mardi 17 novembre 2009

La Nouvelle Comédie sur les rails du CEVA

Un nouveau théâtre dans un nouveau quartier, si le 29 novembre...

Le 2 novembre, Rémy Pagani et Patrice Mugny ont présenté le projet retenu, au terme d'un concours lancé en janvier, pour la Nouvelle Comédie : sur le site de la gare des Eaux-Vives, quatre modules vitrés accueillant ateliers, restaurant, librairie, salles de spectacle... un projet devisé à 70 millions de francs -un peu moins que les extensions des musées d'Ethnographie et d'Art et d'Histoire, beaucoup moins moins que deux ans de fonctionnement du Grand Théâtre, mais une dépense que la Ville sera pratiquement seule à assumer, alors que tout le monde politique, ou presque, s'accorde, au moins rhétoriquement, à admettre que les grands projets culturels d'importance régionale doivent être cantonalisés, sinon régionalisés. On ne s'en étonnera qu'à moitié. Et on n'aura garde d'oublier que ce projet n'a pratiquement aucune chance de devenir réalité si le 29 novembre le crédit complémentaire pour le CEVA n'était pas accepté…

Le sens du mot "urbanisme"
Le projet de Nouvelle Comédie s'inscrit dans le cadre, bien plus vaste, dessiné par le CEVA: l'actuel quartier de la Gare des Eaux-Vives devrait en affet accueillir le " nœud " central (l'EV de l'acronyme CEVA) de la liaison ferroviaire Cornavin-Annemasse. Autant dire qu'un refus le 29 novembre du crédit complémentaire indispensable à la réalisation du CEVA) entraînerait l'abandon, ou en tout cas la réduction à pas grand chose, ou à presque rien, du projet de redéfinition du site de la vieille gare mélancolique. Le sort de la Nouvelle Comédie se joue donc, comme celui du CEVA, dans les urnes, fin novembre. Matériellement, ce lien est évident; mais son impact sur le résultat du vote est douteux : sans doute les partisans de la Nouvelle Comédie et de son implantation aux Eaux-Vives, qu'ils soient ou non acquis au projet retenu, vont-ils soutenir le crédit CEVA -mais que pèsent-ils dans les urnes, quand on sait qu'aucun grand projet culturel soumis à Genève au vote populaire, du Musée d'Ethno à la Maison de la Danse, n'a obtenu depuis des années le soutien d'une majorité de votants ? " Si le CEVA est refusé, il faudra tout jeter à la poubelle, la Nouvelle Comédie comprise ", a, franchement, déclaré Rémy Pagani; l'évidence est bien celle-ci : le projet de Nouvelle Comédie est lié à la redéfinition du quartier dans lequel il serait implanté, et cette redéfinition est, aujourd'hui, liée au CEVA puisqu'elle s'articule autour de la nouvelle gare. Cette cohérence entre un projet urbanistique, un projet de transports publics et un projet culturel inscrit dans un espace réel, celui des Eaux-Vives, répond à deux nécessités que nous n'avons jusqu'à présent pu qu'exprimer théoriquement : celle de faire sortir les grandes institutions culturelles régionales de l' " hypercentre " urbain où elles sont actuellement concentrées, et celle de concevoir les " nouveaux quartiers " autour d'équipements publics (ici, une gare) et d'institutions culturelles (ici, un théâtre) qui leur donnent une vie, un sens et une structure. Ce qui est proposé pour les Eaux-Vives, c'est ce qui manque au projet PAV : un sens qui aille au-delà d'une accumulation de logements, de routes et de parkings. Un sens qui est celui du mot " urbanisme "…

lundi 9 novembre 2009

Politique culturelle genevoise : Un grand consensus flou

Les huit candidates et candidats présentés par les partis gouvernementaux au Conseil d'Etat débattaient lundi soir à la Comédie de la politique culturelle genevoise. L'UDC et le MCG, invités, ne sont pas venus, les Communistes, le Bouffon et le Prophète n'étaient pas invités. Un grand consensus flou semble s’être établi entre gens de bonne compagnie, sur le thème « il faut une véritable politique culturelle cantonale, au moins pour les grands projets ». A se demander pourquoi les partis gouvernementaux (à l'exception du PS, qui défend cette idée depuis des années) ont attendu cette élection pour recevoir cette double révélation : une République fondée sur la culture ne peut pas ne pas avoir de politique culturelle, la politique culturelle d'une région ne peut pas être déterminée par une seule commune. C'est sans doute un effet positif des campagnes électorales : la découverte d'évidences, et leur sonore proclamation.

Donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas
Aucun des huits candidats et candidates réunis à la Comédie ne semble s’être opposé à l'idée, défendue par les socialistes (et une partie de la gauche de la gauche) depuis des années, d'un transfert de la charge et de la responsabilité des grandes institutions culturelles de la Ville vers le canton. Mais ce beau consensus n'en cache pas moins, même si elles ne font pas encore véritablement débat (ça viendra) d'assez sérieuses divergences. Ainsi, par exemple, de la nature de ce transfert de charge : un jeu à somme nulle (on réduit le budget culturel de la Ville dans le même temps où l'on renforce celui du canton) ou un renforcement de l'engagement des collectivités publiques dans la culture, le budget culturel de la Ville restant alors au moins ce qu'il est, celui des autres communes étant accru, et celui de la République atteignant au moins celui de la Ville ? Et puis cette interrogation : quelle place et quelle participation aux décisions (et au financement) de la politique culturelle régionale pour les communes françaises et vaudoises de la région ? Quelle participation des créateurs aux décisions ? Quel espace pour la culture émergente, la culture d'expérimentation, la culture alternative ? Enfin, et surtout : qu'attend-on de la politique culturelle ? Qu'elle soit un instrument de cohésion sociale ? Mais la création culturelle n'est pas un instrument, et surtout pas un instrument de cohésion sociale... Après tout, les sociétés d'Ancien Régime étaient socialement cohérentes, et une société bien carcérale l'est aussi : la « cohésion sociale » n'est pas une valeur en soi ; Quand chacun est dans son petit monde, que ces mondes sont séparés, socialement mais aussi géographiquement, que toutes les institutions culturelles sont concentrées dans un carré de deux kilomètres de côté au centre des villes, que les abonnés du Grand Théâtre ne mettent pas les pieds à l'Usine ni les habitués de l'Usine le bout de leur nez à la Comédie, on n'a plus affaire qu’à un agrégat de cohortes aussi conservatrices et rétives au changement les unes que les autres, Comme si de la politique culturelle on donnait la définition que donnait de l'amour Jacques Lacan : « donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui n'en veut pas »…

mercredi 4 novembre 2009

Rapport (saison 2008-2009) du représentant du PS au Conseil de fondation du Grand Théâtre

Rapport (saison 2008-2009) du représentant du PS au Conseil de fondation du Grand Théâtre


" J'ai fait voir qu'il est absolument impossible qu'un théâtre de comédie se soutienne à Genève par le seul concours des spectateurs. Il faudra donc de deux choses l'une : ou que les riches se cotisent pour le soutenir, charge onéreuse qu'assurément ils ne seront pas d'humeur à supporter longtemps ; ou que l'Etat s'en mêle et le soutienne à ses propres frais "
(Jean-Jacques Rousseau, Lettre à M. d'Alembert sur les spectacles, 1758)

Avertissement préliminaire (et précautionneux) :
Il n'est pas totalement exclu que dans ce texte (1) puissent se trouver quelques informations ayant échappé, évidemment par inadvertance, au strict et fétichiste respect du secret de fonction requis par le défunt Bureau d'un précédent Conseil de fondation du Grand Théâtre, qui enjoignait aux représentants des partis politiques de n'" en aucun cas rapporter les prises de positions " d'autres membres dudit Conseil, ce qui aurait dû, si l'auteur du présent rapport s'y était soumis, lui interdire de noter, par exemple, qu'il avait été le seul représentant de partis de l' Alternative à s'opposer à la proposition de supprimer le Ballet, ou que seuls les représentants socialistes et de l'AdG-solidaritéS s'étaient opposés au refus réitéré du même Conseil de fondation de recevoir les syndicats -qui demandaient à l'être.
Au cas, donc, où quelque passage du présent rapport suscitaient quelque interrogation du lecteur sur sa conformité au respect du secret de fonction, l'auteur prie ledit lecteur de bien vouloir :
- se référer à la Loi sur l'information du public et l'accès aux documents (LIPAD) du 5 octobre 2001 (notamment à ses articles 4.2, 16.1 23 et 24) ;
- de considérer, conformément à la LIPAD, la différence qu'il y a, s'agissant d'une commission ou d'un organe d'une instance ou d'une institution publique, entre une séance " non publique " et une séance à huis-clos, seules les délibérations de la seconde devant être tenues secrètes. Si " le public " ne peut se prévaloir d'un droit d'accès aux compte-rendus et procès-verbaux des séances " non publiques ", et si les membres individuels de telles instances ne peuvent en distribuer les procès-verbaux, ils restent totalement libres de rendre compte à l'extérieur des débats tenus lors des séances auxquels ils ont participé (sauf décision de huis-clos).
- de prendre note qu'en conséquence de ce qui précède, l'auteur du présent rapport s'était, comme il est évident, engagé auprès du précédent président du Conseil de fondation (qui lui en demandait bien plus -et bien trop) à respecter la confidentialité des délibérations du Conseil de fondation, dans la mesure où ces délibérations ont fait l'objet d'une décision préalable de huis-clos, tout en précisant que " prendre tout engagement excédant ce qui précède serait de ma part hypocrite, que j'aurais donc tort de le prendre et que si je le prenais, vous auriez tort d'y accorder foi. ". On notera également que le bureau du Conseil de fondation du GTG a tenté de faire pression sur le PS (2) pour que celui-ci musèle son représentant au Conseil de fondation, voire le remplace, et a menacé à la fois de porter plainte contre l'auteur du présent rapport pour " violation du secret de fonction ", et de demander à " l'autorité de tutelle " (le Conseil administratif) de l'exclure du Conseil de fondation s'il persistait (malignement) à transmettre à son parti (pour le moins) des informations qu'il juge utiles, mais que le bureau du Conseil de fondation souhaitait ne transmettre qu'à qui lui convient.
- de consulter par ailleurs le Mémorial des séances du Conseil municipal, lequel rend parfois compte publiquement de débats publics (3) suscités par les débats, non publics, au sein du Conseil de Fondation du Grand Théâtre ;
- de se souvenir de l'appel lancé par le Conseiller administratif Patrice Mugny aux " représentants politiques ", lors du Conseil de fondation du 21 novembre 2005, d' " informer leurs partis " ;
- de se demander à quoi pourraient bien servir des représentants du Conseil municipal ne pouvant rendre compte de leur travail à leurs partis et donc, au moins indirectement, au Conseil municipal dont ils sont supposés être les représentants.
Par ailleurs, des erreurs factuelles, notamment de chiffres, peuvent forcément se glisser dans un rapport du genre de celui-ci. L'auteur prie par avance celles et ceux qui relèveraient de telles erreurs de les lui signaler, de telle manière qu'il puisse les corriger. Il en profite pour prier le lecteur de bien vouloir lui pardonner les fautes de frappes et d'orthographe qui auraient échappé à la correction.

(1) Qui se trouve être le dernier rapport que son auteur présente à son parti, un-e nouveau-elle représentant-e du parti socialiste devant alors être désigné-e pour prendre fonction au 1er septembre 2009… (voir ci-dessous la lettre de démission de l'auteur)
(2) … PS dont le président d'alors du Conseil de fondation assurait (au Conseil) qu'il avait été " choqué de la démarche de M. Holenweg, à savoir de diffuser des prises de position et des documents ", ce que rien dans la présentation au PS des dites prises de positions et dits documents, ni du présent rapport, n'atteste -au contraire, puisque le PS, contrairement au parti radical, ne s'est pas plié à l'exigence formulée par le bureau du Conseil de fondation de remplacer son représentant par un-e autre.
(3) ainsi des débats suscités, lors de la séance du Conseil municipal du 14 janvier 2003, par la réponse du Conseil administratif à une interpellation du Conseil municipal radical Michel Ducret, sur la situation financière du Grand Théâtre.


Lettre de démission du Conseil de fondation du Grand Théâtre

Genève, le 14 juillet 2009 (26 Messidor de l'an de votre choix.)

Madame Lorella Bertani
Présidente du Conseil de Fondation
du Grand Théâtre

Madame la Présidente du Conseil de fondation du Grand Théâtre,

Par la présente, en ce jour anniversaire (entre autres) de la prise de la Bastille, je vous informe de ma décision de quitter la Bastille culturelle où le Conseil municipal m'expédia siéger il y a une décennie, et donc de démissionner, avec effet au 31 août prochain, de mon mandat de représentant du Conseil municipal (au titre de représentant du Parti Socialiste) au Conseil de fondation du Grand Théâtre.

Arrivé au Conseil de fondation d'une institution culturelle dont les structures étaient totalement obsolètes, ce que la crise que l'institution a traversée révéla même à qui se refusait à l'admettre, je quitte ce conseil alors que la réforme de ces structures a été engagée, et produit ses premiers effets. Certes, beaucoup reste à faire -mais ce qui reste à faire implique des modifications statutaires et des choix politiques qui requièrent l'approbation, non seulement du Conseil de fondation du GTG, du Conseil municipal et du Conseil administratif de la Ville, mais, in fine, du Grand Conseil, c'est-à-dire du parlement d'un canton dont le soutien au Grand Théâtre ne peut toujours être évalué qu'en usant d'instruments de micro-optique, le canton accordant princièrement au Grand Théâtre 50'000 misérables francs par an, soit à peine plus d'un millième de ce que l'institution coûte à la Ville. C'est désormais le statut (et le coût), municipal, cantonal ou partagé entre la Commune et la République, du Grand Théâtre dont il doit être question, et c'est un chantier de plusieurs années qui va s'ouvrir. Or je crois nécessaire de renouveler un tant soit peu les représentations politiques au sein de l'institution avant l'ouverture de ce chantier ; en outre, le moins que je puisse faire est de m'appliquer ce que je me plais à recommander aux autres : la limitation des mandats. " Dix ans, c'est assez !" : il en va des mandats institutionnels comme des opéras : les plus longs ne sont pas les meilleurs, les fins qui se font trop attendre finissent par lasser autant les interprètes que les spectateurs -et je donne toute la tétralogie pour Didon & Enée…

Débarquant au Conseil de fondation du GTG alors que régnaient dans les ateliers de l'opéra de Genève des pratiques relevant de la tradition féodale, droit de cuissage inclus, je le quitte avec la satisfaction d'avoir pu, avec quelques autres aux engagements politiques fort différents, voire contradictoires, contribuer à faire entrer les syndicats dans l'institution, à faire représenter le personnel au Conseil de fondation et à y faire entendre sa voix. La plèbe est entrée dans le château, et j'espère bien l'y avoir aidé en ouvrant, subrepticement ou publiquement, quelques portes, quitte pour cela à interpréter assez largement et à appliquer assez personnellement, les dispositions légales régissant le secret de fonction -ce dont je n'ai par ailleurs pas la moindre intention de solliciter la moindre excuse de qui que ce soit.
Je tiens d'ailleurs à remercier, au terme de mon mandat, le parti socialiste qui m'y a présenté, re-présenté et supporté (dans tous les sens du terme), en sachant pertinemment qui il y présentait, et ce à quoi il pouvait s'en attendre ensuite. Il fut un temps où il ne se passait guère de semaine sans que soit adressé au PS de la Ville de Genève quelque message, explicite ou implicite, écrit ou oral, l'incitant à purger l'institution lyrique et chorégraphique du mauvais élément qu'il avait eu le mauvais goût de choisir pour l'y représenter; le PS a résisté à ces pressions, alors que d'autres partis politiques représentés au Conseil de fondation y cédaient, se pliaient aux états d'âmes, aux humeurs et aux allergies personnelles de diverses instances du Grand Théâtre et poussaient leurs représentants à la démission ou les limogeaient lorsqu'ils avaient le malheur de déplaire ou de gêner

Je vous prie, Madame la Présidente du Conseil de fondation du Grand Théâtre, (...) de recevoir mes plus amicaux messages, l'expression de mes sentiments fraternels et l'assurance de mon plus sincère respect. Ou, en un résumé moins formaliste et plus républicain : Salut et fraternité !

Pascal Holenweg

jeudi 24 septembre 2009

DE TROIS CRISES, L'UNE

Rapport (saison 2008-2009) du représentant du PS au Conseil de fondation du Grand Théâtre :

DE TROIS CRISES, L'UNE

Vendredi 23 février 2007 : La Tribune de Genève annonce, en une, développe en pleine page trois et clame en manchette, la " démission " du président et du vice-président de la fondation du Grand Théâtre . En réalité, ni l'un, ni l'autre n'avaient démissionné de leurs fonctions actuelles, l'un et l'autre se contentant d'annoncer qu'ils ne solliciteraient pas le renouvellement de leur mandat à son échéance... en août suivant. Peu importe, au fond : cette vraie-fausse démission, succédant à l'éviction du secrétaire général du Grand Théâtre et au départ de son directeur technique, et s'accompagnant à intervalles répétés de tentatives, parfois réussies, de purges au sein du Conseil de fondation (un représentant -radical- du Conseil municipal limogé par son parti sur pression du bureau du Conseil de fondation, un autre représentant -socialiste- menacé d'une demande d'exclusion et d'une plainte pénale après que son parti ait refusé de le limoger, deux représentants -un libéral et un démo-chrétien- remplacés par d'autres plus conformes aux désirs du bureau du Conseil...) n'était que l'un des derniers épisode d'un étrange feuilleton, dont le premier épisode rendu public datait de la fin 2005.

Dans le bilan qu'il dresse de son propre mandat à la tête du GTG, Jean-Marie Blanchard estime que la crise de l'institution a été " instrumentalisée au-delà du concevable, en premier lieu par le politique, et déboucha sur une très grave crise institutionnelle, à laquelle les élus assistèrent avec une étonnante indifférence " (5) . Outre qu'on est en droit de se demander comment le " politique " peut " instrumentaliser " une crise tout en y assistant avec " indifférence ", il conviendrait plutôt de relever le caractère tardif de l'intervention du " politique " (ce n'est pourtant pas faute, de la part de quelques membres du Conseil de fondation, et des syndicats, de l'avoir alerté à temps) dans la crise d'une " institution-phare " du paysage culturel local, que de dénoncer cette intervention. Peu importe, après tout -d'autant que, même en pleine crise, l'un des auditeurs mandaté pour analyser l'institution (Sherwood) pouvait constater que le Grand Théâtre était " une maison avec un personnel compétent, raisonnablement dotée, qui remplit bien sa mission et qui continue à produire des spectacles de qualité, mais ce, au prix d'une tension de plus en plus importante ". C'est donc à cette tension, et à son aggravation continue, qu'il s'agissait de répondre et de remédier -ce dont les anciennes équipes du Conseil de fondation et de la direction s'étaient révélées incapables, et ce que les structures même de l'institution rendait improbable, d'où la nécessité de changer les unes et de réformer les autres.
En réalité, on est passé au Grand Théâtre de Genève d'un conflit à un autre, sans que jamais les instances internes de régulation ou de règlement de ces conflits (la direction générale, le Conseil de fondation, son bureau) aient joué leur rôle -pour en arriver à un stade où le conflit en cours ne pouvait plus être réglé que par le désaveu, pour ne pas dire la défaite, de l'une des parties désormais affrontées : la Ville et la Fondation, avec à la clef une refonte de la structure de la fondation, une unification progressive du statut du personnel, la représentation du personnel au sein du Conseil de fondation, l'entrée des syndicats dans l'institution, la recherche d'une redéfinition des sources de financement de l'institution -et, inévitablement aussi, un changement des personnes à la tête de l'institution, et à sa direction artistique.

Quatre conflits successifs, donc, chacun prenant la place du précédent, en l'élargissant sans l'abolir :

Ø Premier conflit : un conflit sur le lieu de travail, entre des travailleuses et des travailleurs et leurs chefs, petits chefs, et sous-chefs directs, les premières et premiers dénonçant mobbying et harcèlement de la part des seconds. L'instance de régulation d'un tel conflit est la direction générale (à l'époque : directeur technique, secrétaire général, directeur général). Cette instance s'est révélée incapable de réguler le conflit, en a même nié la réalité tout en prenant fait et cause pour l'une des parties en conflit (les petits chefs). Du coup, le conflit s'est déplacé, et transformé en un
Ø Second conflit : un conflit syndical, entre les représentants du personnel et les syndicats d'une part, la direction générale de l'autre. L'instance de régulation d'un tel conflit est le Conseil de fondation. Cette instance s'est révélée non seulement aussi incapable de réguler ce conflit que la direction l'avait été du conflit initial, mais même incapable d'en prendre la mesure, et d'en admettre la réalité. Le Conseil de fondation, ratifiant la position de son bureau, lequel ratifiait la position de la direction générale, qui elle-même ratifiait la position des petits chefs, a pris fait et cause pour la direction générale et, à deux reprises, refusé de recevoir et d'entendre les syndicats. Du coup, le conflit s'est déplacé à nouveau, et s'est transformé en un
Ø Troisième conflit : un conflit entre les syndicats et la Fondation. L'instance d'un tel conflit est la Ville de Genève, c'est-à-dire plus précisément le Conseil administratif. Le Conseil administratif a tardé à prendre la mesure de la situation, et ne s'est rendu compte de sa gravité que lorsque, après le suicide d'un employé, une septantaine d'employées et d'employés du Grand Théâtre, les uns sous statut de la fonction publique municipale, les autres sous contrat de droit privé avec la fondation, ont adressé une lettre collective alertant " qui de droit " sur la dégradation de la situation et des conditions de travail. Le Conseil administratif, tardivement (mieux valant cependant tard que jamais), a fini par admettre qu'on n'était pas en face d'une polémique gratuite et sans fondement lancée par quelques syndicalistes extrémistes animés de la volonté nihiliste de mettre à bas l'institution, mais d'un conflit réel, profond et révélateur d'un non moins réel et profond problème. La Ville a donc imposé à la fondation un audit, que la fondation a accepté (tout en prenant la posture commode de le demander elle-même). On a aboutit ainsi au
Ø Quatrième conflit : un conflit entre la Fondation et la Ville, conflit personnifié par un conflit entre le président et le vice-président de la fondation d'une part, le Conseiller administratif chargé de la culture et une minorité du Conseil de fondation, d'autre part. Or il n'y a plus d'instance de régulation d'un tel conflit, la Ville étant à la fois partie au conflit et autorité de surveillance de la partie adverse, la fondation, laquelle dépend totalement du subventionnement municipal pour faire fonctionner une institution qui, toutes charges confondues, coûte actuellement près d'une cinquantaine de millions par année à la Ville, et se sert de la Ville pour " évacuer " les problèmes (et celles et ceux qui les posent) qu'elle se révèle incapable de régler elle-même, tout en s'insurgeant contre les tentatives de la Ville de les régler à sa place. Le conflit, dès lors, devenait clairement un conflit politique -mais un conflit politique qui prit l'étrange apparence d'un fulgurant retour vers le passé, en plein féodalisme, le châtelain du Grand Théâtre rameutant ses troupes pour faire face à l'assaut de la plèbe (et au passage expulser les traîtres qui se sont glissés dans le donjon). Un peu comme si, puisque nous sommes à Genève, nous nous retrouvions spectateurs de la mobilisation des spadassins du comte de Savoie retranché dans le château de l'Ile pour résister à la Commune.

La succession de ces conflits, et leur gestion calamiteuse, permet de décrire assez clairement la situation qui était celle du Grand Théâtre de Genève fin 2006, du moins sous ses aspects institutionnels (6) :

Ø Le Conseil de fondation (dont la moitié des membres sont désignés par le Conseil municipal après sa propre élection, à raison d'un-e par groupe parlementaire) fonctionnait comme chambre d'enregistrement des décisions de son bureau, lequel fonctionnait comme chambre d'enregistrement des décisions (ou des desiderata) de la direction générale, laquelle couvrait systématiquement, jusqu'à l'éjection d'Antonio Soragni, les cadres, sous-cadres, cadres adjoints et petits chefs divers mis en cause dans toutes sortes de conflits, voire de scandales.

Ø La direction générale, le bureau du Conseil de fondation, le Conseil de fondation et, pendant trop longtemps, le Conseil administratif, ont constamment nié la gravité de la crise (jusqu'à en nier pendant longtemps l'existence même), en l'attribuant à la méchanceté sournoise des syndicats et au délire de persécution de quelques employé-e-s. Le conflit social endémique au sein du GTG a été camouflé, les dénonciations par des membres du personnel de cas de mobbying et de harcèlement tenues pour fausses, les interventions syndicales récusées (jusqu'au refus du Conseil de fondation de recevoir les syndicats, quand il était encore temps, avec eux, de résoudre les problèmes qui étaient à l'origine de l'éclatement de la crise de 2006).

Ø La décision de lancer un audit prise, la direction générale et le bureau du Conseil ont tout fait pour se prémunir des conséquences de cet audit. Un protocole d'audit ayant été signé avec les syndicats et la Ville, le bureau du Conseil de fondation et la direction générale n'ont cessé de prendre, ou de tenter de prendre, ou de tenter de faire prendre à d'autres, des décisions préjugeant les conclusions de l'audit (comme le licenciement, transformé en déplacement, du Secrétaire général). Fin février, début mars 2007, à la faveur de l'annonce de leur vraie-fausse démission, le président et le vice-président de la Fondation ont publiquement et explicitement annoncé qu'ils ne pouvaient plus travailler avec le Conseiller administratif en charge du DAC, avec qui cependant ils étaient supposés mettre en œuvre les conclusions de l'audit, et dont on ignorait jusqu'alors qu'il devait être adoubé par le bureau du Conseil de fondation du Grand Théâtre.

Ø L'éjection du secrétaire général et le départ du directeur technique se sont apparentées à la désignation de boucs émissaires commodes (ce qui n'atténue en rien leur responsabilité éventuelle dans la crise, cette responsabilité n'étant cependant pas forcément la plus déterminante). La présidence et la vice-présidence du Conseil de fondation ont proclamé leur solidarité indéfectible avec la direction générale, annoncé à grand renfort de trompettes médiatiques une " démission " qui n'en était pas une et ont transformé, en pleine campagne électorale municipale, le conflit interne au GTG en un conflit entre la fondation et la Ville, pour camoufler leurs propres responsabilités.

Ø Le bureau du Conseil de fondation, qui n'avait cessé d'utiliser la ville comme déversoir des problèmes qu'il était incapable de résoudre, a nié à la Ville le droit d'intervenir dans la crise et ne condescendait à lui reconnaître le droit d'intervenir en tant qu'autorité de surveillance que pour sanctionner les membres du Conseil de fondation qui brisaient la règle de l'omertà, et sacrifier le bouc-émissaire du Secrétariat général.

Ø Le Conseil de fondation s'est révélé incapable de prendre une position claire : le 27 février 2007, sur douze membres présents, trois demandaient la démission du bureau, quatre exprimaient leur soutien au bureau et cinq ne prenaient pas part au vote ou s'abstenaient... Précédemment, le Conseil de fondation avait voté (sans que la question soit portée à l'ordre du jour) une confiance inconditionnelle à la direction -laquelle déclarait cependant poser des conditions pour rester à son poste, mais refusait de dire de quelles conditions il s'agissait -le Conseil apprenant par la suite qu'il s'agissait, pour commencer, d'obtenir la tête d'Antonio Soragni, Secrétaire général du GTG (7).

Ø Le président et le vice-président du Conseil de fondation entendaient rester (et sont restés) à leur poste jusqu'à fin août 2007, tout en annonçant qu'ils ne pouvaient (c'est-à-dire ne voulaient) plus travailler avec le Conseiller administratif Patrice Mugny. Autrement dit, les représentants de l'une des deux instances qui avaient commandé l'audit refusaient de travailler avec le représentant de l'autre instance à la concrétisation des conclusions de l'audit.

Dans cette situation, et pour en sortir (mais en sortir durablement) en trouvant un " bon usage de la crise " que traverse le Grand Théâtre, il nous (8) semblait que les propositions suivantes pouvaient être défendues par l'ensemble des partis de l'Alternative (et de leurs représentant-e-s au Conseil de fondation) après la remise des rapports d'audit :

1. remplacement sans délai de la présidence et de la vice-présidence du Conseil de fondation -ce qui fut fait ;
2. Création d'une commission ad hoc du Conseil municipal pour la mise en œuvre des conclusions de l'audit -ce qui ne fut pas fait;
3. Réintégration des employées et employés " déplacés " à la suite de leur action de dénonciation de cas de mobbying et de harcèlement, ce qui a été acquis ;
4. Unification du statut du personnel, dans le statut de la fonction publique municipale (à l'exception du personnel artistique et du directeur général), ce qui est encore loin d'être fait, mais ce dont la " municipalisation " en cours de plusieurs postes pourrait être la prémisse ;
5. Création d'une direction administrative et d'une direction des ressources humaines; municipalisation du secrétariat général, ce qu'il était devenu inutile de faire puisque le Secrétariat général a été supprimé ; création d'un Conseil de direction réunissant les directions générale, financière, administrative, technique et des ressources humains : cette proposition correspondait à l'une des " priorités " que le nouveau Conseil de Fondation s'était donnée : la mise en place d'une structure de direction collégiale pour contrebalancer le pouvoir artistique du directeur général ; il convient encore d'assurer la présence des directions des chœurs et du ballet dans cette direction collégiale ;
6. Assurer le respect des droits syndicaux, créer une commission unique du personnel (Ville et fondation) : ce qui a été fait ;
7. Modification des statuts de la fondation et du règlement interne du Conseil de fondation dans le sens suivant :
a. représentation du personnel au Conseil de fondation, ce qui a été temporairement amorcé, dans l'attente d'une modification des statuts et du règlement ;
b. fixation à cinq du nombre de représentant-e-s du Conseil municipal au Conseil de fondation (actuellement, le nombre dépend du nombre de groupes au Conseil : plus il y a de groupes, plus il y a de représentants, à raison d'un-e par groupe) ;
c. présence (à titre consultatif) des directions du ballet et des chœurs au Conseil de fondation ;
d. représentation du Cercle au sein du Conseil de fondation ;
e. redéfinition des compétences du bureau, restriction de la délégation de compétence du Conseil de fondation au bureau ;
f. ouverture du Conseil de fondation à une représentation de l'ACG et du DIP (avec subvention régulière et consistante à la clef) ;
g. renforcement du pouvoir de surveillance de la Ville, maintien de la présence de deux conseiller-e-s administratif-ves au Conseil de fondation (sur ce point, l'auteur du présent rapport a changé d'avis : en fait, il vaudrait mieux que la Ville continue à être représentée au sein du Conseil de fondation, mais par un-e seule- représentant-e du Département de la Culture, qui ne soit pas le-la magistrat-e
8. Redéfinition du financement du Grand Théâtre :
a. Plafonnement du subventionnement municipal à un multiple maximum des subventions accordées ensemble par le canton et les autres communes (ACG) ;
b. Réduction de la subvention versée par la ville, en fonction de la charge salariale supplémentaire provoquée par la municipalisation du personnel
9. Ballet : création d'un Ballet de Genève, autonome du GTG, sous statut de fondation, avec une convention de collaboration Ballet-GTG (usage des infrastructures, service d'opéra)

Ces deux derniers points (8 et 9 supra) ne sont pas encore réglés, et semblent même assez loin de l'être. La modification des statuts et du règlement interne de la Fondation ne sera entamée qu'en septembre prochain, dans le meilleur des cas, et le processus est long : une fois les propositions à faire par la Fondation adoptées par le Conseil de fondation, elles devront passer par le Conseil administratif, le Conseil municipal, le Conseil d'Etat et le Grand Conseil, puisque le GTG est une fondation de droit public dont les statuts reposent sur une loi votée par le Grand Conseil sur propositions successives de la Ville et du Conseil d'Etat.

La crise a été, sinon définitivement surmontée., du moins désamorcée par les changements intervenus ou annoncés à la tête de l'institution : changement de présidence, changement du bureau du Conseil de fondation et de la majorité des membres du Conseil, changement de la Direction générale (Tobias Richter succédant à Jean-Marie Blanchard), suppression du secrétariat général et création de directions spécifiques (financière, assurée par Marie-Thérèse Lamagat, des ressources humaines, assumée par Jérémy Annen), changement de la direction technique (assumée désormais par Jean-Yves Barralon), à quoi s'ajoutent la réintégration des employées sanctionnées pour avoir allumé le feu aux poudres en dénonçant les pratiques féodales régnant dans les ateliers, ainsi que la représentation du personnel au sein du Conseil de fondation, et la création d'une commission unique du personnel. Pour autant, si le climat interne s'est considérablement amélioré (9), tout, sur le fond, reste à faire : les statuts et le règlement interne doivent être modifiés, et la structure du financement de l'institution revue. Sur ce dernier point, si l'adoption d'un plan financier quadriennal et la mise à l'ordre du jour de l'élaboration d'une convention de subventionnement sont des acquis non négligeables, ils ne changent rien au fait que la Ville reste à peu près seule collectivité publique à supporter la charge financière du GTG - dont l'existence et la capacité de fonctionnement et de programmation continue de dépendre de la Ville.

Ce que la crise de 2006 et de 2007 a illustré est l'état absolu d'obsolescence de la structure institutionnelle et professionnelle du Grand Théâtre : des statuts qui datent du tout début des années soixante du siècle dernier, des règlements qui s'appuient sur ces statuts, des pratiques relevant d'un folklore de PME artisanale (10), des relations interpersonnelles, entre petite chefferie et personnel, qui tiennent du reliquat féodal (droit de cuissage compris).


NOTES
(4) La fondation du Grand Théâtre est une fondation communale de droit public, placée sous l'autorité de surveillance de la Municipalité, n'en déplaise au parti libéral (pas le dernier, pourtant, à vouloir dépouiller le canton des quelques prérogatives matérielles dont il dispose en matière culturelle, pour les basculer sur la Ville), qui feignait, en février 2007 (l'approche des élections municipales aidant), de découvrir une hypothétique contradiction formelle entre la qualité d'autorité de surveillance du Conseil administratif et sa représentation par deux de ses membres au Conseil de fondation (et au bureau), les libéraux en déduisant la nécessité de transférer le pouvoir de surveillance au canton -en oubliant cependant que selon l'art. 84 du Code civil, les fondations de droit public sont placées " sous la surveillance de l'autorité publique " (Confédération, canton, commune) dont elles relèvent par leurs buts. La culture étant à Genève une compétence municipale, la fondation structurant une institution culturelle relèvera donc, par ses buts, de la surveillance de l'autorité communale, tant que le canton n'assumera qu'une part accessoire de la politique culturelle genevoise, et de sa charge financière. Cela dit, s'il n'y a pas contradiction formelle entre la qualité d'autorité de surveillance de la Municipalité et sa présence au sein de l'instance " suprême " de l'institution surveillée, on accordera aux libéraux qu'il y a tout de même contradiction, ou en tout cas, paradoxe, politique.

(5) Tribune de Genève du 23 juin 2009

(6) Pour le reste, on pourra reprendre sans en changer grand chose le constat fait par l'audit Sherwood : " Le Grand Théâtre est donc aujourd'hui une maison avec un personnel compétent, raisonnablement dotée, qui remplit bien sa mission et qui continue à proposer des spectacles de qualité mais ce, au prix d'une tension de plus en plus importante ". Tension qui découlait de la contradiction entre la " mission " du GTG et l'obsolescence de ses structures et pratiques internes.

(7) tête obtenue : sur demande du directeur général, le Bureau du Conseil de fondation a demandé au Conseil de fondation (qui a appris par la presse qu'on le lui demandait) le licenciement, d'Antonio Soragni ; or seul le Conseil administratif pouvait prendre une telle décision, et il s'y refusait. Le Conseil de fondation ayant refusé le licenciement, Patrice Mugny a annoncé, sans être démenti, que le CA acceptera de déplacer Soragni dans un autre service de la Ville, si le Conseil de fondation le lui demandait, après avoir " libéré " le Secrétaire général de son " obligation de travailler ". Le Conseil de fondation a d'ailleurs accepté la proposition des Conseillers administratifs Mugny et Muller de demander le " déplacement dans les plus brefs délais " d'Antonio Soragni, " à charge pour le Conseil administratif de lui trouver un poste en Ville de Genève ". Jusqu'à échéance de son contrat (soit fin juin 2008), l'ex-Secrétaire général devait être payé par le Conseil de fondation, la Ville prenant la suite, qu'elle ait ou non trouvé où le caser.

(8) pluriel de majesté…

(9) La crise ayant effet de révélation, la décision de principe avait été prise de créer, au sein du GTG, une " commission d'éthique " chargée de " faire remonter " les informations dans les différentes instances de l'institution, et de s'assurer que ces instances en prennent réellement connaissance. Il s'agirait d'un organe non décisionnaire, indépendant des autres organes du GTG, et pouvant être saisi par n'importe quel membre du personnel, ou par les artistes permanents (choristes, danseurs, notamment).

(10) Ainsi de l'épisode de la " bricole ", venu au jour début 2008, mais significatif de pratiques décennales : un chef d'atelier est inculpé pour gestion déloyale des intérêts publics. On lui reproche d'avoir fait, comme bien d'autres avant lui, exécuter (sans facturation, et pendant les périodes creuses) des travaux de menuiserie par des collaborateurs du GTG, mais pour son usage personnel. Les faits ont été dénoncés à la justice par des collègues de l'inculpé, la plainte a été déposée par le Conseil de fondation et la Ville, mais le système ainsi mis en évidence date pour le moins des années '80, sinon des décennies précédentes. Il ne consiste pas seulement à faire travailler des employés du GTG, ou de la Ville, pour le compte de petits chefs ou de grands chefs, mais aussi à commander plus de matériel que nécessaire pour profiter ensuite personnellement, ou en faire profiter autrui, des rabais obtenus par le Grand Théâtre.

vendredi 11 septembre 2009

QUATRE ELEMENTS INCONTESTABLES, DEUX REPONSES INACCEPTABLES

Rapport (saison 2008-2009) du représentant du PS au Conseil de fondation du Grand Théâtre
Le rapport complet (au format PDF) peut être téléchargé à l'adresse suivante : http://www.perso.ch/troubles/RapportGTG-PSvG.pdf

Résumé : QUATRE ELEMENTS INCONTESTABLES, DEUX REPONSES INACCEPTABLES

Premier élément incontestable : Le GTG est la principale institution culturelle de la région (hors l'école), il est, avec Zurich, l'une des deux grandes scènes lyriques suisses internationalement reconnue pour la qualité de sa programmation.

Deuxième élément incontestable : Cette institution culturelle régionale est essentiellement financée par une seule commune. Le GTG pèse en gros 45 millions de francs chaque année dans le budget de la Ville, qui contribue pour les deux tiers à son financement, soit par subvention directe à la Fondation, soit par prise en charge sur le budget de fonctionnement de la Ville (le tiers restant est constitué par l'apport du fonds d'équipement communal, l'autofinancement par les spectacles, les apports des sponsors et mécènes et l'aumône du canton). Bref : le GTG est un opéra municipal d'audience internationale...
Les ressources de la Ville n'étant pas indéfiniment extensibles, ce qui est consacré à une institution culturelle ne peut l'être à une autre, ni à la culture non institutionnelle. Ce que coûte le Grand Théâtre à la Ville, c'est autant que la Ville ne peut accorder à d'autres acteurs culturels genevois, et consacrer à la défense d'un espace culturel d'expérimentation.
On ajoutera que l'opéra, à la fois comme forme d'expression et comme type d'institution, coûte cher, qu'il n'y a pas d'opéra " bon marché ", que croire qu'on pourra équilibrer durablement le budget du GTG en rognant sur ses dépenses relève de l'illusion, et que réduire la programmation du GTG pour " faire des économies " n'aboutit qu'à réduire la capacité de l'institution à jouer son rôle.

Troisième élément incontestable : Le GTG a besoin d'argent -en plus de celui qu'il reçoit déjà. Depuis longtemps, il lui manque entre un et deux millions de ressources par année. C'est ainsi que le budget actualisé 2007-8 aboutissait à un déficit de 2,5 millions (le budget initial, à partir duquel a été fixée la subvention municipale, était équilibré), qui a dû être comblé par une subvention extraordinaire de la Ville. La réforme des structures de l'institution a elle-même un coût, qui s'ajoute à son coût de fonctionnement : ce coût, rendu nécessaire par l'obsolescence de ces structures, est lui aussi essentiellement assumé par la Ville, directement ou indirectement.
Ø Les recettes de billetterie sont régulièrement inférieures à celles prévues par le budget (qui les surestimait systématiquement en prévoyant des taux d'occupation de la salle toujours supérieurs à ceux constatés par les comptes : sur les comptes de la saison 2006-7, les recettes de billetteries étaient inférieures de 450'000 francs aux prévisions budgétaires). Le budget actualisé de la saison 2007-8 a baissé le taux moyen d'occupation de trois points (et les recettes brutes des spectacles de plus de 500'000 francs), en le faisant passer de 86,81 % à 83,53 %, tous spectacles confondus. C'était encore 3,53 % de trop : chaque année depuis dix ans le représentant du PS au Conseil de fondation critiquait des budgets fondés sur des hypothèses exagérément, et volontairement, optimistes en ce qui concerne les taux d'occupation, et demandait que ces taux soient fixés à un niveau atteignable plutôt qu'au niveau qu'on rêvait de les voir atteindre.
Ø La fondation Wilsdorf s'est désengagée du financement du GTG (qui y a perdu une subvention annuelle d'un million); ce désengagement, annoncé deux ans avant qu'il ait fait quelque bruit médiatique, a suivi celui de la fondation Safra . En revanche, le mécénat par l'intermédiaire du Cercle du Grand Théâtre a augmenté de 200'000 francs entre les saisons 2005-6 et 2007-8 .
Ø Les travaux, la mise à niveau de la bureautique, les créations de postes, le remplacement du personnel malade, démissionnaire ou démissionné, ainsi que l'engagement de personnel supplémentaire de plateau, font le reste du manque permanent de financement. Les frais généraux, l'adaptation des locaux, de la bureautique et de l'informatique entraînent également des dépenses supplémentaires, parfois non budgétées.
Ø Les réformes à engager par le GTG lui coûteront plusieurs millions en quatre ans. La direction sortante a estimé à 2,7 millions sur deux ans le coût de la création de cinq directions spécifiques (des ressources humaines, administrative et financière, technique, des publics et de la production). Ce coût a pu être réduit de quelques centaines de milliers de francs par des économies de fonctionnement, et par une réduction de la programmation, également pour quelques centaines de milliers de francs (cette réduction entraînant cependant une réduction des recettes), mais un apport financier par la Ville ou d'autres collectivités publiques, est resté indispensable.
Ø Pour éponger une partie du déficit de la saison, la programmation a été réduite. Mais cette réduction est de loin insuffisante à compenser le manque de financement, d'autant que réduire la programmation aboutit à réduire les recettes des spectacles qui, avec les autres recettes d'exploitation, couvrent à plus de 90 % les frais directs de production des spectacles, et pour conséquence de réduire, sur les coûts globaux de l'institution, la part relative de son activité artistique par rapport à ses coûts de fonctionnement.

Actuellement, le Grand Théâtre a besoin chaque année de deux à deux millions et demi de plus que ce qu'il reçoit, pour pouvoir équilibrer réellement ses budgets et ses comptes. La question est toujours de savoir : qui va payer ? Et la réponse est toujours la même depuis des décennies : la Ville.

Outre ce besoin structurel d'un financement accru, le GTG a besoin actuellement d'un financement conjoncturel supplémentaire, dû aux conséquences directes et indirectes de la crise qu'il a traversée depuis deux ans, et aux préconisations des deux audits effectués du fait de cette crise. Qui est responsable de cette crise, et qui devrait donc en assumer les conséquences financières ? La Ville ou le GTG lui-même ? Le principal reproche que l'on peut faire à la Ville en général, et au Conseil administratif en particulier, c'est d'avoir réagi trop tard, d'avoir laissé trop longtemps la fondation faire ce qu'elle veut, dire ce qu'elle veut, gérer le conflit comme elle l'entendait (et elle n'entendait pas grand chose...). Ce retard à réagir est certes regrettable, mais doit-il avoir pour conséquence de faire payer à la Ville les effets financiers d'une crise dont elle n'est directement ni responsable, ni coupable ?

Quatrième élément incontestable : la structure institutionnelle et professionnelle du GTG date pour l'essentiel des années soixante. Jusqu'aux réformes engagées lors de la dernière saison, le GTG, c'était :
Ø une institution sans direction des ressources humaines mais employant de manière stable 300 personnes, et au total 600 personnes, artistes au cachet et employés temporaires compris,
Ø une institution pesant 50 millions de francs annuels, sans direction financière;
Ø un opéra de dimension internationale sans direction administrative et dont le directeur artistique devait faire le travail d'un directeur financier et d'un directeur des ressources humaines, faute de ces directeurs.

De ces éléments incontestables, on en arrive aujourd'hui à deux choix inacceptables -et d'autant moins acceptables qu'ils sont récurrents :
1. Faire payer la Ville à chaque fois que le GTG a besoin de fonds supplémentaires
2. Renoncer à chercher à faire payer le canton : aucune démarche sérieuse n'a jamais été faite en ce sens, aucune proposition n'a été déposée au Grand Conseil, et l'apport du canton au financement du GTG est depuis dix ans plafonné à 50'000 francs annuels -soit un millième et demi du seul apport de la Ville...

La question, aujourd'hui, n'est pas financière, mais politique. Il ne s'agit pas de savoir si la Ville peut payer -elle le peut, puisqu'elle le fait- mais de savoir si elle doit payer, continuer de payer, payer toujours plus, payer comme toujours, et payer pour toujours.
Si les demandes de financement supplémentaire auxquelles le Conseil municipal doit régulièrement répondre (garanties de déficit, subventions extraordinaires, crédits d'équipement) sont toujours " exceptionnelles " par leurs raisons (ou leurs prétextes), elle ne sont nullement exceptionnelles en tant que demandes faite à la Ville d'un financement supplémentaire : depuis cinq ans, chaque année, une demande semblable a été faite, sous une forme ou une autre. Et chaque année, la Ville a payé :

Ø Pour la saison 2004-2005, le GTG a reçu de la Ville, en plus de la subvention ordinaire, une garantie de déficit (qui n'est autre qu'une subvention extraordinaire qui n'ose pas dire son nom, puisqu'on sait que le déficit qu'on garantit sera constaté) d'un million.
Ø Pour la saison 2005-2006, même procédé : une garantie de déficit d'un million, en plus d'une augmentation d'un million de la subvention ordinaire et d'un financement extraordinaire de travaux de plus d'un demi-million
Ø Pour la saison 2006-2007, et pour sauver le Ballet (que la fondation voulait supprimer), le GTG a reçu une subvention augmentée de 2,5 millions, plus un financement extraordinaire de travaux de près de 450'000 francs.
Ø Pour la saison 2007-2008, en plus d'une augmentation de 300'000 de l'apport du fond d'équipement communal (financé pour un tiers par la Ville), c'est une subvention extraordinaire de deux millions et demi que le Conseil municipal a accepté de verser, en plus de la subvention ordinaire...
Chaque année, la Ville a payé. Il n'y aurait donc aucune raison que ça s'arrête, d'autant que, de son côté, le canton ne donne toujours pas un fifrelin de plus que ses ridicules 50'000 balles annuels...

Cela étant, il est possible de conjuguer la position de principe défendue longtemps par le PS, et à laquelle nous n'avions aucune raison de renoncer, à l'exigence d'un apport financier supplémentaire à court terme pour " mettre le GTG à niveau ", et lui permettre de se réformer, conformément à la fois aux recommandations des audits et aux accord passés (et encore à passer) avec le personnel et les syndicats.
Il y a donc un bon usage possible de la crise qui a abouti à la commande du double audit entamé à fin 2006, et qui aboutit aussi aux problèmes financiers actuels.

Ø Les changements apportés à la composition du Conseil de fondation, à sa présidence et à son bureau sont plus que bienvenus : ils étaient indispensables.
Ø La réintégration des employées et employés " déplacés " pour les punir de leur action de dénonciation de cas de mobbying et de harcèlement est une mesure de justice élémentaire.
Ø Les premières mesures d'intégration dans la fonction publique municipale d'employés auparavant sous contrat de droit privé avec la fondation peuvent signifier que la situation ayant prévalu jusqu'ici, celle d'une institution de droit public devant son existence au soutien financier de la collectivité publique, mais dont la moitié du personnel est sous contrat de droit privé, était et reste inacceptable, comme était et reste ingérable le maintien de deux statuts différents, et inégaux, du personnel de la même institution. Nous devrions nous prononcer, en principe, pour l'unification à terme du statut du personnel permanent du GTG dans le statut de la fonction publique municipale (à l'exception du personnel artistique et du directeur général). Les modalités et le rythme de cette unification (dont la charge financière pourrait, à terme, représenter l'essentiel du soutien matériel de la Ville au GTG, la subvention d'exploitation " passant " au canton) restent évidemment à étudier sérieusement, et en commun, par le CA, la Fondation et les organisations du personnel.

Ø La création formelle d'une commission unique du personnel, qu'il soit sous statut de la fonction publique ou sous contrat de droit privé, permet une meilleure représentation de l'ensemble du personnel du GTG, et lui donne un plus grand poids, d'autant qu'il est désormais représenté (à titre consultatif, du moins pour l'instant) au sein du Conseil de fondation -ce qui était d'ailleurs la moindre des choses. L'ouverture d'un dialogue sérieux avec les syndicats et la commission du personnel, et la volonté affirmée du nouveau Conseil de fondation de respecter les droits syndicaux participe de la même évolution positive : mieux vaut tard que jamais.
Ø Mieux vaut tard que jamais aussi s'agissant de la création d'une direction collective réunissant, autour de la direction générale et artistique, une direction administrative (remplaçant le secrétariat général), une direction financière et une direction des ressources humaines. Il conviendrait cependant d'y associer les directions spécifiques du Ballet et du chœur.
Ø Il conviendrait également de réaffirmer, et pas seulement rhétoriquement, la nécessité d'un partage de la charge financière du Grand Théâtre avec le canton, et donc de s'opposer à l'octroi par la Ville de toute nouvelle subvention extraordinaire, ou de tout crédit extraordinaire, ou de toute garantie de déficit, tant que les conditions suivantes ne seront pas remplies :
· Un financement cantonal (et non un financement intercommunal, par exemple par le Fonds d'équipement communal) équivalant au moins à la moitié du financement additionnel nécessaire
· La conclusion d'une convention quadripartite et quadriennale de financement du GTG entre la Fondation du GTG, la Ville de Genève, l'ACG et le canton, conformément à la motion M-394 acceptée par le Conseil municipal le 7 octobre 2003. Cette convention remplacerait l'actuelle convention Ville/Fondation.
Ø A terme, nous devrions défendre (notamment dans la Constituante) le principe d'une cantonalisation du GTG, c'est-à-dire de la substitution du canton à la Ville comme autorité de surveillance et comme collectivité accordant la subvention d'exploitation annuelle, la Ville continuant à assumer ce qu'elle assume actuellement en plus de la subvention (mise à disposition de personnel municipal, entretien du bâtiment, " subventions en nature " etc…).
Ø Les statuts de la fondation du GTG devraient être modifiés le plus rapidement possible dans le sens suivant :
· Réduction du nombre de membres du Conseil de fondation nommés par le Conseil administratif, maintien de la présence d'un-e conseiller-e administratif-ve (celui/celle chargé-e du DC), ou d'un représentant du DC, au Conseil de fondation (et au bureau)
· Représentation du personnel au Conseil de fondation (avec droit de vote)
· Représentation du Cercle au Conseil de fondation (avec droit de vote)
· Fixation à cinq du nombre de représentant-e-s du Conseil municipal (actuellement, le nombre dépend du nombre de groupes au Conseil : plus il y a de groupes, plus il y a de représentants, à raison d'un-e par groupe -le statut actuel parle même de " partis ". Résultat : quand feue l'Alliance de gauche s'était scindée en deux groupes, solidaritéS et PdT-indépendants, chacun avant un-e représentant…)
· Présence (à titre consultatif) des directions du ballet et des chœurs au Conseil de fondation
· Redéfinition des compétences du bureau, restriction de la délégation de compétence du Conseil de fondation au bureau
· Ouverture du Conseil de fondation à une représentation de l'ACG et du DIP (sous réserve de l'octroi par eux d'une subvention régulière), conformément à la motion M-393 acceptée par le Conseil municipal le 7 octobre 2003.
· Transfert de la Ville au canton de l'autorité de surveillance et de la charge de la subvention d'exploitation

Sur le fond
Le Grand Théâtre est à Genève le meilleur exemple de ces institutions culturelles d'importance pour le moins régionale, mais dont le financement reste essentiellement municipal (si l'on fait abstraction de sa capacité d'autofinancement partiel). Reconnu pour la qualité de ses productions, essentiel au " tissu " (ou plutôt au réseau) culturel genevois (11), seul théâtre lyrique de la région genevoise (12), seule institution pérenne (puisque publique) capable de représenter l'opéra, présent " internationalement " (en témoignent à la fois ses tournées et l'audience internationale de ses représentations à Genève même), désireux enfin de renforcer cette présence, le Grand Théâtre n'a plus rien de municipal, sinon son financement. Or il n'y a pas d'opéra " bon marché " : l'institution et le genre même qui y est représenté coûtent cher (13) (et coûteront de plus en plus cher), la première pour être maintenue, le second pour être représenté (14) ; comme on ne peut être à la fois un opéra de prestige et un théâtre municipal, il faudra donc bien que l'on fasse le pas menant du Grand Théâtre municipal à l'Opéra régional, sachant que l'on ne peut prétendre durablement assurer le second par le financement du premier, et qu'il y a quelque chose d'absurde à " asseoir " sur le seul financement (et le seul contrôle) municipal un opéra capable de se déplacer (matériel, décors et personnel compris) jusqu'à Mexico pour y représenter deux ouvrages lyriques et deux ouvrages chorégraphique.

La réduction du débat de fond à une alternative simpliste du genre " Genève ne peut pas entretenir son Grand Théâtre sans y mettre les moyens. Mais elle pourrait par contre tout à fait se priver d'opéra " n'est pas, non plus acceptable politiquement, même (ou surtout) dans la bouche du Conseiller administratif en charge de la culture (15), et même si ainsi exprimée, cette alternative a toutes les apparences d'une évidence. Le choix ne se fait pas entre " un opéra à n'importe quel prix " et " pas d'opéra du tout " : il se fait entre un opéra régional financé régionalement, et un opéra toujours régional mais financé municipalement. Certes, le " besoin " d'opéra n'est pas, au sens strict, un besoin social. Genève a " besoin " d'un service du feu, d'un service de voirie, d'un service des eaux, pas d'un Opéra. Genève a un Opéra parce qu'elle en a envie et qu'elle a fait le choix de satisfaire cette envie. L'existence de l'Opéra ne relève ni d'une obligation, ni d'une nécessité, ni de la moindre rationalité économique, mais d'un choix politique, parfaitement volontariste. Genève pourrait se passer du Grand Théâtre. Si elle a décidé de ne pas s'en passer, elle n'a jamais été contrainte à cette décision. Genève a un Opéra parce qu'elle a choisi d'en avoir un, et d'y mettre le prix. Cela posé, reste à assumer ce choix. Or il ne peut être réellement assumé tant qu'il reposera sur la seule volonté de la seule municipalité de la Ville.

Le Grand Théâtre est l'Opéra de la région, payé par la commune. Il n'est probablement plus personne, ni au sein du Conseil de Fondation de l'institution ni au sein du Conseil municipal (et du Conseil administratif) de la Ville qui n'ait conscience, plus ou moins confusément, et que cela soit exprimé ou non, que cette situation ne peut durer, et que la Ville ne peut (politiquement, plus encore que financièrement) continuer à supporter seule ou presque la charge financière de la plus " grosse " institution culturelle de la région -de même qu'à l'inverse, le Grand Théâtre ne peut continuer à dépendre si étroitement qu'actuellement de la seule source municipale de financement public. Si rien n'est changé à la structure du financement public du Grand Théâtre, l'alternative restera donc celle à laquelle depuis des années le GT et la Ville sont confrontés : ou bien l'effort financier de la Ville augmente année après année, (en plus de l'indexation de la subvention d'exploitation, puisque l'opéra est un secteur économique sur-inflationniste), pour maintenir l'outil de production à un niveau quantitatif et qualitatif constant ; ou bien la municipalité maintient son effort à un niveau constant, en termes réels, mais en l'absence de financement public additionnel le GT manquera de moyens et, comme l'écrit le Conseil de fondation dans son " commentaire " au budget 2005-2006, il faudra " envisager des coupes structurelles " à son budget, coupes structurelles dont apparemment la victime (expiatoire) est d'ores et déjà désignée, une fois pour toutes: le Ballet. Mais quelles qu'en soient les victimes, et même si plutôt que de supprimer le Ballet la Fondation décidait de réduire la programmation lyrique, ces coupes structurelles affaibliraient la capacité du GT à jouer le rôle central qui est le sien dans le tissu culturel genevois.

Une institution culturelle, si importante soit-elle, est toujours fragilisée par sa dépendance à l'égard d'une source de financement unique, ou hégémonique, à plus forte raison lorsqu'il s'agit d'une source de financement publique soumise aux décisions d'organes politiques qui sont toujours le lieu de rapports de force, et souvent celui de marchandages, politiques. Si la puissance publique est pérenne, ses décisions sont changeantes. La multiplicité des sources de financement de la culture est donc une condition de la liberté culturelle, ce que d'excellents auteurs confirment : " La meilleure protection du statut des artistes et de leur rôle, ce sont les structures complémentaires de subventionnement. Je suis totalement contre le guichet unique, contre le désenchevêtrement, parce que, quand la femme ou l'homme politique passe, la liberté artistique doit demeurer. Et le fait d'être exposé à un seul prince me semble être le pire des dangers " (Charles Beer ) (16).

C'est en refusant d'admettre la nécessité de la recherche d'autres sources de financement public que l'on met le plus gravement en danger l'institution que l'on affirme par ailleurs vouloir préserver : cela vaut pour le Grand Théâtre comme pour le Théâtre de Carouge, pour la culture comme pour les autres champs d'intervention publique (du moins si l'on parle d'institutions pérennes, et pas de sociétés anonymes faillibles) et à Genève comme ailleurs. Le PS ne doit pas lâcher cet os là, quelle que soit la situation financière de la Ville ; ce n'est pas pour " faire des économies " qu'il faut se battre pour le partage des responsabilités publiques en matière d'institutions culturelles, mais pour accroître l'implication de toutes les collectivités publiques de la région dans la politique culturelle de la région, et pour ouvrir encore plus cette politique culturelle à de nouvelles formes d'expression, et à de nouveaux discours culturels.

" Il faut montrer qu'une politique culturelle ne produit pas une esthétique d'Etat. (…) L'institution doit être un lieu de liberté, de division, de confrontation politique "
(Olivier Py, " Le Monde " du 4 mai 2007)

La politique culturelle ne se réduit pas à la politique du patrimoine, c'est-à-dire à la représentation (et à l'entretien) de la création passée. Elle doit aussi porter sur la création présente, dite par pléonasme " contemporaine " ou " vivante ", et cela sans exclusive et en renonçant a priori à définir une culture officielle. La programmation du directeur général sortant du GTG a, de ce point de vue, manifesté un souci d'ouverture à la création contemporaine qu'il convient de saluer encore une fois, même (ou à plus forte raison) si l'ensemble du public " habituel " (ou habitué) du GT ne s'y est pas retrouvé, même (ou à plus forte raison) si la réussite de la politique artistique de la direction a été " plombée " par sa gestion et sa conception des relations avec le personnel et les syndicats, et même (ou surtout) si la programmation annoncée par le nouveau directeur général menace d'être beaucoup plus prudente, pour ne pas écrire conformiste.

Si nous nions au pouvoir politique (même municipal) tout droit à déterminer les formes de la culture (s'arrogerait-il ce droit, d'ailleurs, qu'il serait bien en peine d'en concrétiser l'ambition), nous devrions bien lui imposer l'obligation de concentrer ses efforts sur la part la plus novatrice de la création et de la représentation culturelles, c'est-à-dire la part qui nécessite un soutien public parce qu'elle ne représente pas (ou pas encore) un " marché " culturel, une source de profit possible pour le secteur privé.

C'est par leurs marges que tiennent ensemble les pages des livres ; c'est par leurs marges aussi que tiennent les réseaux culturels. Un soutien à la création culturelle implique donc un soutien à ce qui est, au départ, création dans les marges. La collectivité a à la fois le devoir de soutenir la création culturelle marginale et celui de réduire ce soutien lorsque cette création (ou sa représentation) devient institution, patrimoine ou marché, et conquiert un terrain (marchand ou social) où d'autres sources de financement se font jour.

Ainsi, la part actuellement affectée aux grandes institutions culturelles (dont le GTG) des ressources affectées par les collectivités publiques, et en premier lieu par la Ville, à la culture, doit-elle être réduite, pour que la part et le volume affectés à la création non-institutionnelle puissent être accrus -ce que 61,7 % des personnes interrogées à Genève en 1996 souhaitaient. Cette réduction de la part " institutionnelle " des ressources culturelles, au profit de leur part " non institutionnelle ", pourrait -ou devrait- se traduire par le transfert au canton de la subvention municipale d'exploitation du GTG : ce seraient ainsi 15 millions de plus qui seraient disponibles pour soutenir la culture émergente et l'expérimentation culturelle.

Le problème de la répartition de la charge financière des institutions culturelles entre les collectivités publiques est posé en termes explicitement politiques : il ne s'agit pas de " faire des économies " pour réduire déficit ou dette, mais de définir une politique culturelle, d'en partager la charge, et d'en répartir les ressources.

NOTES

(11) Le Conseil de fondation, dans ses commentaires sur les comptes 2003-2004, estime -de manière quelque peu autoproclamatoire- que le GT joue un rôle de " modèle à suivre ", et souligne que les " retombées " de son activité " rejaillissent (…) sur l'ensemble des acteurs culturels du canton par un effet d'entraînement "… métaphore dont la lourdeur stylistique ne doit pas empêcher l'approbation, puisqu'elle constate ce qui, effectivement, qualifie le rôle d'une institution culturelle dans un " paysage culturel " régional.

(12) Et l'un des trois ou quatre opéras d'importance plus que locale en Suisse (à titre de comparaison, la France en compte une vingtaine)

(13) Si l'Opéra de Genève coûte cher à la Municipalité, son coût global n'atteint de loin pas celui des grands opéras européens, et sa situation financière n'est de loin pas aussi déséquilibrée que celle de ses homologues. A titre de comparaison, le budget de la Scala de Milan atteint les 115 millions d'euros, soit entre quatre fois plus que le coût total du GTG pour la Ville, et cinq fois plus que le budget du GTG (pour 2,5 fois plus de spectateurs et un personnel deux fois et demi plus important). En outre, les comptes de la Scala sont en déficit régulier de 500'000 à 1 million d'euros par année, et l'institution a dû prélever 7,5 millions d'euros sur son propre patrimoine pour équilibrer ses comptes 2004. En 2004, la Scala a reçu 44 millions d'euros de subventions publiques (en gros, quatre fois plus que le GTG) et l'Opéra de Paris 94 millions (mais pour deux scènes, et l'emploi de 1600 personnes). … En revanche, la charge du Grand Théâtre pour la collectivité publique reste, en comparaison européenne, assez considérable : les treize principaux opéras italiens ont reçu, ensemble en 2004, 104 millions d'euros des collectivités locales, soit, à treize, quatre fois plus que le seul opéra genevois (ou, en moyenne par opéra, trois fois moins…), 239 millions d'euros de l'Etat central et 95 millions des mécènes et sponsors privés. Le problème n'est donc pas un problème de coût global (l'opéra genevois est plutôt moins onéreux financièrement que ses homologues européens), mais un problème de répartition de ce coût (il repose à Genève de manière disproportionnée sur la seule collectivité locale). En Italie, l'Etat central donne deux fois plus, et les " privés " autant, que les collectivités locales pour les opéras (en 2004, pour treize institutions lyriques : 239 millions d'euros de l'Etat central, 104 millions des collectivités locales, 95 millions des " privés ")

(14) Le coût de l'opéra, comme mode d'expression culturel, c'est-à-dire le coût de toute représentation lyrique, exclut d'ailleurs que l'on puisse raisonnablement attendre de mesures d'économies portant sur la programmation qu'elles soulagent réellement la Ville de la charge financière de l'opéra. A titre d'exemple, lorsqu'à l'examen du budget de la saison 2007-2008, et pour l'équilibrer, le Conseil de fondation a cherché où il pourrait faire des économies, il s'est penché sur l'hypothèse de la déprogrammation d'un opéra, ou de sa réduction en version de concert, en prenant comme " cibles " Lohengrin, d'une part, et Les Voyages de Monsieur Broucek d'autre part. Compte tenu des recettes escomptées pour chacune de ces deux œuvres, leur déprogrammation aurait ferait perdre plus qu'elle n'auraient ferait économiser, avec pour le Wagner une perte sèche d'un demi-million , et de près de 560'000 francs pour le Janacek. Quant à leur réduction à une version de concert, elle aboutissait à une perte de près de 400'000 francs pour le Wagner et de près de 500'000 francs pour le Janacek. Des " économies " de programmation ne sont donc pas des économies budgétaires, au contraire -outre qu'elles remettent en cause la fonction même de l'institution…

(15) A qui Le Courrier attribue ces propos, tenu lors du débat au Conseil municipal, le 17 mai 2005 sur la demande de crédit (de 6,4 millions) pour la rénovation des ponts de scène du GT. Pour Patrice Mugny, réduire la charge financière du Grand Théâtre ne pourrait se faire qu'en supprimant le Baller, en exportant la réalisation des décors (ce qui priverait des artisans genevois de travail) ou en baissant la qualité ou le nombre de spectacles, au détriment des rentrées financières (Le Courrier du 8 juin). Autant dire -et nous sommes de cet avis- qu'on ne peut espérer " faire des économies " sur le budget du GTG, et que la question est bien celle d'un partage de son financement.

(16) in Journal de l'ADC, janvier-mars 2005

vendredi 4 septembre 2009

Contextes

Rapport (saison 2008-2009) du représentant du PS au Conseil de fondation du Grand Théâtre :
Le rapport complet (au format PDF) peut être téléchargé à l'adresse suivante :
http://www.perso.ch/troubles/RapportGTG-PSvG.pdf

Contextes

A. Contexte politique
Le Grand Théâtre est une vache sacrée, vénérée comme telle même au sein de l'Alternative : quand la vache meugle, le fidèle s'alarme. Quand le Grand Théâtre demande, le Conseil municipal accorde. Quand au Conseil municipal quelques nihilistes s'avisent de contester les demandes du Grand Théâtre, ils et elles restent structurellement minoritaires. Siéger au Conseil de Fondation du Grand Théâtre, c'est donc siéger dans la panse de la vache sacrée. On peut tenter d'y jouer un autre rôle que celui de l'enzyme digestif, mais, faute de relais majoritaire au Conseil municipal, c'est le plus souvent se retrouver à peu près seul à le tenter. Tel fut régulièrement le cas du socialiste de service jusqu'aux changements imposés par la crise de l'institution.

Le Grand Théâtre est la plus lourde (financièrement et symboliquement) des institutions culturelles dont la Ville de Genève assume le financement et assure la surveillance. Par le fait même, le GT est donc aussi l'institution culturelle sur laquelle des propositions de réforme du partage des responsabilités de la politique culturelle genevoise pourraient avoir le plus d'impact financier et politique. Les propositions faites par le PS sur ce thème prennent d'ailleurs, fort logiquement, le GT comme l'une des " cibles " privilégiées d'une redéfinition des charges et des responsabilités entre les différents acteurs institutionnels de la région (canton, communes), et c'est tout aussi logiquement à propos du GT que nos propositions ont suscité le plus de polémiques, et que l'incohérence du financement public de la culture à Genève s'est révélée le plus clairement, lorsque pour assurer le maintien de sa subvention, la Fondation du Grand Théâtre a menacé de supprimer le Ballet du Grand Théâtre.
L'importance du GT dans le " paysage culturel " genevois, et le fait qu'il s'agisse de la principale institution subventionnée par la Ville, devrait lui imposer de mener en tant qu'employeur une politique d'autant plus exemplaire qu'elle est payée, pour deux tiers, par des fonds publics. De ce point de vue, la persistance d'un " statut à deux vitesses " au sein du GT (statut du personnel municipal et statut du personnel employé par la fondation) posait, et pose toujours (17) un problème politique, aggravé par le refus du Conseil de fondation précédent d'accepter de rencontrer les syndicats, et par la surdité persistante (et volontaire) dudit Conseil de fondation et de son bureau aux plaintes du personnel.

La présence et les prises de position d'un représentant du PS au Conseil de Fondation du GT, et les prises de position du PS sur les demandes de subvention de la Fondation du GT (que ces prises de position soient ou non suivies d'effets), sont donc à inscrire dans ce contexte : celui d'un débat politique encore inabouti sur la charge de la politique culturelle genevoise en général, celle des grandes institutions culturelles plus spécialement, et celle du Grand Théâtre en particulier, et d'un mode de fonctionnement du Conseil de fondation du Grand Théâtre qui le rendait incapable d'assumer les responsabilités qui sont, théoriquement (et légalement) les siennes en tant qu' " organe suprême " de la Fondation. Les positions socialistes en la matière (si l'on veut bien accorder à l'auteur du présent rapport que ses positions pussent, de temps à autre, être conformes à celles du parti, et que celles du parti socialiste pussent être parfois socialistes) ont certes pu être débattues au sein du Conseil de fondation du GT comme au sein du Conseil municipal, mais en étant minoritaires dans ces deux instances -et en étant même stigmatisées au sein du Conseil de fondation comme " minant le Grand Théâtre ". On notera au passage que si la Ville assure financièrement l'existence et le fonctionnement du Grand Théâtre, la majorité politique de la Ville est minoritaire au sein du Conseil de fondation, et les positions socialistes souvent minoritaires au sein de cette minorité. Si l'on s'en tient aux membres du Conseil qui y disposent du droit de vote, l'Alternative n'y disposait jusqu'aux élections de 2007 que cinq voix sur une quinzaine (quatre des représentants du Conseil municipal plus le Conseiller administratif en charge du DAC), et n'adoptait que rarement une position commune.
Avec une lenteur fort helvétique, il semble toutefois que les positions socialistes pourraient, si les socialistes en font l'effort, faire quelque chemin, notamment au sein de l'Alternative, et qu'en particulier la nécessité d'une " régionalisation " du financement public de l'institution, et d'une sécurisation de celui du Ballet, soient de mieux en mieux perçue, quoi qu'ils en disent (ou puissent en dire), par les membres du Conseil de fondation (18), par la Ville, voire par le canton. La politique budgétaire cantonale, pourrait cependant rendre illusoire tout partage de cette charge -on se souviendra au passage de la tentative de la droite et des Verts de transférer aux communes la quasi-totalité des responsabilités culturelles assumées par le canton, tentative contrée par la mobilisation des milieux culturels après que l'alarme ait été donnée par une rupture de collégialité gouvernementale, du fait des conseillers d'Etat socialistes (et en particulier de Charles Beer).

Au moment de la demande de subvention, c'est à la Ville que s'adresse le Grand Théâtre, et c'est la Ville qui paie, sans rechigner, d'autant que ses finances sont (malgré le canton) meilleures que celles du canton, et passent (toujours malgré le canton) par une période moins troublée que celle que nous avions naguère utilisée comme prétexte (conjoncturel) à nos tentatives (structurelles) de redéfinir le financement des institutions culturelles. En clair : comme il y a encore suffisamment d'argent dans les caisses municipales pour assurer une subvention presque exclusivement municipale au Grand Théâtre, la Ville n'a pas (encore ?) exprimé clairement la volonté politique de mener le combat non moins politique, menant à un partage des responsabilités dans le financement culturel régional (ce qui lui aurait imposé de partager le pouvoir sur et dans la principale institution culturelle du canton -l'école mise à part). On notera cependant que les réductions d'impôts proposées par la droite et les Verts, et sur lesquelles le bon peuple votera fin septembre 2009, auront pour effet mécanique de priver la Ville de rentrées fiscales équivalant grosso modo au coût du Grand Théâtre pour les finances municipales.
La Ville n'est pas seule " fautive " de l'absurdité du financement de la principale institution culturelle de la région : le canton y a sa part, et le Grand Théâtre lui-même peut être tenu pour responsable de sa propre précarité : jusqu'à la " crise du Ballet " (donnons lui ce nom par commodité d'expression, puisque le sort du Ballet y fut en jeu, mais retenons tout de même que ce n'était pas le Ballet en tant que tel mais le budget de la fondation du Grand Théâtre qui était en crise), la Fondation n'avait pas vraiment incité la Ville à " partager son pouvoir " en partageant sa charge financière, et le canton lui-même n'avait pas montré une très grande disponibilité à ce sujet, chacun se satisfaisant de la pratique en vigueur depuis 1930 (au moins) -tout en sachant plus ou moins confusément qu'elle n'est plus tenable, même si ce sont moins des raisons financières que des raisons politiques qui militent pour une nouvelle répartition des charges, des tâches et des responsabilités (19).

B. Contexte institutionnel
La Fondation du Grand Théâtre est une fondation communale de droit public, instituée par une loi cantonale, et dont l'autorité de surveillance est l'exécutif de la Ville de Genève (20).

Le Conseil de fondation avait réélu en septembre 2006 (par 8 voix et une abstention) Bruno de Preux à son poste de président de la fondation (21) . Robert Roth avait également été réélu à la vice-présidence (avec 7 voix, moyennant une abstention) et Marie-France Spielmann, à l'unanimité (22) au secrétariat. Après la profonde crise traversée par le GTG en 2006 et 2007, le Conseil de fondation a été partiellement renouvelé -et son bureau totalement renouvelé : le Conseil administratif a d'abord nommé les cinq membres qu'il lui incombe statutairement de nommer au Conseil de fondation, sans pour autant que ces membres soient les représentants du CA -ils sont nommés pour leurs qualités personnelles (23) : Lorella Bertani, Guy-Olivier Segond, Guy Demole (ancien président de la Fondation), Martine Koelliker (codirectrice du Département de la Culture) et François Duchêne (ancien Secrétaire général du GTG). Les Conseillers administratifs Patrice Mugny et Manuel Tornare (qui succède donc à Pierre Muller) siégent également, de droit, au Conseil de fondation. Le 25 juin, le Conseil municipal a désigné (24) ses sept représentants (un par parti, en réalité un par groupe) (25) en les personnes de Florence Kraft-Babel (libérale, sortante), André Klopmann (Vert, sortant) et Pascal Holenweg (PS, sortant), ainsi que Bernard Lescaze (radical, nouveau), Jean-Luc von Arx (PDC, nouveau) (26), Jacques Haemmerli (UDC, nouveau sous cette étiquette mais ancien représentant du parti radical limogé par ledit parti) et Jean Spielmann (AGT, nouveau). Au moment de nommer ses représentants, le Conseil administratif a annoncé qu'il proposait Lorella Bertani à la présidence de la fondation, et Guy Demole à la vice-présidence. Le 29 août, lors d'une réunion informelle, la quasi unanimité des membres du Conseil qui entrait en fonction le 1er septembre ont accepté cette proposition -de même que celle de nommer Bernard Lescaze comme troisième membre du bureau du Conseil (bureau auquel siègent également les deux Conseillers administratifs délégués au Conseil de fondation, Patrice Mugny et Manuel Tornare, et qui s'adjoindra la collaboration de Guy-Olivier Segond). En outre, le nouveau Conseil de fondation a accepté de s'adjoindre un représentant du personnel, en la personne du président de la Commission du personnel fondation, Denis Chevalley. Ces désignations et cette adjonction ont été formellement validées lors de la première réunion du nouveau Conseil de fondation, le 3 septembre : Lorella Bertani a donc été élue à la présidence à l'unanimité moins une voix, Guy Demole à la vice-présidence et Bernard Lescaze au secrétariat, tous deux à l'unanimité.
En outre, le poste de Directeur-trice général-e du GTG a été remis au concours, pour entrée en fonction début juillet 2009 (le contrat du DG en place arrivant à échéance fin juin). Le communiqué du Conseil administratif précisait benoîtement que le directeur actuel, Jean-Marie Blanchard, dont le contrat arrivait à son terme deux ans plus tard, avait " toute latitude pour présenter sa candidature à ce poste " -il est vrai que nul ne s'attendait à ce qu'il le fasse (27).
Le poste de Secrétaire général a été supprimé et un-e directeur-trice des ressources humaines sera nommé, sous statut de fonctionnaire mais dépendant administrativement de la Fondation, ainsi qu'un-e directeur-trice technique (28) et un-e directeur-trice administratif-ve et financier-e.

Le Conseil de fondation se réunit généralement une fois par mois (hors les mois d'été), soit une dizaine de fois par année civile, mais dans les derniers mois de la crise qu'a traversée le GTG, la fréquence des réunions a doublé.

Le Conseil de fondation du GT (formé d'une quinzaine de membres) (29) est théoriquement l'instance directoriale de l'institution -il adopte un " règlement intérieur " qui, s'appuyant sur le statut du GT, lui confère ce rôle. Toutefois, depuis des années, et tout particulièrement pendant la période de la crise, il a joué le plus souvent pour son Bureau (30), voire pour la Direction générale (31) , le rôle d'une chambre d'enregistrement de leurs propositions, ce que même les représentants du Parti libéral et des Verts ont dénoncé, le premier (32) dans une lettre au président du Conseil de Fondation, en décembre 2002, à propos de la désignation du nouveau directeur du Ballet, le second dans une lettre au même président, à propos de la " confiance " votée, sans contenu et en méconnaissance des conditions posées, au directeur général, en décembre 2006. Les interventions " contestataires " sont donc très généralement minoritaires, parfois sanctionnées : les partis libéral et radical ont été plus ou moins explicitement invités par le bureau du Conseil de fondation à remplacer leurs représentants indociles, et se sont pliés à cette invitation, laquelle avait également été adressée, de manière réitérée, au PS -qui ne s'y est cependant pas plié.
Le pouvoir réel au sein du GTG étant détenu (comme dans toute institution du même type et de même importance) par la direction (33) et non le Conseil de fondation, celui-ci a tout de même à déterminer (quand il joue son rôle), ou à ratifier (quand il se contente d'être une chambre d'enregistrement) les grandes orientations " politiques " de l'institution : son budget (et donc la demande de subvention à la Ville), sa structure (unicité de l'opéra et du ballet, par exemple) et sa direction artistique, sinon sa programmation (laquelle relève de la responsabilité de la direction, sauf à transformer le Conseil de fondation en comité de censure ou en commissariat du peuple aux arts lyriques)…

La Ville de Genève est représentée au Conseil de Fondation par deux Conseillers administratifs (Patrice Mugny et Manuel Tornare) et un(e) représentant(e) de chaque groupe politique du Conseil municipal : pour l'Alternative, il s'agit de Jean Spielmann pour AGT, d'André Klopmann pour les Verts, et, jusqu'au 31 août 2009, du soussigné pour le PS. On notera qu'il n'y a guère d'unité spontanée des positions des différents représentants des différentes composantes de l' " Alternative " (non plus d'ailleurs que de celles des représentants des partis de l'Entente), hors les cas de votes quasi unanimes de tout le Conseil.

NOTES

(17) la municipalisation du personnel non artistique se fait à coups de deux, trois ou quatre postes par année -à ce rythme il faudra cinquante ans pour atteindre l'objectif d'un statut municipal unique, à supposer qu'on veuille l'atteindre

(18) Une démarche commune à l'ensemble des représentants du Conseil municipal au Conseil de fondation, tous partis confondus, a été effectuée auprès des députés au Grand Conseil en septembre 2005. Elle s'est matérialisée par une lettre adressée à la présidente d'alors du parlement, Mme Marie-Françoise de Tassigny, avec demande de la communiquer au Grand Conseil. Dans cette lettre, qui n'a obtenu aucune réponse, les huit représentants du Conseil municipal rappelaient que le GTG était fréquenté à raison d'au moins 60 % par des personnes résidant hors de la Ville de Genève, alors que la participation d'autres communes que la Ville au financement du GTG ne se faisait qu'indirectement et chichement, par l'intermédiaire du Fonds d'équipement communal, que le Grand Conseil s'apprêtait à assécher.

(20) … n'en déplaise au parti libéral qui feignait, en février 2007 (les élections municipales aidant), de découvrir une hypothétique contradiction formelle (il peut cependant y en avoir une, mais politique) entre la qualité d'autorité de surveillance du Conseil administratif et sa représentation par deux de ses membres au Conseil de fondation (et au bureau), et en déduisait la nécessité de transférer le pouvoir de surveillance au canton. Les juristes libéraux oubliaient opportunément que selon l'art. 84 du Code civil, les fondations de sont placées " sous la surveillance de l'autorité publique " (Confédération, canton, commune) dont elles relèvent par leurs buts. La culture étant à Genève une compétence municipale, la fondation structurant une institution culturelle relève donc, par ses buts, de l'autorité communale. Le parti libéral n'est d'ailleurs pas le dernier à vouloir dépouiller le canton des quelques prérogatives matérielles dont il dispose en matière culturelle, pour les basculer sur la Ville…

(21) Bruno de Preux avait été élu une première fois en 2001, puis réélu en 2002, 2003, 2004 et 2005 à la présidence.

(22) ce qui prouve que le Parti du Travail peut gagner des élections -quand il y a candidature unique…

(23) Au terme du mandat du Conseil de fondation nommé en 2003, Patrice Mugny a ainsi regretté que les cinq personnes que le Conseil administratif avaient désignées dans ce Conseil se soient retrouvées, toutes, en opposition au CA lors de la crise qui a secoué le GTG en 2006 et 2007.

(24) Avec un mois de retard, dû à la tentative absurde du Conseil administratif de modifier la composition du Conseil de fondation alors qu'elle est déterminée par des statuts que le CA ne peut modifier seul…

(25) Comme il y a un groupe de moins, les deux groupes issus de l'Alliance de gauche s'étant unifiés dans le groupe d' " A Gauche Toute ! ", il y a un représentant du Conseil municipal de moins -et un représentant de gauche de moins, dans la représentation du Conseil municipal (en revanche, il y a deux socialistes de plus au Conseil de fondation : la présidente de la Fondation et l'un des deux représentants du CA). Aucun des deux n'y siège cependant en tant que socialiste…

(26) Cette nomination équivaut à un limogeage du représentant précédent du PDC, Jacques Finet, qui aurait souhaité poursuivre son mandat.

(27) Mais nul, ne s'attendait non plus à ce qu'il réclame un million de francs (soit trois ans de salaire) au Conseil administratif pour " congé abusif ", alors qu'il n'y a pas eu de " congé "…

(28) Les mauvaises habitudes ne se perdant pas si facilement, le nouveau directeur technique a été engagé par le Conseil de fondation (à l'opposition près de l'auteur de ce rapport) lors d'un vote intervenu en " urgence ", sans que cet engagement figure à l'ordre du jour, sans que le Conseil ait jamais rencontré le seul candidat au poste, ni qu'un dossier de candidature ait été transmis au Conseil. Pour un poste rétribué 200'000 francs par an, le préavis impérieux du futur directeur général a donc suffi.

(29) Le nombre de membres du Conseil de fondation varie selon le nombre de groupes au Conseil municipal, puisque chaque groupe a droit a un représentant au Conseil de fondation

(30) Bruno de Preux (président), Robert Roth (vice-président), Marie-France Spielmann (secrétaire), Patrice Mugny, Pierre Muller (représentants du Conseil administratif)

(31) Jean-Marie Blanchard (Directeur général), Antonio Soragni (Secrétaire général), tous deux sous contrat de droit privé avec la Fondation. Le Directeur technique, Jacques Ayrault, (membre du personnel de la fondation) ne participe pas au Conseil de fondation.

(32) Alors André Kaplun

(33) C'est-à-dire le Directeur général et les directions spécifiques (ressources humaines, finances, technique etc…), ainsi que, pour ce qui concerne leurs domaines, les directions du Ballet et des chœurs.

mardi 28 juillet 2009

Les Finances du GTG


Les Finances

Ø Les dépenses " pour la culture " consenties par la Ville de Genève représentent une masse financière considérable : 223 millions de francs au budget 2008 (34), soit en gros 21 % du budget total de la Ville (35). Les dépenses pour les arts et la culture représentent 52 % des dépenses culturelles (Les musées 33 %, les bibliothèques 15 %). Environ un tiers des dépenses pour le domaine de l'art et de la culture est affecté au Grand Théâtre (21,7 millions de prise en charge directe, 17,8 millions de subventions). Le Grand Théâtre " pèse " donc à lui tout seul au moins (36) 18 % de l'ensemble des dépenses culturelles de la Ville, et 4 % du budget total de la municipalité (37).
Ø Les subventions (dont celle allouée au Grand Théâtre) représentent 30 % des dépenses culturelles de la Ville.
Ø Les prises en charge directes (dont la prise en charge de la masse salariale du personnel municipal affecté au GTG) dans le domaine de l'art et de la culture, ainsi que le coût direct des services municipaux, représentent 22 % des dépenses culturelles de la Ville.
Ø La subvention au Grand Théâtre (qui ne représente que moins de la moitié des ressources que lui affecte la Ville) représente 26 % du total des subventions (y compris les subventions en nature) accordées par la Ville dans le domaine de l'art et de la culture. A lui tout seul, le GTG reçoit une subvention équivalant à près de neuf fois l'ensemble des subventions accordées au domaine de la danse (38), à plus de cinq fois celles accordées au domaine du cinéma, à plus de deux fois et demi celles accordées au domaine de l'art contemporain, à plus de deux fois celles accordées au domaine de la musique (hors OSR). Ensemble, le Grand Théâtre et l'OSR reçoivent près de 40 % de toutes les subventions accordées à l'art et à la culture.
Ø En 1996, le Grand Théâtre recevait à lui seul 18 % de toutes les subventions culturelles versées par la Ville et le canton ensemble. En 2000, cette part est passée à 20 %, pour se stabiliser à 19 % en 2006. En dix ans (1996-2006), la seule subvention régulière de la Ville au GTG a augmenté de près de 50 % (de 10,6 mio à 15,5 millions) alors que l'ensemble des subventions de la Ville et du canton n'augmentait, dans le même temps, que de 35 %
Ø Outre la subvention annuelle d'exploitation, l'affection de personnel municipal et les autres prises en charge directes de coûts d'exploitation de l'opéra, la Ville prend à sa charge l'essentiel des investissements dans le bâtiment et l'équipement : 18 millions pour la machinerie dans les années '90, puis à nouveau 6 millions dans les années 2000, projet de 10 millions pour l'enveloppe thermique, autre projet d'un million pour la rénovation de l'éclairage de la salle…
Ø Tendanciellement, dans les budgets et les comptes du GTG, le rapport entre les dépenses de production (autrement dit : la part " artistique " des dépenses) et les dépenses d'administration et d'exploitation (autrement dit : la part " institutionnelle " des dépenses) évolue au profit des secondes, et au détriment des premières. Le Conseil administratif constate lui-même (39) que " les frais directs de production (spectacles) sont bien maîtrisés et ne provoquent pas d'importants dépassements (alors que) les frais généraux d'administration et les frais généraux d'exploitation ne sont pas maîtrisés et entraînent d'importants dépassements budgétaires (environ 170'000 francs et 700'000 francs respectivement en moyenne par saison " En d'autres termes : l'institution consomme pour elle-même une part toujours plus importante des ressources dont elles dispose (dont celles qui lui sont accordées par la Ville), ce qui réduit la part qu'elle peut accorder à la création et à la représentation. Entre 2000-1 et 2007-8, les frais généraux d'administration ont augmenté de 62,5 %, les frais généraux d'exploitation de 43,4 % (40), les frais directs de production (spectacles) de " seulement " 20,7 %. Entre le budget 2008-9 et le budget 2009-10, les frais généraux d'exploitation augmentent de plus de 1,4 million, soit d'un peu plus de 9 %, et les frais directs de production de moins de 350'000 francs, soit de moins de 2,5 %. En sept ans, les frais généraux d'exploitation ont augmenté de 43,4 %, soit de 4,686 millions de francs. Sur le budget propre de la fondation, l'augmentation des frais généraux d'exploitation est due en grande partie à celle de la masse salariale et des charges sociales du personnel permanent sous contrat fondation -ce qui conforte au passage la revendication d'une municipalisation de ce personnel.

Il n'existe pas en réalité de budget global du Grand Théâtre : pour avoir une idée de ce qu'il pourrait être, il faut additionner au budget de la Fondation les charges assumées directement par la Ville (personnel municipal affecté au GT, locations, travaux (41), entretien des bâtiments et des équipements lourds (42), énergie, intérêts, amortissements (43) etc.. ). Pour la saison 2009-2010, ce budget global se monte à 59,017 millions de francs, couvert à 35,4 % par la Ville sur son propre budget, à 22,9 % toujours par la Ville sous forme de subvention en espèces et à 1,7 % sous forme de garantie de déficit (c'est-à-dire d'une subvention qui ne dit pas son nom) et à 5,3 %, encore par la Ville sous forme de subvention en nature (gratuités), soit au total une couverture de 65,3 % du budget global du GTG par la Ville (sans compter la part prise par la Ville à la subvention accordée par l'ACG). Les recettes propres de la fondation couvrent 30,2 % du budget, la subvention de l'ACG 2,5 %, et le déficit représente le 1,9 % restant.

Ø La Ville se paie un opéra, l'opéra se paie des opéras : globalement, le GTG autofinance sa programmation (par les recettes des spectacles et le financement privé) (44), la collectivité finance l'opéra (structures, salaires, équipements, bâtiments), par la subvention qu'elle lui accorde (45) et par la prise en charge directe sur le budget municipal d'une part considérable des charges réelles de fonctionnement. Le financement privé et l'autofinancement représentent grosso modo le tiers du coût total du GTG, le financement public couvrant les deux autres tiers (46).

Sur les budgets 2007-8 et 2008-9, les imputations relatives aux prestations en nature accordées par la Ville de Genève au GTG sont estimée à 3,075 millions de francs (3,056 millions lors de la saison 2006-7). Sur le budget 2009-10, elles se montent à 3,138 millions, et à 3,155 millions sur le projet de budget 2010-11 (47).

Le budget de la fondation, qui inclut le coût du Ballet (comme celui des chœurs et des ateliers) est établi pour une saison et non pour un exercice comptable " civil ", ce qui pose problème pour la remise des comptes, établis après la fin de la saison, les dernières dépenses et les dernières recettes de celle-ci étant comptabilisées ; or cette remise des comptes au Conseil administratif devrait théoriquement se faire, selon les statuts (qui datent, il est vrai, de 1964), au plus tard le 31 août, soit deux mois après la fin de la saison, disposition qu'il est pratiquement impossible de respecter compte tenu du décalage entre l'exercice budgétaire du GT par saison et l'exercice budgétaire de la Ville par année civile. Un certain nombre de rentrées et de dépenses ne peuvent en effet être finalisées qu'après la date-butoir : lorsqu'un ouvrage est terminé, il faut généralement attendre un mois pour en avoir le décompte, et souvent un autre mois pour intégrer ce décompte dans la situation globale de l'exercice (48). Les statuts devront donc être modifiés pour pouvoir tenir compte du rythme réel de fonctionnement de l'opéra (le bureau de la Fondation a été chargé de faire des propositions en ce sens). Cette modification est indispensable pour pouvoir adapter le " règlement intérieur " de la Fondation, qui ne peut évidemment être contradictoire du statut (le Bureau du Conseil de Fondation l'avait d'ailleurs curieusement oublié, en proposant d'adapter les délais de présentation des comptes tels que le règlement les prévoit, ce qui aurait rendu le règlement contradictoire du statut). Il importerait en tous cas que le Conseil municipal puisse disposer de comptes du GT, même provisoires et non vérifiés, lorsqu'il vote le budget portant subvention au GT. Le budget municipal est voté autour du 15 décembre (mais fait l'objet d'examen en commissions dans les mois qui précèdent), les comptes pouvant au plus tôt être arrêtés, sinon audités, au 15 septembre. Cette dyschronie prive en fait les conseillers municipaux d'une part e des éléments utiles à la formation de leur opinion et de leur position sur les demandes du Grand Théâtre. Une modification des statuts de la fondation (et dans la foulée du règlement du Conseil de fondation) paraît donc s'imposer, sur ce point comme sur beaucoup d'autres, dans la mesure où ces statuts prévoient un délai de remise des comptes impossible à tenir. Cette modification nécessitera l'accord de la Ville et du canton, puisque les statuts de la fondation ont force de loi cantonale.

De la saison 2001-2 à la saison 2007-8, les comptes ont dépassé les budgets de 2,735 millions de francs au total, soit de plus de 390'000 francs en moyenne par année, mais ce dépassement est dû globalement à des recettes plus élevées que prévu (3,421 millions de recettes excédentaires sur sept ans, soit 489'000 francs par an). Les dépenses sont certes plus élevées aux comptes qu'au budget, mais ce dépassement est plus que compensé par celui des recettes.
Le budget 2007-2008 de la fondation était équilibré, mais cet équilibre s'est révélé illusoire, pour ne pas écrire factice, et en septembre 2007, un budget révisé a dû être adopté par le Conseil de fondation, avec un résultat déficitaire de près de 2,5 millions, dû au retrait de la Fondation Wilsdorf (voir plus loin) et à la prise en compte partielle des recommandations des audits). Pour rééquilibrer le budget, le Conseil de fondation a supprimé deux spectacles et un concert, renoncé à la collaboration avec la Comédie, réduit l'utilisation du BFM et adopté quelques mesures d'économie. Ces mesures ne suffisant pas à l'équilibre du budget, une subvention extraordinaire de 2,5 millions a été demandée, et obtenue, du Conseil municipal, sous forme d'une garantie de déficit de 2,5 millions (dont 2,055 ont effectivement été versés). Le Conseil administratif s'était en outre engagé à tenter d'obtenir des moyens supplémentaires auprès des communes, c'est-à-dire du Fonds d'équipement communal (qui a accordé 1,5 million). En revanche, rien n'a été sérieusement entrepris auprès du canton, dont l'apport reste ridiculement plafonné à 50'000 francs, soit moins d'un pour mille de la masse financière du GTG, et à peine plus d'un pour mille de l'apport de la seule Ville…
Aux comptes, l'exercice s'est finalement effectivement équilibré grâce à cet apport, ce qui confirme au passage le rôle de subvention supplémentaire que jouent ces récurrentes " garanties de déficit ". Les recettes brutes des spectacles (billetterie, abonnements compris, programmes, frais d'inscription) avait rapporté 11,975 millions, le mécénat public et privé, le sponsoring et les dons 2,303 millions, et la subvention de la Ville s'était montée à 14,217 millions, plus 2,055 million de garantie de déficit, et celle du Fonds d'équipement communal à 1,5 million

Le budget de l'exercice 2008-9 affichait un déficit de 2,075 millions, conforme au Plan financier quadriennal du Grand Théâtre (PFQ-GTG) transmis à la Ville en novembre 2007. Ce plan intègre une grande partie des recommandations des audits, notamment la régularisation d'une vingtaine d'emplois en quatre ans, et la municipalisation de la plupart d'entre eux, la création de deux directions à la place du Secrétariat Général, la création d'un service informatique et d'un bureau d'étude. Le budget 2008-9 intègre donc le coût des nouveaux postes placés sous contrats " fondation " : directrice administrative et financière, responsables des systèmes informatiques et de l'entretien informatique, webmaster et assistants à la direction des ressources humaines.
Les frais direct de production budgétés sont en baisse de presque deux millions par rapport aux comptes de la saison précédente et se situent au niveau de la saison 2001-2, ce qui témoigne d'une évolution préoccupante (que le GTG n'est d'ailleurs pas seul à subir) : le coût de fonctionnement de l'institution " grignote " les ressources à disposition pour la programmation, c'est-à-dire l'activité qui seule justifie l'existence de l'institution….
Les recettes d'exploitation sont également à la baisse de près de deux millions entre les comptes 2007-8 et le budget 2008-9. L'évolution est ici moins préoccupante, puisqu'elle résulte d'une " opération vérité " visant à établir un budget sur la base de prévisions crédibles, plutôt que de souhaits excessivement optimistes : les recettes d'exploitation ont été évaluées sur la base d'un taux d'occupation financier moyen revu à la baisse : 83 % pour les spectacles lyriques, 80 % pour les spectacles chorégraphiques et le spectacle de théâtre musical. Le prix moyen des places a été réduit de 1,5 %.
La subvention de la Ville s'établit, après indexation, à 14'653 millions, malgré la municipalisation de six postes anciennement sous contrat fondation, la régularisation de 3 postes et demi et l'engagement d'un Directeur des ressources humaines, sous contrat municipal. L'Association des communes genevoises contribue à nouveau au budget à hauteur d'un million et demi., le canton se contentant toujours de ses somptueux 50'000 francs symboliques accordés au titre du " mécénat pédagogique ".

Au 30 juin 2008, le bilan de la Fondation faisait apparaître des actifs pour 11'736 millions de francs, soit 350'000 FS de plus que lors de l'exercice précédent, et un passif, hors fonds de réserve (lequel se monte à 1,023 million), de 10,713 millions Au 30 juin 2008, la Fondation disposait d'une fortune (fonds de réserve) de 1,442 million de francs, de fonds disponibles de 4,502 millions, de valeurs réalisables (titres, essentiellement sur les fonds de solidarité et de réserve) de 3,504 millions et de créances pour 1,529 million. Le fonds de solidarité (compte disponible et titres) se montait au 30 juin à 1,843 millions. Les biens appartenant à la Fondation (biens meubles : décors, tentures, meubles, costumes) étaient assurés auprès de la Ville pour 18,730 millions en 2007.

Les comptes d'exploitation de la saison 2007-2008 (49) présentent un résultats équilibré, grâce à la " garantie de déficit " (c'est-à-dire à une subvention complémentaire) de 2,055 millions, correspondant donc au déficit réel de la saison. Lors de la saison précédente, les comptes avaient fait apparaître un excédent de charges de 236'000 francs (soit 0,6 % du budget) par rapport au budget, et le déficit de l'exercice avait été résorbé par recours au Fonds de réserve. En 2007-8, le total des dépenses a atteint 39,075 mios, et celui des recettes 37,020 mios (hors garantie de déficit) , soit environ 600'000 francs de moins qu'en 2006/2007. Si le résultat final de la saison n'a pas été plus négatif encore, c'est grâce à des recettes d'exploitation supérieures de près d'un million et demi de francs, grâce notamment aux tournées du Ballet, qui ont rapporté plus de 350'000 FS de plus que prévu, et surplus de recettes (par rapport au budget) tirées de la publicité des programmes (+ 120'000 francs), de la location et de la vente de décors et costumes (+140'000 francs) et des bars, buvette et restaurant (+ 234'000 francs).
Dans le détail des charges, et de leur évolution d'une saison (2006-7 à 2007-8) à l'autre, on constate une diminution de plus de 480'000 francs (soit 2,8 %) des frais généraux d'exploitation), diminution cependant moindre que celle budgétée, du fait d'un dépassement aux postes salariaux (et de ceux des charges salariales). En outre, si les frais généraux d'exploitation diminuent, les frais généraux d'administration augmentent (de 7,39 % entre les saisons 2006-7 et 2007-8). Lors de l'exercice 2006-2007, des économies de plus de 700'000 francs avaient été réalisées (par rapport au budget) dans les dépenses pour le personnel artistique, et de plus de 300'000 francs dans les dépenses pour les chœurs, figurants et danseurs auxiliaires. Dans le même temps, les frais généraux d'administration dépassaient le budget de près de 75'000 francs et les frais généraux d'exploitation de plus de 3,1 millions…

Le total des dépenses générées par le GT mais couvertes par les recettes d'exploitation, les subventions, le mécénat et le sponsoring, s'est élevé à 39,075 millions pour la saison 20037/2008, dont la moitié couverts par la seule ville de Ville de Genève (subvention d'exploitation, garantie de déficit, prestations en nature), 40 % par les recettes d'exploitation, et le solde par le mécénat, le sponsoring et la subvention de l'ACG (dont les ressources proviennent pour un tiers de la Ville de Genève). Si l'on ne tient compte que des recettes de la Fondation (et qu'on ne tient donc pas compte de la prise en charge directe par la Ville, sur le budget municipal, d'une grande partie du coût du GT, notamment par la prise en charge des salaires et des charges et prestations sociales du personnel municipal affecté au GTG), la Fondation avait généré en 2006-2007 48,8 % % des recettes nécessaires à son fonctionnement, le financement public assurant les 51,2 % restant. Au final, la Ville finance le Grand Théâtre à raison de plus des deux tiers de son coût total, et de la moitié de son coût d'exploitation, ce qui situe le taux d'effort (l'autofinancement, le mécénat et le sponsoring) du GTG au tiers de son coût total et à la moitié de son coût d'exploitation.

En ce qui concerne les ressources propres du GT, les recettes d'exploitation (recettes des spectacles) ont globalement progressé de près de 2,350 millions entre les saisons 2006-7 et 2007-8, les recettes brutes des spectacles progressant à elles seules de près de deux millions, grâce à la progression des ventes de billets (les autres recettes, dont les ventes d'abonnement, stagnant ou diminuant légèrement)
Le surplus de recettes de billetterie par rapport au budget, alors que lors des saisons précédentes ces recettes étaient régulièrement inférieures aux prévisions, confirme que les " taux de remplissage " obstinément prévus pendant des années (90 % pour les opéras, 80 % pour les ballets) étaient excessivement optimistes. Ces " taux de remplissage " n'ont été révisés à la baisse qu'à partir de la saison 2006-7, après avoir été maintenus le Conseil de fondation à un niveau qu'il savait -ou devait savoir- ne pouvoir être atteint. Or lorsque le budget du GTG est établi sur la base d'hypothèses de recettes dépendant de ces jauges surestimées, c'est tout le budget qui se révèle finalement irréaliste, ce que confirmaient les comptes, exercice après exercice. Pour pouvoir équilibrer son budget sans être obligé de demander au Conseil municipal une augmentation de subvention trop importante, que le Conseil municipal pourrait refuser, le GTG surestimait ses recettes, en toute conscience des périls d'un tel exercice -lequel fait en outre assez bon marché de la bonne foi. Il conviendrait donc de ramener les jauges à un objectif atteignable, soit 80 % pour les spectacles lyriques et 75 % pour les spectacles chorégraphiques (50), ce qui rendrait le budget du GTG plus crédible qu'il n'est actuellement, et éviterait de se retrouver, comme à la fin de la saison 2005-2006, avec des comptes signalant des recettes de billetterie (y compris la vente des programmes) inférieures de plus d'un demi-million à ce que le budget prévoyait

Les apports extérieurs autres que ceux des collectivités publiques, autrement dit le mécénat, le sponsoring et le partenariat, relèvent de l'autofinancement du GTG, puisqu'il lui incombe de les susciter. Pour la saison 2007-2008, le mécénat a impliqué
- Patek Philippe pour la saison opéra
- UBS pour la saison danse
- la Fondation Valeria Rossi di Montelera pour les récitals
- la Fondation Leenaards pour Lohengrin
- Swisscom pour La Cenerentola
- Julius Baer pour Les Voyages de Monsieur Broucek

Les apports extérieurs se sont révélés en 2007-8 de plus de deux millions inférieurs à la saison précédent, et de plus de 150'000 francs inférieurs aux prévisions budgétaires., malgré un apport imprévu de Pro Helvetia, ne compensant cependant pas le non apport de la Loterie Romande. Le soutien de la Fondation Safra n'a pas été renouvelé (51), non plus que celui de la Fondation Wilsdorf (52). Par ailleurs, plusieurs entreprises, organismes et fondations ont accordé au GTG des " partenariats de projet " destinés à faire découvrir le GTG à de nouveaux publics, notamment les jeunes, et à renforcer les actions de popularisation et de présentation des spectacles (comme les CD " une heure avant ").

Les recettes propres du GT (en tenant compte des apports extérieurs privés) couvrent un peu moins de la moitié de ses ressources totales (39,075 mios), et un peu moins du tiers de ses besoins de financement (qui intègrent la masse salariale du personnel municipal affecté au GTG) (53). Quant aux subventions publiques, celles reçues directement de la Ville (y compris les prestations en nature, la garantie de déficit et la subvention pour musiciens et orchestres hors OSR) étaient toujours en 2007/2008, avec près de 20 millions de francs, plus de treize fois plus importantes que celles reçues de toutes les autres collectivités publiques genevoises ensemble. En 2007/2008, le GT n'a plus reçu d'autre soutien d'une collectivité publique que celui, fort chiche (50'000 FS) du Département de l'Instruction Publique au titre d'un " mécénat pédagogique " plus proche de l'aumône que du mécénat, et celui du fonds d'équipement communal (1,5 million), auquel la Ville contribue elle-même pour un tiers.

Les plus gros écarts entre le budget et les comptes 2007-2008 sont les suivants :

Recettes
- Les recettes des tournées du Ballet ont été supérieures de 357'000 francs au budget ;
- La publicité dans les programmes a rapporté 120'000 francs de plus que prévu ;
- La location et la vente de costumes et décors a rapporté 140'000 francs de plus que prévu ;
- L'exploitation des bars, buvette et restaurant, exploitation reprise directement par le GTG pendant la saison précédente, a rapporté 234'000 de plus que prévu ;
- Les " charges refacturées " (" services rendus à des tiers "), nouvelle ligne des comptes, non prévue au budget, équivalent à des recettes de 300'000 francs ;
- Le sponsoring rapporte 112'000 francs de moins que prévu, et le mécénat 30'000 francs de moins que prévu..

Dépenses
- Les frais généraux d'exploitation dépassent de près de 900'000 francs, soit de 5,57 %, les prévisions budgétaires. La masse salariale du personnel d'exploitation dépasse de 9,85 % les prévisions, du fait surtout des personnels et services supplémentaires d'administration (40,3 % de plus que prévu) et de plateau (28,57 % de plus que prévu). Les charges sociales suivent : elles dépassent de 8 % de le budget, et augmentent de 6,66 % par rapport aux comptes de la saison précédente. Ces dépassements sont directement liés à la crise traversée par le GTG, et au retard apporté à la mise en place des réformes décidées : il a notamment fallu remplacer deux comptables et engager une collaboratrice dans l'attente de la municipalisation des postes et engager du personnel temporaire pour suppléer à la disparition du secrétariat général. crise. En outre, le nombre d'absences pour maladie a considérablement augmenté. Enfin, l'égalisation des conditions salariales entre le personnel municipal et le personnel de fondation a accru la masse salariale.
- Les " autres frais généraux d'exploitation " ont dépassé le budget de près de 225'000 francs, soit 11,7 %, du fait du dépassement de 244'000 francs du poste des " frais divers d'exploitation ", dépassement que ne compensent pas les économies faites sur d'autres postes.
- Les dépenses pour l'informatique ont littéralement explosé (+ 181,53 % par rapport au budget, et 50,94 % par rapport aux comptes de la saison précédente), du fait notamment de l'achat de matériels pour les nouveaux postes administratifs, et du coût de l'entretien du site internet.
- Les dépenses de production ont dépassé le budget de près de plus d'un million de francs, mais ce surplus de charge, dû notamment à des tournées du Ballet plus importantes que prévues, a été partiellement compensé par des recettes supplémentaires obtenues par ces tournées.
- Les dépenses pour le personnel artistique et pour les chœurs, les figurants et les danseurs surnuméraires ont été inférieures de plus d'un million au budget. Ces économies sur les dépenses artistiques, alors que les dépenses de fonctionnement se révélaient plus importantes que budgétées, et que les tournées du Ballet permettaient d'engranger des recettes supplémentaires (pour 300'000 francs), dégradent le rapport entre le coût de fonctionnement de l'institution et le coût de sa programmation (autrement dit : entre les dépenses d'exploitation et les dépenses de production).

Au final, l'exercice budgétaire 2007-8 se solde par un équilibre entre les dépenses et les recettes, grâce à la " garantie de déficit " accordée par la Ville.

Quant à l'exercice budgétaire 2008-2009, dont les comptes ne sont pas encore définitifs et n'ont pas encore été vérifiés, il devrait se solder par un équilibre (à 36,930 millions), à nouveau grâce à une " garantie de déficit " (autrement dit : une subvention supplémentaire) d'un million, accordée par la Ville.
- Les frais généraux d'exploitation devraient dépasser le budget de plus d'un million de francs, un dépassement dû en grande partie à l'augmentation de la masse salariale (salaires personnel d'exploitation, chœur, ballet, charges sociales), ainsi que du poste " informatique " ;
- les frais généraux d'administration devraient être inférieurs de près de 225'000 francs au budget, mais légèrement supérieurs aux comptes de la saison précédente ; les économies faites par rapport au budget l'ont essentiellement été aux postes " salaires personnel administratif " (moins 120'000 francs) et " téléphones, fax et natels " (moins 90'000 francs) ; en revanche, un " forfait nouvelle direction " est apparu au budget (et aux comptes, où il est de 80'000 supérieur au budget) : il correspond à la prise en charge sur le budget de la fondation d'indemnités auparavant prises en charges par la Ville et/ou des mécènes privés.
- les frais directs de production (autrement dit les dépenses pour les spectacles) devraient en revanche être inférieurs de près de 665'000 francs au budget. A l'exception des frais pour musiciens, danseurs et mimes supplémentaires, qui dépassent ensemble le budget de 344'000 francs) toutes les dépenses pour le personnel artistique (y compris celles pour les chœurs auxiliaires et la figuration) sont inférieures aux prévisions. De même, toutes les dépenses de production, à l'exception du poste " perruques et maquillage ", sont inférieures aux prévisions. Le seul dépassement important est celui des dépenses liées aux tournées du ballet (+ 240'000 francs), ces dépenses restant cependant couvertes par les recettes de ces mêmes tournées.
- les recettes d'exploitation devraient être conformes au budget (à 36'000 francs supplémentaires près), mais inférieures de près de 1,9 million aux comptes de la saison précédente ; les recettes brutes des spectacles sont grosso modo conformes au budget (à un manco de 45'000 près, mais sur plus de 11,1 millions prévus) ; il en va de même des recettes des tournées du ballet. En revanche, les recettes tirées de la location ou la vente de décors et costumes, d'une part, et des bars, buvettes et restaurants d'autre part, sont largement inférieures aux prévisions (de 100'000 francs sur 150'000 prévus, pour les premières, et de 195'000 francs sur 800'000 prévus, pour les secondes)
- les apports extérieurs devraient être conformes du budget (à 85'000 francs près, en moins) et presque identiques à ceux de la saison précédente.. Les sponsors ont cependant rapporté 276'000 francs de moins que les 850'000 francs prévus.

La subvention " normale " d'exploitation accordée par la Ville est légèrement inférieure à celle budgétée, et à celle de la saison précédente, du fait de la municipalisation de plusieurs postes. Elle s'établit à 13,458 millions, à quoi s'ajoute une subvention supplémentaire de 152'000 francs destinée à couvrir l'octroi de primes au personnel de la fondation par alignement sur le personnel municipal, et une garantie de déficit d'un million. Le Fonds d'équipement communal a reconduit sa subvention de 1,5 million, et les prestations en nature de la Ville sont toujours évaluées à 3,076 millions.

Le budget 2009-2010
Le budget 2009-10 est celui d'une saison, la première de la direction Richter, comportant 57 représentations de 8 opéras, 13 représentations de 2 ballets, et 6 concerts et récitals, soit au total 76 représentations (63 à Neuve et 13 au BFM). Le budget affiche un déficit de 2,025 millions de francs, avec des dépenses de 38.104 millions. Conforme (à 8000 francs près) au plan quadriennal, ce déficit s'explique essentiellement par un surcroît de frais généraux d'exploitation (+ 850'000 francs par rapport au PFQ) et de frais directs de production (+ 1,279 million).
Les recettes des spectacles ont été évaluées sur la base d'un taux d'occupation financière de 81 % pour les spectacles lyriques (encore 1 % de trop…) et de 75 % pour les spectacles chorégraphiques.
Le prix moyen des places augmente de 5 %, mais la taxe d'inscription est remplacée par une taxe de réservation.
- Les salaires dépassent de 922'000 francs le budget de l'année précédente, du fait notamment de leur indexation à 2 %, et de la régularisation de temporaires ;
- Les recettes d'exploitation sont supérieures de 960'000 francs à celles budgétées la saison précédentes, et de 1,921 millions de francs à ce que prévoyait le PFQ.

L'évolution de la subvention
En 2003, la Fondation du GT avait clamé que sa situation financière s'était dégradée du fait, notamment, de la non-indexation de la subvention municipale à l'inflation. De fait, arithmétiquement, si l'on prend la saison 1990/91 comme base, et donc sur une période de quinze ans, au début de la saison 2005/2006 l'inflation générale avait atteint 32,8 % mais la subvention n'avait augmenté " que de " 6,2 %, si l'on ne tient compte ni des garanties de déficit (qui ne sont que des subventions " masquées " quand chacun sait que l'exercice se soldera par un déficit), ni de la subvention accordée par l'Association des communes genevoises, via le Fonds d'équipement communal. Si la subvention avait été totalement indexée, elle aurait du se monter pour 2005/2006, selon les calculs de la Fondation, à 13,952 millions, au lieu de 12,8 mios accordés (garantie de déficit comprise) L'écart entre le taux de l'inflation et l'augmentation (ou la stagnation, voire la diminution) de la subvention s'étant produit presque à chaque saison (sauf en 2000-2001, avec une inflation de 1,4 % et une augmentation de 9,1 % de la subvention, et en 2003-2004, avec une inflation se situant en gros à 1 % et une augmentation de la subvention de 6 %), la fondation en tirait la conclusion, économiquement aventureuse mais politiquement " parlante ", que la perte du pouvoir d'achat du GT en seize ans (1988-89 à 2003-2004) s'est montée, en additionnant les unes aux autres les pertes de chaque saison, à plus de 31 millions de francs. Arithmétiquement, ce raisonnement se tenait peut-être (54), mais à condition de ne prendre en compte que la subvention municipale au sens strict du terme, en omettant les garanties de déficit et l'apport de l'ACG, et en ne tenant pas compte du coût total du GT pour la Ville, salaires du personnel municipal, prestations en nature et autres coûts directs et indirects inclus. Car ces coûts, sur le budget de la Ville , suivent, voire dépassent l'inflation (pour ce qui est des salaires et des prestations sociales liées aux salaires) l'inflation. En d'autres termes, si le GT a effectivement reçu en valeur réelle une subvention amoindrie (55), il a coûté chaque année, toujours en valeur réelle, un peu plus à la Ville, et a reçu chaque année, en espèces en nature ou en prestations, un peu plus de la Ville…

Enfin, la transformation de la garantie de déficit accordée " pour sauver le Ballet " en subvention régulière (autrement dit : en une deuxième subvention), ajoutée à l'indexation de la subvention principale, et compte tenu du transfert de la charge salariale du personnel temporaire du budget de la Ville à celui du GT, aboutit à une augmentation globale de la subvention municipale d'environ 20 % entre 2005-2006 et 2006-2007.

La subvention de la Ville a augmenté de 700'000 FS entre les saisons 2002-3 et 2003-4, de 200'000 FS pour la saison suivante, et de plus de 100'000 FS pour la saison 2005-6. Il convient d'y ajouter, outre les récurrentes garanties de déficit accordées par le Conseil municipal, la subvention d'un million accordée dès 2000-2001, passant à 1,35 million en 2006-7, et 1,5 million dès 2007-8, par l'Association des communes genevoises, via le Fonds d'équipement communal et la Ville de Genève (le FEC ne pouvant subventionner une institution, la subvention est accordée à la commune, qui la reverse à l'institution).... Cette subvention aléatoire mise à part, la Ville (qui par ailleurs contribue elle-même au FEC) reste donc la seule collectivité publique à assumer la charge du GT (notons tout de même les 50'000 FS de " mécénat pédagogique " accordés par le DIP), quoique le Fonds culturel (commun à la Ville et au canton) ait accordé au GT une garantie de déficit d'un million FS pour les saisons 2002/2003 et 2003/2004.

Les augmentations demandées et obtenues par le GT de sa subvention annuelle (si on y ajoute les garanties de déficit) correspondent, à peu près, à des coûts ou des pertes que le GT ne peut lui-même maîtriser :
- augmentation des salaires et des charges sociales due à l'alignement du personnel du GT sur les conditions sociales du personnel de la Ville, alignement qui justifie une indexation partielle de la subvention municipale dès lors que des charges spécifiques au GT sont indexées sur des normes contractuelles municipales à la définition desquelles le GT ne prend pas part ;
- diminution de recettes due à la suppression de retransmissions TV et augmentation du tarif de location du BFM, lequel BFM était jusqu'en 2005 en mains privées (Artfluvial).

Il convient en outre de rappeler que les budgets du GT (et donc les demandes de subventions) présentés sous l'égide de l'antépénultième présidence (et des anciennes directions de Hugues Gall et Renée Auphan) étaient en partie illusoires, puisque l' " apport personnel " de l'ancien président permettait de compenser un manque de ressources d'au moins un million FS par année, d'où que ces ressources pussent provenir (subventions, mécénat, sponsoring, recettes des spectacles, recettes annexes…). Ce million manque toujours… et ce sont les garanties de déficit qui en tiennent lieu…Si le GT a obtenu 700'000 FS supplémentaires de la Ville pour 2003-4, puis 200'000 FS pour 2004-5, c'est d'au moins 1,7 million de FS qu'il avait besoin -les augmentations de la subvention de la ville couvrant une augmentation de charges fixes (ou réputées telles), et consistant donc, objectivement, en une indexation de la subvention. Le million qui manque a certes été " couvert " par les garanties de déficit accordées par le Fonds culturel, puis par la Ville, mais ces garanties ne sont pas une recette, et ne sont pas pérennes, même si on peut les considérer comme autant de subventions déguisées, puisqu'au moment même où elles sont accordées, la certitude d'un déficit est déjà telle que nul ne doute que la garantie sera effectivement versée. La garantie de déficit, d'un million également, accordée par la Ville pour la saison 2004/2005, et que le Conseil municipal a pérennisé sous forme d'une subvention supplémentaire, l'a en outre été à la condition du maintien du Ballet, ce qui, de facto, en fait une subvention spécifique, qui mériterait une ligne spécifique au sous-chapitre budgétaire concernant la danse, sur le budget du Département des arts et de la culture.

Récapitulation budgétaire 2004-2009 (budget de la fondation, en millions FS)
2005-6 2006-7 2007-8 2008-9 2009-10
Total des dépenses 31'537 31'243 38,232 36'623 38,104
subvention municipale* 11,817 14,088 13,873 13,220 13'348
garantie de déficit 1 1 2,5 1 ?
* non comprises la subvention d'exploitation pour le personnel temporaire, la subvention du fonds d'équipement communal, la subvention pour musiciens et orchestres supplémentaires, la subvention extraordinaire pour travaux et les subventions relatives à des prestations en nature

La fragilité du financement du GT est patente, comme sa dépendance à l'égard de la Ville de Genève. Cette fragilité était encore, jusqu'à récemment, accrue par la vision optimiste que le budget exprimait quant au taux d'occupation de la salle de Neuve : les recettes de billetterie projetées ont été longtemps basées sur l'hypothèse d'un taux d'occupation financier (places achetées) de 90 % des places disponibles pour les opéras et de 80 % pour les ballets. Or si ces taux peuvent être, sauf accident, assez facilement obtenus pour certains ouvrages (comme, lors de la saison 2006-7, Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg), ils ne le sont pas forcément pour d'autres (Lady Macbeth de Mzensk, Ariane à Naxos, Le Couronnement de Poppée) et certainement pas pour les ouvrages contemporains et les créations (J'étais dans ma maison). Ces taux prévus au budget n'étaient d'ailleurs pas atteints en moyenne annuelle. Il convenait donc de recommander à la Fondation de prévoir, pour ses budgets, des taux de remplissages moindres, de l'ordre de 80 % en moyenne pour les opéras et de 75 % en moyenne pour les ballets, avec des prévisions différenciées selon la nature des œuvres proposées. Le socialiste de service au Conseil de fondation a fait régulièrement cette proposition, qui a été non moins régulièrement refusée par le Conseil -jusqu'en juin 2006, où une jauge à 87 % a été adoptée pour les spectacles lyriques. C'était encore trop, mais au moins c'était déjà une avancée vers des budgets plus sincères, avancée qui s'est poursuivie : le budget 2009-10 est basé sur une hypothèse de remplissage financier de 81 % pour les spectacles lyriques et 75 % pour les spectacles chorégraphiques.

La Ville supporte globalement les deux tiers du coût total du GT, par la subvention qu'elle accorde à la Fondation, ou, indirectement, par la prise en charge des salaires du personnel municipal affecté au GT, la mise à disposition gratuites des bâtiments du GT etc… Par ses recettes d'exploitation, la Fondation couvre grosso modo les frais généraux d'exploitation (56) . Le " taux d'effort " du Grand Théâtre à l'égard de son financement global en représente donc grosso modo le tiers. Cette répartition entre le financement public (municipal) et l'autofinancement correspond à peu près au rapport entre la charge de l'institution en tant que telle et celle de son activité : la collectivité publique " se paie " un opéra (qui coûte de plus en plus cher), l'opéra " se paie " son programme (qui lui aussi coûte de plus en plus cher (57), ce qui impose au GTG de comprimer au maximum ses dépenses de programmation). Bref : la Ville ouvre une maison, la fondation la remplit. Grosso modo, les recettes d'exploitation tendent progressivement à couvrir les frais directs d'exploitation. En d'autres termes, la programmation du GT doit tendre à l'" autofinancement ", la subvention servant à maintenir l'institution en " état de marche ". La subvention publique est là pour assurer l'existence de l'institution (ses murs, ses équipements, son personnel, sa capacité de produire des spectacles) mais non sa programmation et son activité, lesquelles doivent être financées par l'institution elle-même, et pour la plus grande part possible autofinancées (le mécénat et le sponsoring assurant le reste).

L'auteur du présent rapport est d'avis que, non pour des raisons financières, mais pour des raisons politiques, une nouvelle augmentation de la subvention d'exploitation de la Ville au GT (sous réserve de la légitime indexation de ladite subvention à l'augmentation des charges sociales et salariales, de la couverture financière du passage des " temporaires Ville " à la Fondation et du coût des réformes exigées par la résolution de la crise de 2006), et une nouvelle garantie de déficit, devraient être refusée, pour les trois raisons suivantes :
- d'une part, il n'est plus acceptable que la Ville soit la seule collectivité publique à supporter la charge du financement régulier du GT -de quoi il découle que plutôt qu'une augmentation de la subvention municipale, il conviendrait de demander, et de donner les moyens d'obtenir, une subvention régulière du canton (ou d'une instance intercommunale disposant de fonds propres), de l'ordre de celle de la Ville (comme c'est le cas pour l'OSR). La subvention d'exploitation de la Ville devrait donc être déterminée en fonction des autres apports publics régulier, et être plafonnée à la hauteur de ces apports. Dans un premier temps, les socialistes devraient donc proposer la diminution de moitié de la subvention d'exploitation demandée par le GTG (et proposée par le Conseil administratif), mandat étant donné à la Fondation et au CA de trouver le financement compensatoire de cette diminution de subvention -laquelle ne devrait évidemment pas être compensée par une " garantie de déficit ", l'exercice se réduisant alors à une pure gesticulation : Il paraît évident que tant que le canton (et les autres communes) auront la quasi certitude que, quelle que soit la subvention demandée par le GT à la Ville celle-ci la lui accordera, sous une forme ou sous autre, et ne se risquera guère qu'à maugréer, canton et communes ne feront guère d'efforts financiers (ni politiques…) pour le GT.
- d'autre part, les ressources allouées par la ville au GT sont forcément des ressources que la ville n'allouera pas à d'autres formes de création ou de représentation culturelles. Le poids financier du GT sur le budget culturel de la ville est aussi un choix culturel -pour caricaturer : celui d'une forme de culture contre une autre, ou plus précisément celui d'un type d'acteur culturel (institutionnel) contre d'autres (non-institutionnels), et d'une fonction culturelle (la représentation) plutôt qu'une autre (l'expérimentation). Ce que la Ville économiserait par une réduction de la subvention d'exploitation accordée au GTG devrait donc, au moins en partie, être réaffecté au budget culturel, et à la culture " non institutionnelle " ;
- enfin, l'augmentation des dépenses du GTG n'est pas provoquée par un choix de politique culturelle (par exemple l'ouverture à un public nouveau, ou la programmation d'ouvrages nouveaux et coûteux, démarches qui ont effectivement été contenues dans la programmation de la direction Blanchard, et que la nouvelle direction a promis de poursuivre), mais pour l'essentiel par une augmentation de coûts fixes, liés aux salaires et aux charges sociales d'un personnel " non municipalisé " qu'il conviendrait, lorsqu'il s'agit de personnel stable, d'intégrer purement et simplement à la fonction publique municipale (et donc de " sortir " du budget de la Fondation). D'une manière générale, l'évolution des budgets du GT signale que l'institution coûte de plus en plus cher, et que pour pouvoir en assurer la pérennité, c'est sur sa programmation que risquent de se faire les économies et s'exercer les tentatives de maîtriser l'augmentation des coûts. Caricaturalement dit : pour payer l'administratif, on sera tenté (ou contraint) d'économiser sur l'artistique. Cette évolution est pernicieuse : une institution culturelle publique ne se justifie pas par sa seule existence : elle se justifie par sa programmation.

Cela étant, dans un contexte politique marqué par la montée d'un populisme droitier (il en est un de gauche aussi…) foncièrement hostile à l'investissement culturel, et normé par le fétichisme de l'équilibre budgétaire (conjugué à l'obsession de la baisse des impôts), le soutien matériel aux institutions culturelles et, à travers elles, au tissu (ou plutôt au réseau) culturel genevois, est un acte politique hautement significatif. Le " signal " que donnerait un refus par le PS de la subvention du GT nécessitera donc pour être compris, un travail important d'explication et de propositions alternatives. Le PS peut donc parfaitement défendre les positions précédemment suggérées, en faisant ce qui sera nécessaire pour y rallier d'autres forces politiques, puis, si ces propositions sont refusées, accepter tout de même un budget ne les reprenant pas; notre attitude serait alors à l'inverse (mais ni plus, ni moins cohérente) de celle de la droite, qui soutient toujours les demandes de subventions faites par le GTG pour refuser ensuite le budget qui les contient…

Le Grand Théâtre reste une institution essentiellement financée par des fonds publics, et municipaux : des deux subventions régulières qu'il reçoit (celle de la Ville et celle de l'ACG), la première (la plus grosse de toutes celles accordées par la Ville) représente neuf fois la seconde, et près de six fois la totalité des apports extérieurs. Les autres collectivités publiques (communes, canton, Confédération) brillent soit par leur absence, soit par la fugacité, la précarité, et en tous cas la modicité, de leur présence (58) . Cela étant, si le canton devait se substituer à l'ACG et accorder au GT une subvention régulière, la logique voudrait qu'il obtienne un siège au sein du Conseil de Fondation, à la première condition que cette subvention, devenue régulière, devienne aussi " normale ", c'est-à-dire soit prise sur le budget du canton, et non sur un fonds comme le fonds d'équipement -et à la seconde condition que cette subvention atteigne au moins le niveau de celle actuelle de l'ACG, et si possible le niveau de la subvention municipale. Pour cela, il importe non seulement de renforcer la pression exercée sur le canton pour qu'il prenne sa part du financement d'une institution culturelle cantonale majeure, mais également de donner à cette pression un maximum de chances d'aboutir ; or il est évident que ces chances sont à peu près nulles lorsque l'on se présente devant les autorités cantonales en sollicitant une subvention tout en ayant assuré à la Fondation (et aux partis politiques municipaux) que si le canton n'accordait pas la subvention demandée, la Ville se ferait un devoir d'y suppléer. Pourquoi diable le canton se chargerait-il, à la demande de la Ville, d'un financement que la Ville elle-même a préalablement garanti ?

Le Conseil de fondation du GT avait déjà présenté son budget 2001/2002 en insistant sur la précarité de la stabilité financière de l'institution, et en plaidant pour " un financement plus stable et (des) garanties sur le moyen terme, faute de quoi l'institution ne sera pas à l'abri de dysfonctionnements graves qui pourraient être de nature à remettre en cause son existence même sous sa forme actuelle. (…) Nous appelons non seulement notre Autorité subventionnante, mais aussi les collectivités publiques, cantonales et communales, à se déterminer sur notre avenir ". Une année plus tard, en conclusion des comptes de la saison 2001/2002, le Conseil de Fondation avait réitéré cet appel : " Le mécénat et le sponsoring marquent le pas, et la situation économique ne nous laisse malheureusement pas espérer une augmentation significative des apports extérieurs dans les années à venir. C'est donc vers les pouvoirs publics que nous nous tournons afin de rechercher ensemble les mécanismes qui pourront assurer notre financement dans la durée. ". Or jusqu'à présent, rien n'a changé dans le financement du GT : l'opéra régional (transcantonal et transnational) est toujours, financièrement, un opéra municipal. Pourtant, dans une lettre adressée à la Fondation du GT par le " Fonds culturel de Genève ", c'est-à-dire conjointement par la Ville (Alain Vaissade) et le canton (Martine Brunschwig-Graf), annonçant une garantie de déficit d'un million par saison pour 2002-3 et 2003-4, les deux magistrats se disaient déjà " conscients de la nécessité qui se présente, pour les collectivités publiques, de revoir dans un proche avenir la structure du financement de l'opéra ". Leurs successeurs n'ont pas tenu un autre discours -mais la situation n'a pas changé pour autant…


NOTES
(34) Tous les chiffres qui suivent sont basés, sauf indication autre, sur le budget 2008 de la Ville

(35) En revanche, elles ne représentent que 0,7 % du budget cantonal…

(36) Si l'on tient compte de " prestation s en nature " évaluées parfois a minima, comme le montant théorique du loyer que devrait payer le GTG s'il ne bénéficiait pas d'une mise à disposition gratuite du bâtiment de Neuve

(37) En 2007, l'addition de la subvention d'exploitation et de la masse salariale du personnel municipal affecté au GTG pesait à elle seule 3,16 de l'ensemble du budget de la Ville.

(38) Le Ballet du Grand Théâtre n'est pas inclus dans le domaine de la danse, puisqu'il n'a pas d'existence propre et qu'il est financé sur le budget du GTG.

(39) Exposé des motifs de la PR-578, proposition du Conseil administratif de subvention extraordinaire pour la saison 2007-8 du GTG

(40) Une partie de cette augmentation est constituée par des transferts comptables, ou la reprise sous contrat fondation d'un personnel antérieurement sous contrat municipal. Si l'on tient compte en outre de l'inflation (+ 7,1 % pendant la période considérée), la progression des frais généraux d'exploitation reste de 13,4 %.

(41) Lors de la saison 2006-2007, des travaux ont été réalisés et payés par la Ville, en sus du budget du GTG, dans les ateliers Michel-Simon (structures métalliques de stockage, mezzanine, éclairage, ventilation, palans de sécurité) et Sainte-Clotilde (étanchéité, ventilation), et dans le bâtiment de Neuve (ponts de scène, plateau dorsal, machinerie supérieure, ponts d'orchestre, matériel de sécurité, façades, chauffage, WC, aménagements de nouveaux bureaux, ventilation). Plusieurs de ces travaux correspondent à des recommandations des auditeurs de Créalyse et Sherwood. en matière de sécurité.

(42) Le Conseil administratif a ainsi proposé le 17 novembre 2004, et obtenu en mai 2005, un crédit de plus de six millions pour la rénovation des ponts de scène du GTG -aux frais de la Ville.

(43) En revanche, le GTG paye ses frais de téléphone et d'informatique à la Ville, pour 100'000 à 150'000 francs/an.

(44) Grosso modo, les recettes propres du GTG (recettes des spectacles, mécénat, sponsoring, coproductions, locations etc…) équivalent aux frais directs de production : selon que l'on ne tient compte que des recettes des spectacles ou qu'on y ajoute les autres recettes d'exploitation et les apports extérieurs privés, les frais directs de production sont couverts à plus de 90 % ou à plus de 100 % (2006-7 : 91,8 % et 121,9 %, 2007-8 : 96,3 % et 110,2 %, 2008-9 : 96,2 % et 112,6 %, selon les budgets). Entre 70 % (en 2006-7) et 84 % (en 2008-9) des revenus directs des spectacles sont consacrés à la couverture des coûts directs des spectacles.

(45) Cette subvention est passée de 10.314 millions pour la saison 1988/1989 à 12,7 mios pour la saison 2003/2004, soit sur seize saisons une progression de 21,8 %. La Fondation ne s'en plaignait pas moins de ce que la subvention n'ait pas suivi, pendant la même période, la progression de l'inflation (32 %), en évaluant à 31,3 millions la " diminution effective du pouvoir d'achat " du GTG en seize ans, soit la différence entre la subvention réellement obtenue, sans compter l'apport de l'Association des communes genevoises. et le niveau qu'aurait atteint une subvention intégralement indexée sur l'inflation. La Fondation oublie toutefois de préciser que la subvention proprement dite représente moins de la moitié du coût réel du GTG pour la Ville, et que les ressources consacrées par la Ville à celui-ci (subvention + prise en charge budgétaire directe) ont, globalement, augmenté plus considérablement que ce que l'évolution de la seule subvention laisserait supposer.

(46) Sur le budget global 2009-10, le GTG finance 30,2 % de ses dépenses par ses recettes propres. Même si l'on ne tient compte que du budget de la Fondation, le financement public (y compris les apports en nature de la Ville, mais sans la masse salariale et les charges sociales du personnel affecté au GTG) assure la majeure partie des recettes totales de la Fondation (les recettes d'exploitation et les apports extérieurs trouvés par la Fondation représentaient sur le budget 2009-10 17'451'193 francs, sur un total des recettes de 37'982'273 francs.

(47) La seule mise à disposition gratuite du bâtiment de Neuve constituait en 2002 une subvention de prestation en nature équivalant au moins à 1,656 millions de FS (sur la base d'une valeur locative annuelle de 150 FS le m2, ce qui paraît largement sous-estimé). A cela s'ajoutaient les frais de consommation d'eau, d'électricité et de combustibles pour le chauffage, supportés par la Ville, soit une nouvelle subvention de prestations en nature de 261'000 FS . La Ville met en outre, toujours gratuitement, à disposition du GT des bâtiments et des locaux pour les ateliers, les répétitions, les stocks et les dépôts, et prend en charge les frais de consommation d'eau, d'électricité et de combustible, pour l'équivalent (en 2002) de plus de 1,2 million de FS (318'000 FS pour le 6-8 rue Ste-Clotilde, 801'450 FS pour le 7-9 rue Michel Simon, 117'000 FS pour les charges). La Ville ajoute encore à cela la mise gratuite à disposition du GT de véhicules pour le transport des décors, des costumes et du matériel. Enfin, la Ville assure l'entretien du bâtiment du Grand Théâtre, ce qui, entre 1980 et 1990, lui a coûté environ 15 millions de FS (soit 1,5 million par année) , et l'entretien, voire la rénovation, des équipements et des machineries (ainsi du crédit de près de 6,5 millions de francs pour la rénovation des ponts de scène, accepté en 2005).

(48) Le Conseil de fondation reçoit régulièrement (quoique cette régularité ait été mise à mal dans les derniers mois de la crise de 2006-2007) un état financier, arrêté au dernier spectacle dont les comptes ont été établis. Au 31 mars 2007, la situation financière laissait apparaître un excédent de charges de 571'000 francs par rapport au budget, excédent dû essentiellement à l'engagement d'un personnel supplémentaire de plateau, aux archives et au Ballet.

(49) Les comptes étaient vérifiés depuis 1990 par la société Price Waterhouse Coopers , mais une directive cantonale interne au DIP suggérant désormais de changer de vérificateurs des comptes tous les cinq ans, ce mandat a été mis au concours par appel d'offres et attribué à une autre société, la fiduciaire Duchosal.

(50) On en prend peut-être le chemin, puisqu'au budget 2008-9, le taux de remplissage financier a été fixé à 83 % pour les spectacles lyriques (on pourrait donc le baisser encore de trois points). Il est cependant resté à 80 % pour les spectacles chorégraphiques, et devrait donc être baissé de cinq points pour se situer à un niveau aisément atteignable.

(51) Explication de son vice-président, Marc Bonnant : " nous redistribuerons notre manne ailleurs si le Grand Théâtre devait devenir la cour de récréation du Conseil administratif à l'arène de la furia syndicale. Si l'art doit être souillé par le politique ou le syndical, nous nous retirerons ". L'art ayant été " souillé " par " le politique et le syndical ", l'Opéra par les gueux et les serviettes par les torchons, la Fondation Safra n'a pas renouvelé son soutien.

(52) La Fondation Wilsdorf a fait savoir en 2006 qu'elle se réservait la possibilité de revoir à la baisse, voire de supprimer, son soutien financier au GTG si la crise interne à l'institution devait perdurer. Elle a ensuite annoncé, à la fin de la crise (le 12 septembre 2007), qu'elle renonçait à poursuivre ce soutien. Un début de commencement de tentative de polémique a égayé la fin de l'année 2007, d'aucuns ayant trouvé judicieux d'imputer à l'auteur du présent rapport, puis au Conseiller administratif Mugny, la responsabilité du retrait de la Fondation Wilsdorf du financement du Grand Théâtre, le premier pour avoir déclaré et écrit (sur son blog) que contrairement aux rats quittant un navire avant le naufrage, la Fondation Wilsdorf le quittait après que le naufrage ait été évité. Dans une lettre du 7 décembre à Lorella Bertani, la Fondation Wilsdorf a tenu à préciser qu'elle n'avait " jamais déclaré " qu'elle se retirait " suite aux propos tenus par Monsieur Pascal Holenweg, ceux-ci, prononcés après, n'ayant fait que (conforter la fondation dans sa décision) en raison de leur caractère méprisant et parce que (le) Conseil de fondation ne s'en est pas désolidarisé*. Les déclarations de Monsieur Patrice Mugny sont donc infondées, voire mensongères ". La Fondation Wilsdorf précise en outre qu'elle a pris sa décision " en toute indépendance, c'est-à-dire hors e toute considération liée à (l') entourage politique (de la présidente de la Fondation du GTG) ou celui de Monsieur Manuel Tornare " (c'est-à-dire en raison du fait qu'ils sont socialistes) et qu'elle a " toute confiance " en l'action de la présidente de la Fondation du GTG pour " redonner au Grand Théâtre de Genève le lustre qui lui convient "… Au moment de rendre son mandat de Directeur Général, Jean-Marie Blanchard a ressorti du placard l'hypothèse d'un retrait de la Fondation Wilsdorf pour " marquer son désaccord quant à la manière dont a été gérée la crise " (Tribune de Genève du 28 juin). Eh bien non : la Fondation avant annoncé une année avant le début de la crise qu'elle allait se retirer du financement du GTG…
* Le Bureau du Conseil a toutefois exprimé son " vif mécontentement " à la suite des propos du mouton noir, et lui a " enjoint formellement (…) à ne plus interpréter publiquement les décisions des mécènes "… Encore faudrait-il que d'autres ne se chargent pas de les sur-interpréter en les travestissant (et, au passage, en les présentant comme des conséquences de déclarations ou d'événements survenus une année après qu'elles aient été prises, ce qui nécessiterait, pour comprendre le déroulement des événements, que l'on recourût à la physique quantique.
Quant au mouton noir, il a bêlé à qui de droit le rectificatif suivant :

" A en croire quelques gazettes locales (notamment la Tribune de Genève d'hier 27 novembre), et quelques échos du Conseil municipal de la Ville, (…) le Conseiller administratif Patrice Mugny aurait, en réponse à une conférence de presse du Parti Socialiste, imputé au soussigné la responsabilité du retrait de la fondation Wilsdorf du financement du Grand Théâtre. Dans une déclaration faite au quotidien Le Temps du 18 septembre dernier, soit APRES l'annonce de ce retrait, le soussigné, membre du Conseil de fondation du Grand Théâtre au titre de représentant du Conseil municipal, relevait effectivement que contrairement aux rats qui, si l'on en croit l'adage populaire, " quittent le navire " avant le naufrage, la fondation Wilsdorf, en annonçant son retrait du subventionnement du Grand Théâtre, quittait le navire au moment où la Ville et la fondation du GTG en entamaient le renflouage (1).
Relevant la dissemblance du comportement de la fondation Wilsdorf et de celui des rats, cette comparaison n'était donc pas une identification de la fondation Wilsdorf à la gent ratière; à en croire quelques bruits erratiquement parvenus aux oreilles du soussigné, et apparemment repris par le Conseiller administratif en charge de la culture, elle n'en aurait pas moins indigné ladite fondation -qui, il est vrai, n'en ressort pas à son avantage, les spécialistes de la question (2) étant unanimes à décrire le rat comme un animal sociable, affectueux et intelligent -ce dont précisément témoigne sa capacité à quitter, intelligemment, un navire AVANT le naufrage, et non, stupidement, après que le naufrage ait été évité.
Le représentant du PS au sein du Conseil de fondation du Grand Théâtre tient donc, avec toute la sincérité que mérite une polémique aussi fondamentale, à s'excuser publiquement auprès des amis des rats et des rats eux-mêmes d'avoir usé d'une comparaison dont il comprend parfaitement qu'elle aurait pu les blesser.
Le représentant du PS au Conseil de fondation du Grand Théâtre en profite pour tenter de remettre quelques Rolex à l'heure :
1. Ma déclaration au Temps a été publiée le 18 septembre, une semaine après que la Fondation Wilsorf ait confirmé (et non pas annoncé, puisque le Conseil de fondation et au moins deux Conseillers administratifs, dont l'actuel Maire, en avait été prévenus depuis plus de deux ans) qu'elle cessait de subventionner le GTG. Pour que l'exercice de zoologie comparée auquel je me suis livré ait pu avoir quelque effet sur une décision antérieure de la fondation Wilsdorf, il aurait fallu que je bénéficie d'un don d'ubiquité temporelle dont je suis hélas dépourvu -mais que je suis flatté que le Maire de Genève m'attribue.
2. Dans le même article du Temps que celui qui rend compte de ma déclaration, d'autres membres du Conseil de fondation (mais, ceux-là, sous prudent couvert d'anonymat) s'en sont pris à l'exécutif de l'ancien Conseil de fondation, accusé (à tort) de n'avoir pas informé le Conseil de la décision de Wilsdorf, décision connue en effet du Bureau du Conseil de fondation, mais communiquée au Conseil depuis des mois, ce que confirment les procès-verbaux des séances dudit Conseil.
3. Le Conseiller administratif Pierre Muller avait rendu compte au Conseil de fondation du Grand Théâtre, le 15 mars 2005 déjà (il y a donc plus de deux ans et demi) de l'intention de la fondation Wilsdorf de se retirer de ses engagements dans le domaine culturel en général, et à l'égard du Grand Théâtre en particulier. Le Conseiller administratif Patrice Mugny était présent à cette séance, et y avait estimé important de se préparer à l'éventualité d'un arrêt du soutien de la fondation Wilsdorf. L'actuel Conseiller administratif Pierre Maudet, alors Conseiller municipal, était également présent lors de cette séance du Conseil de fondation, et y avait abondé (comme d'autres, dont le soussigné) dans le sens de Patrice Mugny. Deux membres de l'actuel Conseil municipal participaient également à cette séance du Conseil de fondation, et avaient donc, comme MM Maudet et Mugny, été informés il y a deux ans et demi de l'intention de la fondation Wilsdorf de cesser de financer le GTG. Qui en douterait n'aura qu'à se reporter au procès-verbal (PV 419) de la séance en question.
4. Lors de la séance du 21 novembre 2006 (il y a donc plus d'un an) du Conseil de fondation, le président du Conseil, Bruno de Preux, annonçait que la fondation Wilsdorf confirmait que si la crise (" le désordre ") devait " perdurer ", la fondation " se réserverait la possibilité de revoir son soutien financier au GTG " (PV 436 du Conseil de fondation). A cette séance aussi, les deux Conseillers administratifs (MM Mugny et Muller) étaient présents, ainsi que trois Conseillers municipaux . M. Mugny a invité les représentants politiques au sein du Conseil de fondation, et tout particulièrement la représentante du Parti du Travail et le représentant de SolidaritéS-indépendants, à " informer leurs partis ". Apparemment, il était inutile de lancer cette invitation au représentant du PS - à qui l'on faisait plutôt grief de trop bien informer son parti que de ne pas assez l'informer.
On peut donc reprocher beaucoup de choses à la fondation Wilsdorf, y compris de quitter le navire au moment où commence son renflouage, mais en tous cas pas d'avoir pris le Grand Théâtre au dépourvu, pas plus qu'on ne peut me reprocher à moi d'avoir provoqué son retrait, ou d'empêcher son retour. Tant le Conseil administratif que le Conseil de fondation savaient parfaitement, depuis deux ans et demi, que la fondation Wilsdorf avait l'intention de cesser de subventionner le GTG, que cette intention s'était renforcée à la faveur de la crise traversée par le GTG, et donc que la subvention de la fondation Wilsdorf était condamnée. Et si je puis me sentir flatté d'être accusé d'avoir, par une déclaration faite en septembre 2007, provoqué une décision annoncée en mars 2005, je ne puis que m'interroger sur la rationalité de cette hypothèse, sauf à remettre en cause quelques fondements einsteiniens de la science contemporaine et à faire reposer l'enchaînement des événements dans le champ de la politique culturelle genevoise sur la physique quantique (ou la science-fiction anglaise du début du XXe siècle).
Pascal Holenweg "

(1) Dans une lettre parfaitement mesquine sur le fond et dans la forme, la fondation Wilsdorf a annoncé le 12 septembre à la fondation du Grand Théâtre que " tenant compte des audits de Sherwood et Créalyse comme de l'avis exprimé par Maître David Lachat quant aux mesures à prendre pour mettre un terme à la crise du Grand Théâtre ", elle avait " décidé de ne pas prolonger " son soutien au GTG " en dépit de l'excellente qualité de (sa) programmation artistique ", et qu'elle estimait que c'était aux " Autorités " et à la fondation d' " assumer le destin " du GTG.
On rappellera donc, et pas seulement à la fondation Wilsdorf, que " les autorités " et la fondation assument déjà le destin du GTG, que le soutien de la fondation Wilsdorf équivalait, en gros, à un quarantième de celui de la Ville et à un quinzième de l'autofinancement du GTG par sa programmation. Et que dans ces conditions, si un seul sponsor peut certes manquer au GTG, le GTG n'en sera pas dépeuplé pour autant...
On ne peut enfin s'empêcher de penser que le retrait de la fondation Wilsdorf, au-delà des prétextes avancés (puisque les recommandations des audits seront suivies, et assumées financièrement pour l'essentiel par la Ville), pourrait bien ne relever que d'une piètre vengeance sociale : la crise du Grand Théâtre ayant abouti à un changement à la tête du Conseil de fondation, à la reconnaissance du personnel et des syndicats comme partenaires de plein droit, et à la confusion de ceux qui refusaient cette reconnaissance, on comprendra que pour ceux-là (dont la fondation Wilsdorf, qui était représentée dans l'ancien Conseil de fondation du GTG), la solution du conflit s'apparente un peu trop à l'entrée de la plèbe dans le château pour pouvoir être digérée sans douleur.
(2) On se reportera avec avantage aux sites Internet www.ratoupedia.org et www.srfa.info, et au forum de l'Association des Rats Romands www.arrweb.ch

(53) Ces recettes propres ont augmenté de 72,2 % entre les saisons 1988/1989 et 2003/2004, période pendant laquelle leur augmentation a été plus forte que celle des dépenses d'exploitation (50,6 %).

(54) Finalement, la décision a été prise par la Ville d'indexer la subvention principale accordée au GT.

(55) Et encore cela même est contestable, puisqu'en dix ans (1996-2006), la seule subvention régulière de la Ville au GTG a augmenté de près de 50 % (de 10,6 mio à 15,5 millions) alors que l'ensemble des subventions de la Ville et du canton n'augmentait, dans le même temps, que de 35 %

(56) Sur le budget 2007-8, les recettes d'exploitation sont estimées à 14'831 millions, les frais généraux d'exploitation à 15'580 millions. Les premières sont certes surestimées, puisque basées sur des hypothèses d'occupation financière de la salle délibérément optimistes, mais il s'y ajoutent des apports extérieurs privés dont le GTG assume lui-même la recherche.

(57) Les frais directs de production, qui de la saison 1991-2 à la saison 1997-8, se situaient autour de la barre des dix millions FS/an, ont brutalement pris l'ascenseur dès la saison 1998-99, pour dépasser les 14 millions en 1999-00. Ils sont ensuite légèrement retombé (à plus de 12 millions) la saison suivante, mais ont à nouveau grimpé dès 2001-2, pour dépasser à nouveau les 14 millions en 2003-4…

(58) Vieille histoire, comme le rappelle Serge Arnauld (in Miroirs) : " on eut l'ambition d'associer les communes genevoises à la Ville, dès 1925, afin de disposer de moyens financiers complémentaires. Quelques années après l'ouverture du nouveau théâtre -notre Grand Théâtre-, le conseil municipal avait sollicité l'Etat de manière à ce qu'il contribuât pour un huitième de la subvention annuelle s'élevant au total à deux cent mille francs. Peine perdue, dans un cas comme dans l'autre ! On arguait déjà, d'un côté, que le public débordait largement de celui qui demeurait inscrit en Ville de Genève. On rétorquait, de l'autre côté, que le déficit inopportun du Théâtre n'autorisait pas une entrée en matière ".