté par maître de Preux (pour) l'aider à trouver des fonds") démissionne également, tout en assurant le bureau du Conseil et le Directeur général de son "soutien inconditionnel".
Le Conseil ne se prononce pas sur la mise en place d'un bureau intérimaire (trois voix pour, quatre contre, sept abstentions).

28 février 2007 : le Conseil administratif décide de ne pas sanctionner deux employés municipaux du GTG
Le Conseil administratif décide de ne pas sanctionner les deux employés visés par l'enquête administrative lancée en décembre 2006, et dont le rapport se conclut par une dénonciation de "l'attitude laxiste de la Direction générale et de l'environnement" du Grand Théâtre, "peu enclin au respect des règlements et procédures en vigueur". Le rapport d'enquête estime que les deux employés ont "violé leurs devoirs généraux de fonctionnaires" et qu'une sanction disciplinaire est dès lors justifiée, mais le Conseil administratif, considérant equ'ils étaient "de bonne foi", ne suit pas cette recommandation. L'employé principalement visé n'a touché en tout et pour tout, en un an et demi, qu'une commission de 900 francs, et a fait faire des économies de 3000 francs au GTG. Le CA constate toutefois que la situation d'un employé municipal possédant une entreprise privée "contrevient aux statuts de la fonction publique municipale". et refuse au principal intéressé l'autorisation d'exercer une activité accessoire rémunérée. Le président du Conseil de fondation, fâché (comme le directeur général) de ne pas avoir été averti de la décision du CA avant sa publication, décide de confier une enquête aux Contrôleurs des comptes de la fondation, la fiduciaire Duchosal, qu'il mandate le 1er mars.

1er et 5 mars 2007 : Soutien critique du personnel à Patrice Mugny
Dans une lettre à "La Tribune de Genève", le président de la Commission du personnel de la Ville de Genève, Gérald Crettenand, apporte son soutien à Patrice Mugny dans le conflit qui l'oppose au président et au vice-président de la Fondation du GTG, tout en reprochant au magistrat de "ne s'être préoccupé du sort des cent quarante fonctionnaires du Grand Théâtre qu'après la pétition de plus de la moitié d'entre eux suite au suicide d'un de leurs collègues".
Dans une lettre à la même "Tribune de Genève", le président de la Commission du personnel du Grand Théâtre, Denis Chevalley, apporte également son soutien critique à Patrice Mugny.

16 mars 2007 : le Conseil administratif et le président du Conseil de fondation proposent la nomination d'un "conseiller aux réformes"
Le Conseil administratif propose, avec l'accord du président du Conseil de fondation (qui fait ensuite mine de ne pas s'en souvenir) de nommer David Lachat comme conseiller aux réformes à entreprendre au Grand Théâtre. Cette proposition émane en fait de partenaires privés du GTG, en particulier du président du Cercle du Grand Théâtre, Charles Pictet, et, plus officieusement, du président d'honneur du Conseil de fondation, Guy Demole.

2 avril 2007 : les rapports d'audit sont rendus publics. Ils sont ravageurs.
Les deux rapports d'audit sont rendus publics (sans que des rapports intermédiaires aient pu être examinés, alors que le 22 février Crealyse insistait, le 22 février, sur la présentation d'un rapport intermédiaire aux signataires du protocole, dix jours avant la publication de rapports définitifs). Ils sont distribués à la presse, aux membres du Conseil de fondation et aux partenaires (commissions du personnel et syndicats), et mis à disposition du public sur les sites internet du GTG et du DAC. Ils sont ravageurs. Le rapport Crealyse confirme la totalité des dénonciations et des doléances du personnel et des syndicats, et légitime, au moins partiellement, leurs revendications, d'autant plus clairement qu'au final, plus de 200 personnes auront été entendues par les auditeurs de Crealyse, dont la majorité du personnel (Ville ou Fondation) du GTG, et deux fois plus de personnes entendues qu'initialement prévu. Le rapport Sherwood estime que si la structure du GTG n'est pas réformée, "la crise se reproduira". Aucun des deux rapports ne propose de destitutions.

3 avril 2007 : le Conseil de fondation essaie de refuser le rapport Crealyse, le deuxième auditeur se désolidarise du premier
Le Conseil de fondation, convoqué en séance extraordine à la demande des représentants du Conseil municipal, reçoit les auditeurs. La majorité des membres du Conseil tente de s'appuyer sur les erreurs factuelles et les maladresses du rapport Crealyse (notamment la publication de verbatim permettant d'identifier à la fois leurs sources et leurs cibles) pour le refuser. Aucune décision de ce type n'est cependant prise. En revanche, le Conseil de fondation accepte le principe de la nomination de David Lachat comme "conseiller aux réformes", sous réserve de son cahier des charges et de son acceptation par les partenaires de l'audit (personnel et syndicats).
Après la réunion du Conseil de fondation, le deuxième auditeur (Sherwood) se "désolidarise complètement" du premier (Crealyse), qu'il qualifie d'"inacceptable", et recommande à la Fondation de n'en pas accepter le rapport, lequel est retiré des sites internet du Grand Théâtre et du DAC. Le président de la Fondation saute sur l'occasion et convoque le Conseil pour tenter de lui faire accepter de balancer le rapport Créalyse à la poubelle.

4 avril 2007 : le Conseil de fondation chipote, mais s'incline, et le Conseil administratif prend acte et propose
Le Conseil administratif, à l'unanimité, décide de proposer plusieurs premières mesures, toutes acceptées par les syndicats et les commissions du personnel : municipalisation de six premiers employés de la fondation, mandat donné pour vérifier la sécurité des ateliers et du bâtiment, et réintégration des deux tapissières accessoiristes "déplacées".
Réuni en séance extraordinaire, le Conseil de fondation approuve le rapport d'audit de Sherwood, et prend acte des propositions du rapport d'audit de Créalyse tout en "désapprouvanrt sa formulation". Dans un premier temps, la moitié du Conseil avait manifesté son souhait de refuser purement et simplement le rapport Créalyse, et d'adopter à son égard la même attitude que les "syndicats" de police à l'égard de l'audit sur la police. Dans un second vote, et compte tenu du fait que le Conseil administratif et les syndicats acceptent ce rapport, et entérinent ses conclusions, l'"organe suprême" de la fondation s'incline (co-commanditaire de l'audit, co-responsable du choix des auditeurs, y compris de Créalyse, co-signataire du protocole d'audit, et co-responsable de la suppression de la séance de présentation d'un "pré-rapport", le Conseil ne pouvait décemment récuser le rapport finalement rendu public. Il pouvait tout au plus en relever les faiblesses formelles).
De son côté, Créalyse exprime ses regrets pour "les coquilles figurant dans le texte", et rappelle que la correction prévue entre le rapport intermédiaire et le rapport final n'a pu se faire, puisque l'étape intermédiaire a été supprimée par les commanditaires de l'audit.

5 avril 2007 : on commence enfin à prendre les mesures qui s'imposaient depuis plus d'un an
"Après trois heures et demie de discussion dans une ambience lourde aux propos vigoureux" ("La Tribune de Genève" du 7 avril), la Ville, la Fondation, les syndicats et la commission du personnel entérinent les propositions faites par le Conseil administratif à la suite de l'audit : municipalisation de six premiers employés de la fondation (49 autres pourraient l'être), mandat donné pour vérifier la sécurité des ateliers et du bâtiment, et réintégration des deux tapissières accessoiristes "déplacées". Mais le président de la Fondation refuse d'associer celle-ci à d'éventuelles excuses (aux tapissières accessoiristes), renvoie toute la responsabilité de la crise à la Ville "commanditaire d'une enquête administrative mal faite" (sur laquelle cependant la Fondation n'a pas hésité à s'appuyer) et évoque la possibilité d'un impact négatif "sur les services et les collaborateurs concernés" de la réintégration des deux employées. Quant au directeur général, il explique que ne pouvant faire autrement qu'accepter la décision de réintégration, il garde ses sentiments pour lui...

11 avril 2007 : La direction générale et le Conseil de fondation ne renoncent pas à récuser le rapport Créalyse
Le Conseil de fondation est convoqué pour le 17 avril avec à l'ordre du jour l'examen détaillé du rapport Créalyse, et l'objectif de faire revenir le Conseil sur son vote précédent prenant acte du rapport, en déplorant la forme mais en admettant les conclusions. Le bureau de la Fondation accuse Crealyse de ne pas avoir respecté les règles déontologiques et de ne pas avoir rempli le cachier des charges.
Créalyse reçoit par ailleurs des protestations de membres du personnel (y compris des cadres) qui protestent contre le contenu et la forme de son rapport d'audit, et l'accuse d'avoir encore jeté de l'huile sur le feu. La bureau du Conseil de fondation diffuse aux membres du Conseil des lettres de membres du personnel (simples employ-e-s, sous-chefs ou chefs, cadres) adressées à Créalyse, et récusant son rapport d'audit.
Le président de la Commission du personnel, Denis Chevalley, révèle que certains chefs se sont lancés dans "une chasse aux sorcières" pour démasquer leurs détracteurs.
Le Directeur du Ballet, Philippe Cohen, prend un avocat pour entamer une procédure judiciaire à l'encontre de Créalyse.

17 avril 2007 : Lachat arrive, les souris dansent
Le Conseil de fondation mandate David Lachat comme conseiller pour "prendre rapidement les pesmières mesures susceptibles de ramener la sérénité au Grand Théâtre, en accord avec les Commissions du personnel et les syndicats; définir avec la Fondation et la Ville les mesures à prendre dans le suivi des audits (...); préparer la transition entre l'actuel Conseil de Fondation et celui qui devra être mis en place en août 2007". Le Conseil décide par ailleurs, tout seul (alors qu'il n'est que co-mandant de l'audit) de "mettre fin" à l'audit de Créalyse, et envoie (avec le directeur général et le Conseiller administratif) un message au personnel, l'assurant qu'en concertation avec les syndicats et la commission du personnel, la Fondation, la direction et la Ville vont prendre "des mesures à améliorer le bien-être du personnel", à assurer "la stabilité du Grand Théâtre" et à y rétablir "la sérénité".
Le même jour, réuni en Assemblée générale, le personnel (133 personnes présentes) valide les deux rapports d'audit (quasi unanimité pour le rapport Sherwood et très large majorité pour le rapport Créalyse) et renouvelle son mandat aux syndicats et à la Commission du personnel.
Le 18 avril, lors de la deuxième réunion entre les représentants des travailleurs, la fondation et la Ville, les premiers ont constaté une "ouverture" de la part de la seconde.

23 avril 2007 : la Ville sommée de s'aligner sur la Fondation
Le Directeur général mandate l'avocat Marc Bonnant pour défendre ses intérêts. Bonnant somme le Conseil administratif de "faire siennes les considérations de la Fondation du Grand Théâtre" en notifiant à Créalyse la résiliation de son mandat d'audit. De son côté, Créalyse mandate elle aussi une avocate pour la défense de ses intérêts, après que le président de la Fondation ait publiquement (dans La Tribune de Genève du 23 avril) démoli son travail, et que le bureau de la Fondation et la direction générale ait commencé à faire circuler des "notes sur le rapport" de Créalyse.

25 avril 2007 : La crise du Grand Théâtre mobilise le barreau
Le recours à des avocats se généralise : Jean-Marie Blanchard mandate Me Marc Bonnant, un employé mandate Me Patrick Bittel, Créalyse mandate Me Catherine Chirazi, Jacques Ayrault mandate Me Alain Marti...

30 avril 2007 : David Lachat propose au Conseil administratif un Conseil de fondation intérimaire
Lors d'une rencontre avec le Conseil administratif, le 30 avril, le "conseiller aux réformes" de la Ville et de la Fondation, David Lachat, a fait toute une série de recommandations fort intéressantes, qui devront être débattues à la fois au sein du Conseil administratif (avec un retour au Conseil municipal, puisque plusieurs d'entre elles supposent des décisions politiques fortes qui ne peuven t être prises que par le parlement de la Ville) et du Conseil de fondation :
David Lachat recommande
1. de repousser la mise en gestion directe municipale du Grand Théâtre (personne ne l'a d'ailleurs proposé, la question étant de savoir si le personnel permanent du GTG, lui, doit être ou non au bénéfice du statut de la fonction publique municipale)
2. d'admettre les recommandations de l'audit de Sherwood (mais pas celles de l'audit de Créalyse ?) et de garantir à la Fondation et au Conseil de fondation la liberté et la responsabilité de gérer l'institution
3. de conclure entre la V ille et la fondation un contrat de prestations
4. de garantir à l'institution les moyens de financer sa réforme, par exemple en lui octroyant de prêts sans intérêt (mais devant tout de même être remboursés, on ne sait trop comment)
5. de mettre en place un Conseil de fondation intérimaire et restreint (de sept à neuf membres, rémunérés, choisis en fonction de leurs compétences par le Conseil administratif, le Conseil municipal et le Cercle du Grand Théâtre) opérationnel dès la rentrée de septembre 2007. David Lachat s'interroge sur l'opportunité de réserver un siège du Conseil de fondation à un représentant de l'Etat (le canton, qui n'assume pratiquement aucune responsabilité ni charge pour le GTG), et/ou à l'Association des communes genevoises (qui contribue régulièrement au financement du GTG via le fonds d'équipement communal). Le Conseil actuel resterait formellement en place jusqu'à fin août, en déléguant éventuellement à quelques personnes (qui ?) le premier travail de réforme. Un haut fonctionnaire de la Ville serait délégué, avec voix consultative, au Conseil de fondation intérimaire. En revanche, il n'est proposé aucune représentation du personnel ou des syndicats, pas plus qu'il n'est précisé si des membres de l'actuel Conseil de fondation (voire de son Bureau ?) pourraient se retrouver membres du Conseil intérimaire...
6. d'entamer des discussions avec le Directeur général sur son avenir à la tête du GTG...
Le Conseiller aux réformes suggèrent que ses propositions fassent l'objet de décisions du Conseil administratif (sortant) et du Conseil de fondation (en passe de sortir) avant la mi-mai, et qu'elles soient soumises aux nouveaux Conseillers administratifs (Pierre Maudet, Rémy Pagani, Sandrine Salerno), avant d'être transmises, fin mai, au Conseil municipal et au Grand Conseil pour ce qu'elles impliquent de modifications des statuts de la fondation, les deux parlement devant se décider, en urgence, avant l'été, et les membres du Conseil de fondation transitoire désignés début septembre. Ce délai est serré, mais il peut être tenu pour autant que toutes les instances concernées (et toutes celles et ceux qui les composent) soient capables de travailler rapidement.

Une réponse aux propositions de David Lachat :
(par courriel, le 4 mai)
Monsieur le Maire,
Messieurs les Conseillers administratifs,
Ayant, en tant que membre du Conseil de fondation du Grand Théâtre, reçu de Me David Lachat copie du courrier qu'il vous a adressé le 2 crt, je me permet d'appuyer, sur l'essentiel, les propositions qu'il contient et de vous faire part des quelques remarques que me sugèrent ses recommandations :
1. Confirmer qu'il n'est pas dans les intentions du CA de faire du GTG un service de l'administration municipale : certes, mais cette confirmation ne devrait pas empêcher celle de l'intégration dans le statut de la fonction publique municipale du personnel administratif et technique permanent actuellement sous contrat de droit privé avec la fondation -ce type de contrat devant en revanche continuer à être celui du personnel administratif engagé pour la saison.
2. Admettre les recommandations du rapport d'audit de Sherwood : certes, mais les recommandations du rapport d'audit de Créalyse devraient également être formellement admises, quoi qu'il en soit des critiques à exprimer sur la forme de ce rapport et de la mobilisation du barreau de Genève pour entraîner le CA dans le même refus que celui exprimé par le Conseil de fondation.
5. Mise en place d'un Conseil de fondation intérimaire : cette proposition me paraît en effet indispensable pour rompre avec le passé récent. Il conviendrait cependant de préciser que les membres actuels du Conseil ne pourraient pas être désignés pour siéger dans ce Conseil de fondation intérimaire, afin de manifester clairement la volonté de l'autorité municipale de faire prendre un nouveau départ à l'institution.
- Les membres du Conseil de fondation intérimaire devraient donc toutes et tous être choisi-e-s hors de l'actuel Conseil de fondation, ce qui ne devrait pas poer de problème de "casting", plusieurs personnes ne siégeant pas, ou plus, dans l'actuel CF correspondant pleinement aux caractéristiques (compétence, expérience, connaissance du GTG) dessinées par Me Lachat.
- Me Lachat suggère que sept membres du Conseil de fondation intérimaire soient désignés par le Conseil administratif, le Conseil municipal, le Cercle du Grand Théâtre, voire le canton et l'ACG. Je vous suggère plutôt un Conseil intérimaire de neuf membres, afin de permettre une représentation du personnel et une représentation suffisante du Conseil municipal (ne serait-ce que pour éviter une guerre de tranchées en son sein).
- La désignation d'un-e représentant du canton ne me paraît pas judicieuse en l'état, compte tenu de la quasi-absence du canton dans le financement du Grand Théâtre (et par ailleurs de la volonté manifestée par le Conseil d'Etat de décharger le canton, sur les communes, de toute responsabilité concrète dans la politique culturelle genevoise).
- En revanche, celle d'un-e représentant-e de l'ACG paraît d'autant plus judicieuse que, par l'intermédiaire du Fonds d'équipement communal, l'ACG a assuré de manière récurrente un financement additionnel important au GTG, et que par son intermédiaire, un engagement des communes autres que la Ville dans la réforme de la principale institution culturelle du canton pourrait être manifesté.
- La participation pleine, entière et active de représentants de la commission du personnel e/o des syndicats, co-signataires du protocole d'accompagnement de l'audit, me paraît d'autant plus importante que leur rôle a été essentiel dans le dévoilement des causes de la crise, et qu'il le reste dans l'élaboration de son réglement. Il serait incompréhensible qu'ils soient écartés d'un Conseil intérimaire chargé, outre des tâches de l'actuel Conseil de fondation, d'accompagner des réformes dont le personnel et les syndicats ont été longtemps seuls à percevoir la nécessité.
Il pourrait donc convenir que le Conseil administratif désigne la présidence, la vice-présidence et un-e troisième membre du Conseil intérimaire, que le Conseil municipal désigne trois autres membres de ce Conseil, que l'ACG soit invitée à désigner un-e huitième membre, et qu'enfin la commission du personnel et les syndicats, par consensus, désignent un-e neuvième membre, avec les mêmes droits que les huit autres.
Avec mes salutations respectueuses,
Pascal Holenweg
Membre du Conseil de fondation du Grand Théâtre

2 mai 2007 : Le Bouc émissaire se rebiffe
Dans une Lettre à l'ensemble des membres du Conseil de fondation, l'ancien Secrétaire général du GTG, Antonio Soragni, donne sa version du conflit qui l'a opposé au Directeur général et demande formellement au Conseil de fondation de faire en sorte que les attaques portées contre lui par le directeur général, dans le silence de la présidence de la fondation, cessent, et soient démenties -faute de quoi il ferait appel aux moyens légaux pour se défendre.

16 mai 2007 : Les conditions de David Lachat
Pressenti par le Conseil administratif pour reprendre, le plus rapidement possible (et si possible avant le terme, fin août, du mandat de l'actuel président) la présidence de la Fondation du GTG, David Lachat n'a pas di non, mais a posé ses conditions : D'abord, que le Conseil administratif et le Conseil de fondation manifestent concrètement et rapidement (avant l'été) leur volonté de réformer le Grand Théâtre, notamment en mettant sur pied un Conseil de fondation intérimaire (et restreint à sept ou neuf membres); ensuite, que le Conseil administratif soutienne les propositions que lui, David Lachat, a faites le 30 avril (voir plus haut); enfin, et notamment :
- que la Ville accepte que la Fondation ait autorité sur tout le personnel, y compris le personnel sous statut municipal
- que le Directeur général soit confirmé dans ses fonctions, et qu'il soit secondé par une direction comportant un directeur des ressources humaines, un directeur administratif et un directeur technique, le tout sous contrôle effectif d'un Conseil de fondation pouvant jouer un véritable rôle de contre-pouvoir à la direction;
- que le Conseil de fondation intérimaire soit formé de personnes au choix desquelles David Lachat collabore, et qu'il ne lui soit pas imposé des membres du Conseil dont il ne voudrait pas;
- que le Conseiller administratif et ses collaborateurs ne s'immiscent plus dans la gestion du GTG;
- que les négociations avec le personnel et les syndicats soient du ressort de la Fondation seule.

mercredi 18 avril 2007

Ecrit sur du vent

La Fondation, la Direction générale et le DAC ont donc écrit au personnel du Grand Théâtre, le 17 avril -le personnel étant réuni le même jour en Assemblée générale. Si DAC et GTG ont écrit au personnel, c'est pour lui dire quoi ? C'est pour ne rien lui dire. Sauf qu'on n'est pas contents du rapport d'audit de Créalyse mais qu'on en tiendra quand même compte.
Lors de la même séance où il approuvait cette jolie missive, la Conseil de fondation a décidé, tout seul, comme un grand, de "mettre fin" à la mission d'audit de Créalyse, alors qu'il n'est que l'un des deux mandants de cette mission, et qu'il a signé avec les syndicats et la commission du personnel un accord excluant que l'un des signataires fasse cavalier seul.
Bref, l'autisme continue.
Heureusement que Lachat est là pendant que les souris dansent : le mandat de David Lachat comme Conseiller de la direction et de la fondation du GTG, et de la Ville, a été apèprouvé par le Conseil de fondation. David Lachat devra tenter d'amener GTG et Ville à "prendre rapidement les premières mesures susceptibles de ramener la sérénité au Grand Théâtre, en accord avec les Commissions du personnel et les syndicats".
Il y aura donc près du Conseil de fondation quelqu'un qui se souciera de l'avis du personnel et des syndicats.
C'est un grand pas en avant.
Avec deux ans de retard.

L'Assemblée du personnel qui se tenait en même temps que le Conseil de fondation a approuvé les deux audits : celui de Sherwood par 125 voix contre une, celui de Créalyse par 98 voix contre 20, et a mandaté la commission du personnel et les syndicats pour poursuivre les actions (par 105 voix contre 6).

mercredi 4 avril 2007

Le Grand Théâtre à la pointe de sa propre actu : Opera seria/opera bouffa...

Le Grand Théâtre à la pointe de sa propre actu : Opera seria/opera bouffa

Un prologue: le commanditaire d'un opéra décide de faire jouer une troupe de commedia dell'arte afin d'alléger le très sérieux Ariane à Naxos, au grand damne du compositeur. Un acte: l'opéra lui-même. Ariane abandonnée pleure Thésée alors que les frivoles personnages de la commedia dell'arte s'évertuent à lui redonner le sourire.

Opéra Ariane à Naxos de Richard Strauss les 14, 17, 19, 24 et 26 avril à 20h, le 22 avril à 17h, au Grand Théâtre

Pour plus d'information: www.geneveopera.ch

Le Conseil administratif réagit à l'audit, ses partenaires entérinent

Genève, le 4 avril 2007

Aux représentants de la presse et des médias

Communiqué de presse

Rapports d’audit du Grand Théâtre :
le Conseil administratif annonce les premières mesures


Le Conseil administratif a pris acte des conclusions des rapports d’audit réalisés par la Société Crealyse et l’Institut Sherwood.

Il constate que, tout en relevant l’excellent niveau artistique des prestations du Grand Théâtre, les auditeurs font état de graves dysfonctionnements au sein de l’institution, notamment en matière de gestion des ressources humaines, et préconisent différentes mesures pour y remédier. A cet effet, le Conseiller administratif Patrice Mugny, la direction du Grand Théâtre et la présidence du Conseil de fondation rencontreront jeudi les représentants de la Commission du personnel technique et administratif du Grand Théâtre (CPTA), des syndicats SIT et SSP, afin de discuter des suites à donner à ces rapports dans les meilleurs délais.

Lors de cette séance, le Conseil administratif proposera de prendre les mesures immédiates suivantes :

- l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT) sera sollicité très rapidement pour examiner les questions liées à la santé et à la sécurité des collaborateurs et des collaboratrices du Grand Théâtre ;
- six personnes, soit quatre perruquiers dont une cheffe de service ainsi qu’un dessinateur et un serrurier, seront fonctionnarisés avec un transfert de charges budgétaires;
- deux tapissières accessoiristes qui avaient été déplacées dans d’autres services de la Ville seront réintégrées dans leur fonction ;
- à la suite des conclusions de l’audit, un examen approfondi de la situation de certains services particulièrement déstabilisés sera réalisé dans les meilleurs délais.

Enfin, le Conseil administratif tient à assurer les personnels de la Ville de Genève et de la Fondation du Grand Théâtre de sa ferme intention de veiller à ce que leurs droits et leur dignité soient pleinement respectés. Dans un proche avenir, le Conseil administratif proposera d’autres mesures concernant notamment la réorganisation, les structures et les personnes.

Pour toute information complémentaire :
Département des affaires culturelles. Tél. 022 418 65 03

Les partenaires de l'audit entérinent les propositions du Conseil administratif
Réunis le jeudi 5 avril dans "une ambiance lourde aux propos vigoureux" (Bruno de Preux dixit), les syndicats SIT et SSP, la commissions du personnel, la Ville, la Fondation et la Direction du GTG ont entériné les propositions de la Ville : municipalisation de six employés, mandat à l'OCIRT, réintégration des tapissières accessoiristes (mesure sur laquelle le président de la Fondation déclare ne pas s'être prononcé, en arguant qu'elle concerne "exclusivement la Ville", et en agitant la menace que cette réintégration ait un impact négatif "sur les services et les collaborateurs concernés". Le président de la Fondation a même affirmé : "Dès que j'ai eu conscience du sérieux de la situation, j'ai immédiatement réagi et oeuvré sans désemparer depuis". Il y a des consciences tardives, et des réactions et actions dont les finalités laissent perplexe...

lundi 2 avril 2007

Fragments d'audit

Fragments
d'audit
ou : Comment et pourquoi il s'avère que le Grand Théâtre est un opéra historiquement transcendental : une institution bourgeoise, avec des fonctionnements féodaux, sous une municipalité de gauche...


Etre et paraître (Crealyse)

(Le rapport rendu de ce premier lot de l'audit, qui légitime les revendications des syndicats et du personnel, a été très confraternellement estampillé comme "caricatural" et "outrancier" par les responsables du deuxième audit -des spécialistes en restructurations d'entreprises, qui s'en sont "complètement désolidarisés". Ambiance... Créalyse a par ailleurs écrit une seconde version de son rapport, expurgée des maladresses les plus criantes présentes dans la première version )

Pour les réactions, se reporter aux commentaires

(Dans le cadre de l'audit réalisé par Crealyse, 25 "acteurs institutionnels" (Conseil de fondation, Direction, Ville) et 151 membres du personnel ont été entendus, sans compter les "partenaires sociaux")

1.1 Contexte

Le 1er septembre 2006, Monsieur Patrice Mugny recevait une lettre / pétition de plus de 70 des 140 employés du Grand Théâtre, écrite la veille, signifiant en tout premier lieu une forte crise interne au Grand Théâtre de Genève et dénonçant notamment des conditions de travail inacceptables, tant en termes de durée et de charge de travail, que de relations humaines : débordements de langage, abus de pouvoir, attitudes irrespectueuses des employés…Cette pétition rassemble en tout premier lieu les signatures du personnel technique dans son ensemble, personnel disparate, réunissant toute une palette de corps de métier, richesse importante de ces métiers de la scène en général et de l’opéra en particulier (éclairagistes, machinistes, régisseurs, électromécaniciens, constructeurs des décors, accessoiristes, costumiers, etc…).Le suicide d’un employé, à la fin du mois d’août, aurait mis le feu aux poudres et déclenché la dénonciation de divers abus, pratiqués, semble-t-il depuis un certain temps, au sein de l’institution, dirigée par Jean-Marie Blanchard. (Ce suicide ne semble toutefois pas, quelques semaines plus tard avoir de lien avec ce manque d’écoute des employés du Grand Théâtre – la personne en question avait bénéficié en effet de 40 auditions en 10 ans et de 6 mutations, Patrice Mugny, concluant que « si la situation au Grand Théâtre n’a pas amélioré son état, elle n’a pas causé son décès »).L’Opéra de Genève semble effectivement être en crise depuis un certain temps, la catharsis - la pétition – n’étant que l’aspect visible de l’iceberg, selon la presse toujours.Cette nouvelle affaire fait suite à une précédente, l’année dernière, causée par une dénonciation pour harcèlement à caractère sexuel et pour mobbing, au sein du groupe des accessoiristes, affaire qui ne semble pas avoir été réellement réglée, malgré un audit concluant à la non-crédibilité de la plainte, puis à un non-lieu, d’une part, et à la mutation de 3 employés d’autre part ( les plaignants, qui semblent avoir mal vécu cette mutation, également mal perçue par les autres). En effet, il semblerait que la conclusion de la précédente affaire ait encore péjoré les relations internes et la peur de parler ouvertement de difficultés relationnelles au sein des équipes du personnel.Le malaise est profond, la crise violente, semble-t-il et le dialogue difficile avec la direction, qui parle d’impasse. Les différentes parties ne semblent ni s’entendre, ni réellement s’écouter.Dans ce contexte, le magistrat à la Culture, Monsieur Patrice Mugny, le président de la Fondation du Grand Théâtre, Monsieur Gilles de Preux et le directeur général de l’institution, Monsieur Jean-Marie Blanchard, ont décidé de lancer un appel d’offres public, dans l’optique de réaliser un audit durant le premier semestre 2007, afin de comprendre la situation et de l’élucider et de mettre en place des solutions pour une nouvelle dynamique harmonieuse au sein de cette prestigieuse institution culturelle genevoise.

(...)

1.2 Objectifs

Objectif principal
(...)Cet audit a eu pour but principal de dresser un état des lieux objectif et clair de l’institution aujourd’hui, afin de trouver et de proposer des solutions efficaces et applicables rapidement à ce malaise profond et à la crise installée qu’elle traverse.La règle d’or de ce type d’audit est naturellement de libérer la parole et de cerner la capacité des gens en interne à exprimer, puis dépasser le conflit ou le problème pour en dégager les idées fortes permettant de recapitaliser les ressources humaines.

Objectifs spécifiques

Analyse de la Structure interne du Grand Théâtre en soi – analyse objective – et notamment de la structure institutionnelle. En effet, il s’est agi de comprendre la structure du Grand Théâtre en soi, son fonctionnement, les enjeux institutionnels liés à ce fonctionnement et la circulation de l’information, tant formelle (ordres et autorité, demandes, fonctions, cahiers des charges, etc.) qu’informelle (rapports entre les différentes catégories et niveaux hiérarchiques du personnel notamment) (...).

Analyse de l’organisation interne de l’institution, de la dynamique des relations de travail et des ressources humaines de l’institution. Il s’est agi de :
Cerner la perception du fonctionnement / dysfonctionnement du Grand théâtre de Genève par les acteurs en présence - collaborateurs actuels ou passés et les partenaires, c’est-àdire :

- Identifier et hiérarchiser les raisons du malaise ressenti par les collaborateurs signataires de cette lettre du 31 août dernier, adressée à Monsieur Patrice Mugny, magistrat.

- Identifier les perceptions relatives à ce malaise auprès des collaborateurs non signataires.- Spécifier les origines et les ancrages de ce malaise, qu’ils soient perçus comme structurels, humains, ponctuels ou permanents.

- Evaluer la politique du personnel du Grand Théâtre.

- Comprendre et définir les différents stress évoqués par le personnel, passé et actuel.

- Cerner la perception des différences (de traitement et) de contrats en vigueur au sein de la Maison, telles qu’elles sont perçues en interne, par les collaborateurs et partenaires du Grand Théâtre.

- Evaluer la pertinence de la structure actuelle et du fonctionnement actuel technique, administratif, artistique, communicationnel (interne et externe) et institutionnel du Grand Théâtre pour ses personnels, collaborateurs et partenaires.

- Evaluer l’ampleur du malaise, sachant qu’à priori, il semble s’être étendu sur une majeure partie de la structure – en quoi il consiste exactement, où il se développe, selon quels réseaux il se propage, quels fonctionnements, quels acteurs : hiérarchiser les problèmes et les situer.

- Mettre à jour les noeuds, les accidents nuisant à la bonne circulation de l’information et de la communication – en interne – du Grand Théâtre, en soi et avec l’extérieur s’il y a lieu.

- Définir les évolutions positives, souhaitées et souhaitables pour le Grand Théâtre, en soi et pour ses collaborateurs et partenaires, la Ville de Genève, les citoyens.

Dégager des solutions permettant de :

- Comprendre et évaluer le fonctionnement actuel – ses forces et ses faiblesses, en termes structurels, humains et techniques, comprenant également le facteur de la (sur)charge de travail,

- Définir les leviers permettant de résoudre ces dysfonctionnements, à court, moyen et long terme, de l’institution, pour elle-même, pour ses collaborateurs et partenaires, observateurs proches ou plus distants, autres institutions.

- Evaluer les possibilités d’évolution à court, moyen et long terme, afin de contrecarrer les évolutions négatives et renverser une perception affaiblie actuelle de l’institution en interne notamment.

- Harmoniser la politique globale du personnel, dans un but de fluidité et de satisfaction par l’ensemble des parties.

Et donc :- Redresser l’image interne (et donc l’image globale) du Grand Théâtre :

. En interne (comme en externe), revitaliser l’image de l’institution, par la proposition de démarches et de solutions concrètes et efficaces, permettant à court, moyen et long terme, de fonctionner harmonieusement et de demeurer une fierté genevoise : un prestige dû aussi à un fonctionnement harmonieux et à une qualité globale des prestations. Il s’agit en effet par là même de valoriser le projet artistique global de la maison, nécessaire, définissant une maison d’opéra de qualité, à considérer au niveau européen, voire mondial, notamment.
(...)

2 Synthèse…
L’audit pour lequel nous avons été mandatés en décembre dernier, devait comporter 3 phases, dont deux séries d’entretiens individuels pour le bilan et une séries d’entretiens collectifs pour la prospective.
L’échantillon comportait, selon notre cahier des charges, quelques 70 à 90 entretiens, dont quelques uns, issus de demandes spontanées.
Devant l’ampleur des demandes spontanées – plus de 110 au final, après des appels suscités
à chaque événement médiatique, Créalyse a demandé un réajustement de l’audit, afin de ne pas, à nouveau, refuser la parole à ceux qui la demandaient.
Ainsi cet audit a entendu plus de 210 personnes au total, réparties en entretiens individuels et collectifs et réunions de groupe (5 groupes avec au total 38 personnes) et a parcouru plusieurs milliers de pages de documents : règlements, conventions, cahier des charges, statuts, procès verbaux du Conseil et du bureau du Conseil de fondation, dossiers issus de conflits entre des membres du personnel, etc.
Cet audit a été extrêmement bien accueilli par l’immense majorité des gens rencontrés et semble avoir soulevé un espoir pour beaucoup.
Cependant d’autres appréhendent un audit alibi, qui ne serait pas suivi d’effets, ce qui représenterait naturellement un danger supplémentaire pour l’institution, à l’heure actuelle fragile.
L’audit a en effet permis de créer un espace de parole, inexistant au Grand Théâtre et a pu oeuvrer comme outil endoformatif, alors qu’il provoquait aussi, parmi l’ensemble de la hiérarchie quelques débuts d’aménagement plus souples et une certaine écoute, qui devra naturellement s’amplifier.
Créalyse a oeuvré comme auditeur mais parallèlement également comme cellule de Relations et/ou de Ressources humaines pour nombre de membres du personnel, tout en ouvrant la boîte de Pandore… où il reste, comme chacun sait et tout a fond, l’espoir.
Mais la crise que traverse le Grand Théâtre a ses sources et ses origines dans un passé plus lointain que la nomination de l’actuelle direction ou l’actuel Conseil de Fondation et sa présidence et vice-présidence.
En effet, si Monsieur Guy Demole avait déjà passablement redressé l’institution pendant la direction de Madame Auphan, installant un système comptable, apportant également un soutien très fort à l’institution, les départements techniques semblent aujourd’hui avoir déjà initiés, pour partie, un lent déclin ou de forts dysfonctionnements qui se sont amplifiés avec le temps. Les problèmes d’inventaire, de dépôts, de sécurité, de santé, de pénibilité existaient également.
D’autre part, la structure institutionnelle montre aujourd’hui que les structures d’antan se doivent d’être renouvelées, afin de correspondre aux us et habitus contemporains. Tout comme d’autres institutions, il semble aujourd’hui que les rapports entre un Conseil Administratif, une fondation et un objet régi par cette fondation se doivent d’être révisés (voir préconisations).
Cependant, cette crise – latente – a été précipitée par une symbiose négative des trois membres de la direction en place depuis 2001 et ce, jusqu’en décembre 2006.
Cette direction était composée du directeur général, Jean-Marie Blanchard, actuel directeur général du GTG, du secrétaire général, Antonio Soragni, présent depuis une année auparavant, nommé sous l’ère Vaissade et ayant remplacé Monsieur Duchêne, et du directeur Technique, Jacques Ayrault, venu de Lausanne avec Renée Auphan.

Dans le même temps et avec l’arrivée de Monsieur Blanchard, le Conseil Administratif nomme un nouveau président, Bruno de Preux, qui prend la succession de Guy Demole.
Le Directeur général rejette l’organigramme précédent, n’en écrit aucun, écarte rapidement le Secrétaire général de ses prérogatives, le laissant vaquer à l’administration (partielle) de l’entreprise, tout en lui ôtant tout autre forme de compétences déléguées, tant en matière
artistique que financière ou communicationnelles.
Antonio Soragni, non consulté sur ce volet important, est appelé à remplir, dès 2001, par contre, la fonction de Ressources ou Relations Humaines, pour laquelle il semble n’avoir que peu de talents, selon les propos enregistrés par notre équipe depuis trois mois. Il est perçu comme sombre, désagréable, méprisant.
Le Directeur général, secondé d’une adjointe et d’un chargé de production, français tous les deux et venus avec lui, va se concentrer sur la production et la communication de spectacles d’art lyrique, en tout premier lieu, développant également une politique culturelle forte, comprenant l’ouverture à de nouveaux publics, une plus grande accessibilité de l’Opéra (publics jeunes, tarifs plus attractifs, visites organisées, participations aux fêtes de la musique, portes ouvertes, etc.), tout en communiquant également sur la qualité de la saison, tant à Paris (attachée de presse pour le Grand Théâtre) qu’à l’international, via la presse notamment.
Jean-Marie Blanchard, en renouvelant les publics, renouvelle aussi l’Opéra, en imposant une création chaque année, visitant considérablement le répertoire contemporain, ramenant Wagner à Genève, fréquemment et brillamment, tout en maintenant des pièces « plus » classiques du répertoire italien, français, allemand ou autrichien, russe…
La vitrine du Grand Théâtre brille, des prix et des distinctions aussi : meilleur spectacle lyrique en 2005, diapasons d’or…
Et le Directeur général s’emballe, programme, invite, crée, demandant un effort considérable à ses équipes techniques, sans tolérer le moindre refus, ni envisager la moindre remarque sur ses décisions. Les créateurs invités ont toute licence, leurs caprices sont agréés, dans les moindres détails et jusqu’aux derniers moments.
Ces caprices, irréalisables (et irréalisés) sur d’autres scènes, désorganisent la structure entière, chargent et multiplient les plans de travail, surchauffe les équipes.
Le Directeur technique, enfin, Jacques Ayrault, (qui n’est plus bridé par la directrice précédente, Renée Auphan, qui le connait depuis la fin de son adolescence et lui a permis de grimper les échelons de sa carrière), personnage des plus spéciaux, forcé d’accepter les choix du DG, sans discuter, se plie aux injonctions du DG et force ses équipes, installant un système de réseaux le défendant, réorganisant les équipes techniques, plaçant dès qu’il le peut des cadres intermédiaires qui lui sont inféodés, favorisant le copinage et le népotisme, développant une fidélité forcée et une culture excluante, composée de sexisme en tout premier lieu, tout en engageant des femmes dans plusieurs services, de racisme, de xénophobie, d’abus de toutes sortes et de favoritisme.
Le tout dans une ambiance de production intense, sur deux scènes - le BFM et la Place Neuve.
Les choses évoluent, le bureau technique est éclaté, permettant ainsi de ne pas centraliser les informations permettant de transformer une demande artistique en réalité technique, les services sont réorganisés partiellement selon les règles du Directeur technique, des gens fatiguent, partent, sont licenciés, le temps file, les procédures disparaissent : peu ou pas d’évaluation de fonction, de personne ou de poste, pas de cahier des charges – inexistant ou indisponible, les fonctions sont dispersées ou dupliquées, le principe global du « Diviser pour mieux régner » est appliqué à la lettre.

Les gens qui ne sont pas contents montent chez le Secrétaire général, qui, en alliance contrainte avec le Directeur technique les renvoit globalement travailler, avec une phrase largement partagée par les deux directeurs : « C’est ça ou la porte ».
Le ballet est relancé, tourne, rapporte de l’argent, ce qui n’empêche pas le Directeur général de le saisir come otage pour l’obtention d’une subvention supplémentaire.
Les choses montent, le personnel accepte, culture suisse oblige, longtemps. Quelques accidents se produisent, des personnes sont cassées, des femmes surtout, partent, malades, brisées. La crise monte, jusqu’à l’affaire des tapissiers accessoiristes.
Cette affaire est historique et emblématique puisqu’elle cristallise un certain nombre de dysfonctionnements, mais c’est aussi le premier faux pas du trio. Les deux femmes concernées, dénigrées, mobbées et harcelées par un de leur collaborateurs au sein du service et briguant – comme elles – un poste de cadre intermédiaire, ne trouvant aucune écoute dans l’institution, vont voir la Ville, Service des ressources humaines, pour l’une, qui refuse de la rencontrer, la Commission du personnel de la Ville de Genève pour l’autre. La première, face aux fins de non recevoir reçus va voir le SIT – Syndicat interprofessionnel des travailleurs, qui l’écoute et contacte aussi la VPOD – Syndicat de la fonction publique.
L’entrée des syndicats s’est donc faite par défaut des autres moyens de régulation présents ou mis en place.
Cette affaire des tapissiers accessoiristes cristallise un certain nombre de mauvais sentiments à l’égard de la direction : sanction des victimes, valorisation du bourreau, déni des règles, lois et de tout cadre structurant et assurant un fonctionnement démocratique, abus de toutes sortes, inféodation, etc., et sa résolution ne satisfait pas le personnel, qui se mobilise doucement, tout en produisant des spectacles reconnus mondialement.
L’outil de production, unique en Suisse et l’un des meilleurs au monde est en effet performant, car ses membres sont des personnes compétentes, loyales envers l’institution et amoureux du spectacle et du plateau, offrant une équipe professionnelle et unique, assurant aussi par là même une forte pérennité à l’institution genevoise qui peut s’enorgueillir de posséder une équipe artisanale et artistique parmi les meilleures, comprenant des services très rares comme l’atelier cuir ou l’atelier des perruquiers. Cet outil est d’ailleurs à pérenniser d’urgence, afin de ne pas perdre ses joyaux, mais de les perpétuer.
Le personnel fatigue, force, le temps passe, des dysfonctionnements surgissent ça et là, escamotés et la saison continue. Le directeur écoute les problèmes, les contenant ainsi un certain temps.
Le système de la double contrainte opère, sur trois pivots, le trio gouvernant l’institution.
Puis un autre événement survient, au gré des productions : un machiniste, fragile et constamment fragilisé au GTG, sauve la vie d’un autre, sur le plateau, se déchire le ligaments d’un bras ce faisant, retombe dans une dépression forte et latente depuis des années, ne remonte pas la pente, se suicide : D.R. dont personne en fera mention officiellement au GTG – ni quand il sauve un autre membre du personnel, ni quand il meurt, et un homme et une femme, révoltés par le cumul des injustices et des dégâts, lancent une lettre interpellative à la fois au Directeur général et au Magistrat aux affaires culturelles, Patrice Mugny, signée par plus de 70 personnes travaillant au GTG.
La lettre est perçue comme choquante par la direction. Interpellante par le magistrat. Une audition des signataires est organisée par le magistrat au Muséum d’Histoire naturelle le 21 septembre 2006, le Président de la fondation, quant à lui, convoque une douzaine de signataires pour les entendre, personnellement, sur les raisons qui les ont poussés à signer cette lettre.

Un suicide comme facteur partiellement indu et malheureux de la prise de parole du personnel, mais aussi unique recours collectif possible, après tentatives individuels et multiples auprès du Grand Théâtre, de la Commission interne du personnel (CPTA), du Service des ressources humaines, du Département des affaires culturelles, puis des syndicats. Mais aussi personne emblématique et apprécié par le personnel : plus d’une dizaine d’années de demande de transfert non agréée et le sauvetage d’un machiniste, sans recevoir aucune reconnaissance de l’institution.
A l’issue de ces réunions et convocations est décidé un audit, par le DG, puis par le magistrat.

Les Facteurs déterminants ayant conduit à cette crise sont les suivants :
Un Conseil de fondation et un Département des affaires culturelles peu responsabilisés, qui n’ont pas pleinement exercé l’ensemble de leurs prérogatives, aveuglés par l’Image et l’artistique, probablement instrumentalisés par un Directeur général aveuglé par l’image et le spectacle, dans un fort déni de réalité, sans réelle préoccupation ni perception des conditions de production des spectacles.
Un Conseil de fondation de gestion par beau temps… qui, cependant, n’avait aucune réelle information sur l’ensemble des conditions de travail du personnel, le Directeur général restant totalement muet sur ces questions et mettant systématiquement la « vitrine » en majesté, sans jamais parler de l’envers du décor, en-deçà du règlement de la fondation.
Le personnel du GTG est aux abois depuis longtemps, sans voie de recours interne pour exprimer ses préoccupations et ses contraintes (qu’il soit au bénéfice d’un contrat Ville ou d’un contrat Fondation), dans un environnement obnubilé par la Scène projetée, par l’image, par le prestige.
Le GTG a un personnel majoritairement responsable, loyal, soucieux d’assurer le spectacle, la pérennité de l’Institution genevoise, pour sa majorité.
Il existe cependant des réseaux installés par le Directeur technique, qui demeurent à démanteler et un certain nombre de personnes blessées, voire cassées.
D’autre part, beaucoup des membres du personnel sont d’ores et déjà peu enclin (ou formé), en Suisse, à se faire entendre, donc malléables et corvéables à merci, de plus verrouillés pour partie, par des contrats annuels signés par la fondation.
Le personnel est soumis à des injonctions fortes, un système de direction autoritaire, sans contre-pouvoir officiel ou statutaire et peu soucieux de toute forme de structure ou de cadre réglementaire admis.
D’autre part et pour partie aussi, le personnel est soumis à des comportements indélicats, à des logiques de dévalorisation et donc de perte d’individualité, ne leur laissant pas l’énergie et l’espace pour réagir.
La crise s’est ainsi installée profondément, au mépris de tout respect, mais demeure cependant une passion réelle, pour le théâtre et la scène, l’amour de leur métier pour beaucoup d’entre eux.
Cet audit aura permis d’ouvrir cette boîte de Pandore, aujourd’hui vidée : l’espoir qui reste à
l’intérieur peut être dynamisé par un certain nombre de mesures, qu’il s’agit de mettre en oeuvre et que nous exposons ci-après.

(...)

3. ... et Préconisation


Note liminaire :
Nos préconisations sur la gouvernance et la structure institutionnelle, proches, dans les grandes lignes fondamentales, de celles de l'institut Sherwood, audit lot n° 2, proposent une alternative différente, mais non contradictoire, à celle de Sherwood.
Les différences entre ces 2 propositions sont naturellement issues de nos démarches, qui divergent, puisque Sherwood a analysé les moyens humains, budgétaires et matériels à disposition du Grand Théâtre en regard de ses missions, sous un angle principalement quantitatif et organisationnel, tandis que Créalyse a étudié les ressources et relations humaines de cette institution et nous avons concentré nos réponses autour de solutions de gestion des rapports humains et des pouvoirs à mettre en place.
Nous avons tenu à préciser ici que ces 2 options, loin de se contredire, pouvaient également être complémentaires.

3.1 La question de la gouvernance
3.1.1 Le Conseil de fondation : un instrument à professionnaliser

En fonction des constats énoncés dans ce rapport, nous proposons un remaniement complet du Conseil de fondation dans la perspective de lui donner les moyens de construire un juste équilibre entre les éléments clés garantissant, à long terme et de manière permanente, la qualité d'un projet artistique, qu’il s’agit non seulement de réaliser mais aussi d’énoncer : la stabilité et la pérennité financière, la cohérence stratégique et le bon fonctionnement (gestion, administration, RH) interne de l'institution.
D'autres éléments nous semblent également aujourd'hui représenter des sources avérées ou potentielles de conflits. Nous les avons considérées comme déterminantes dans la construction de nos propositions :
- Les autorités de la Ville de Genève sont à la fois autorité de tutelle et membres du Conseil de fondation, donc dans une situation hybride (juge et partie) car représentant à la fois l’autorité de surveillance, l’éventuelle autorité de recours de ses propres employés, tout en étant porteuses des intérêts et décisions du Conseil de fondation. Cette situation est incongrue, sans être satisfaisante.
- Le poids du bureau, respectivement de la présidence, respectivement du directeur général, et leur cumul, ont créé un sentiment d’assujettissement de la part des membres actuels du Conseil, sentiment qui a culminé en décembre (à partir du 19) 2006 et perdure aujourd’hui. Le degré d'information disponible par les membres du Conseil est aujourd'hui relevé comme un facteur majeur d’insatisfaction. L’information devrait en effet être disponible, dans son intégralité, signalée comme telle et non pas devoir être demandée.
- Les questions du degré d'investissement en règle générale et du degré de compétence des membres en savoir et gestion artistiques sont également centrales et nécessitent d’être résolues : assurer une saine et cohérente gestion artistique nécessite en effet du temps et du savoir, constamment renouvelé par un intérêt réel et personnel en la matière, ce qui n’est actuellement pas nécessairement le cas des membres de ce Conseil.
- La nomination par les partis de leur représentants au Conseil de fondation se fait, semble-t-il pas toujours en fonction de leurs compétences ou de leur amour de l’art lyrique, mais parfois comme récompense ou compensation (non élection), du fait de l’aspect statutaire et prestigieux de l’institution : cela minore son potentiel d’action cohérente et suivie, tout en favorisant un discours partisan déphasé en regard de l’intérêt de l’institution et de son projet artistique et citoyen.

En conséquence, nous proposons :
Composition, nomination des membres du Conseil de fondation et du bureau et prérogatives
- Un Conseil de fondation de onze membres, hommes et femmes à parité ou s’en rapprochant, reconnus pour leurs compétences en matière d’art lyrique/de théâtre/de gestion culturelle, de gestion au sens strict (notamment droit du travail) et non nommés, selon les intérêts des partis ou selon un processus de récompense/de compensation.
o Deux membres nommés ad personam par le Conseil administratif, dont un a le statut de haut fonctionnaire au sein du Département des affaires culturelles de la Ville de Genève et peut ainsi affirmer une bonne connaissance de l’institution.
o Trois membres nommés ad personam par le Conseil municipal, tous partis confondus, reconnus pour leurs compétences en la matière et leur savoir, évitant ainsi la politisation extrême du Conseil défavorable à son bonfonctionnement et favorisant une politisation malvenue au sein du Conseil etde son bureau.

o Un représentant du Cercle du Grand-Théâtre et deux représentants du mécénat, nommés par le Conseil administratif, compétents en matière artistique et intéressés réellement par la gestion de l’institution (VS magie du théâtre et du spectacle présenté), tout en pérennisant la présence ancestrale et originelle du mécénat dans la maison. Il s’agit ici de clairement relever l’attachement particulier des Genevois à cette maison, au travers du mécénat, véritable tradition institutionnelle.
o Un membre nommé par l’Association des communes genevoises (ACG), dans la perspective d'intégrer plus explicitement la dimension supra communale de l’institution.

o Le/la Président(e) et le/la Vice-président(e) sont nommés par le Conseil administratif, pour leur valeur personnelle, leur proximité à et leur connaissance de l’institution, de l’art lyrique et de Genève. Il s’agirait cependant de ne pas nommer à la présidence des personnes déjà présidentes ou vice présidentes d’institutions artistiques ou culturelles de la Ville ou de l’Etat (OSR, Conservatoire de Musique, etc. – éviter le cumul des mandats et les interférences potentielles, favoriser la disponibilité).
o Un accord formel entre les partenaires nominants les membres du Conseil garantira une saine representativé des compétences.


Hypothèse alternative
Enfin, une alternative est possible : il pourrait s'avérer stratégiquement intéressant d'intégrer au sein du Conseil de fondation un représentant du canton, nommé par le Conseil d'État. Bien que la situation actuelle (très modeste subvention cantonale et délaissement, si ce n’est abandon, des charges culturelles au profit de la Ville) semble défavorable, il n’est pas exclu que le canton revienne sur sa décision… au-delà de ces aspects, la question de la formation professionnelle et ici particulièrement du maintien d’un capital professionnel introuvable ailleurs, renforce l’hypothèse alternative d’offrir un siège au canton. Sous réserve bien entendu de maintenir un nombre impair de membres.

- Le Conseil de fondation peut disposer à tout moment d'un espace d'échange avec trois représentants du personnel, un représentant de la technique, un représentant de l’administration et un de l’artistique – désignés par une commission du personnel digne de ce nom (dans ses droits et devoirs et via le vote du personnel). Ces représentants sont de fait des membres non permanents du Conseil de fondation, avec un statut consultatif. Ils peuvent intervenir sur demande réciproque.
- Le bureau est composé du/de la Président/e, du/de la Vice-président/e, de deux membres du conseil (dont le/la secrétaire) et du haut fonctionnaire du DAC. Le/la Directeur/trice général/e et le/la Secrétaire général/e y sont membres consultatifs, sans droit de vote.
- Le bureau ne peut déroger à la règle de la gestion déléguée des affaires courantes et ne doit pas outrepasser ses fonctions, même en cas d’urgence. Il s’agit plutôt de procéder à une gestion à priori qu’à posteriori, ce qui permettra alors de gérer prévisionnellement VS d’avoir à naviguer à vue et constamment dans l’urgence, favorisant ainsi d’éventuelles prises de pouvoir par nécessité d’action rapide, voire immédiate ou formulée comme telle, par volonté de décision tactique : procéder au plus pressé.
- La Présidence, subsidiairement la Vice-présidence, peut représenter le Conseil de Fondation, mais sa fonction présidentielle ne doit pas non plus s’exercer sans un contrôle et une délégation concertée avec la majorité du Conseil de fondation, chaque représentation devant être prévue et signalée. Il suffirait de revisiter/d’appliquer les textes (statuts et règlement) en vigueur.
- Le Conseil de fondation doit exprimer un projet artistique dans lequel doit s’inscrire sans aucun doute le projet du Directeur général. Il est clair que ce projet doit être en accord avec les moyens disponibles… La validation de ce projet – en quelque sorte l’explicitation du projet artistique – devrait être plus clairement du ressort du Conseil de Fondation, tels que par ailleurs exprimés aux articles 1 et 3 du règlement intérieur de ladite Fondation. Ce dernier article précise, par ailleurs, que le Conseil de fondation « en assume la responsabilité »… or nous n’avons trouvé dans les PV du Conseil de fondation que des traces très partielles de débat sur le projet et la vision artistique développée ces dernières années.
- Dans le même ordre d‘idée, l’article 1 de ce même règlement précise que « …le plan de production des spectacles, […] l’organisation administrative et artistique » sont déterminés par le Conseil, ne serait-ce que pour l’approuver. Si ce ne fut pas le cas à l’évidence, que ce soit de fait ou d’intention, une application plus stricte de cet article semble nécessaire. Nécessité qui reste toutefois subordonnée au projet artistique. Cette remarque est également valable pour la question des signatures autorisées, dont les limites sont signalées dans l’article 5, sans toutefois percevoir nécessairement un retour d’information aux membres du Conseil de fondation.

Notre proposition vise donc à favoriser les éléments suivants :

- Permettre aux autorités de la Ville de Genève d'assurer leur rôle d’autorité de surveillance en toute légitimité, sans pour autant accéder à la gestion quotidienne de la Fondation et du GTG et provoquer des interférences qui peuvent être déplacées ou interprétées comme telles.

- Garantir à tout moment et en toute circonstance l'existence de canaux d'information directs entre les représentants du personnel (la vie quotidienne au GTG) et les membres du Conseil de fondation.

- Permettre une nomination politiquement légitimée de membres disposant de compétences en gestion artistique et en art lyrique, dans le cadre des institutions

- Préserver une place intéressante, voire stratégique au mécénat.

- Permettre au Conseil d’assurer ou de préserver son rôle d’autorité suprême en
matière d’organisation interne et de finance, dans le respect de ses statuts.

- Enfin, créer les conditions cadres d'un équilibre judicieux entre intérêts privés et intérêts publics, autour d'une vision commune des intérêts du Grand-Théâtre (VS intérêt statutaire ou social personnel), c’est-à-dire de l’un des fleurons des institutions genevoises.

(...)

3.2 L’organisation de la Direction du GTG : retrouver les conditions d’un espace de régulation

(...)

3.2.2 Une nécessité : un conseil de direction plus collégiale
Il semble nécessaire de permettre à la DG de déléguer une partie de ses activités à un conseil de direction, qui assumerait notamment :
- la direction financière
- la direction administrative
- la direction des ressources humaines
- la direction technique
Dans l’état actuel des choses, le but unique et souverain, outrepassant la vocation même de l’institution, est la programmation (la représentation des spectacles programmés et ce, dans
n’importe quelle condition), il apparaît donc très important de séparer la fonction statutairement ou tout au moins de permettre à un conseil de direction « rapprochée » d’effectuer au mieux les tâches de direction mentionnées ci-dessus, tout en référant au DG.
Nous proposons de regrouper les différentes directions sous forme d’un conseil élargi (4 membres) de direction, dont la « présidence » serait assumée par le DG, qui aurait également un pouvoir suffisant (pour se liguer à 2 ou à 3, par exemple) pour infléchir certaines décisions du DG (en cas de litige ou de perception de saison trop chargée, de srucharge du personnel, de problèmes de personnel : relations humaines, conflits de personnes, mise au concours de postes, promotions).
Ce Conseil permettrait aussi une organisation et une planification du travail cohérentes, s’interdisant de principe, tout dérapage, lié notamment au fait d’une seule personne à l’ensemble des manettes de l’institution. La question de la planification – déterminante – sera
menée plus avant.

3.2.3 Une véritable Direction Financière

(...)

Nous proposons de faire appel à une personne ayant fait des études de gestion (VS expert omptable, qui ne semble plus être un diplôme suffisant pour ce poste, très évolutif depuis une à deux décennies), ayant à la fois, comme mentionné dans le cahier des charges actuel, une compétence comptable ET financière (aujourd’hui non exploitée). Afin d’assurer une bonne gestion et un contrôle financier constants, il apparaît important que ce poste soit signé par la Ville, comme il l’est à l’heure actuelle. Nous proposons de nommer un directeur financier, qui, comme Bernadette Favre, assume la direction financière du GT et se tienne aux budgets prévus, tout en assumant les tâches de direction, planification, organisation, coordination et supervision des activités du service financier du GT (y compris la responsabilité de la billetterie), mais aussi la gestion prévisionnelle du GT à court et moyen terme (budgets des saisons à venir, suivi et actualisations budgétaires), c’est-à-dire en assumant aussi :
- L’établissement des comptes de la saison écoulée,
- La préparation du rapport de gestion,
- Le contrôle des résultats d’exploitation et des décomptes d’ouvrage,
- Le budget d’exploitation de la saison à venir,
- La planification financière à moyen terme et l’établissement des documents comptables nécessaires,
- La préparation et la signature des décisions d’engagement de dépenses et des documents annexes (adaptation du cadre des compétences dévolues au SG, dans le règlement intérieur de la Fondation).
- L’organisation d’un système unique et unifié de bons de commande et contrôle de son bon fonctionnement,
- Le suivi de la facturation à des tiers,
- La direction du service comptable et financier (y compris la billetterie).
- La gestion de la trésorerie du GT,
- Les relations avec les banques, les institutions sociales, l’administration fiscale, la TVA, etc.
- La gestion des stocks, le contrôle des débiteurs et les comptes transitoires, les provisions et les amortissements.
- Les contrats de sponsoring et le mécénat.
- Représentation au Conseil de fondation, sous forme de présence consultative.
- etc.
La nomination du Directeur financier est du ressort de la Ville de Genève, en accord avec le
Conseil de fondation. Il peut être au bénéfice d’un contrat de droit privé.

3.2.4 Renforcer la Direction administrative