lundi 29 juin 2015


    
Le lièvre, la tortue et la votation

Les Verts genevois, divisés, ont décidé de ne pas soutenir le référendum lancé contre le projet de rénovation et d'extension du Musée d'Art et d'Histoire et de laisser les référendaires récolter les signatures nécessaires avant de se prononcer sur le fond, lorsque le référendum aura abouti. Seuls une coalition et un parti politiques soutiennent donc, aux côtés des défenseurs du patrimoine, ce référendum : l'UDC et « Ensemble à Gauche ». Vu les profils et les motivations légèrement contradictoires des référendaires, quelque chose nous dit qu'il va falloir attendre (en le souhaitant) l'aboutissement du référendum pour qu'un véritable débat s'engage sur le projet, et pas seulement sur ses à-côtés. On attendra donc. Notre patience est quasiment angélique... D'ailleurs, on attend aussi le fameux Projet Scientifique et Culturel qui doit nous dire à quoi va se vouer le « nouveau MAH » (le « MAH+ »). On attend. On attend la votation populaire et le projet scientifique et culturel. On attend en relisant « le livre et la tortue » On attend en espérant qu'on aura le PSC avant la votation.


Une mauvaise méthode : la technique de la  « belle boîte vide »...

Le projet scientifique et culturel » (PSC) que le MAH élabore depuis octobre 2014, en consultant le personnel et en s'appuyant sur un Conseil scientifique formé de cinq responsables de musées français et suisses, sera (ou non) validé par l'autorité de tutelle (le Conseil Administratif) en octobre 2015, puis rendu public. Les acteurs politiques, les mécènes, sponsors, partenaires et soutiens du musée devraient être associés à cette démarche, qu'il serait, de notre modeste point de vue, souhaitable de soumettre à tout le public intéressé. Y compris, donc, les opposants au projet de rénovation-extension du MAH.. Voilà pour la démarche. Reste l'essentiel : le contenu. En janvier 2015, le MAH (sa direction) exprimait, sinon un projet culturel, du moins une ambition : «Le plus grand musée de Genève se doit d'être un lieu d'ouverture, d'expérience et d'exploration culturelle. Il doit être le catalyseur d'une réflexion citoyenne de la ville sur elle-même; il doit contribuer avec ses habitants et habitantes, visiteurs et visiteuses, à dessiner les pistes de son avenir ». On peut en effet partir de là. Mais seulement pour aller plus loin. Et en se posant les questions : en quoi la réalisation du projet Nouvel-Jucker est-elle la condition nécessaire à la concrétisation du PSC ? la concrétisation du PSC implique-t-elle forcément le projet Nouvel-Jucker, ou est-elle concevable avec un autre projet ? Du PSC ou du projet architectural, lequel justifie l'autre ? On a en tout cas commencé par le projet architectural pour ne s'atteler qu'ensuite au projet culturel, comme si le contenant importait plus que le contenu... Or un projet scientifique et culturel ne devrait pas être, en tant que tel, conditionné par un projet architectural  préalable.

Il y a une différence notable entre le PSC français et le PSC genevois : la validation du premier par l'Etat est une condition de l'aide financière à l'investissement dans un musée (c'est grâce à cet aimable chantage que les PSC se sont d'ailleurs imposés en France), alors que la validation du PSC par la Municipalité genevoise n'a jamais été posée (et il est trop tard pour qu'elle le soit) comme une condition de l'investissement de la Ville dans l'extension du MAH. Dans sa conception française (mise en oeuvre dès le début des années '90), le projet scientifique et culturel d'un musée en définit la vocation et le développement à partir des missions qui lui sont confiées (ou qu'il s'attribue). Il s'agit à la fois de faire un bilan de l'existant, d'en tirer un diagnostic critique, de formuler un projet, de déterminer des objectifs, de poser des priorités. C'est ce type de démarche que la Ville a, en l'adaptant au cadre genevois, demandé à ses musées d'assumer. Dans le cas du MAH, cela paraît d'autant plus judicieux que, comme le rappellait Marie-Hélène Joly en 2009 dans la « lettre de l'OCIM », l'invention du PSC fut d'abord « le fruit de l'expérience de dix années de rénovations architecturales entreprises sur des bases trop faibles » : « le contenant précédant le contenu, on s'est aperçu que la technique de la "belle boîte vide" commandée à un architecte, sans préciser ce qu'on allait mettre dedans ni ce qu'on allait y faire était une mauvaise méthode » plus mauvaise sans doute à Genève et en Suisse qu'en France, puisqu'ici toute décision de rénover, d'agrandir, de construire un musée est susceptible d'être renvoyée devant le peuple, par référendum, surtout s'il s'agit d'une décision publique portant sur un musée public.

« S'il existait la possibilité de rendre obligatoire un référendum (sur le projet de MAH+), je le ferais », avait affirmé Sami Kanaan. Notre magistrat préféré est donc comblé : le référendum, facultatif, a été lancé et aboutira. Et on votera.
Mais on aimerait bien pouvoir le faire en toute connaissance de cause scientifique et culturelle...

mercredi 10 juin 2015

Le "nouveau Musée d'Art et d'Histoire" : l'ancien en mieux, ou autre chose ?


    
MAH + ? Mais plus de quoi ?

Faire entendre, pendant la campagne référendaire, une réflexion socialiste critique (mais aussi prospective) sur la politique muséale, le contenu du projet, la fonction d'un musée, tout ça : voilà à quoi nous allons nous vouer, héroïquement, ces prochains mois -à une sorte de travail de sape (souterraine, forcément, comme toute sape) des certitudes béates. Et des illusions heureuses : on n'a commencé à réfléchir au projet culturel du nouveau musée qu'une fois que nous l'ayons demandé publiquement, et institutionnellement, par une motion que le Conseil municipal a accepté. Mais n'était-ce pas trop tard ? N'était-ce pas par cela qu'il fallait commencer, plutôt que par cela terminer ? Et si on en est insatisfaits, du projet culturel qui nous sera présenté, comment fera-t-on pour le changer, et combien de temps faudra-t-il pour le changer, et qui serait en charge d'un projet différent de celui que la direction actuelle du musée aura proposé ? cette direction elle-même ? Le MAH, c'est-à-dire sa direction, ne fait pas mystère de son intention  : "la notion d'encyclopédie, qui sous-tend la conception originelle et actuelle du MAH, est aussi la pierre angulaire du futur musée", lit-on dans une première réponse, en janvier 2015, à la motion de la gauche réclamant que le contenu culturel du projet d'extension du musée soit exprimé. Le projet culturel du "futur musée" est donc celui du musée actuel... en un peu plus grand, avec un peu plus de moyens, d'espace et de confort. Or cela ne nous suffit pas...



"La victoire sera pour ceux qui auront su faire le désordre sans l'aimer" (Guy Debord)

Le projet de rénovation et d'extension du Musée d'Art et d'Histoire de Genève oblige le musée et la Ville à s'interroger sur le rôle même du musée. Oblige, ou devrait obliger : il aura tout de même fallu le demander avec insistance pour qu'un projet scientifique et culturel soit mis en élaboration, et que quelques-uns de ces éléments soient communiqués. Il nous faudrait profiter de l'occasion de la rénovation et de l'extension du MAH pour changer de musée. Changer d'ère, sortir du temps du réformisme culturel né à la sortie de la Guerre Mondiale, et que dans les années soixante incarnèrent à merveille en France un ministre comme André Malraux, des acteurs culturels comme Jean Vilar ou Henri Langlois, un projet comme le Centre Beaubourg (devenu Centre Pompidou)... Sortir de ce temps où la mission d'un musée est de conserver (mission patrimoniale), donner à voir et expliquer (mission pédagogique), étudier (mission scientifique), et où la mesure de sa capacité à remplir cette mission est sa fréquentation, la consommation que "le public" en fait, mesure qui, lorsqu'on la privilégie, arase, écrase, aplanit les contenus jusqu'à  les rendre à  la fois interchangeables et hiérarchisables : il y a plus de public pour voir La Joconde que pour voir Guernica ? La Joconde vaut donc plus que Guernica. Et bien plus que l'Homme qui Marche ou l'Origine du Monde.

Le MAH a été initialement conçu, et fonctionne depuis plus d'un siècle, comme un muée "encyclopédique", et "le musée, comme encyclopédie, montre et explique", une encyclopédie étant "un rassemblement symbolique d'objets présentés selon un ordre systématique qui vise à en révéler la logique", écrit le MAH dans une première réponse, en janvier 2015, à la motion de la gauche réclamant que le contenu culturel du projet d'extension du musée soit exprimé. Et le MAH, c'est-à-dire sa direction, ne fait pas mystère de son intention : le projet culturel du "futur musée" est  celui du musée actuel, en plus grand : un "musée des musées". Une encyclopédie des encyclopédies... Mais une encyclopédie repose, avant même que d'être un "rassemblement symbolique d'objets", sur un projet culturel, voire explicitement politique, qui détermine à la fois l'ordre systématique de ce qu'elle présente (le système n'est pas donné par la nécessité de l'ordre, c'est l'ordre qui est déterminé par un système préalablement conçu) et la logique qu'on veut en tirer : Diderot, d'Alembert, d'Holbach, savent où ils veulent aller avant même d'avoir écrit le premier mot du premier article de leur Encyclopédie, et celle-ci est un instrument de leur projet politique...

Rendre le musée plus familier, la visite du musée plus "normale", à des publics qui s'en tiennent éloignés, c'est une ambition légitime -celle de la "démocratisation de la culture", qui pousse à aller chercher ce public, et, une fois qu'on l'a amené dans les salles, à lui expliquer, lui raconter, ce qu'on lui donne à voir, à  remettre les oeuvres et les objets dans leur histoire  : "L'objectif n'est pas de tout dire, mais d'éveiller, de donner au public le goût de poursuivre sa démarche et de combler son désir d'apprendre" écrit la direction du MAH en janvier 2015. Soit.  La "médiation culturelle" a précisément cette fonction -mais entre qui, entre quoi, est-elle médiatrice ? Et la quête d'un "nouveau public" a-t-elle pour objectif d'additionner ce "nouveau public" à l'ancien, de l'y intégrer, de l'y assimiler, ou de lui adapter le musée ? La "médiation culturelle", la "démocratisation des musées", ont-elles pour but de changer le public ou de changer le musée ?

Il faut que le musée raconte une histoire, et pas une histoire qui n'ait de sens que pour le musée : une histoire qui en ait pour les visiteurs -pour chacun-e d'entre elles et eux. Cette histoire doit partir de la leur, parce qu'il faut bien l'avouer : on s'en fout un peu, du contexte historique, culturel, religieux, de "la Pêche Miraculeuse", on se demande plutôt : qu'est-ce qu'elle nous dit de nous, aujourd'hui ?

jeudi 4 juin 2015

Projet de rénovation et d'extension du Musée d'Art et d'Histoire de Genève : un référendum pour un débat de fond


Le Conseil Municipal de la Ville de Genève ayant accepté le projet de rénovation et d'extension du Musée d'Art & d'Histoire, les opposants à ce projet (Verts, UDC, Ensemble à Gauche) ont lancé un référendum qui, compte tenu de la multiplicité des motivations de leurs oppositions respectives (défense du patrimoine, coût de l'opération, déséquilibre du partenariat public-privé) ne devrait pas avoir grand' peine à aboutir. Le peuple votera donc. Et c'est une excellente chose, non seulement du point de vue démocratique, mais aussi de celui d'un vrai débat public sur l'enjeu culturel du projet. Un enjeu passé totalement au second plan d'un débat décevant, au terme duquel on aura même pu s'offrir le plaisir quelque peu pervers de voter en faveur d'un projet auquel on n'adhère pas, mais qui devait être accepté par le Conseil municipal pour qu'un référendum puisse être lancé, que le peuple se prononce et qu'un vrai débat s'engage sur ce grand absent des joutes parlementaires : le contenu culturel du projet, le rôle qu'on attend que joue le musée rénové et agrandi. Un référendum pour provoquer au débat sur le fond, ou du bon usage d'un droit politique...

"La liberté de tout dire n'a d'ennemis que ceux qui veulent se réserver la liberté de tout faire" (Jean-Paul Marat)

Le Conseil Municipal de la Ville de Genève a donc adopté, à une majorité pour le moins composite (PS, PLR, PDC, MCG) face à une minorité ("Ensemble à Gauche", Verts, UDC) l'étant à peine moins, le projet du Conseil administratif de rénovation et d'extension du Musée d'Art et d'Histoire. Fin du premier des trois rounds du match politico-culturel. Un référendum a été annoncé (deuxième round), il n'aura sans doute aucune peine à aboutir, le peuple de la Ville se prononcera donc (troisième round).
Le vote du Municipal (et celui du groupe socialiste) étant acquis bien avant que de se produire, voter "non" comme nous en eûmes un instant la tentation n'aurait été qu'une posture égotiste... certes intellectuellement confortable, mais politiquement inutile. Mais le référendum étant lancé, on peut passer à l'étape suivante : faire entendre, pendant la campagne référendaire, une réflexion socialiste critique (mais aussi prospective) sur la politique muséale, le contenu du projet, les fonctions d'un musée, l'invention d'une fonction nouvelle...

On en est donc là : ironiquement, mais mécaniquement, c'est l'acceptation par le Conseil Municipal du projet de rénovation et d'extension du Musée d'Art et d'Histoire qui rend désormais possible (si le débat public sort des ornières où cahotait le débat parlementaire) ce que ce même Conseil Municipal a refusé (la dissociation de la rénovation et de l'extension) et ce qu'il a ignoré (un débat sur le contenu culturel du projet). Si, le référendum ayant abouti, le peuple souverain refuse le "paquet ficelé" que lui présente le Conseil municipal, ce "paquet ficelé" de la rénovation et de l'extension du musée qu'il faut accepter ou refuser ensemble, on repart à zéro. On efface Nouvel, Gandur, Barbier-Muller, Cramer et on assume l'urgence d'une rénovation du musée, mais de cette rénovation seule, ou la responsabilité de la fermeture du musée. Et on se donne le temps d'un véritable débat de politique culturelle, où puisse non seulement se poser les questions "pourquoi un musée ?", "qu'en faire ?", "qu'y faire", mais même, rêvons tout haut, tenter d'y répondre...

 On a fini par obtenir des éléments d'un "projet scientifique et culturel" (PSC) du "Mah+" (le musée tel que le projet voté par le Conseil Municipal). Des éléments, seulement : le PSC lui-même ne devrait être validé qu'en octobre par le Conseil scientifique créé pour le concevoir -et, forcément, rendu public encore plus tard, après avoir été ratifié par l'autorité de tutelle, c'est-à-dire le Conseil administratif, puisque les musées de la Ville de Genève en dépendent directement . Or si le référendum aboutit (et il aboutira), ce sera probablement à l'automne que le vote populaire sera organisé. C'est-à-dire avant que le public, les citoyennes et les citoyens, aient pu prendre connaissance du projet culturel qui seul peut justifier l'effort considérable que la collectivité va consacrer à rénover et étendre son musée. Dire que dans ces conditions, le débat sur le "projet scientifique et culturel" du musée sera tronqué, puisque fondé sur les quelques éléments du PSC déjà connus, est un euphémisme. Il va pourtant bien falloir le mener, ce débat, et le soumettre à l'examen, et donc à la critique, ce projet. On tentera de s'y employer, comme on peut, avec qui en veut.
Chères et chers camarades, on vous y attend...

lundi 1 juin 2015

La Nouvelle Comédie : du théâtre à la fabrique de théâtre


Deuxième (après le Musée d'Art et d'Histoire) gros morceau à l'ordre du jour du Conseil Municipal : la Nouvelle Comédie. Un  projet à 98 millions, dont 53 à charge de la Ville et 45 à charge du canton (s'il y consent, ce que le Conseil d'Etat propose, mais ce dont le Grand Conseil disposera, sans que l'on puisse le moins du monde préjuger de ses bonnes ou mauvaises dispositions). Un projet totalement à charge des collectivités publiques, contrairement à celui de rénovation et extension du MAH, dont le financement est fondé sur un « partenariat public-privé ». Et surtout, un projet culturellement bien plus ambitieux que celui du MAH, qui pourtant fait plus de bruit.  Parce que la Nouvelle Comédie, ce n'est pas l'actuelle Comédie en plus grand, c'est une nouvelle institution culturelle. Dont le projet devrait, lui aussi, affronter un référendum, venu (si elle ose) de la droite de la droite. Les deux projets devant être adoptés lors de la même session du Conseil Municipal, les deux référendums seront lancés en même temps et, s'ils aboutissent tout deux, soumis au peuple en même temps. Une votation majeure, et périlleuse, s'annoncerait alors, sur deux projets inégalement séduisants, mais également déterminants pour tout le « paysage culturel » genevois.

Plus qu'un projet de nouveau théâtre. Plus que l'ouverture d'une nouvelle scène
                 
Changement d'échelle changement de rôle : on ne propose pas seulement avec la « Nouvelle Comédie » de donner des moyens, des espaces, du personnel supplémentaire à la Comédie de Genève, on propose de changer sa place dans le tissu culturel genevois et la place du théâtre, comme art vivant, dans la cité. La Comédie comme institution publique deviendrait ce que le Grand Théâtre est pour l'art lyrique, l'OSR pour la musique symphonique ou ce que projette (ou rêve) d'être le Musée d'Art et d'Histoire rénové et agrandi : une institution de référence pour tout un art, tout un milieu, toutes celles et tous ceux qui y oeuvrent, toute une forme d'expression.  On ne construit pas un parking, ou un supermarché, on construit un théâtre. Et on fait le choix très politique d'affirmer Genève comme une ville de culture, au singulier, et de cultures, au pluriel. Et de théâtres, toujours au pluriel, puisque la Nouvelle Comédie ne sers pas seulement une scène, mais une véritable « Cité du Théâtre », une «fabrique de théâtre» réunissant en un même lieu, la journée et le soir, artistes, artisans, public, habitants du quartier, producteurs du spectacle théâtral et apprentis de ce spectacle. Le temps est aussi une donnée du débat : La Nouvelle Comédie s'inscrira dans un paysage urbain (celui du quartier de la Gare des Eaux-Vives) remodelé par le CEVA. Le projet doit donc être inscrit dans le calendrier du chantier du CEVA, le théâtre soit inauguré en même temps que la ligne de chemin  de fer, en 2019.
L'ambition du projet de la Nouvelle Comédie est considérable -et c'est parce qu'elle est considérable qu'elle est pour certains effrayante : installer le théâtre (et, plus largement, les arts de la scène) comme le lieu, le moment, le langage du questionnement de la cité. Et, d'une certaine manière, réconcilier Genève avec le théâtre -et le théâtre avec Genève, ville de livres, ville de musique, mais qui s'est toujours un peu (ou beaucoup, sous la plume de Rousseau) méfiée de cet art étrange fait de masques et de discours, où des femmes et hommes jouent des rôles tout en étant, sur une scène, physiquement, eux-mêmes. On comprend donc assez bien l'opposition de la droite de la droite municipale à un tel projet, qui veut faire du théâtre autre chose qu'un spectacle, et le soustraire aux lois du marché. Ainsi,  le PLR, qui se pose en fervent défenseur du projet d'extension du Musée d'Art et d'Histoire, se profile aussi comme opposant à celui de la Nouvelle Comédie : étendre l'existant ne lui pose aucun problème -le réinventer l'effraie. Autant d'ailleurs qu'un « partenariat public-public » pour financer la Nouvelle Comédie, alors que l'extension du MAH le serait par un « partenariat public-privé » qu'il prône pour tous les projets culturels d'importance.
La « Nouvelle Comédie » est plus qu'un projet de nouveau théâtre.. Mais c'est sur un ancien théâtre, sur une ancienne scène, que le sort de ce projet va se jouer : au Conseil Municipal. On ne dira pas trop de mal ici de cette scène, puisque nous y sévissons. Disons, prudemment, que de la pièce qui s'y joue depuis hier soir sur le projet d'extension du Musée d'Art et d'Histoire on peut tirer au moins un enseignement : à Genève, les arts de la scène politique gagneraient eux aussi à bénéficier du changement d'échelle et du changement de rôle que le projet de Nouvelle Comédie permettrait d'offrir au théâtre...