mercredi 4 avril 2007

Le Conseil administratif réagit à l'audit, ses partenaires entérinent

Genève, le 4 avril 2007

Aux représentants de la presse et des médias

Communiqué de presse

Rapports d’audit du Grand Théâtre :
le Conseil administratif annonce les premières mesures


Le Conseil administratif a pris acte des conclusions des rapports d’audit réalisés par la Société Crealyse et l’Institut Sherwood.

Il constate que, tout en relevant l’excellent niveau artistique des prestations du Grand Théâtre, les auditeurs font état de graves dysfonctionnements au sein de l’institution, notamment en matière de gestion des ressources humaines, et préconisent différentes mesures pour y remédier. A cet effet, le Conseiller administratif Patrice Mugny, la direction du Grand Théâtre et la présidence du Conseil de fondation rencontreront jeudi les représentants de la Commission du personnel technique et administratif du Grand Théâtre (CPTA), des syndicats SIT et SSP, afin de discuter des suites à donner à ces rapports dans les meilleurs délais.

Lors de cette séance, le Conseil administratif proposera de prendre les mesures immédiates suivantes :

- l’Office cantonal de l’inspection et des relations du travail (OCIRT) sera sollicité très rapidement pour examiner les questions liées à la santé et à la sécurité des collaborateurs et des collaboratrices du Grand Théâtre ;
- six personnes, soit quatre perruquiers dont une cheffe de service ainsi qu’un dessinateur et un serrurier, seront fonctionnarisés avec un transfert de charges budgétaires;
- deux tapissières accessoiristes qui avaient été déplacées dans d’autres services de la Ville seront réintégrées dans leur fonction ;
- à la suite des conclusions de l’audit, un examen approfondi de la situation de certains services particulièrement déstabilisés sera réalisé dans les meilleurs délais.

Enfin, le Conseil administratif tient à assurer les personnels de la Ville de Genève et de la Fondation du Grand Théâtre de sa ferme intention de veiller à ce que leurs droits et leur dignité soient pleinement respectés. Dans un proche avenir, le Conseil administratif proposera d’autres mesures concernant notamment la réorganisation, les structures et les personnes.

Pour toute information complémentaire :
Département des affaires culturelles. Tél. 022 418 65 03

Les partenaires de l'audit entérinent les propositions du Conseil administratif
Réunis le jeudi 5 avril dans "une ambiance lourde aux propos vigoureux" (Bruno de Preux dixit), les syndicats SIT et SSP, la commissions du personnel, la Ville, la Fondation et la Direction du GTG ont entériné les propositions de la Ville : municipalisation de six employés, mandat à l'OCIRT, réintégration des tapissières accessoiristes (mesure sur laquelle le président de la Fondation déclare ne pas s'être prononcé, en arguant qu'elle concerne "exclusivement la Ville", et en agitant la menace que cette réintégration ait un impact négatif "sur les services et les collaborateurs concernés". Le président de la Fondation a même affirmé : "Dès que j'ai eu conscience du sérieux de la situation, j'ai immédiatement réagi et oeuvré sans désemparer depuis". Il y a des consciences tardives, et des réactions et actions dont les finalités laissent perplexe...

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Les syndicats et la commission du personnel ont également réagi à l'audit : ils considèrent que la direction générale doit "présenter des excuses aux employés touchés edans leur santé physique ou psychique". Les syndicats SIT et SSP rappellent qu'ils dénoncent depuis deux ans les pratiques de harcèlement et de sexisme au Grand Théâtre, et que pendant deux ans le Conseil de fondation est resté sourd aux plaintes des employés. De son côté, la Ville a mis des mois à réagir. Les syndicats demandent au GTG une nouvelle "culture d'entreprise (...) qui se traduise d'abord par le simple respect des personnes", selon les mots de Valérie Buchs (SIT)

Pascal Holenweg a dit…

Réuni en séance extraordinaire hier après-midi pour se prononcer sur l'acceptation ou non par la Fondation du rapport d'audit Crealyse, après que confraternellement l'autre auditeur, Sherwood, l'ait dégommé et ait, dans une lettre à Patrice Mugny et à Bruno de Preux proposé explicitement que la Fondation refuse l'audit, le Conseil de fondation a donc finalement (mais dans la douleur) "refusé de refuser" le rapport d'audit de Crealyse, tout en en critiquant la forme et le contenu, en particulier la publication de citations des personnes interrogées, citations non attribuées mais facilement attribuables dès lors qu'elles étaient placées dans le contexte d'une description de la situation service par service.

Dans un premier vote, le Conseil s'est partagé exactement en deux : six membres ont voté pour le refus du rapport de Crealyse (la dénonciation par Sherwood du rapport de Crealyse ayant servi d'exutoire au Conseil de fondation, comme le rapport de Crealyse aux membres du personnel), six autres ont voté contre. Dans ces conditions, la voix du président étant prépondérante, le refus du rapport devenait majoritaire, mais un deuxième vote a été provoqué pour éviter de rendre visible la totale division du Conseil.

Il a été rappelé que si une version imparfaite du rapport a été rendue publique, c'est parce qu'une séance de "pré-présentation" prévue pour le 23 mars a été annulée, sans consultation des syndicats et de la commission du personnel, ce contre quoi les syndicats et la CPTA avaient protesté. Si cette séance avait eu lieu, elle aurait permis de rectifier la confusion entre ce qui revient à l'aiditeur et ce qui revient à la personne interrogées, les maladresses, les erreurs factuelles contenues dans le rapport Crealyse, et de produire publiquement un rapport inattaquable sur la forme.
Le point 7 du protocole d'accord entre la Ville, le GTG, les syndicats et la CPTA prévoyait explicitement qu'une "première version du rapport d'audit sera soumise aux parties". Ce point n'a pas été respecté et la qualité formelle défaillante du rapport Crealyse n'est que la conséquence de cet irrespect.

On peut également rappeler que la Fondation est co-commanditaire de l'audit, co-responsable du choix des auditeurs (et donc de Créalyse) et co-signataire du protocole d'audit. Elle ne peut donc se défausser du travail effectuer. ça ne signifie pas que, formellement, ce travail (celui de Créalyse, donc), soit satisfaisant. Mais l'audit commandé a été effectué, et le travail d'audit effectué par Créalyse est considérable (plus de 200 personnes interrogées...). C'est le "rendu" de ce travail par le rapport qui est défectueux. Le rapport reçu est mal écrit, mal structuré, la différenciation entre opinions des audités et des auditeurs est malaisée, des erreurs factuelles subsistent et par moment le texte rendu tient plus d'un cadavre exquis que d'un rapport d'audit. Toutes choses qui auraient pu être corrigées si la séance de présentation de l'audit prévue une semaine avant sa publication avait été maintenue...

Résultat des courses : le Conseil de fondation prend acte des deux rapports, félicite Sherwood du sien, exprime sa désapprobation de la forme du rapport de Crealyse mais prend acte de ses conclusions, et s'engage dans la discussion avec la Ville, les syndicats et la commission du personnel sur la mise en oeuvre des propositions énoncées par les deux rapports.

Cela dit, la dénonciation publique par l'un des auditeurs (Sherwoood) du travail de l'autre (Crealyse) n'est pas sans poser problème, surtout quand le dénonciateur se fait le chantre de la déontologie... je rappelle que Sherwood avait initialement postulé pour les deux lots de l'audit, et qu'il n'en a finalement obtenu qu'un, le moins sensible (et le moins bien payé) ce qui pourrait contribuer à expliquer son acrimonie à l'égard de ses concurrents... Je vous renvoie, pour juger de la cohérence de Sherwood, au paragraphe 5 du préambule de son rapport d'audit : "Tout au long de l'audit, les équipes de Sherwood Alliance et de Créalyse se sont tenues informées de l'avancement de leurs travaux respectifs et ont partagé leurs principaux points de diagnostic ou de recommandation en respectant les règles de confidentialité définies avec leurs mandats". Sherwood ne peut donc aujourd'hui feindre de découvrir (pour le descendre en flammes) le travail de Créalyse.

Anonyme a dit…

Deux des mis en cause par l'audit de Crealyse y ont réagi (c'est dans la "Tribune" du 5 avril).
Jacques Ayrault : "J'ai confié à Me Alain Marti le soin d'engager une procédure contre l'auditeur afin de rétablir la vérité. Nous nous sentons salis. Il est inadmissible que paraissent publiquement des propos d'une telle teneur. Sexisme, racisme, xénophobie, copinage, népotisme, abus de toutes sortes : on ne se remet pas de telles accusations. Des attaques de ce type ne peuvent rester impunies". L'avocat d'Ayrault précise qu'il introduit une demande civile "pour constater la fausseté de certains passages et empêcher sa divulgation" (c'est un peu tard), mais il n'exclut pas une action pénale, si d'autres mis en cause en décident également.
Quant à Antonio Soragni, il attend "que les commanditaires se déterminent sur l'audit pour discuter avec eux" car "l'ambiance est déjà assez polluée et la méthode de Créalyse suffisamment mis en cause"

Anonyme a dit…

Selon "Le Matin" du vendrediu 6 avril, jour où on n'a en Romandie que ce canard à se mettre sous la dent, le directeur général se serait plié "aux exigences du ministre de la culture, Patrice Mugny" (exigences qui sont en fait celles des syndicats) et aurait, après avoir montré des "réticences" à la réintégration des deux employées injustement déplacées, "fini par céder". Il n'avait d'ailleurs pas le choix.

Pascal Holenweg a dit…

Créalyse a pondu une nouvelle version, remaniée, de son rapport d'audit, et explique que les "coquilles figurant dans le texte remis lundi 2 avril (aux) mandants (mention des noms de certains collaborateurs interviewés) auraient dû être supprimées à la relecture et ont "échappé à la vigilance du correcteur final". Et n'ont pu être rattrapées par la suite du fait de la suppression de l'étape intermédiaire du 23 mars (présentation du rapport aux mandants, une semaine avant sa publication sous sa forme définitive).