jeudi 7 juin 2012

Rénovation et agrandissement du Musée d'Art et d'Histoire : Et MAH, et MAH, et MAH...


Il y a un mois, un mardi soir, à minuit moins une, le Conseil Municipal de la Ville de Genève a voté une rallonge de près de trois millions de francs au crédit d'étude de la rénovation et de l'agrandissement du bâtiment historique du Musée d'Art et d'Histoire. Un crédit d'étude de quel projet ? Le projet déposé par l'Atelier jean Nouvel (et ses associés genevois), qui avait déjà fait l'objet d'un précédent crédit d'étude. Mais également, quoique sans le dire, et par la bande, comme incidemment, et en tout cas furtivement, une partie du projet « alternatif » défendu ( www.patrimoinegeneve.ch/index.php?id=1928) par les deux associations de protection du patrimoine qui contestent le projet « Nouvel » : Patrimoine Suisse et Action Patrimoine Vivant...

La Florence des Medicis, le Paris de Mitterrand, la Genève des nuques raides


Le Conseil Municipal de la Ville semble avoir enfin compris que l'enjeu de la rénovation et de l'extension du Musée d'Art et d'Histoire ne se réduisait pas au destin d'un seul projet (le projet Nouvel) mais était cette rénovation et cette extension elles-mêmes, sur la nécessité desquelles il n'y a aucun doute, aucune opposition. Parce que Genève mérite mieux qu'un musée qui tombe sur la tête de ses visiteurs, un musée qui ne peut exposer ses propres collections faute de place, un musée qui ne peut présenter qu'une muséographie convenue. Du coup, même le crédit additionnel d'étude proposé par l'Exécutif municipal n'était pas réellement contesté (ou ne l'était que pour la forme). Ce qui était contesté, et contestable, c'était, et reste, la limitation de l'étude au seul projet Nouvel.


Le problème de la Ville de Genève, de son Exécutif, de son Conseil Municipal, ce n'est pas encore de se prononcer définitivement sur le projet Nouvel, mais de commencer à constituer un rapport de forces politique pour faire accepter par le Peuple Souverain la dépense nécessaire au financement de la rénovation et de l'extension de son principal musée (qu'à cette dépense publique s'ajoute ou non un apport privé importe certes financièrement, mais assez peu politiquement : toute dépense publique pour un projet culturel est combattue par référendum, qu'elle soit de deux, de dix, de cinquante ou de cent millions de francs). Si au refus pavlovien de toute dépense s'ajoutent les refus du contenu d'un projet, de sa localisation, de son apparence, de son impact sur le patrimoine, ou pire de la nationalité de son auteur ou de la couleur politique de ses soutiens, cette dépense et ce projet sont, devant le peuple, condamnés.


Nous ne sommes pas, à Genève en 2012, dans la Florence des Médicis ou le Paris de Mitterrand. Nous ne sommes pas dans la situation de ces villes et de ces Républiques où le choix d'un Prince ou d'un mécène, s'impose. Nous sommes dans une vieille république de nuques raides et de porte-monnaies verrouillés, où rien ne se se fait, aucun projet culturel, aucun geste architectural, sans l'accord populaire. Il avait suffit d'un seul parti (pas même représenté au Conseil municipal), d'une association de quartier et d'un groupe d'amis des arbres pour réunir un tiers des suffrages contre le nouveau musée d'ethnographie. or nous en sommes déjà, contre le projet Nouvel, à trois partis politiques et deux associations de défense du patrimoine le combattant et prêts à lancer un référendum contre lui. Vouloir tenter de le faire passer en force, n'étudier que lui, n'imaginer que lui, ne proposer que lui, ce n'est même plus le condamner lui, c'est condamner pour longtemps ce qu'il est supposé permettre : la rénovation et l'extension du principal musée genevois. Ce n'est pas un discours artistique, architectural, culturel que nous tenons là ? Ce n'est que de la politique ? Sans doute... mais dans une démocratie, les choix culturels passent par des choix populaires.


Le Conseil municipal a entrouvert, très prudemment, un soupirail, mardi soir, pour l'étude d'alternatives au projet Nouvel : c'est un tout petit premier pas fait pour s'éloigner de la menace d'un refus de faire, pour reprendre les termes mêmes de la lettre d'information du MAH, « entrer pleinement (le musée) dans le 21e siècle »... Parce que pour l'y faire entrer, il faudra bien demander la clef à ceux qui la détiennent, et qui ne sont ni les architectes, ni les experts, ni les conseillers municipaux, mais les citoyennes et les citoyens.



dimanche 22 avril 2012


Politique culturelle genevoise et projet de loi cantonale : Quand deux légitimités se confrontent

Tentant d'expliquer pourquoi la fonction de Conseiller d'Etat n'est plus ce qu'elle était, le président du Conseil d'Etat genevois, Pierre-François Unger observait dans « Le Temps »  que « nombre de décisions sont transférées à Berne sans que les moyens de les appliquer nous soient toujours octroyés. Ceux qui décident ne paient plus, et réciproquement ». Il avait raison, Unger. Mais ce qu'il décrivait, c'est exactement ce que de mauvais esprits accusent le Conseil d'Etat genevois de tenter avec son projet de loi sur la culture : s'arroger le pouvoir de décider en faisant supporter à d'autres le coût de ces décisions... Car à Genève, dans le champ de la politique culturelle, deux légitimités se confrontent : celle de la loi et celle du terrain. La légitimité de la loi, c'est celle du canton. La légitimité du terrain, c'est celle de la Ville, des villes, des communes -celle des moyens et des actions entreprises. La vieille distinction de l'Etat et de la Commune, de celui qui gouverne les gens et de celle qui administre les choses...


« Donnez les spectateurs en spectacle, rendez-les acteurs eux-mêmes » (Jean-Jacques Rousseau)

Nous avons à inventer, pour la politique culturelle de toute une région, le moyen de «faire ensemble» -celui de « fais ce que je dis» existant déjà : c'est celui de l'injonction bureaucratique ou princière. L'objectif d'une loi cantonale sur la culture, c'est d'être une loi pour la culture, c'est que le canton serve la politique culturelle genevoise, pas qu'il s'en serve pour régler ses comptes avec la Ville. Le projet de loi cantonale est d'ailleurs issu de cette volonté de « faire ensemble », et il est heureux que cette volonté soit un peu plus clairement affirmée dans le projet définitif que ce n'était le cas dans l'avant-projet. Reste que des ambiguïtés sont à lever et des clarifications à apporter, sur la concertation, la répartition des compétences et les moyens financiers.
La concertation, d'abord : Compte tenu du poids, dans la politique culturelle régionale, des communes en général, des villes en particulier et notamment de celle de Genève, la concertation entre le canton, la Ville, les villes et les communes n'est pas seulement un principe rhétorique auquel il conviendrait de sacrifier dans un texte de loi, mais elle est la condition même de la crédibilité de ce texte, et de l'engagement du canton dans le champ culturel. Et la concertation n'est pas réductible à la consultation : l'une est horizontale et implique une prise de décision en commun, l'autre est verticale et renvoie  la décision à qui consent à consulter.
La répartition des compétences, ensuite : donner au canton la possibilité de faire tout ce qu'il a envie de faire dans le domaine culturel sans en référer aux communes rompt avec le principe de subsidiarité encore présent dans la loi actuelle, et accorde au canton des compétences qui sont aujourd'hui essentiellement celles des communes -et tout particulièrement de la Ville de Genève.  La République est certainement mieux à même qu'une commune toute seule, d'assumer le travail de coordination des politiques culturelles. Mais elle n'est pas mieux à même qu'elle de financer ces politiques, ni de les concrétiser sur le terrain : on ne peut pas reproduire dans le champ culturel ce qui prévaut dans le champ scolaire, où le canton définit les programmes et les rythmes et emploie les enseignants, les communes assumant la construction, l'entretien et la conciergerie des bâtiments.
Les moyens financiers, enfin : les diverses réformes fiscales qui nous pendent au râble menacent les finances du canton, de la Ville, des villes et de presque toutes les communes (y compris celles qui pensent pouvoir y gagner). La suppression de la taxe professionnelle communale et de l'imposition sur le lieu de travail et la baisse de la fiscalité des entreprises feraient perdre à la seule Ville presque un quart de ses ressources, soit entre 230 et 270 millions, ce qui équivaut à la totalité de son budget culturel.  Or non seulement le projet de loi n'offre aucune garantie que le canton pourrait se substituer matériellement à la Ville, mais devant la constituante, les conseillers d'Etat Longchamp et Hiler ont clairement annoncé que le canton ne pourrait pas assumer la charge financière des compétences supplémentaires qu'il s'attribuerait. Alors qui le pourra? Et qui fera les frais de cet assèchement des ressources fiscales de l'une (la Ville) sans compensation par un effort accru de l'autre (le canton) ? Poser la question, c'est y répondre : « la culture paiera », et d'abord la création culturelle.

Si trivial que cela semble, le « faire ensemble » n'est pas qu'une pétition de principe, c'est aussi le « payer ensemble ». La République veut se doter d'une politique culturelle, et il faut dans la soutenir dans cette volonté : il était grand temps que l'on admette qu'une République ne se constitue pas d'abord par la police, mais par la culture. Mais il est grand temps aussi d'admettre qu'une politique culturelle ne peut se réduire à un texte de loi et à un discours sur elle-même et que s'il faut certes mettre des mots dans une loi, il faut aussi mettre la main à la poche. Sans quoi les mots sont creux. Bruyants, mais creux.

vendredi 13 avril 2012

Rénovation du musée d'Art et d'Histoire : un préavis de poids

Pas de Nouvel, bonne nouvelle ?

Le 29 février dernier, la Commission des monuments, de la nature et des sites a délivré un préavis défavorable à la requête en autorisation de construire déposée le 10 novembre par la Ville, pour la rénovation du Musée d'Art et d'Histoire. Le préavis de la CMNS ne porte cependant pas sur le principe de cette rénovation, que tout le monde s'accorde à considérer comme nécessaire et urgente, mais sur le seul projet pris en compte jusqu'à présent, celui de l'Atelier Jean Nouvel et de ses partenaires genevois. Si la Ville continue à s'accrocher à ce seul projet de rénovation, à n'en étudier sérieusement aucun autre et en particulier à ne pas étudier celui présenté par les associations de défense du patrimoine, ce n'est plus seulement le risque que l'on court, mais désormais la certitude que l'on peut annoncer, de se diriger tout droit et très vite dans une impasse et de condamner toute rénovation du musée, soit par refus de l'autorisation de construire, soit par provocation d'un référendum...

Décrocher la bernique Nouvel du rocher du MAH

Le préavis négatif donné par la Commission des monuments, de la nature et des sites au projet « Nouvel » de rénovation du Musée d'Art et d'Histoire n'hypothéquerait pas si lourdement cette rénovation si la Ville ne s'accrochait pas si obstinément à ce seul projet de rénovation -nous avions pourtant proposé au Conseil municipal de faire étudier en commission le projet alternatif de « Patrimoine Suisse », mais nous n'avions pas été suivi. Et c'est bien dommage, parce qu'on y a sans doute perdu l'avantage qu'aurait donné à la rénovation du MAH l'ouverture du débat à d'autres projets que celui de l'atelier Jean Nouvel.

Certes, la CMNS ne délivre que des préavis, et le Conseil d'Etat pourrait n'en pas tenir compte, mais ils pèsent lourd, ces préavis, dans des débats qui se concluent souvent par des référendums. Or le préavis de la CMNS reprend pour l'essentiel les objections des associations de défense du patrimoine, opposées au projet Nouvel et, au moins pour l'une d'entre elles (Patrimoine Suisse), favorables à un projet alternatif et donc à la rénovation du musée -mais pas à n'importe quelle rénovation : en respectant l'rchitecture du bâtiment Camoletti. Il veut préserver la cour « à l'italienne » du bâtiment actuel (et son apport de lumière naturelle), mais accepte (comme la CMNS) de la couvrir par une verrière. Il propose l'excavation du sous-sol pour un auditorium et des espaces d'exposition; il envisage l'affectation de l'ensemble du quadrilatère au MAH, pour en faire un véritable « quartier du Musée » en utilisant le bâtiment de l'école des beaux-arts après un accord avec le canton, et le remblai de la butte de l'Observatoire pour une extension, dissociée du bâtiment central mais offrant un espace additionnel plus important que celui proposé par le projet Nouvel. Bref, le projet de Patrimoine Suisse intègre des préoccupations et propose des aménagements que le projet Nouvel n'intègre et ne propose pas, mais il entend répondre aux mêmes objectifs que le projet Nouvel, s'il propose d'y répondre autrement. Il offre donc un deuxième scénario pour ces objectifs : admettez qu'il serait à la fois absurde et stupide de refuser toute étude de ce deuxième scénario, lorsque l'on sait que le premier est contesté, qu'il le sera par un référendum, qu'il faudra donc voter et qu'il faudra, pour gagner ce vote, c'est-à-dire faire accepter par le peuple une dépense de plusieurs diozaines, et peut-être d'une centaine de millions de francs, constituer une coalition qui soit potentiellement majoritaire. Et qu'on ne pourra pas constituer à la fois contre les associations de défense du patrimoine et contre les adversaires de tout investissement culturel, quel qu'il soit.

Et puis, au-delà du débat sur la rénovation du musée, il y a celui, qui ne se mène guère, sur le rôle même d'un musée. Avant d'être un lieu culturel, le musée public est un signe social, qui dit l'identité que revendique la collectivité dont il émane. Mais les musées, aujourd'hui, se mercantilisent, se conçoivent comme des lieux de consommation de marchandises culturelles. Une consommation qui se mesure comme toute consommation : quantitativement, par le nombre de consommateurs et par le chiffre d'affaire. Coiffer le MAH d'un restaurant et combler sa cour intérieure participe de cette évolution, et de cette dévaluation, des musées. La signature de Nouvel n'y ajoute qu'un peu de prestige, ou du moins qu'un peu de glamour médiatique. L'ancien conservateur cantonal Bernard Zumthor y voit, non plus le signe d'un projet muséal, mais celui de « l'inféodation du champ culturel à la futile idéologie du paraître ». Nous partageons ce constat. Mais pour que le débat s'ouvre sur ce qu'il exprime, et donc sur ce qu'on attend de nos musées, il faut d'abord pouvoir se sortir de la guerre de tranchées ouverte autour de la rénovation du MAH, et on ne s'en extirpera pas de nos tranchées tant qu'on s'accrochera au projet Nouvel comme une bernique à son rocher.

dimanche 5 février 2012

Le projet de loi cantonale sur la culture a été déposé : Une tutelle sans moyens ?

Le Conseil d'Etat a déposé devant le Grand Conseil le projet de loi cantonale sur la culture, issu (en partie) des travaux d'une commission d'experts indépendants (la CELAC), dont le projet de loi reprend une grande partie des suggestions : renforcement de l'implication du canton dans la politique culturelle (mais sans lui en donner les moyens financiers), redéfinition des compétences et des charges entre le canton, la Ville et les autres communes, concertation avec les milieux culturels, prévoyance sociale pour les artistes, « cantonalisation » de certaines (mais pas toutes : les plus prestigieuses politiquement) grandes institutions culturelles, création d'un Conseil de la Culture... De bonnes intentions à saluer, pour ce qu'elles valent. Mais aussi de gros dangers, à identifier, pour y échapper... A commencer par le danger d'une tutelle cantonale sans moyens, et d'autant plus pesante qu'elle sera sans contre-poids.

Le cagibi et la villa de maître


Si elle est acceptée, d'abord par le Grand Conseil, puis, éventuellement (en cas de référendum) par le peuple, la loi aujourd'hui proposée remplacera celle de 1996. Mais quelle loi sortira des cogitations parlementaires ? Celle qui leur est proposée, ou celle à laquelle elles la réduiront ? Les intentions des auteurs de la loi (la Commission d'experts, d'abord, le DIP, ensuite) sont excellentes -et nous avons assez souvent exprimé les nôtres pour nous contenter de relever que nombre d'entre elles sont contenues dans la projet. Mais cette loi cantonale, qui répond à une mobilisation des milieux culturels face à une tentative, en 2007, de désengager totalement le canton du champ culturel (hors l'école), porte en germe une calamité inverse de celle dont la menace avait précisément incité à la phosphorescence législative : au désengagement du canton pourrait ainsi succéder un désengagement de la Ville -mais, à la différence du premier, un désengagement imposé, non plus volontaire (ce qui n'atténuerait d'ailleurs en rien ses effets dévastateurs sur le tissu culturel local et régional). Un danger d'autant plus menaçant que si le projet de loi confie des compétences au canton, il ne lui en donne aucun moyen : il n'a ainsi même pas retenu la proposition de la commission d'experts de fixer à 2 % de son budget les ressources que le canton affecterait à la politique culturelle (même dans ce cas, d'ailleurs, l'effort financier hypothétique du canton n'atteindrait que les deux tiers de l'effort réel actuel de la Ville), et ne prévoit aucune clef de répartition des efforts financiers respectifs du canton, de la Ville et des communes.


Certes, la question des moyens, financiers et humains, ne résume pas la réalité d'une politique culturelle. Mais sans moyens, cette politique n'est, au mieux, qu'un discours sur la culture, et au pire une tutelle sur le champ culturel. Qui veut, aujourd'hui, visualiser, symboliquement, l'extraordinaire disparité des moyens dont disposent, respectivement, la Ville et le canton de Genève pour mener une politique culturelle n'a qu'à se rendre successivement au Service cantonal de la culture et au Département municipal de la Culture : c'est passer d'un cagibi à une villa de maître. Mais aussi d'un budget de quelques dizaines de millions à un budget de plusieurs centaines de millions.

L'histoire et la situation de Genève ont fait de la Ville, berceau de la République (au point d'avoir été pendant 250 ans la République à elle toute seule) et commune-centre d'une région qui se définit autour d'elle et par elle, l'actrice principale, voire la metteuse en scène, de la politique culturelle régionale. Elle y met le plus de moyens financiers et humains, elle dispose pour cela du meilleur réseau, du plus fort appareil administratif et du plus grand réservoir de compétences. En fait, de toutes les grandes institutions culturelles, seule l'école lui échappe. Cette situation ne peut être simplement inversée, mais elle peut, et elle doit, être corrigée. Et le mode de cette correction, c'est le partenariat, le partage, le «faire ensemble», pas la Régence (quoique, les petits soupers...) ou la tutelle. Surtout si la Régence est sans moyen et la tutelle sans ressource. Parce qu'alors, on se retrouverait dans le pire des paysage politico-culturels : celui du parasitisme autoritaire de la politique culturelle par une tripotée de petits chefs disposant d'un pouvoir sans responsabilité matérielle, et surtout sans contre-pouvoir : précisément ce que les milieux culturels voulaient éviter en 2007...

samedi 7 janvier 2012

Flop...

On vous a (un peu) bassinés ces dernières semaines avec l'offensive lancée par le droitunie genevoise (PLR + PDC + UDC + MCG) contre le budget culturel de la Ville de Genève, mais on a le plaisir de vous annoncer que cette offensive n'a finalement abouti à rien s'agissant des subventions et des dépenses affectées à la programmation des institutions culturelles (la droite s'est toutefois vengée sur les postes de travail supplémentaires demandés par le département de la culture). En fait, après que le pilonnage en règle du budget en commission de la culture ait été rendu public, la droite bourgeoise a commencé à se dégonfler, pour aboutir à un piteux mea culpa en séance plénière du Conseil municipal, sur l'air de « on aime la culture », et, en sourdine, «on aurait bien voulu que nos propositions de coupes financières ne soient pas rendues publiques ». Du coup, le MCG s'est retrouvé tout seul, avec l'UDC, pour maintenir les propositions de coupes faites avec le PDC et le PLR, y compris celles que le PDC et le PLR avaient eux-mêmes faites, et auxquelles, devant la « pression de la rue » (pouah !) ils ont finalement renoncé. D'où grosse colère du MCG et de l'UDC, accusant le PDC (et le PLR) de n'être finalement qu'une collection de girouettes, ce qui est d'ailleurs assez cruel pour les girouettes. Bref, il ne restait plus au Conseil Municipal qu'à se prononcer sur les vestiges, les reliefs, les fumerolles des amendements déposés il y a un mois en commission par la droitunie, et repris par le seul MCG, dont on saluera le dévouement à défendre la position initiale de la droite : couper n'importe où, n'importe comment, sous n'importe quel prétexte, mais couper. Pour geler les allocations budgétaires au niveau de celles du budget de l'année précédente -ce qui équivaut à les réduire en termes réels. Et surtout, pour emmerder le Département de la Culture. Et que les partis de la droite bourgeoise se soient dégonflés comme des baudruches devant la mobilisation des milieux culturels ne change rien à la nature des propositions qu'ils firent (et que le Conseil Municipal a toutes refusées) : culturellement stupides, politiquement infantiles et socialement irresponsables.