vendredi 12 juin 2009

Le Personnel

Rapport (saison 2008-2009) du représentant du PS au Conseil de fondation du Grand Théâtre
Le rapport complet (saison 2008-2009) du représentant du PS au Conseil de fondation du Grand Théâtre :peut être téléchargé (au format PDF) à l'adresse suivante : http://www.perso.ch/troubles/RapportGTG-PSvG.pdf


Le personnel

En 2006, le Grand Théâtre est entré dans une crise interne, qui couvait depuis 2003 et qui a progressivement pris une gravité telle que les différents acteurs de l'institution (Conseil de Fondation, direction, Conseil administratif, Conseil municipal, organisations du personnel) se sont résolus (voire, pour certains, résignés) à commanditer un véritable audit de l'institution, de son fonctionnement, de sa structure, de ses rapports sociaux. Cette crise, il est vrai, menaçait sérieusement non seulement de dégrader durablement " l'ambiance " et les conditions de travail, mais également la capacité du GTG de concrétiser un projet artistique qui n'a jamais été contesté (au contraire des conceptions féodales des relations sociales à l'intérieur de la maison, et avec les syndicats, qui prévalaient de la part de la direction, soutenue aveuglément par la majorité du Conseil de fondation). Finalement, le directeur général a (tardivement) reconnu devant le Conseil de fondation (du 21 novembre 2006) qu'une " succession de maladresses " a abouti à ce qu'il craignait le plus : " les syndicats ont un tapis déroulé devant eux au GTG ". Or si la crise de 2006 a pu avoir un effet positif, ce serait précisément celui-là : faire entrer les syndicats dans la principale institution culturelle genevoise, celle à laquelle la collectivité publique contribue financièrement le plus. C'est ainsi que se prennent les Bastilles, sans qu'il en résulte leur destruction.

Mobbying, licenciements injustifiés, précarité : une crise et un audit contre l'autisme

Le 13 février 2006 s'est tenue une assemblée générale du personnel du GT, convoquée par les syndicats (SSP et SIT) avec à l'ordre du jour :
- précarité
- banalisation du mobbying
- licenciements injustifiés
Finalement, lors de cette assemblée, le mobbying n'a pas été évoqué, mais l'aggravation de la précarité l'a été en lien avec les contrats temporaires. La direction du GT et le président du Conseil de fondation, se disant " indignés " par les termes " banalisation du mobbying ", ont réagi en convoquant eux aussi le personnel à une " séance d'information ", à laquelle environ 200 membres du personnel étaient présents.

Il convient ici de revenir sur l'" affaire " de harcèlement, niée en tant que telle par la direction et le Conseil de fondation, et de retracer ses conséquences, puisqu'elle a été l'élément déclencheur d'une crise dont les raisons profondes sont à la fois plus anciennes, et structurelles. Cette affaire a semblé dans un premier temps n'aboutir qu'à un seul résultat : les employées qui dénonçaient des situations de harcèlement ont été sanctionnées, la personne accusée de harcèlement a été promue. La situation dénoncée par les employées soutenus par les syndicats était pourtant probablement (sauf à la supposer sourde et aveugle) connue de la direction, et par ailleurs durait depuis longtemps. On en profitera pour résumer le conflit à propos du statut des temporaires, surgi parallèlement, et évoquer quelques uns des problèmes révélés (ou confirmés) par cette affaire.

- Novembre 2002 : Arrivée d'un nouvel employé au service des tapissiers-accessoiristes. Une employée (sous contrat Ville) se plaint peu après de harcèlement de sa part. Les chefs du service n'interviennent pas.

- Janvier 2003 : une seconde employée (elle aussi sous contrat Ville) se plaint également. Les deux employées évoquent le problème devant le Directeur technique, qui leur assure que leurs doléances seront consignées dans le dossier administratif (ce qui ne sera pas fait). Le secrétaire général est également informé des faits.

- Mars 2003 : la seconde employée écrit à son chef d'équipe pour lui faire part du problème. Le chef d'équipe lui interdit d'en informer quiconque " plus haut ". L'employée estime avoir ensuite été pénalisée en n'étant pas, contrairement à ses collègues, mise au bénéfice d'une classe de traitement plus élevée. En avril, elle reçoit une évaluation négative (ses évaluations précédentes étaient bonnes, ce qui laisse planer la suspicion d'une mesure de rétorsion) au motif de mauvaises relations avec " certains de ses collègues ". Elle doit abandonner sa charge de déléguée à la commission interne du personnel. En revanche, l'employé mis en cause est titularisé.

- Juin 2005 : l'employé accusé de harcèlement est pressenti pour devenir sous-chef du service. Quatre employé-e-s du service expriment par écrit leur appréhension à la Direction, qui les reçoit. Elles dénoncent des paroles dépréciatives, agressives, déplacées, sexistes, humiliantes et répétées, et demandent à la Direction d'intervenir. La Direction considère le futur sous-chef comme un " élément fort " et clôt la discussion. Le sous-chef est nommé en août 2005.

- Juillet 2005 : les quatre personnes précitées s'adressent au SIT pour les défendre. Le Conseil administratif les reçoit et décide d'ouvrir une enquête administrative. Les cinq personnes concernées (les quatre plaignant-e-s et l'employé accusé) sont suspendues " pour leur protection ", avec obligation (levée ensuite sur intervention syndicale) de rattraper les services non exécutés pendant la suspension, mais seul l'employé accusé peut assister aux auditions, s'y faire accompagner et défendre, et avoir accès aux pièces (59). L'enquête de la Ville ne fait pas mention des dossiers transmis par deux des plaignantes (23 pages et 11 pages). Elle conclut en considérant que les accusations de harcèlement ne concernent que des pratiques " admissibles " sur un plateau de théâtre (le même genre de pratiques sans doute que sur un terrain de football ?) Les plaignant-e-s, devenus témoins, n'ont aucun droit de recours.

- Septembre 2005 : Patrice Mugny s'engage à ce que l'employé accusé de harcèlement ne soit pas nommé sous-chef avant remise des conclusions de l'enquête. Il sera cependant le seul des acteurs du conflit à être autorisé, en décembre, à reprendre son travail (60), les quatre plaignant-e-s restent " suspendu-e-s ". Le SIT demande leur réintégration. Patrice Mugny s'y engage, lors d'une rencontre entre le CA, le SIT et les quatre personnes " suspendues ", et s'engage à faire une information générale sur ces problèmes. Il constate que la procédure d'enquête administrative n'est pas adéquate pour ce genre de problèmes, et propose une médiation.

- Janvier 2006 : la Direction du Grand Théâtre refuse la réintégration des quatre employés (qui ne sont cependant pas ses employés, puisqu'ils sont ceux de la Ville). Elle refuse également la médiation proposée par Mugny. Le sous-chef mis en cause la refuse également. Le Bureau du Conseil de fondation entérine la position de la Direction, et le Conseil administratif s'écrase. Il se contente de commander un audit externe à Pricewaterhouse Coopers. Le SIT demande l'audition de témoins (des collègues des quatre employés suspendus), mais cette audition est refusée. L'audit, qui ne porte que sur les aspects les plus récents du conflit (depuis la nomination du sous-chef), omet de prendre en compte les plaintes déjà exprimées depuis 2003. Il conclut donc à une affaire de jalousie professionnelle, et invoque des " raisons de sécurité " pour ne pas réintégrer les quatre personnes suspendues, compte tenu de leurs mauvaises relations de travail avec le sous-chef. Il n'envisage pas la possibilité de déplacer une seule personne (le sous-chef) pour pouvoir en réintégrer quatre autres à leur poste de travail.

- 13 Février 2006 : Première assemblée générale du personnel (60 personnes présentes), convoquée par les syndicats et les commissions du personnel Ville et Fondation. l'AG demande, par lettre du 18 février (61), la réintégration des quatre employés suspendus, le respect des droits syndicaux et une rencontre avec le Conseil administratif et le Conseil de Fondation. Le 29 février, le Conseiller administratif Patrice Mugny répond en commençant par " douter de (la) volonté (des syndicats et des commissions) de négocier à la fois avec la Fondation du Grand-Théâtre et avec la Ville " dès lors que les termes utilisés dans leurs tracts et affichettes " sont de nature partisane caricaturant fortement la réalité ". Il est cependant avéré aujourd'hui que la réalité a dépassé la caricature. S'agissant du conflit autour du mobbying et du harcèlement dans l'atelier des tapissiers-accessoiristes, Patrice Mugny écrit que l'enquête administrative ouverte à l'encontre du collaborateur incriminé l'a " blanchi " et qu'après les auditions, " on ne pouvait pas parler de mobbying et de harcèlement ". Le Conseiller administratif reproche ensuite aux commissions et aux syndicats de considérer comme " forcément tendancieuses " les conclusions des enquêtes administratives qui ne leur " conviennent pas ", et rend les syndicats et les commissions " attentifs " au fait que le Conseil de fondation " reste l'organe suprême de décision " du GTG, ce que les syndicats avaient d'autant moins oublié qu'ils demandaient précisément à être reçu par cet " organe suprême " -qui ne voulut pas se commettre avec ces gueux.

- Mars 2006 : le Conseil administratif reçoit le SIT et les quatre employés suspendus. Il leur communique les conclusions négatives de l'Audit. Deux employées maintiennent leur exigence de réintégration à leur poste. Quatre auxiliaires sont licenciés (c'est-à-dire formellement " non réengagés ") après qu'ils aient témoigné contre le sous-chef. Ils se plaignent de ce licenciement au CA, qui ne donne aucune suite à cette plainte.
- Une deuxième AG du personnel se tient, le 20 mars. Elle maintient les revendications de la première, réitère la demande des organisations du personnel et des syndicats d'être reçus par le Conseil de fondation et décide d'une nouvelle AG, sur le temps de travail.

- Avril 2006 : Le Conseil de Fondation maintient (contre l'avis des seuls représentants du PS et de solidaritéS) son refus de recevoir les syndicats. La Direction menace le personnel qui participerait aux Assemblées générales et fait annuler celle prévue sur le temps de travail. Les deux plaignants suspendus sont réintégrés sur leur lieu de travail, une plaignante suspendue est transférée au Musée d'ethnographie, la dernière plaignante se voit proposer un poste sous-qualifié, qui équivaut à une sanction, et à une mesure de rétorsion visant son activité de représentante syndicale, déléguée du personnel.
- Le Bureau du Conseil de fondation annonce que l' " affaire " a déjà coûté environ 150'000 francs au Grand Théâtre.
- Trois représentants du Conseil municipal au Conseil de fondation (le socialiste, le représentant de solidarités et la représentante du PdT) rencontrent les syndicats et la Commission du personnel pour discuter informellement des différentes revendications qu'ils ont exprimées et entendre leur point de vue sur le conflit, point de vue que le Conseil de fondation a refusé d'entendre directement, et dont il n'a jamais été possible d'obtenir une relation objective au Conseil de fondation. Le socialiste de service propose ensuite au président du Conseil de fondation que celui-ci accepte la demande des syndicats et de la commission du personnel d'être reçus par le Conseil, et de pouvoir lui exprimer leur point de vue. Cette demande est à nouveau refusée par le président, qui affirme que " le problème des tapissiers accessoiristes est réglé " et que celui des temporaires est en passe de l'être. Pour le président de la Fondation, le Conseil de fondation doit rester une " ultime instance ", et non être partie prenante d'un conflit -ce qu'il était cependant déjà devenu.

- Mai 2006 : Le 11 mai, les deux commissions du personnel (celui du GTG et celui de la Ville), le SIT et le SSP écrivent au Conseil de fondation pour s' " étonner de ne pas avoir été reçu " par lui, comme ils l'avaient demandé à deux reprises, réitèrent cette demande, et celle " que des mesures de préventions soient mises en places afin de faire cesser " mobbying et harcèlement sexuel, et proposent une communication écrite de la direction, indiquant que ces comportements (affichage de matériel ou site pornographique, mixité des vestiaires, injures sexistes, homophobes ou dénigrantes, irrespect des subordonné-e-s et des collègues) ne seront plus tolérés, une information au personnel et une formation des cadres sur ces questions, la mise en place d'une instance de plainte extérieure et mixte, ainsi que d'une procédure claire de gestion des plaintes.
- Le 23 mai, le Conseil de fondation refuse (par neuf voix, contre les deux voix des représentants du PS et de solidaritéS) de recevoir les syndicats (que seule la direction a reçu). Le président de la Fondation déclare, au Conseil de fondation, qu'il n'y a pour ledit Conseil " aucune obligation légale ou statutaire de recevoir et/ou de négocier avec les syndicats " (ce n'est effectivement pas une obligation " légale ou statutaire ", seulement une obligation morale et sociale), syndicats qu'il décrit comme étant " dans une phase offensive et agressive ". " Il serait dangereux que le Conseil de Fondation reçoive les syndicats ", ajoute Bruno de Preux, qui ne craint pas de déclarer que les accusations de mobbying " semblent surprendre " le personnel du GTG. Le Directeur général estime pour sa part que " les syndicats tentent de déstabiliser le GTG ", et qu'il est " intolérable pour le GTG et son personnel ", et pour la personne qui " a été blanchie " des accusations de mobbying, que les syndicats fassent " intervenir la presse ". Pour Jean-Marie Blanchard, le dossier du mobbying " a été traité sans aucune banalisation ", et la convocation par les syndicats et les commissions du personnel, sans consultation préalable de la direction, d'une Assemblée générale du personnel sur les horaires de travail relève d'un " coup de force ". Le directeur du DAC, Boris Drahusak, explique aux membres du Conseil que " le personnel ne semble pas se retrouver dans les prises de position des syndicats ", les deux Conseillers administratifs présents (Patrice Mugny et Pierre Muller) s'opposent à ce que le Conseil de Fondation rencontre les syndicats (mais Patrice Mugny consent à accorder aux membres du Conseil de fondation le " droit de rencontrer qui ils veulent "), le président estime que ce n'est pas au Conseil de fondation de négocier avec les syndicats et le Directeur général fait du refus du Conseil de recevoir les syndicats une " question de confiance " à l'égard de la direction.
- Dans une lettre du 23 mai aux commissions du personnel et aux syndicats, le président de la Fondation annonce le refus du Conseil de recevoir les syndicats, affirme qu' " après investigations, il (n'existe) pas de cas connus de mobbying ou de harcèlement sexuel au Grand Théâtre ", et ajoute qu'une information générale (sur un problème inexistant ?) a été faite à l'ensemble du personnel Ville et Fondation par le Conseiller administratif, les ressources Humaines de la Ville et la direction du GTG.

- Juin 2006 : sous la menace de porter l'affaire devant le Conseil municipal, une délégation de Conseillers municipaux de l'Alternative rencontre Patrice Mugny pour lui demander : la réintégration de la dernière des plaignantes dans son ancien poste (ce qui lui avait été promis) ; la reconnaissance que les quatre personnes pénalisées ne sont en rien responsables des dysfonctionnements survenus, que leurs doléances seront prises en compte, et qu'aucun harcèlement ne sera plus toléré au sein du Grand Théâtre ; les Conseillers municipaux relayent en outre les revendications des syndicats : qu'un avertissement soit donné au sous-chef, pour lui signifier que son comportement est inacceptable et ne sera plus toléré ; la mise en place de procédures qui permettent aux employés d'être entendus par leur hiérarchie ; la mise en place de procédures de médiation ; la reconnaissance de la place des syndicats et de la commission du personnel, de leur droit de tenir des assemblées générales sur le lieu de travail, de leur droit d'être reçus par le Direction et/ou le Conseil de fondation.
- Le 19 juin, les syndicats écrivent à la Fondation pour réitérer leurs demandes concernant le statut du personnel et les conditions de travail.. Le président de la Fondation se défausse sur la direction générale.

- août 2006 : après le suicide d'un employé du Grand Théâtre, plus de 70 de ses collègues (soit en gros la moitié du personnel municipal affecté au GTG) adressent à " qui de droit ", notamment au Conseiller administratif Patrice Mugny et au Directeur général Jean-Marie Blanchard, une lettre d'" interpellation " (62) les alertant sur les conditions dans lesquelles ils doivent travailler, notamment dans les services techniques et les ateliers. Selon un signataire de la pétition (63), ces conditions sont extrêmement difficiles : " des rythmes insoutenables, des séquences qui peuvent prévoir neuf jours de travail suivie d'un seul jour de récupération " certains chefs de service faisant preuve " d'excès d'autorité ". Rappelant des constats déjà anciens et des positions déjà exprimées, les syndicats SIT et SSP dénoncent " l'ambiance générale délétère " régnant au GTG, et surtout " les plaintes réitérées du personnel, victime de propos offensants et d'attitudes irrespectueuses (...) systématiquement banalisées ou ignorées par la hiérarchie " (64). A la réception de cette lettre, Patrice Mugny, Jean-Marie Blanchard, puis Bruno de Preux (qui n'en était pas destinataire) réagissent comme s'ils étaient tenus pour responsables du suicide de l'employé du GTG alors que rien dans le texte de la lettre n'exprime une telle accusation.
- On apprendra en outre, mais en décembre, que le personnage impliqué dans le conflit de l'atelier de tapisserie-décoration, et officiellement " blanchi " des accusations portées contre lui, a finalement été contraint de donner sa démission après avoir été impliqué dans une nouvelle " affaire " de harcèlement.

- Le 11 septembre, la direction du GTG diffuse à tous les membres du Conseil de fondation un " résumé du dossier administratif " de l'employé suicidé, le décrivant comme un personnage psychologiquement instable.
- Au Conseil municipal, le Conseil(ler) administratif est interpellé sur la lettre du personnel, en réponse à quoi le Conseiller administratif d'une part, le directeur du GTG d'autre part, le président de la Fondation enfin, invitent, ou convoquent, les signataires (ou certains d'entre eux) de la lettre collective en leur demandant de s'expliquer. Le Conseiller administratif organise une réunion, le 21 septembre, avec tous les employé-e-s du GTG, mais y invite aussi le directeur, ce qui ne pouvait que plomber la liberté d'expression des employée-s invités à exprimer leur malaise et leurs griefs, devant une direction qui a jusqu'à présenté nié tout fondement à ce malaise et à ces griefs. De leur côté le directeur convoque plusieurs cadres signataires de la lettre collective, et le président de la fondation convoque douze signataires de la lettre à son étude d'avocat, en choisissant les premiers signataires de chaque page de la liste des signataires de la lettre collective. Certains d'entre eux ont demandé à être accompagnés d'un représentant des syndicats, ce qui a été refusé à deux d'entre eux. En revanche, la présence d'un représentant de la Commission du personnel sous contrat avec la Fondation n'a pas posé de problème...
- Le 20 septembre, les syndicats convoquent une AG du personnel.
- Patrice Mugny, soutenu (spontanément ?) par la direction du GTG mais pas par le Conseil de fondation, propose de lancer un audit du GTG. La proposition, faite au Conseil de fondation du GTG le 19 septembre, n'a été ni acceptée, ni refusée par le Conseil, faute de précision sur son contenu, mais Patrice Mugny annonce que même si le Conseil de fondation refusait l'audit, la Ville pouvait, elle, décider d'en lancer un, ce qui contraint le Conseil de fondation a finalement accepter le principe de l'audit, de mauvaise grâce (en octobre, le président du Conseil de fondation exprimait sa crainte que les méthodes d'interrogation retenues permettent aux syndicats " de s'imposer dans l'audit "). Patrice Mugny prévient : " On risque de faire des découvertes désagréables. Des gens seront mis en cause. Très clairement, certains se comportent mal " (65) Belle découverte : cela fait des mois (voire des années, puisque la première plainte exprimée pour harcèlement date de 2002...) que des employés du GTG, et les syndicats, dénoncent les conditions dans lesquelles travaille le personnel.
- Les syndicats SIT et SSP publient un communiqué rappelant qu'ils dénoncent depuis de nombreux mois " auprès de la Fondation comme du Département l'ambiance générale délétère qui règne (au Grand Théâtre), les problèmes de santé et sécurité provoqués par une surcharge de travail et une inégalité de traitement manifeste entre le personnel de la Ville et de la Fondation ". Les syndicats rappellent également que les plaintes du personnel " ont été systématiquement banalisées ou ignorées par la hiérarchie du Grand Théâtre " et estiment que " le refus d'entrer en négociation avec les syndicats, l'interdiction faite au personnel de se réunir sur le temps de travail et les pression exercées sur leurs représentant-e-s révèlent une absence totale de respect des droits syndicaux les plus élémentaires ". Pour les syndicats, " le climat qui règne au Grand Théâtre ne pourra redevenir normal que dans la mesure où ses hauts responsables se révèlent capables de rétablir un climat de travail serein ".
- Le 29 septembre, à l'initiative de Catherine Gaillard et de l'auteur du présent rapport, s'est tenue une réunion entre représentant-e-s de l'Alternative au Conseil de fondation du GT, représentante-s des groupes de l'Alternative au Conseil municipal et représentants des syndicats et de la commission du personnel Ville. Cette réunion a abouti aux recommandations suivantes, faites aux trois partis de l'Alternative, avec l'espoir qu'elles seront suivies d'effet au Conseil municipal comme au Conseil de fondation (autrement dit : qu'une majorité se dessine au Conseil municipal pour les traduire en un vote, puisque l'Alternative y est majoritaire, et qu'au Conseil de fondation le représentant du PS et celui de solidaritéS ne soient pas seuls à les soutenir ) :
- Sur l'audit : Un soutien à l'audit suppose le respect des conditions suivantes :
1. l'audit doit être décidé, commandité et défini par la Ville, et la Ville seule (donc : pas par la Fondation, ni par la Ville et la Fondation ensemble). Le Conseil de Fondation doit être audité, pas commanditaire de l'audit.
2. l'audit doit porter en tout cas sur la gestion du personnel, le statut du personnel et les rapports sociaux.
3. le panel des audité-e-s doit être large et représentatif de l'ensemble des composantes du GT (personnel, commissions et syndicats, direction, Conseil de fondation, notamment) et des positions défendues jusqu'à présent. Les syndicats et les commissions du personnel doivent pouvoir participer à la définition du panel.
4. la confidentialité des auditions doit être absolument respectée, une protection doit être assurée par la Ville contre toutes représailles à l'encontre d'audité-e-s.
5. les conclusions de l'audit doivent être remises dans un délai à la fois suffisant pour qu'un travail sérieux ait été fait, et suffisamment rapproché pour qu'il puisse en être tenu compte au début 2007. Des moyens suffisants doivent donc être mis en œuvre pour qu'un travail approfondi soit fait, dans un délai maximum de trois mois.
- Sur l'entreprise mandatée : nous nous opposions en tous cas à un audit effectué par une entreprise ayant déjà audité le GTG.
- les conclusions de l'audit, pour autant que les conditions précédentes aient été respectées, doivent être suivies d'effets, notamment en ce qui concerne les personnes victimes d'actes de harcèlement et de mobbying, et les personnes qui en auraient été reconnues pour responsables, directement ou du fait de leur responsabilité hiérarchique.
- Sur le statut du personnel : Nous soutenons en principe la réunification du statut du personnel par la généralisation à tout le personnel (à l'exception des membres de la direction générale et des temporaires) du statut municipal. Cette revendication devrait être portée rapidement au Conseil Municipal, par voie de motion, avec demande d'un chiffrage précis, tenant compte du fait que la masse salariale du personnel actuellement employé par la Fondation est d'ores et déjà garantie par les fonds municipaux (subvention d'exploitation), que le principe affirmé par le GTG est que celui-ci autofinance sa programmation, et que les fonds publics assurent le fonctionnement de l'institution. En d'autres termes, que le personnel soit sous contrat avec la Fondation ou sous statut municipal, c'est de toutes façons la Ville qui paie, directement ou indirectement.
- Sur le fonctionnement et la structure de la Fondation :Nous demandons une modification des statuts de la Fondation, assurant :
a. Une majorité des sièges (avec droit de vote) au Conseil de Fondation pour les représentants des collectivités publiques subventionnantes ;
b. Une représentation du personnel au Conseil de fondation.
Ces revendications devraient également faire l'objet d'une motion au Conseil municipal.
- Sur les comptes et le budget (demande de subvention) du GTG, nous n'avons pas abouti à une position commune, mais il est apparu clairement que dans la situation actuelle, nous ne pouvons pas accepter les comptes et la demande de subvention du GTG, et qu'au minimum, les partis de l'Alternative devraient s'abstenir d'accepter comptes et demande de subvention, voire, sachant qu'une abstention n'aura pas d'effet sur l'approbation des comptes et de la demande de subvention, s'y opposer (ou reporter la décision à l'examen des conclusions de l'audit).
- Nous attendons de l'ensemble des partis de l'Alternative au Conseil municipal, et de l'ensemble des représentants de l'Alternative au Conseil de Fondation, qu'ils soutiennent ces positions.
- Nous ferons par ailleurs circuler l'information entre nous aussi rapidement et largement que possible. En cas de besoin, d'autres réunions seront organisées pour faire le point, peaufiner et coordonner les actions.

- octobre 2006 : Le 13 octobre, une réunion entre le Conseiller administratif, ses collaborateurs, la Commission du personnel du GTG, les syndicats SIT et SSP, la direction et le Conseil de fondation du GTG, aboutit à un projet de mission d'audit et à un protocole d'accord sur les conditions de l'audit. Le 17 octobre, le Conseil de fondation accepte partiellement le projet de mission d'audit issu de la réunion Ville-GTG-personnel-syndicats, mais revient sur plusieurs points de l'accord du 13 octobre : il prolonge de quatre semaines le délai de présentation de l'audit au personnel, et d'un mois le délai de sa réalisation (qui est donc repoussée à la fin mars, dans le meilleur des cas). En outre, le Conseil de fondation transforme la condition d'un accord général sur le choix des auditeurs en une ratification par les commissions du personnel et les syndicats d'un choix, fait par la Ville et le GTG, et lance un appel d'offre public pour l'audit, au lieu d'un choix plus restreint. Enfin, la direction et le Conseil de fondation du GTG refusent d'intégrer dans le protocole l'assurance d'un réexamen des décisions concernant les employé-e-s et ex-employé-e-s " à la lumière du rapport et des conclusions de l'audit ". Et pour couronner le tout, le lancement de l'audit est effectué par appel d'offre public le 23 octobre sans attendre l'accord des syndicats (" très agressifs " selon le président du Conseil de fondation, qui ajoute que " malheureusement, certains politiciens prennent le relais ") et de la commission du personnel sur le protocole d'accord, et ce lancement est annoncé par le Bureau de la Fondation et la direction du GTG, en l'absence du Conseiller administratif Mugny, comme si le GTG en avait pris l'initiative, alors qu'il a été contraint de l'accepter sous la menace explicite que la Ville prenne seule la décision de faire auditer le GTG -comme elle en aurait eu le droit, au double titre d'autorité de surveillance et de " payeuse " de l'audit (puisque celui-ci fait l'objet une ligne budgétaire adoptée par le Conseil municipal). La commission du personnel du GTG et les syndicats s'opposent, vainement, aux modifications décidées par le seul Conseil de fondation, mais obtiennent de la Ville, sous la plume du Conseiller administratif Mugny, l'assurance de sa volonté de les associer au choix des auditeurs, et que ce choix ne sera pas fait sans l'accord de la Commission du personnel et des syndicats. Le président de la fondation, de son côté, regrette que la Ville ait donné cette assurance sans le consulter, lui, et parle d'un " malentendu ". Par ailleurs, le président du Conseil de fondation prie le 27 octobre le directeur général de demander au Conseil administratif de demander à Price-Watherhouse Coopers l'autorisation de transmettre à l'ensemble du personnel son rapport (contesté par les organisations du personnel et les syndicats) de février 2006. La lettre de Bruno de Preux à Patrice Mugny explicite la démarche : il s'agit de préjuger les conclusions du deuxième audit, en insistant sur celles du premier (la recommandation de ne pas réintégrer les tapissiers-accessoiristes plaignants). Le représentant du PS et les organisations du personnel protestent (66) contre cette tentative d'orienter les témoignages du personnel lors de l'audit décidé en octobre.

- Novembre 2006 : les parties s'accordent sur le texte (67) du protocole d'accord. Le 14 novembre, une assemblée générale du personnel ratifie le projet de protocole (syndicats et commissions du personnel protestant toutefois contre la publication dans la Feuille d'avis officielle de l'appel d'offres avant qu'un accord ait été trouvé sur la procédure et les conditions de l'audit, précipitation dont Patrice Mugny reconnaît qu'elle relève d'une " maladresse "). L'audit est séparé en deux lots : le premier pour examiner les structures, l'organisation interne, les relations de travail et les ressources humaines du GTG, le second pour analyser l'adéquation entre les prestations offertes et les ressources disponibles.
- La Ville envisage, en accord avec le Bureau du Conseil de fondation, de faire passer sous statut municipal six employés de la Fondation. La Commission du personnel Ville du GTG exprime au Conseiller administratif ses regrets de ne pas avoir été informée de cette intention. Le Directeur général regrette de son côté que le Conseiller administratif informe le président de la Commission du personnel de discussions avant d'en avoir informé la direction, et accuse ledit président de la Commission du personnel d'être " très (c'est-à-dire trop) proche des syndicats " et donc en contradiction avec le règlement de la Commission, qui en prévoit la neutralité politique, syndicale ou religieuse. Le Président du Conseil de fondation se vexe lui aussi et demande si le Conseiller administratif n'est pas en train de devenir président de facto de la Fondation. Le vice-président du Conseil de fondation dénonce " l'arrogance et le sentiment d'impunité des syndicats ". Le président accuse un " candidat au Conseil administratif (de faire) sa campagne sur le dos du GTG " et prédit une " crise institutionnelle en raison des interférences du DAC ". Le directeur en remet une couche en accusant les syndicats d'avoir mis en place une " stratégie visant à tenir la direction et la fondation à l'écart " et à " déstabiliser la direction " Patrice Mugny rappelle que l'employeur du personnel municipal affecté au Grand Théâtre reste la Ville, et donc le Conseil administratif, et que les représentants du personnel doivent pouvoir en tout temps contacter leur supérieur hiérarchique, c'est-à-dire le Conseiller administratif en charge de leur secteur d'activité (soit, s'agissant du GTG, Patrice Mugny lui-même). Finalement, la " municipalisation " des six employés du GTG est " gelée ".

- Décembre 2006 : Les parties signataires du protocole d'accord sur l'audit choissent les entreprises Crealyse pour le premier lot (elle n'avait soumissionné que pour ce lot) et Sherwood (qui soumissionnait pour les deux lots, et souhaitait les obtenir les deux) pour le deuxième lot. Douze entreprises avaient soumissionné dans les délais. Les devis des deux entreprises retenues " tiennent ", ensemble, dans la limite de 300'000 francs. Le Bureau du Conseil de fondation, dans une sélection préalable à celle du Conseil lui-même, avait notamment écarté un soumissionnaire, Ressource, " bien que compétente pour réaliser l'audit " au motif que " trop impliquée dans le dossier puisque auteur du projet de périmètre d'audit ". Crealyse se donne pour objectif l'analyse de la structure du GTG, et notamment de sa structure institutionnelle, d'une part, et d'autre part l'audit auprès des collaborateurs, du personnel et des partenaires du GTG " afin de comprendre la situation actuelle et d'en repérer les nœuds ", dans le but " d'harmoniser les conditions de travail " au sein de l'institution.
- Dans Le Matin (du 10 décembre), le syndicat SSP dénonce une nouvelle affaire de harcèlement sexuel, aboutissant à des relations sexuelles obtenues d'une stagiaire accessoiriste, sous contrainte et menaces de la part de son chef. Selon le syndicat, la direction du GTG a été interpellée plusieurs fois avant de se résigner à déplacer le chef en question, puis d'accepter sa démission, deux mois plus tard. Le chef en question est le même que celui qui avait été mis en cause en 2003, puis " blanchi " (et même promu) alors que les deux employées qui avaient dénoncé ses pratiques étaient, elles, suspendues. On dira donc, avec les auditeurs de Crealyse (qui s'expriment ainsi dans l'introduction contextuelle de leur offre pour l'audit) que l' " affaire " de 2003 " ne semble pas avoir été réellement réglée " et que la conclusion qui lui a été donnée par la Ville et le GTG a " encore péjoré les relations internes " et accru " la peur de parler ouvertement de difficultés relationnelles au sein des équipes du personnel ".
- A la suite de la parution de l'article du " Matin " du 10 décembre (et d'un article supplémentaire le 17 décembre, portant cette fois sur l'achat de matériel électrique par des employés du GTG, auprès d'une entreprise appartenant à l'un d'eux, le Conseil de fondation, à la demande du Directeur général et à l'unanimité (moyennant l'abstention de l'auteur du présent rapport), vote à Jean-Marie Blanchard, le 19 décembre, une confiance générale et abstraite, sans contenu précis, et sans que ce vote ait été annoncé à l'ordre du jour. Dans ces conditions, la " confiance " en question consiste en un véritable chèque en blanc -mais sans provision. Le directeur général annonce en outre qu'il posera ses conditions (mais après avoir obtenu la " confiance " du Conseil de fondation, et sans préciser au Conseil de quelles " conditions " il s'agit) pour pouvoir poursuivre son travail à la tête du GTG ; le Conseiller administratif ajoute que l'exécutif municipal pourrait lui aussi témoigner de sa " confiance " à l'égard de la direction. Le Conseil de fondation a donc voté au directeur général une confiance absolue, sans que le directeur général ait annoncé ce qu'il entendait en faire.
- Immédiatement après la réunion du Conseil de fondation, et les membres de celui-ci ayant à peine tourné les talons (sans être informés de ce qui allait suivre), le bureau se réunit (en l'absence des conseillers administratifs), et entend le Directeur général, s'appuyant sur la " confiance " (aveugle) qui lui a été accordée par le Conseil, demander la tête du secrétaire général (68), avec qui il assure qu'il lui est désormais impossible de travailler, et faire de ce licenciement la condition de la poursuite de son propre mandat de directeur général : en clair, " c'est Soragni ou moi ". Ce sera donc Soragni, le bureau et la direction générale mettant ainsi, en plein audit, le Conseil de fondation et le Conseil administratif devant le fait accompli d'une décision (la demande de licenciement (69) " dans les meilleurs délais " du secrétaire général) préjugeant explicitement les conclusions de l'audit. Bref, la " confiance " règne. On saluera l'innovation liturgique (et interreligieuse) consistant à introduire le sacrifice du bouc émissaire dans la période de l'Avent. Reste à savoir pourquoi il aura fallu six ans, soit le temps pendant lequel Antonio Soragni sera resté à son poste, pour s'apercevoir qu'il n'était pas la bonne personne au bon endroit.
Lors de la même séance du Conseil de fondation, celui-ci apprend que le sous-chef du service des tapissiers-accessoiristes mis en cause dans l' " affaire " qui a provoqué la crise est à nouveau impliqué dans une " affaire " du même genre, avec une stagiaire du service. Il s'ensuit la démission (avec un indemnité de six mois de salaire) du sous-chef en question.

- janvier 2007 : le 16 janvier, finalement saisi (après que la presse l'ait rendue publique dès le 11 janvier, en l'attribuant à " la direction et la fondation ", alors que le Conseil de fondation n'avait même pas été consulté) de la demande du Directeur général et du bureau de licencier purement et simplement Antonio Soragni, autrement dit de ratifier formellement une décision déjà prise ailleurs, et que de toutes façons il n'avait pas la compétence de prendre puisqu'elle revenait au Conseil administratif, le Conseil de fondation, après avoir entendu Jean-Marie Blanchard et Antonio Soragni (le premier menaçant de démissionner si le second n'est pas limogé), refuse par six voix contre quatre de ratifier la demande de licenciement du second. En pleine procédure de vote, et s'apercevant que la demande du bureau n'allait pas recueillir de majorité au sein du Conseil, le président de celui-ci, suivi du vice-président, annonce que dans ces conditions, le bureau, collectivement, et le président, ainsi que le vice-président, individuellement, démissionneront de leur mandat (le directeur général ayant un mois auparavant procédé de la même manière pour arracher au bureau un soutien à la proposition de licenciement du secrétaire général). Le Conseil de fondation n'en repousse pas moins (par six voix contre quatre et une abstention) la proposition du bureau -c'était la première fois depuis des années que le Conseil, sortant de son rôle habituel de chambre d'enregistrement, faisait montre de sa capacité de décision. Devant la cascade de démissions potentielles annoncées (ou plutôt évoquées) par le directeur général, le président et le vice-président, le Conseiller administratif (qui annonce que l'exécutif municipal n'a pas l'intention de renouveler par écrit sa confiance au directeur général avant la fin de l'audit) propose de remplacer le licenciement par un déplacement, la Ville étant chargée de trouver, d'entente avec Antonio Soragni, un point de chute professionnel(le) à ce dernier, en Ville de Genève (70). Cette proposition (qui préjuge elle aussi les conclusions de l'audit, en contradiction formelle du protocole d'audit dont le Conseil de fondation est signataire) recueille une faible majorité au sein du Conseil (six voix pour, deux oppositions, trois abstentions), Antonio Soragni lui-même demandant qu'une " décision claire " soit prise en ce qui le concerne. La position du Conseil de fondation est transmise au Conseil administratif. Celui-ci reçoit le directeur général, le secrétaire général et des représentants du bureau du GTG, et se laisse un temps de réflexion avant de prendre une décision. Le directeur général annonce qu'il faudra désigner un directeur technique et un-e secrétaire général intérimaires La demande du Conseil de fondation de " déplacer " le secrétaire général confirme l'impression persistante que les instances du Grand Théâtre font sauter les uns après les autres les fusibles dont elles disposent -à cette précision près que, contrairement à une opinion généralement répandue, ce n'est plus la direction générale qui tente de se protéger du court-circuit en faisant " sauter les fusibles ", mais le Conseil de fondation lui-même, et plus précisément encore son bureau. La direction générale n'a en effet pas eu le choix du secrétaire général et du directeur technique (dont le Conseil de fondation apprend le départ pour Paris) : elle les a trouvés l'un et l'autre en place à son arrivée (71), comme elle a hérité d'une situation et d'un fonctionnement auquel on peut certes lui reprocher (pour le moins) de n'avoir pas mis fin, mais certainement pas de les avoir instaurés. Le Conseil de fondation étant supposé être l'organe " suprême de la fondation ", il doit en assumer suprêmement toutes les décisions importantes, même les plus calamiteuses : ça n'est pas la direction générale qui a refusé de recevoir les syndicats quand il était encore temps de les recevoir, de les écouter et de désamorcer la crise en réglant les problèmes qui l'ont provoquée : c'est le Conseil de fondation. La direction générale avait certes alors invité le Conseil à l'autisme, mais le Conseil pouvait parfaitement ne pas la suivre sur cette voie sans issue.
- le 24 janvier, le Conseil administratif, " soucieux de l'intérêt général de l'institution et dans le but d'apaiser les tensions qui y règnent ", annonce dans un communiqué (71) qu'à la demande du Conseil de fondation du GTG, il " libère " le Secrétaire général, Antonio Soragni, de ses fonctions, compte tenu de l'évidence que " la poursuite de la collaboration entre M. Blanchard et M. Soragni (n'est) plus souhaitable en l'état ". Le CA annonce également qu'il envisage avec A. Soragni " de lui confier d'autres missions ", mais sans dire lesquelles. Il repousse enfin tout soupçon quand à l'honnêteté et l'intégrité du secrétaire général " déplacé ", en feignant d'ignorer que la demande faite de le licencier, et même la décision de le " déplacer ", accréditent ces mêmes soupçons que le Conseil administratif affirme vouloir dissiper. L'annonce du " déplacement " du secrétaire général suscite de la part des syndicats une double réaction : d'une part, la dénonciation de la méthode consistant à sacrifier un bouc émissaire (ou à faire sauter un fusible) en plein audit, alors que les sacrificateurs eux-mêmes se sont engagés, comme toutes les parties au protocole d'audit, à ne pas prendre de décision préjugeant les conclusions de l'audit ; mais d'autre part, une indifférence certaine quant au sort d'Antonio Soragni lui-même (et de celui de Jacques Ayrault, directeur technique dont le départ pour Paris n'attriste pas grand monde), dont les pratiques, les décisions et le comportement à l'égard du personnel ont été régulièrement mis en cause depuis le début de la crise -ni plus, ni moins, cependant, que ceux de la direction générale. Les syndicats expriment toutefois leur opposition à la méthode consistant à transformer la Ville en office de réinsertion professionnelle des employés (sous contrat de droit privé) de la Fondation du GTG, dont la fondation souhaite se défaire avec le moins de vagues possibles.
- Dans le même temps où le bureau du Conseil de fondation (s'exprimant au nom du Conseil, sans l'avoir même consulté) annonce qu'il demande le licenciement du secrétaire général, on apprend que le directeur technique s'en va vers de nouvelles aventures parisiennes : Jacques Ayrault (73) est engagé comme directeur technique au Châtelet, à Paris. Deux fusibles ont donc sauté, le Directeur général n'en dispose plus, le bureau du Conseil de fondation n'en dispose plus d'autre que le Directeur général lui-même, et le Conseil de fondation plus d'autre que son propre bureau.
- Pendant ce temps, l'audit continue. Les auditeurs du premier lot (celui de Crealyse) sont surpris de l'afflux de demandes d'audition, émanant d'employés (et d'anciens employés) du GTG. Au terme de l'audit, et pour ce seul lot, le nombre d'entretiens aura dépassé le double de ce qui était initialement prévu.
- Fin janvier, le remplacement temporaire des deux cadres poussés au départ est assuré par la nomination d'une secrétaire générale et d'un directeur technique intérimaires.

- Février 2007 : le 27 février, une semaine après l'avoir fait annoncer par la presse (74), le président et le vice-président de la Fondation, Bruno de Preux et Robert Roth, annoncent au Conseil de fondation qu'ils ne solliciteront pas le renouvellement de leurs mandat fin août 2007. Le président explique, dans une longue déclaration, que si le Grand Théâtre est en crise, la faute en revient à Patrice Mugny, la direction générale, le Conseil de fondation, et le bureau du Conseil et la direction générale ne portant aucune responsabilité ni dans le déclenchement, ni dans l'aggravation de la crise. Tout suggère que le président et le vice-président du Conseil de fondation veulent tenter, en pleine période électorale, d'obtenir la tête du Conseiller administratif en charge de la culture (ou du moins de le priver de ce dicastère et le poussant à en prendre un autre) avant de quitter la présidence du Conseil de fondation, et surtout avant la remise du rapport et des conclusions de l'audit. Après avoir entendu le président de la fondation s'expliquer sur les raisons de sa vraie-fausse démission, et le vice-président en faire autant, l'un et l'autre (ainsi que le directeur général) ayant longuement fait le procès de Patrice Mugny et de Boris Drahusak, le Conseil de fondation a procédé à un vote sur la proposition du représentant des Verts de demander au bureau (et pas seulement au président et au vice-président) de réellement démissionner sans délai, afin de pouvoir le remplacer par un bureau intérimaire en fonction jusqu'en août prochain, le temps de mettre en oeuvre les recommandations de l'audit. La proposition a recueilli trois voix, trois membres du Conseil ont voté contre, sept se sont abstenus ou n'ont pas pris part au vote. En résumé : il n'y a ni majorité pour soutenir le président et le vice-président, ni majorité pour les désavouer -mais seulement une majorité relative attendant de savoir de quel côté va souffler le vent de l'audit avant de se prononcer (75).
- Au Conseil municipal, une motion de la droite, amendée par la gauche, est adoptée à la quasi unanimité le 26 février. Initialement, la motion de la droite exprimait le soutien du Conseil municipal à l'exécutif de la fondation et à la direction générale mais, détournée de ses buts par un amendement de la gauche, elle demande finalement au Conseil administratif de faire son travail, quitte à brusquer la fondation.
- Le 28 février, le rapport d'enquête administrative ouverte à l'encontre de deux électriciens du GTG, dont l'un exploitait une société privée sans en avoir obtenu l'autorisation, et l'autre passait commande à cette entreprise, est rendu. Le rapport conclut que les deux hommes n'ont pas respecté les obligations découlant de leur statut de fonctionnaire, et condamne le laxisme de la Direction générale du GTG. Le Conseil administratif renoncera finalement à sanctionner l'un ou l'autre des deux mis en cause.

- Mars 2007 : les deux présidents des deux commissions du personnel, Denis Chevalley (personnel fondation) et Gérald Crettenand (personnel Ville) prennent position contre le Conseil de fondation et son bureau et, de manière plus ou moins critique, soutiennent le Conseiller administratif (76). Dans une lettre publiée par La Tribune de Genève du 2 mars, Gérald Crettenand, président de la commission du personnel de la Ville écrit : " Notre commission soutient Patrice Mugny et le Conseil administratif " dans leur conflit avec le Conseil de fondation, et ajoute que la commission " espère que des mesures permettant d'assurer de meilleures relations humaines et conditions de travail au Grand Théâtre soient prises à la suite des résultats de l'audit ". Au passage, Gérald Crettenand estime qu'en annonçant leur départ, le président et le vice-président de la fondation anticipent les conclusions de l'audit relatif à la gestion des ressources humaines, et que cet audit " risque d'être accablant pour eux et la direction du Grand Théâtre ". Dans un communiqué envoyé aux media le 3 mars, et dont Le Matin dimanche rend compte le lendemain, Denis Chevalley, président de la Commission du personnel de la fondation, estime que le président et le vice-président de celle-ci " utilisent (leur démission) pour aggraver la crise (...) en tentant de rendre (Patrice Mugny) responsable de leur désengagement " (77).
- Le 12 mars, sept des huit représentants du Conseil municipal au Conseil de fondation demandent (et obtiennent) au Bureau du Conseil la convocation d'une séance extraordinaire sitôt après la publication des audits.
- Le 21 mars, le Conseil administratif propose la nomination de David Lachat (qui se dit à disposition) comme " conseiller (de la Ville et de la Fondation) à la mise en œuvre des mesures et réformes qui seront proposées " par les audits. Le président du Conseil de fondation fait d'abord mine de ne pas avoir été mis au courant, avant qu'il s'avère que la proposition a été faite avec son accord. Il s'avère également que l'initiative de la proposition émane du Cercle du Grand Théâtre et de la fondation Wilsdorf. Le 3 avril, le Conseil de fondation acceptera le principe de la nomination de David Lachat, sous réserve d'un cahier des charges, et après que Patrice Mugny ait assuré que David Lachat n'était " pas pressenti pour prendre la présidence de la Fondation, malgré ce qui peut être dit " (et qui sera confirmé par la suite, lorsque David Lachat refusera explicitement cette proposition…)

- Avril 2007 : Le 2 avril, les rapports d'audit sont présentés à la presse, au personnel et au Conseil de fondation, et publiés sur les sites internet du GTG et de la Ville, avant que d'en être précipitamment retirés. Ils sont ravageurs, celui de Créalyse tout particulièrement. Ces rapports devaient être présentés sous une forme provisoire, et améliorable, le 23 mars, à la Fondation, à la Ville et aux syndicats. Cette séance a été supprimée, contre l'avis des syndicats, le résultat étant que le rapport d'audit de Créalyse est formellement contestable, n'ayant pu être corrigé. Le 3 avril, les auditeurs de Sherwood se désolidarisent confraternellement du rapport de leurs homologues de Créalyse. Le bureau du Conseil de fondation saute sur l'occasion pour tenter de faire refuser le rapport Créalyse par le Conseil -qui, le 4 avril, finit par en accepter les conclusions tout en désapprouvant la formulation du rapport (78).
- Le même 4 avril, le Conseil administratif " prend acte " des conclusions des deux rapports d'audit et décide de proposer à la direction et à la fondation du GTG, d'une part, aux syndicats et à la commission du personnel d'autre part, de : faire examiner par l'Office cantonal de l'inspection et des relations du travail les questions liées à la santé et à la sécurité du personnel, de municipaliser six personnes sous contrat fondation et de réintégrer dans leur fonction les deux tapissières-accessoiristes.
- Le Directeur général mandate l'avocat Marc Bonnant pour défendre ses intérêts. L'avocat somme la Ville de Genève de résilier le mandat de Créalyse. L'ancien Directeur technique mandate l'avocat Alain Marti pour défendre ses intérêts (contre Créalyse). De son côté, Créalyse mandate l'avocate Catherine Chirazi pour défendre ses intérêts, après que le président de la Fondation s'en soit pris publiquement à Créalyse dans un entretien à La Tribune de Genève du 18 avril, et ait attribué à Créalyse l'entière responsabilité de la crise ouverte par la publication précipitée de son audit (avec l'accord de la Fondation…)
- Le 17 avril, le Conseil de fondation adopte (à l'unanimité) le mandat donné à David Lachat (79) et décide, à l'unanimité moyennant une abstention (celle de l'auteur du présent rapport) de " mettre un terme au mandat de Créalyse ", alors que la Fondation n'était que l'un des deux mandataires de l'audit et ne pouvait donc mettre seule un terme au mandat de l'auditeur.

- Mai 2007 : le Directeur général, se considérant comme " la personne juste pour conduire les réformes utiles et le redressement du Grand Théâtre ", propose au Conseiller administratif Mugny de prolonger son contrat jusqu'au 30 juin 2010. Jean-Marie Blanchard ajoute que " ne pas accueillir (cette) proposition serait donner crédit aux calomnies du rapport Créalyse ".

- Juin 2007 : Début juin, le Conseil administratif, reprenant les propositions faites par David Lachat, annonce son intention de présenter au Conseil municipal un " paquet ficelé " de propositions diverses (80), aux implications politiques, financières et sociales considérables, et dont certaines ont pour caractéristique de supposer une modification du statut de la fondation, modification que le Conseil municipal ne peut " voter sur le siège " car elles impliquent une acceptation par le Grand Conseil, impossible à obtenir avant l'échéance du mandat du Conseil en fonction, le 31 août (81). Le CA propose notamment de faire passer tout le personnel du GTG (y compris le personnel municipal) sous contrôle de la fondation, de réduire à une dizaine le nombre de membres du Conseil de fondation, et à deux ou trois celui des représentants du Conseil municipal dans ce Conseil.
- Le 4 juin, David Lachat informe le Conseil administratif et le Conseil de fondation qu'il met fin à son mandat de " conseiller de la Ville et de la Fondation ", et décline l'offre qui lui avait été faite de présider le Conseil de fondation. Le même jour, les syndicats et la CPTA adressent aux Conseillers municipaux une lettre les alertant sur les conditions de travail " inacceptables " au GTG (surcharge de travail due à une " programmation démesurée ", milliers d'heures supplémentaires, périodes de travail excessives, jusqu'à dix jours d'affilée douze heures par jour (82) , déficience du management), sur la non-résolution des problèmes mis en lumière par la crise, sur la mauvaise volonté manifestée par la Fondation et la direction dans le cadre des négociations triparties, sur le danger de voir la Ville s'en retirer au profit d'un Conseil de fondation remanié . Les syndicats et la CPTA expriment leur opposition à la réforme du Conseil de fondation telle que proposée par David Lachat. et réaffirment leur volonté de négocier avec le Département de la culture sans être obligés de passer systématiquement par l'intermédiaire de la Fondation. Le président de la fondation réagit le 6 juin en adressant au président de la CPTA, Denis Chevalley, une lettre lui imputant des " accusations graves et mensongères " à l'encontre du directeur général, lui reprochant de n'avoir pas consulté la CPTA avant de signer la lettre commune avec les syndicats, l'accusant enfin d' " abus d'autorité " et le menaçant implicitement de sanctions (mais lesquelles ?). Le président du Conseil de fondation écrit en outre le 7 juin aux cinq conseillers administratifs pour accuser Patrice Mugny de " diffuser des informations confidentielles à M. Chevalley et aux syndicats à l'insu (de ses collègues) " et du Conseil de fondation, et Denis Chevalley de vouloir provoquer " une nouvelle crise fonctionnelle " au GTG. Le 15 juin, les syndicats et la CPTA répondent au président de la Fondation en réfutant la divulgation par Denis Chevalley d'informations secrètes. La cheffe du service financier, la chargée des publics, le chargé de la presse et de la diffusion et le chargé du service culturel se désolidarisent également de la lettre des syndicats et de la CPTA (et le font généralement savoir au Conseil municipal et au Conseil de fondation), certains demandant implicitement ou explicitement que la CPTA se dote d'une nouvelle présidence. Le directeur général a répondu aux syndicats et à la CPTA, en qualifiant leurs propos de " malveillants et inexacts ", en réfutant les accusations portées contre lui d'entraver les réformes au GTG, et en démentant que le personnel soit surchargé d'heures supplémentaires. Le directeur général fait en outre intervenir son avocat auprès du président de la CPTA et de la secrétaire syndicale du SIT pour leur annoncer que Jean-Marie Blanchard se réservait le droit de porter plainte contre eux pour leur " comportement pénalement répréhensible " et leurs " accusations graves et totalement mensongères ". Le directeur technique réfute quant à lui l'accusation de non-respect des règlements et lois en vigueur. Il dément également l'existence de " milliers d'heures supplémentaires " et de périodes de travail allant jusqu'à dix jours.
- Le 14 juin, le Bureau du Conseil de fondation (sans en informer le Conseil, mais en en avertissant par courriel et affichage interne l'ensemble des collaboratrices et collaborateurs du GTG) décide unilatéralement de ne plus participer aux négociations tripartites Ville-Fondation-Syndicats/CPTA (examen des préconisations des audits). Le bureau du Conseil de fondation (toujours sans en informer le Conseil) annonce en outre qu'il refuse désormais de siéger en présence de Boris Drahusak, co-directeur du DAC, qu'il accuse de transmettre " des informations secrètes à M. Denis Chevalley, voire aux syndicats, à l'insu du Conseil administratif, du Conseil de fondation et de la Direction du Grant Théâtre ". Le bureau du Conseil de fondation demande que la Ville ne soit plus représentée aux négociations que par un représentant de ses Ressources Humaines et propose l'ouverture immédiate de négociations sur les modifications " indispensables et urgentes " du règlement du personnel technique. Le lendemain, le Conseil administratif décide de poursuivre ces négociations, que la fondation y soit ou non représentée. Les syndicats et la CPTA déclarent quant à eux ne pouvoir accepter la décision unilatérale du bureau du Conseil de fondation de mettre fin à l'examen des préconisations des audits.
- Dans un communiqué, publié alors que le Conseil de fondation était en séance, le Conseil administratif annonce qu'il nomme pour le représenter au Conseil de fondation l'ancien président de celui-ci, Guy Demole, l'ancien Secrétaire général du GTG, François Duchêne, l'ancien Conseiller d'Etat Guy-Olivier Segond, la co-directrice du DAC, Martine Koelliker, et enfin, last but not least, Lorella Bertani, que le CA propose à la présidence de la Fondation. Le CA se résout à " maintenir la composition statutaire actuelle du Conseil de fondation " (il n'avait pas le choix, ce n'est pas lui qui peut modifier les statuts), mais propose tout de même, sans que les statuts le permettent, de nommer deux vice-présidents (MM Segond et Demole). Enfin, le CA propose que le Conseil de fondation s'adjoigne, à titre consultatif (dans un premier temps) la présence du président de la CPTA, au titre de représentant du personnel.
- Le 25 juin, le Conseil administratif ayant renoncé à défendre devant le Conseil municipal les propositions faites par David Lachat de modifier la composition du Conseil de fondation, le Conseil municipal désigne ses sept représentants (un par parti) au Conseil de fondation (83) .

Juillet 2007 : Jean-Marie Blanchard dépose plainte à Paris pour diffamation contre les auteurs du rapport Créalyse. La plainte ayant été jugée recevable, les cinq personnes concernées ont été inculpées (leur avocate déclare en " sourire ", ses clients n'ayant fait qu'exécuter un mandat qui leur avait été confié par la Ville et le GTG. L'avocate ajoute que " certaines personnes prennent prétexte de la forme (du rapport) pour (en) ignorer le fond " et rappelle que les conclusions du rapport ont été " approuvée par la Fondation comme par la Ville "). Le porte-parole du GTG explique que la plainte a été déposée en France parce que le Directeur général du GTG est Français et que la crise du GTG a été relatée dans la presse française. La publication (par le GTG et la Ville) du rapport d'audit de Créalyse sur internet explique aussi le recours à la justice française.

Novembre 2007 : Le tribunal de Grande Instance de Nanterre condamne le 15 novembre le directeur de publication du " Monde " et un journaliste du quotidien à 10'000 euros de dommages-intérêts pour " diffamation publique envers un particulier " (en l'occurrence Jean-Marie Blanchard) après la publication en mai d'un article relatant la crise du Grand Théâtre sur la seule base du rapport Créalyse, sans faire état des critiques qu'il avait suscitées. Aux termes du jugement, celui-ci est publié dans Le Monde, Le Temps et la Tribune de Genève.

Il aura donc fallu le suicide d'un employé du GTG et une lettre collective signée par 70 employés de ses collègues pour que le Conseiller administratif, Patrice Mugny, le directeur du GTG, Jean-Marie Blanchard, et le président de la Fondation, Bruno de Preux, qui tous avaient fait la sourde oreille aux protestations des employés et des syndicats, consentent à admettre que " tout ne tourne pas rond " et que ces protestations, les assemblées générales, les tracts syndicaux, ne procédaient pas d'un complot ourdi par les syndicats et de la manipulation de braves travailleurs heureux de se trouver dans la grande famille de l'Opéra, mais détournés de ce bonheur par de méchant-e-s syndicalistes uniquement animés de la volonté de nuire à l'Institution.
Le Conseil de fondation (où l'on a entendu des voix se plaindre d'un " manque d'information "...) avait même, par deux fois, et explicitement, refusé d'entendre les syndicats, qui souhaitaient lui exposer les revendications du personnel, à propos de l'affaire de harcèlement dans le milieu des accessoiristes, affaire niée par tout l'appareil du GTG, et sur laquelle une enquête administrative, confirmée par un audit, avait fort opportunément conclu (contre l'avis des syndicats) au non-lieu. En clair : quand le Conseil de Fondation était informé, il refusait d'entendre les informations qu'il recevait (notamment des syndicats), quand il pouvait être informé, il refusait de l'être, et quand il ne l'était pas, il s'en plaignait. " Nous n'avons certainement pas compris grand-chose ", reconnaît Patrice Mugny. Certainement... " J'ai sous-estimé le problème ", admet également le Conseiller administratif. A sa décharge, ajoutons qu'il n'est pas le seul, et que si certains ont " sous-estimé " le problème, d'autres l'ont carrément camouflé. Patrice Mugny assurait que " si des petits chefs se mettent à jouer les sergents-majors pour intimider les signataires de la lettre (collective du personnel après le suicide de M. R.), il faut que ces derniers osent nous le dire ! ". Avec quelles garanties de ne pas avoir ensuite à subir des mesures de rétorsion de la part desdits " petits chefs " ? Et Bruno de Preux ajoutait : " je ne tolérerai aucune sanction contre qui que ce soit tant que nous n'aurons pas le rapport d'audit ". Et après la remise du rapport, les sanctions pouvaient être tolérées ? En réalité, elle le furent même avant : en décembre, le même Bruno de Preux, en plein rapport d'audit, demandant le licenciement du secrétaire général du GTG…
Le directeur du GTG reconnut également que le problème du mobbying et du harcèlement " n'a pas été véritablement soldé ". Pas véritablement, non. Jean-Marie Blanchard ajouta que les signataires de la lettre collective à Patrice Mugny " se sont exprimés de manière maladroite, sous le coup de l'émotion ". Et le président du Conseil de fondation, après avoir commencé à entendre plusieurs des signataires de la lettre des employés pour obtenir d'eux des " explications " (qui avaient déjà été données par les syndicats, mais qu'il avait à l'époque refusé d'entendre) " mais aussi des dénonciations " (qui avaient déjà été faites par quatre employés, qui se sont retrouvés suspendus pour les avoir exprimées), assurait qu'il serait " insupportable que quelqu'un soit sanctionné parce qu'il parle ". C'est pourtant précisément ce qui est arrivé à Mme V. : être sanctionnée (avec deux autres personnes, mutées) pour avoir parlé.

La manière dont la direction du GTG, y compris le Conseil de fondation, c'est-à-dire son bureau et la majorité de ses membres (lors de sa séance du 19 septembre 2006, le Conseil de fondation avait intégralement reconduit son bureau et réélu les membres du bureau sortant dans leurs fonctions) a cru pouvoir régler le conflit avec les quatre employés dénonçant des pratiques de harcèlement a été si obtuse qu'elle a aggravé la situation, en la recouvrant provisoirement d'une chape de silence que seuls les syndicats, intervenant " de l'extérieur " et de manière autonome, sans être sensibles aux pressions de la direction et du Conseil de fondation (à tout le moins de son bureau), ont pu briser. Les " instances maison " (notamment la commission du personnel) n'ont été d'aucun secours à personne, et quand le directeur regrette que les pétitionnaires " n'ont en tout cas pas suivi les canaux traditionnels en usage dans chaque entreprise ", il faut bien admettre que c'est parce que ces " canaux traditionnels " étaient inutilisables (84). L'audit eut donc pour effet positif, comme l'intervention des syndicats, ce que Crealyse posait comme une " règle d'or " : " libérer la parole et cerner la capacité des gens en interne à exprimer, puis dépasser le conflit ou le problème ". Bref, ce que la direction et le Conseil de fondation se sont précisément révélés incapables de faire.
Quand à ce qui est " en usage dans chaque entreprise ", il nous semblait que depuis la signature de la Paix du Travail en 1937 le dialogue avec les syndicats en faisait partie -or le Conseil de Fondation du GTG a refusé de recevoir les syndicats quand ceux-ci le demandaient.
De ce point de vue, la responsabilité du Directeur général n'est sans doute pas, dans la crise, la plus directe, et si la " confiance " à son égard, votée par le Conseil de fondation, avait un sens, elle aurait dû impliquer que le Conseil de fondation lui-même, collectivement, liât son sort à celui de la direction au cas où celle-ci devait subir les conséquences de l'audit : Le rôle de Jean-Marie Blanchard aurait dû être d'abord celui d'un directeur artistique, pouvant se décharger des tâches administratives et techniques sur un directeur général (voire de surcroît un directeur financier et un directeur des ressources humaines et un directeur technique). Ce qu'il n'a pas pu faire. A cet " erreur " s'est ajoutée celle, quasi structurelle, qui consistait à utiliser le Conseil de fondation comme chambre d'enregistrement des décisions (ou de ratification des propositions) de son Bureau, lequel semblait lui aussi fonctionner comme chambre d'enregistrement (ou de ratification) des choix de la direction générale. Dans cette structure où chacun se reposait sur les autres de la responsabilité ultime des décisions prises, plus personne n'était responsable de rien :
- la direction refusait d'admettre la présence des syndicats dans l'institution, refusait que le Conseil de fondation se mêle de ce qui tient lieu de " dialogue avec le personnel ", et organisait ce " dialogue " dans des conditions qui dissuadait le personnel d'y exprimer ce qu'il a à exprimer ;
- le Bureau du Conseil de fondation soutenait la position de la direction ;
- le Conseil de fondation ratifiait la position du Bureau... puis votait une confiance générale, aveugle et abstraite au directeur général…
… et on attendait que la crise éclate publiquement pour commencer à se demander si tout fonctionne aussi bien qu'on l'avait affirmé (ou, pour reprendre la formulation interrogative de l'auditeur Sherwood : " certains problèmes auraient-ils pu être évités s'ils avaient été traités par la bonne instance ? (…) certaines décisions ont-elles été prises dans un vide juridique et institutionnel qu'il conviendrait de combler ? (…) certaines personnes ont-elles commis des fautes professionnelles, comme outrepasser les instances et processus de décision institutionnels, voire plus grave encore ? "...
" Il faut absolument revitaliser les courroies de transmission dans la maison ", déclarait le directeur. Pourquoi pas ? Mais encore aurait-il fallu que ces courroies ne fonctionnent pas dans un seul sens, et ne servent pas surtout à la direction et à la Fondation à la démobilisation des mouvements de protestation internes. " Je crains que les revendications syndicales et le tapage médiatique ne nous aident pas à avancer ", déclarait Jean-Marie Blanchard. Et s'il n'y avait eu que " les revendications syndicales " et le " tapage médiatique " pour permettre au GTG d'avancer, fût-ce contre son gré ? Le directeur général déclarait craindre " à quelques mois des élections (...) l'instrumentalisation du Grand Théâtre à des fins partisanes " (85). Plus la résolution de la crise tardait, plus ce danger, hypothétique ou réel, devenait évident -et l'audit réclamé par Patrice Mugny n'y changea rien -au contraire, puisque ses résultats tombèrent juste avant l'élection du nouveau Conseil administratif -et la réélection de Patrice Mugny, au grand dam du Bureau du Conseil de fondation du GTG.
Le déplacement du Secrétaire général (déplacement assumé par la Ville, et non par la fondation), le départ du Directeur technique, ont laissé le Directeur général en première ligne, alors qu'il n'a eu ni le choix du Secrétaire général, ni celui du directeur technique, les ayant trouvé en place l'un et l'autre à son arrivée au GTG. On peut donc certes reprocher à Jean-Marie Blanchard de n'avoir pas mis fin au fonctionnement erratique de la direction générale du GTG, et aux pratiques féodales de la direction technique et de ses baronnies, mais on ne peut lui reprocher de les avoir créées : il et elles préexistaient de longue date à son arrivée. Le Conseil de fondation étant supposé être " l'organe suprême " de la fondation, il doit aussi assumer la responsabilité " suprême " des décisions les plus importantes prises dans la maison, qu'il ait explicitement ratifié ces décisions (comme celle de refuser de recevoir les syndicats) ou qu'il se soit contenté de " laisser faire " (laisser faire la direction, ou le bureau du Conseil). Nous ne pouvons donc qu'être en plein accord avec la position exprimée par le Directeur général en décembre 2006 : " Le Conseil de fondation supervise la gestion du Grand Théâtre mois après mois. Deux conseillers administratifs y siègent, dont Patrice Mugny, et tous les partis y ont un représentant. Si mauvaise gestion il y avait, ce serait donc aussi la leur " (86) . Or mauvaise gestion, des rapports sociaux, pour le moins, il y eut…

La crise dont les deux audits (y compris, donc, celui de Crealyse) ont contribué à permettre la résolution (dans la mesure où ils n'aboutirent seulement au sacrifice de quelques boucs-émissaires dans l'appareil administratif et technique du GTG) illustra, de la part d'une institution municipale, une conception difficilement acceptable du respect des droits syndicaux. Or, dès lors qu'une part croissante du personnel du Grand Théâtre est constituée par du personnel engagé par la Fondation, sous contrat de droit privé, les droits de ce personnel ne peuvent être garantis que par l'action des syndicats -la commission du personnel Ville ne représentant, comme son nom l'indique, que le personnel municipal, ce qui suffisait à justifier la création d'une commission unique. Toute entrave à l'activité des syndicats porte donc préjudice au droit du personnel du Grand Théâtre d'être défendu face à son patron -la Fondation, ou la Ville.
Les " dysfonctionnements " (pour user d'un aimable euphémisme) à la tête de l'administration générale, et des services techniques et artisanaux, du GTG, posèrent en outre le problème du statut des chefs de cette administration et de ces services. La Ville étant, directement ou non, la pourvoyeuse financière du fonctionnement du théâtre, il paraît logique que les fonctions directoriales (administratives, techniques, financières, des ressources humaines) de Secrétaire général(e) et de Directeur(trice) soient assurées (sur proposition de la direction générale et du Conseil de fondation -non de son bureau) par de haut-e-s fonctionnaires municipaux-ales, nommés par la Ville.
La crise interne du GTG pose enfin le problème du double statut du personnel du Grand Théâtre : en gros, la moitié du personnel relève de la fonction publique municipale, l'autre moitié est sous contrat de droit privé avec la fondation. Le résultat de cette dichotomie est aberrant : des employés municipaux sont placés sous les ordres de chefs sous contrat de droit privé, employés par une institution théoriquement contrôlée et lourdement subventionnée par la municipalité, mais dont la moitié des employés sont soustraits à son contrôle par leur statut même. " Il faudra s'y attaquer un jour, mais pas en période de crise ", a déclaré Patrice Mugny à propos de la dualité des statuts du personnel du GTG. Et si " la période de crise " était précisément la provocation nécessaire pour s'attaquer à cette dualité en municipalisant la quasi-totalité du personnel ?
Lors de la séance du 23 mai 2005 du Conseil de fondation, Patrice Mugny s'est clairement prononcé contre la municipalisation du personnel du GTG : " ce n'est pas possible pour des questions budgétaires ". L'argument paraît faible, puisque cette municipalisation, en libérant le budget du Grand Théâtre de la charge salariale et des charges sociales du personnel qu'il emploie -et qu'il n'emploierait plus- permettrait à la Ville de réduire d'autant la subvention qu'elle verse à la Fondation. Pour l'essentiel, il s'agit d'un déplacement comptable -même pas un transfert de charges, puisque de toutes façons ce sont les fonds municipaux qui assurent la couverture de la masse salariale, que ce soit directement ou par voie de subvention. Dans une lettre aux syndicats et aux commissions du personnel, où il doute de la possibilité " compte tenu de la situation financière générale actuelle " de " municipaliser l'ensemble du personnel ", le Conseiller administratif rappelait que l'indexation des salaires du personnel de la Fondation sur le même pourcentage que les fonctionnaires de la Ville aboutit à une indexation de la subvention d'exploitation versée par la Ville à la Fondation, ce qui confirme qu'on est bien dans un fonctionnement de vases communicants.

Or donc :
- le Grand Théâtre emploie des personnels sous deux statuts différents : le statut d'employés municipaux pour la moitié du personnel stable et la majorité du personnel régulier payé à la prestation, le statut d'employés de la Fondation pour les autres. Tout ce personnel est cependant placé sous la responsabilité hiérarchique ultime d'une direction sous contrat de droit privé. En d'autres termes, du personnel municipal est dirigé par du personnel privé.

- Les employés réguliers du Grand Théâtre, ainsi que les temporaires, étaient auparavant, sauf exceptions, engagés par la Ville et mis sous statut du personnel municipal. Depuis 2005, le personnel auxiliaire temporaire (dont une partie est employé pendant toute une saison, et réengagé pour la saison suivante) est engagé par la Fondation, sous contrat de droit privé. Le statut du personnel municipal ne permet en effet pas le réengagement d' " intermittents " après une année de fonction. Comme l'engagements d' " intermittents " est indispensable au GTG, il faut donc qu'ils soient employés par la Fondation. La direction, la Fondation et la Ville avaient assuré que ce passage de la Ville à la Fondation n'allait entraîner aucune péjoration des conditions de travail et de rémunération du travail. Un an plus tard, les syndicats constataient le contraire -et le Conseil de fondation comme la Ville l'admettaient à demi-mot : salaires et vacances en baisse, prestations sociales, indemnités et récupérations en régression, disparités entre les statuts, surtout dans les services " mixtes ", employant à la fois du personnel municipal et du personnel de la Fondation, disparités entre les avantages sociaux (87) et les conditions offertes par les caisses de retraite (88)… En outre, les temporaires Fondation et les temporaires Ville ont certes le même salaire, mais ne bénéficient pas du même régime de congés. Lors de leur transfert de la Ville à la Fondation, les temporaires avaient perdu 8,33 % de leur salaire réel -le pourcentage correspondant précisément aux congés, sous forme d'une adjonction au salaire de base puisque le contrat temporaire est limité à onze mois. Une nouvelle grille salariale (à trois échelons) a été mise en place dès le 1er juillet 2006 pour le personnel temporaire, et finalement le paiement rétroactif des congés dus à ce personnel a été effectué (il aura fallu, là encore, l'intervention des syndicats pour que cela se fasse).

Au 30 juin 2008, le Grand Théâtre employait, directement (personnel de la Fondation) ou indirectement (personnel de la Ville), régulièrement ou occasionnellement, 417 personnes , compte non tenu des musiciens d'orchestre, des choristes auxiliaires, des figurants, des chefs d'orchestre, solistes, metteurs en scène, chorégraphes, décorateurs, costumiers et assistant-e-s des uns et des autres (soit au total entre 250 et 300 personnes chaque saison). Le personnel administratif et technique fixe et temporaire est formé de personnel municipal affecté au GT, mais pris en charge sur le budget de la Ville. Tendanciellement, la part du personnel municipal reculait, jusqu'en 2006-7 par rapport à celle du personnel fondation, les nouveaux postes de travail créés étant généralement des postes fondation. L'un des effets de la crise interne de 2006-7 sera d'inverser cette tendance, par la municipalisation de plusieurs postes " fondation ". ¨

Au 30 juin 2008 :
Personnel sous contrat fondation 132 personnes (dont 16 à temps partiel)
Direction : 10 personnes
Personnel artistique : 19 personnes
Chœur : 46 personnes (dont 43 choristes)
Ballet : 30 personnes (dont 22 danseurs)
Personnel sous contrat Ville 137 personnes (dont 8 à temps partiel)
Théâtre : 98 personnes
Ateliers : 38 personnes
Personnel temporaires de salle et de location (Ville)
51 personnes
Apprentis, stagiaires, chômeurs et AI 33 personnes (sur la saison)
Personnel artistique ou technique temporaire (Ville et Fondation) :
64 personnes90


Les frais de personnel représentent en gros les trois quarts des dépenses d'exploitation totale du GT, soit pour 2006/2007 (budget, en mios FS, sans les charges sociales) :

Direction et personnel administratif 1,138
Personnel d'exploitation 3,257
Chœur professionnel 3,861
Ballet 2,164
Personnel artistique 7,454
Chœurs auxiliaires, figurants, danseurs surnuméraires, mimes 0,82
Au 1er janvier 2009, le GTG employait 278 collaborateurs réguliers : 135 sous statut de droit public (mais plusieurs postes occupés par des employés municipaux affectés au GTG, n'étaient pas pourvus) et 143 sous statut de droit privé. Un catalogue exhaustif des fonctions exercées par les employés de la fondation, une évaluation et une classification de ces fonctions (par analogie avec celles de la Ville) ont été effectués au premier semestre 2009, et sont entrés en vigueur le 1er juillet . La direction des ressources humaines du GTG a été chargées, en collaboration avec celle de la Ville, de mettre en place des structures paritaires (analogues à celles de la Ville).
Une soixantaine d'artisans (menuisiers, serruriers, cordonniers, décorateurs, costumiers, peintres etc…) travaillent dans les ateliers du GT, à Neuve, Michel-Simon, Sainte-Clotilde ou Vernier ; certains exercent des professions qu'ils ne pourraient plus exercer ailleurs, ou dont ils ne pourraient plus vivre décemment. Le GTG est en outre, sauf erreur, le seul opéra de Suisse à employer à demeure certains artisans (comme les cordonniers).

Le deuxième pilier (prévoyance professionnelle) du personnel employé par la Fondation est pris en charge par la Fondation de prévoyance en faveur du personnel d'institutions subventionnées par la Ville de Genève (FOP), qui en 2002 couvrait 1117 assurés actifs (192 hommes et 925 femmes) employés par 46 crèches et garderies d'enfants, 4 centres de loisirs et maisons de quartier, deux résidences pour personnes âgées et quatre théâtres, le tout constituant une masse salariale de 37,769 mios FS/an .

Nous insistons : le fait que le personnel employé par le Grand Théâtre relève d'au moins deux statuts différents (personnel municipal, avec statut de la fonction publique municipale, et personnel de la fondation, avec statut de droit privé, et le GTG est sauf erreur la seule institution genevoise où se constate cette situation), sans compter les temporaires et les auxiliaires, n'est pas sans poser problème : c'est ainsi qu'aux ateliers du GT travaillent côte à côte des " fonctionnaires " et des " employés " de la fondation, effectuant les mêmes tâches, avec grosso modo les mêmes horaires, mais pas forcément les mêmes conditions salariales et sociales. La Fondation expliquait qu'elle " n'a pas les moyens d'avoir la même politique salariale que la Ville " . On peut en douter, dans la mesure où l'identification de la politique salariale de la fondation à celle de la Ville finirait de toutes façons par être payée par la Ville (par l'indexation de la subvention à l'augmentation des charges salariales, dont le principe a été admis par le Conseiller administratif responsable de la politique culturelle).
D'ailleurs, même si réellement la fondation ne pouvait avoir les moyens d'aligner sa politique salariale et sociale sur celle de la Ville, la question resterait posée d'une " municipalisation " de l'ensemble du personnel stable du GT (hors le personnel temporaire, le personnel artistique payé à la prestation, ainsi que le directeur général et les directeurs et directrice des chœurs et du ballet) dès lors que la totalité de ce personnel est tout de même payé par la Ville, que ce soit directement en tant que personnel municipal ou indirectement par la subvention versée à la Fondation. De ce point de vue, affirmer que la situation financière de la Ville n'autorise pas la municipalisation du personnel du Grand Théâtre n'a guère de sens, puisque de toutes façons c'est la Ville qui paie ce personnel. L'état des finances municipales apparaît ainsi comme un prétexte -et il serait plus clair, et en tous cas plus franc, de dire que la Fondation tient à garder le plus grand contrôle possible sur le personnel qu'elle emploie de fait, qu'elle en soit ou non l'employeur de droit.
Quant à nous, nous devrions désormais défendre l'idée d'un passage sous statut municipal, tant que la Ville reste le principal soutien financier du GTG, de l'ensemble du personnel actuellement employé par la fondation (sauf les exceptions évoquées plus haut ), parallèlement à la régularisation des " temporaires structurels ", autrement dit des " faux temporaires ", du moins ceux qui souhaitent cette régularisation . Au minimum, nous devons soutenir le principe d'une égalisation des droits salariaux et sociaux entre les deux catégories de personnel du GTG .

Enfin, une Commission unique " des personnels du Grand Théâtre " (sous contrats avec la Fondation ou membres de la fonction publique municipale) a été instituée, et élue en novembre 2008. Cette commission unique était une revendication des employés du GTG et des syndicats. Elle remplace la " Commission d'information et de coordination " (CIC), dissoute par le Conseil de fondation en janvier 2009, et qui tentait, sans y parvenir, d'être un lieu de dialogue entre la direction et les représentants des différents personnels du GTG, qu'ils soient sous statut fondation ou sous statut municipal. La commission des personnels du GTG remplace également l'actuelle Commission du personnel technique et administratif. Elle représentera donc l'ensemble des employés du GTG . Son président siège désormais officiellement, mais toujours à titre consultatif, au sein du Conseil de fondation.

En 2006, le Grand Théâtre est entré dans une crise interne, qui couvait depuis 2003 et qui a progressivement pris une gravité telle que les différents acteurs de l'institution (Conseil de Fondation, direction, Conseil administratif, Conseil municipal, organisations du personnel) se sont résolus (voire, pour certains, résignés) à commanditer un véritable audit de l'institution, de son fonctionnement, de sa structure, de ses rapports sociaux. Cette crise, il est vrai, menaçait sérieusement non seulement de dégrader durablement " l'ambiance " et les conditions de travail, mais également la capacité du GTG de concrétiser un projet artistique qui n'a jamais été contesté (au contraire des conceptions féodales des relations sociales à l'intérieur de la maison, et avec les syndicats, qui prévalaient de la part de la direction, soutenue aveuglément par la majorité du Conseil de fondation). Finalement, le directeur général a (tardivement) reconnu devant le Conseil de fondation (du 21 novembre 2006) qu'une " succession de maladresses " a abouti à ce qu'il craignait le plus : " les syndicats ont un tapis déroulé devant eux au GTG ". Or si la crise de 2006 a pu avoir un effet positif, ce serait précisément celui-là : faire entrer les syndicats dans la principale institution culturelle genevoise, celle à laquelle la collectivité publique contribue financièrement le plus. C'est ainsi que se prennent les Bastilles, sans qu'il en résulte leur destruction.

Mobbying, licenciements injustifiés, précarité : une crise et un audit contre l'autisme

Le 13 février 2006 s'est tenue une assemblée générale du personnel du GT, convoquée par les syndicats (SSP et SIT) avec à l'ordre du jour :
- précarité
- banalisation du mobbying
- licenciements injustifiés
Finalement, lors de cette assemblée, le mobbying n'a pas été évoqué, mais l'aggravation de la précarité l'a été en lien avec les contrats temporaires. La direction du GT et le président du Conseil de fondation, se disant " indignés " par les termes " banalisation du mobbying ", ont réagi en convoquant eux aussi le personnel à une " séance d'information ", à laquelle environ 200 membres du personnel étaient présents.

Il convient ici de revenir sur l'" affaire " de harcèlement, niée en tant que telle par la direction et le Conseil de fondation, et de retracer ses conséquences, puisqu'elle a été l'élément déclencheur d'une crise dont les raisons profondes sont à la fois plus anciennes, et structurelles. Cette affaire a semblé dans un premier temps n'aboutir qu'à un seul résultat : les employées qui dénonçaient des situations de harcèlement ont été sanctionnées, la personne accusée de harcèlement a été promue. La situation dénoncée par les employées soutenus par les syndicats était pourtant probablement (sauf à la supposer sourde et aveugle) connue de la direction, et par ailleurs durait depuis longtemps. On en profitera pour résumer le conflit à propos du statut des temporaires, surgi parallèlement, et évoquer quelques uns des problèmes révélés (ou confirmés) par cette affaire.

- Novembre 2002 : Arrivée d'un nouvel employé au service des tapissiers-accessoiristes. Une employée (sous contrat Ville) se plaint peu après de harcèlement de sa part. Les chefs du service n'interviennent pas.
- Janvier 2003 : une seconde employée (elle aussi sous contrat Ville) se plaint également. Les deux employées évoquent le problème devant le Directeur technique, qui leur assure que leurs doléances seront consignées dans le dossier administratif (ce qui ne sera pas fait). Le secrétaire général est également informé des faits.
- Mars 2003 : la seconde employée écrit à son chef d'équipe pour lui faire part du problème. Le chef d'équipe lui interdit d'en informer quiconque " plus haut ". L'employée estime avoir ensuite été pénalisée en n'étant pas, contrairement à ses collègues, mise au bénéfice d'une classe de traitement plus élevée. En avril, elle reçoit une évaluation négative (ses évaluations précédentes étaient bonnes, ce qui laisse planer la suspicion d'une mesure de rétorsion) au motif de mauvaises relations avec " certains de ses collègues ". Elle doit abandonner sa charge de déléguée à la commission interne du personnel. En revanche, l'employé mis en cause est titularisé.
- Juin 2005 : l'employé accusé de harcèlement est pressenti pour devenir sous-chef du service. Quatre employé-e-s du service expriment par écrit leur appréhension à la Direction, qui les reçoit. Elles dénoncent des paroles dépréciatives, agressives, déplacées, sexistes, humiliantes et répétées, et demandent à la Direction d'intervenir. La Direction considère le futur sous-chef comme un " élément fort " et clôt la discussion. Le sous-chef est nommé en août 2005.
- Juillet 2005 : les quatre personnes précitées s'adressent au SIT pour les défendre. Le Conseil administratif les reçoit et décide d'ouvrir une enquête administrative. Les cinq personnes concernées (les quatre plaignant-e-s et l'employé accusé) sont suspendues " pour leur protection ", avec obligation (levée ensuite sur intervention syndicale) de rattraper les services non exécutés pendant la suspension, mais seul l'employé accusé peut assister aux auditions, s'y faire accompagner et défendre, et avoir accès aux pièces . L'enquête de la Ville ne fait pas mention des dossiers transmis par deux des plaignantes (23 pages et 11 pages). Elle conclut en considérant que les accusations de harcèlement ne concernent que des pratiques " admissibles " sur un plateau de théâtre (le même genre de pratiques sans doute que sur un terrain de football ?) Les plaignant-e-s, devenus témoins, n'ont aucun droit de recours.

- Septembre 2005 : Patrice Mugny s'engage à ce que l'employé accusé de harcèlement ne soit pas nommé sous-chef avant remise des conclusions de l'enquête. Il sera cependant le seul des acteurs du conflit à être autorisé, en décembre, à reprendre son travail , les quatre plaignant-e-s restent " suspendu-e-s ". Le SIT demande leur réintégration. Patrice Mugny s'y engage, lors d'une rencontre entre le CA, le SIT et les quatre personnes " suspendues ", et s'engage à faire une information générale sur ces problèmes. Il constate que la procédure d'enquête administrative n'est pas adéquate pour ce genre de problèmes, et propose une médiation.
- Janvier 2006 : la Direction du Grand Théâtre refuse la réintégration des quatre employés (qui ne sont cependant pas ses employés, puisqu'ils sont ceux de la Ville). Elle refuse également la médiation proposée par Mugny. Le sous-chef mis en cause la refuse également. Le Bureau du Conseil de fondation entérine la position de la Direction, et le Conseil administratif s'écrase. Il se contente de commander un audit externe à Pricewaterhouse Coopers. Le SIT demande l'audition de témoins (des collègues des quatre employés suspendus), mais cette audition est refusée. L'audit, qui ne porte que sur les aspects les plus récents du conflit (depuis la nomination du sous-chef), omet de prendre en compte les plaintes déjà exprimées depuis 2003. Il conclut donc à une affaire de jalousie professionnelle, et invoque des " raisons de sécurité " pour ne pas réintégrer les quatre personnes suspendues, compte tenu de leurs mauvaises relations de travail avec le sous-chef. Il n'envisage pas la possibilité de déplacer une seule personne (le sous-chef) pour pouvoir en réintégrer quatre autres à leur poste de travail.
- 13 Février 2006 : Première assemblée générale du personnel (60 personnes présentes), convoquée par les syndicats et les commissions du personnel Ville et Fondation. l'AG demande, par lettre du 18 février , la réintégration des quatre employés suspendus, le respect des droits syndicaux et une rencontre avec le Conseil administratif et le Conseil de Fondation. Le 29 février, le Conseiller administratif Patrice Mugny répond en commençant par " douter de (la) volonté (des syndicats et des commissions) de négocier à la fois avec la Fondation du Grand-Théâtre et avec la Ville " dès lors que les termes utilisés dans leurs tracts et affichettes " sont de nature partisane caricaturant fortement la réalité ". Il est cependant avéré aujourd'hui que la réalité a dépassé la caricature. S'agissant du conflit autour du mobbying et du harcèlement dans l'atelier des tapissiers-accessoiristes, Patrice Mugny écrit que l'enquête administrative ouverte à l'encontre du collaborateur incriminé l'a " blanchi " et qu'après les auditions, " on ne pouvait pas parler de mobbying et de harcèlement ". Le Conseiller administratif reproche ensuite aux commissions et aux syndicats de considérer comme " forcément tendancieuses " les conclusions des enquêtes administratives qui ne leur " conviennent pas ", et rend les syndicats et les commissions " attentifs " au fait que le Conseil de fondation " reste l'organe suprême de décision " du GTG, ce que les syndicats avaient d'autant moins oublié qu'ils demandaient précisément à être reçu par cet " organe suprême " -qui ne voulut pas se commettre avec ces gueux.
- Mars 2006 : le Conseil administratif reçoit le SIT et les quatre employés suspendus. Il leur communique les conclusions négatives de l'Audit. Deux employées maintiennent leur exigence de réintégration à leur poste. Quatre auxiliaires sont licenciés (c'est-à-dire formellement " non réengagés ") après qu'ils aient témoigné contre le sous-chef. Ils se plaignent de ce licenciement au CA, qui ne donne aucune suite à cette plainte.
- Une deuxième AG du personnel se tient, le 20 mars. Elle maintient les revendications de la première, réitère la demande des organisations du personnel et des syndicats d'être reçus par le Conseil de fondation et décide d'une nouvelle AG, sur le temps de travail.
- Avril 2006 : Le Conseil de Fondation maintient (contre l'avis des seuls représentants du PS et de solidaritéS) son refus de recevoir les syndicats. La Direction menace le personnel qui participerait aux Assemblées générales et fait annuler celle prévue sur le temps de travail. Les deux plaignants suspendus sont réintégrés sur leur lieu de travail, une plaignante suspendue est transférée au Musée d'ethnographie, la dernière plaignante se voit proposer un poste sous-qualifié, qui équivaut à une sanction, et à une mesure de rétorsion visant son activité de représentante syndicale, déléguée du personnel.
- Le Bureau du Conseil de fondation annonce que l' " affaire " a déjà coûté environ 150'000 francs au Grand Théâtre.
- avril 2006 : trois représentants du Conseil municipal au Conseil de fondation (le socialiste, le représentant de solidarités et la représentante du PdT) rencontrent les syndicats et la Commission du personnel pour discuter informellement des différentes revendications qu'ils ont exprimées et entendre leur point de vue sur le conflit, point de vue que le Conseil de fondation a refusé d'entendre directement, et dont il n'a jamais été possible d'obtenir une relation objective au Conseil de fondation. Le socialiste de service propose ensuite au président du Conseil de fondation que celui-ci accepte la demande des syndicats et de la commission du personnel d'être reçus par le Conseil, et de pouvoir lui exprimer leur point de vue. Cette demande est à nouveau refusée par le président, qui affirme que " le problème des tapissiers accessoiristes est réglé " et que celui des temporaires est en passe de l'être. Pour le président de la Fondation, le Conseil de fondation doit rester une " ultime instance ", et non être partie prenante d'un conflit -ce qu'il était cependant déjà devenu.
- Mai 2006 : Le 11 mai, les deux commissions du personnel (celui du GTG et celui de la Ville), le SIT et le SSP écrivent au Conseil de fondation pour s' " étonner de ne pas avoir été reçu " par lui, comme ils l'avaient demandé à deux reprises, réitèrent cette demande, et celle " que des mesures de préventions soient mises en places afin de faire cesser " mobbying et harcèlement sexuel, et proposent une communication écrite de la direction, indiquant que ces comportements (affichage de matériel ou site pornographique, mixité des vestiaires, injures sexistes, homophobes ou dénigrantes, irrespect des subordonné-e-s et des collègues) ne seront plus tolérés, une information au personnel et une formation des cadres sur ces questions, la mise en place d'une instance de plainte extérieure et mixte, ainsi que d'une procédure claire de gestion des plaintes.
- Le 23 mai, le Conseil de fondation refuse (par neuf voix, contre les deux voix des représentants du PS et de solidaritéS) de recevoir les syndicats (que seule la direction a reçu). Le président de la Fondation déclare, au Conseil de fondation, qu'il n'y a pour ledit Conseil " aucune obligation légale ou statutaire de recevoir et/ou de négocier avec les syndicats " (ce n'est effectivement pas une obligation " légale ou statutaire ", seulement une obligation morale et sociale), syndicats qu'il décrit comme étant " dans une phase offensive et agressive ". " Il serait dangereux que le Conseil de Fondation reçoive les syndicats ", ajoute Bruno de Preux, qui ne craint pas de déclarer que les accusations de mobbying " semblent surprendre " le personnel du GTG. Le Directeur général estime pour sa part que " les syndicats tentent de déstabiliser le GTG ", et qu'il est " intolérable pour le GTG et son personnel ", et pour la personne qui " a été blanchie " des accusations de mobbying, que les syndicats fassent " intervenir la presse ". Pour Jean-Marie Blanchard, le dossier du mobbying " a été traité sans aucune banalisation ", et la convocation par les syndicats et les commissions du personnel, sans consultation préalable de la direction, d'une Assemblée générale du personnel sur les horaires de travail relève d'un " coup de force ". Le directeur du DAC, Boris Drahusak, explique aux membres du Conseil que " le personnel ne semble pas se retrouver dans les prises de position des syndicats ", les deux Conseillers administratifs présents (Patrice Mugny et Pierre Muller) s'opposent à ce que le Conseil de Fondation rencontre les syndicats (mais Patrice Mugny consent à accorder aux membres du Conseil de fondation le " droit de rencontrer qui ils veulent "), le président estime que ce n'est pas au Conseil de fondation de négocier avec les syndicats et le Directeur général fait du refus du Conseil de recevoir les syndicats une " question de confiance " à l'égard de la direction.
- Dans une lettre du 23 mai aux commissions du personnel et aux syndicats, le président de la Fondation annonce le refus du Conseil de recevoir les syndicats, affirme qu' " après investigations, il (n'existe) pas de cas connus de mobbying ou de harcèlement sexuel au Grand Théâtre ", et ajoute qu'une information générale (sur un problème inexistant ?) a été faite à l'ensemble du personnel Ville et Fondation par le Conseiller administratif, les ressources Humaines de la Ville et la direction du GTG.
- Juin 2006 : sous la menace de porter l'affaire devant le Conseil municipal, une délégation de Conseillers municipaux de l'Alternative rencontre Patrice Mugny pour lui demander : la réintégration de la dernière des plaignantes dans son ancien poste (ce qui lui avait été promis) ; la reconnaissance que les quatre personnes pénalisées ne sont en rien responsables des dysfonctionnements survenus, que leurs doléances seront prises en compte, et qu'aucun harcèlement ne sera plus toléré au sein du Grand Théâtre ; les Conseillers municipaux relayent en outre les revendications des syndicats : qu'un avertissement soit donné au sous-chef, pour lui signifier que son comportement est inacceptable et ne sera plus toléré ; la mise en place de procédures qui permettent aux employés d'être entendus par leur hiérarchie ; la mise en place de procédures de médiation ; la reconnaissance de la place des syndicats et de la commission du personnel, de leur droit de tenir des assemblées générales sur le lieu de travail, de leur droit d'être reçus par le Direction et/ou le Conseil de fondation.
- Le 19 juin, les syndicats écrivent à la Fondation pour réitérer leurs demandes concernant le statut du personnel et les conditions de travail.. Le président de la Fondation se défausse sur la direction générale.
- août 2006 : après le suicide d'un employé du Grand Théâtre, plus de 70 de ses collègues (soit en gros la moitié du personnel municipal affecté au GTG) adressent à " qui de droit ", notamment au Conseiller administratif Patrice Mugny et au Directeur général Jean-Marie Blanchard, une lettre d'" interpellation " les alertant sur les conditions dans lesquelles ils doivent travailler, notamment dans les services techniques et les ateliers. Selon un signataire de la pétition , ces conditions sont extrêmement difficiles : " des rythmes insoutenables, des séquences qui peuvent prévoir neuf jours de travail suivie d'un seul jour de récupération " certains chefs de service faisant preuve " d'excès d'autorité ". Rappelant des constats déjà anciens et des positions déjà exprimées, les syndicats SIT et SSP dénoncent " l'ambiance générale délétère " régnant au GTG, et surtout " les plaintes réitérées du personnel, victime de propos offensants et d'attitudes irrespectueuses (...) systématiquement banalisées ou ignorées par la hiérarchie " . A la réception de cette lettre, Patrice Mugny, Jean-Marie Blanchard, puis Bruno de Preux (qui n'en était pas destinataire) réagissent comme s'ils étaient tenus pour responsables du suicide de l'employé du GTG alors que rien dans le texte de la lettre n'exprime une telle accusation.
- On apprendra en outre, mais en décembre, que le personnage impliqué dans le conflit de l'atelier de tapisserie-décoration, et officiellement " blanchi " des accusations portées contre lui, a finalement été contraint de donner sa démission après avoir été impliqué dans une nouvelle " affaire " de harcèlement.
- Le 11 septembre, la direction du GTG diffuse à tous les membres du Conseil de fondation un " résumé du dossier administratif " de l'employé suicidé, le décrivant comme un personnage psychologiquement instable.
- Au Conseil municipal, le Conseil(ler) administratif est interpellé sur la lettre du personnel, en réponse à quoi le Conseiller administratif d'une part, le directeur du GTG d'autre part, le président de la Fondation enfin, invitent, ou convoquent, les signataires (ou certains d'entre eux) de la lettre collective en leur demandant de s'expliquer. Le Conseiller administratif organise une réunion, le 21 septembre, avec tous les employé-e-s du GTG, mais y invite aussi le directeur, ce qui ne pouvait que plomber la liberté d'expression des employée-s invités à exprimer leur malaise et leurs griefs, devant une direction qui a jusqu'à présenté nié tout fondement à ce malaise et à ces griefs. De leur côté le directeur convoque plusieurs cadres signataires de la lettre collective, et le président de la fondation convoque douze signataires de la lettre à son étude d'avocat, en choisissant les premiers signataires de chaque page de la liste des signataires de la lettre collective. Certains d'entre eux ont demandé à être accompagnés d'un représentant des syndicats, ce qui a été refusé à deux d'entre eux. En revanche, la présence d'un représentant de la Commission du personnel sous contrat avec la Fondation n'a pas posé de problème...
- Le 20 septembre, les syndicats convoquent une AG du personnel.
- Patrice Mugny, soutenu (spontanément ?) par la direction du GTG mais pas par le Conseil de fondation, propose de lancer un audit du GTG. La proposition, faite au Conseil de fondation du GTG le 19 septembre, n'a été ni acceptée, ni refusée par le Conseil, faute de précision sur son contenu, mais Patrice Mugny annonce que même si le Conseil de fondation refusait l'audit, la Ville pouvait, elle, décider d'en lancer un, ce qui contraint le Conseil de fondation a finalement accepter le principe de l'audit, de mauvaise grâce (en octobre, le président du Conseil de fondation exprimait sa crainte que les méthodes d'interrogation retenues permettent aux syndicats " de s'imposer dans l'audit "). Patrice Mugny prévient : " On risque de faire des découvertes désagréables. Des gens seront mis en cause. Très clairement, certains se comportent mal " Belle découverte : cela fait des mois (voire des années, puisque la première plainte exprimée pour harcèlement date de 2002...) que des employés du GTG, et les syndicats, dénoncent les conditions dans lesquelles travaille le personnel.
- Les syndicats SIT et SSP publient un communiqué rappelant qu'ils dénoncent depuis de nombreux mois " auprès de la Fondation comme du Département l'ambiance générale délétère qui règne (au Grand Théâtre), les problèmes de santé et sécurité provoqués par une surcharge de travail et une inégalité de traitement manifeste entre le personnel de la Ville et de la Fondation ". Les syndicats rappellent également que les plaintes du personnel " ont été systématiquement banalisées ou ignorées par la hiérarchie du Grand Théâtre " et estiment que " le refus d'entrer en négociation avec les syndicats, l'interdiction faite au personnel de se réunir sur le temps de travail et les pression exercées sur leurs représentant-e-s révèlent une absence totale de respect des droits syndicaux les plus élémentaires ". Pour les syndicats, " le climat qui règne au Grand Théâtre ne pourra redevenir normal que dans la mesure où ses hauts responsables se révèlent capables de rétablir un climat de travail serein ".
- Le 29 septembre, à l'initiative de Catherine Gaillard et de l'auteur du présent rapport, s'est tenue une réunion entre représentant-e-s de l'Alternative au Conseil de fondation du GT, représentante-s des groupes de l'Alternative au Conseil municipal et représentants des syndicats et de la commission du personnel Ville. Cette réunion a abouti aux recommandations suivantes, faites aux trois partis de l'Alternative, avec l'espoir qu'elles seront suivies d'effet au Conseil municipal comme au Conseil de fondation (autrement dit : qu'une majorité se dessine au Conseil municipal pour les traduire en un vote, puisque l'Alternative y est majoritaire, et qu'au Conseil de fondation le représentant du PS et celui de solidaritéS ne soient pas seuls à les soutenir ) :
- Sur l'audit : Un soutien à l'audit suppose le respect des conditions suivantes :
1. l'audit doit être décidé, commandité et défini par la Ville, et la Ville seule (donc : pas par la Fondation, ni par la Ville et la Fondation ensemble). Le Conseil de Fondation doit être audité, pas commanditaire de l'audit.
2. l'audit doit porter en tout cas sur la gestion du personnel, le statut du personnel et les rapports sociaux.
3. le panel des audité-e-s doit être large et représentatif de l'ensemble des composantes du GT (personnel, commissions et syndicats, direction, Conseil de fondation, notamment) et des positions défendues jusqu'à présent. Les syndicats et les commissions du personnel doivent pouvoir participer à la définition du panel.
4. la confidentialité des auditions doit être absolument respectée, une protection doit être assurée par la Ville contre toutes représailles à l'encontre d'audité-e-s.
5. les conclusions de l'audit doivent être remises dans un délai à la fois suffisant pour qu'un travail sérieux ait été fait, et suffisamment rapproché pour qu'il puisse en être tenu compte au début 2007. Des moyens suffisants doivent donc être mis en œuvre pour qu'un travail approfondi soit fait, dans un délai maximum de trois mois.
- Sur l'entreprise mandatée : nous nous opposions en tous cas à un audit effectué par une entreprise ayant déjà audité le GTG.
- les conclusions de l'audit, pour autant que les conditions précédentes aient été respectées, doivent être suivies d'effets, notamment en ce qui concerne les personnes victimes d'actes de harcèlement et de mobbying, et les personnes qui en auraient été reconnues pour responsables, directement ou du fait de leur responsabilité hiérarchique.
- Sur le statut du personnel : Nous soutenons en principe la réunification du statut du personnel par la généralisation à tout le personnel (à l'exception des membres de la direction générale et des temporaires) du statut municipal. Cette revendication devrait être portée rapidement au Conseil Municipal, par voie de motion, avec demande d'un chiffrage précis, tenant compte du fait que la masse salariale du personnel actuellement employé par la Fondation est d'ores et déjà garantie par les fonds municipaux (subvention d'exploitation), que le principe affirmé par le GTG est que celui-ci autofinance sa programmation, et que les fonds publics assurent le fonctionnement de l'institution. En d'autres termes, que le personnel soit sous contrat avec la Fondation ou sous statut municipal, c'est de toutes façons la Ville qui paie, directement ou indirectement.
- Sur le fonctionnement et la structure de la Fondation :Nous demandons une modification des statuts de la Fondation, assurant :
a. Une majorité des sièges (avec droit de vote) au Conseil de Fondation pour les représentants des collectivités publiques subventionnantes ;
b. Une représentation du personnel au Conseil de fondation.
Ces revendications devraient également faire l'objet d'une motion au Conseil municipal.
- Sur les comptes et le budget (demande de subvention) du GTG, nous n'avons pas abouti à une position commune, mais il est apparu clairement que dans la situation actuelle, nous ne pouvons pas accepter les comptes et la demande de subvention du GTG, et qu'au minimum, les partis de l'Alternative devraient s'abstenir d'accepter comptes et demande de subvention, voire, sachant qu'une abstention n'aura pas d'effet sur l'approbation des comptes et de la demande de subvention, s'y opposer (ou reporter la décision à l'examen des conclusions de l'audit).
- Nous attendons de l'ensemble des partis de l'Alternative au Conseil municipal, et de l'ensemble des représentants de l'Alternative au Conseil de Fondation, qu'ils soutiennent ces positions.
- Nous ferons par ailleurs circuler l'information entre nous aussi rapidement et largement que possible. En cas de besoin, d'autres réunions seront organisées pour faire le point, peaufiner et coordonner les actions.

- octobre 2006 : Le 13 octobre, une réunion entre le Conseiller administratif, ses collaborateurs, la Commission du personnel du GTG, les syndicats SIT et SSP, la direction et le Conseil de fondation du GTG, aboutit à un projet de mission d'audit et à un protocole d'accord sur les conditions de l'audit. Le 17 octobre, le Conseil de fondation accepte partiellement le projet de mission d'audit issu de la réunion Ville-GTG-personnel-syndicats, mais revient sur plusieurs points de l'accord du 13 octobre : il prolonge de quatre semaines le délai de présentation de l'audit au personnel, et d'un mois le délai de sa réalisation (qui est donc repoussée à la fin mars, dans le meilleur des cas). En outre, le Conseil de fondation transforme la condition d'un accord général sur le choix des auditeurs en une ratification par les commissions du personnel et les syndicats d'un choix, fait par la Ville et le GTG, et lance un appel d'offre public pour l'audit, au lieu d'un choix plus restreint. Enfin, la direction et le Conseil de fondation du GTG refusent d'intégrer dans le protocole l'assurance d'un réexamen des décisions concernant les employé-e-s et ex-employé-e-s " à la lumière du rapport et des conclusions de l'audit ". Et pour couronner le tout, le lancement de l'audit est effectué par appel d'offre public le 23 octobre sans attendre l'accord des syndicats (" très agressifs " selon le président du Conseil de fondation, qui ajoute que " malheureusement, certains politiciens prennent le relais ") et de la commission du personnel sur le protocole d'accord, et ce lancement est annoncé par le Bureau de la Fondation et la direction du GTG, en l'absence du Conseiller administratif Mugny, comme si le GTG en avait pris l'initiative, alors qu'il a été contraint de l'accepter sous la menace explicite que la Ville prenne seule la décision de faire auditer le GTG -comme elle en aurait eu le droit, au double titre d'autorité de surveillance et de " payeuse " de l'audit (puisque celui-ci fait l'objet une ligne budgétaire adoptée par le Conseil municipal). La commission du personnel du GTG et les syndicats s'opposent, vainement, aux modifications décidées par le seul Conseil de fondation, mais obtiennent de la Ville, sous la plume du Conseiller administratif Mugny, l'assurance de sa volonté de les associer au choix des auditeurs, et que ce choix ne sera pas fait sans l'accord de la Commission du personnel et des syndicats. Le président de la fondation, de son côté, regrette que la Ville ait donné cette assurance sans le consulter, lui, et parle d'un " malentendu ". Par ailleurs, le président du Conseil de fondation prie le 27 octobre le directeur général de demander au Conseil administratif de demander à Price-Watherhouse Coopers l'autorisation de transmettre à l'ensemble du personnel son rapport (contesté par les organisations du personnel et les syndicats) de février 2006. La lettre de Bruno de Preux à Patrice Mugny explicite la démarche : il s'agit de préjuger les conclusions du deuxième audit, en insistant sur celles du premier (la recommandation de ne pas réintégrer les tapissiers-accessoiristes plaignants). Le représentant du PS et les organisations du personnel protestent contre cette tentative d'orienter les témoignages du personnel lors de l'audit décidé en octobre.
- Novembre 2006 : les parties s'accordent sur le texte du protocole d'accord. Le 14 novembre, une assemblée générale du personnel ratifie le projet de protocole (syndicats et commissions du personnel protestant toutefois contre la publication dans la Feuille d'avis officielle de l'appel d'offres avant qu'un accord ait été trouvé sur la procédure et les conditions de l'audit, précipitation dont Patrice Mugny reconnaît qu'elle relève d'une " maladresse "). L'audit est séparé en deux lots : le premier pour examiner les structures, l'organisation interne, les relations de travail et les ressources humaines du GTG, le second pour analyser l'adéquation entre les prestations offertes et les ressources disponibles.
- La Ville envisage, en accord avec le Bureau du Conseil de fondation, de faire passer sous statut municipal six employés de la Fondation. La Commission du personnel Ville du GTG exprime au Conseiller administratif ses regrets de ne pas avoir été informée de cette intention. Le Directeur général regrette de son côté que le Conseiller administratif informe le président de la Commission du personnel de discussions avant d'en avoir informé la direction, et accuse ledit président de la Commission du personnel d'être " très (c'est-à-dire trop) proche des syndicats " et donc en contradiction avec le règlement de la Commission, qui en prévoit la neutralité politique, syndicale ou religieuse. Le Président du Conseil de fondation se vexe lui aussi et demande si le Conseiller administratif n'est pas en train de devenir président de facto de la Fondation. Le vice-président du Conseil de fondation dénonce " l'arrogance et le sentiment d'impunité des syndicats ". Le président accuse un " candidat au Conseil administratif (de faire) sa campagne sur le dos du GTG " et prédit une " crise institutionnelle en raison des interférences du DAC ". Le directeur en remet une couche en accusant les syndicats d'avoir mis en place une " stratégie visant à tenir la direction et la fondation à l'écart " et à " déstabiliser la direction " Patrice Mugny rappelle que l'employeur du personnel municipal affecté au Grand Théâtre reste la Ville, et donc le Conseil administratif, et que les représentants du personnel doivent pouvoir en tout temps contacter leur supérieur hiérarchique, c'est-à-dire le Conseiller administratif en charge de leur secteur d'activité (soit, s'agissant du GTG, Patrice Mugny lui-même). Finalement, la " municipalisation " des six employés du GTG est " gelée ".
- Décembre 2006 : Les parties signataires du protocole d'accord sur l'audit choissent les entreprises Crealyse pour le premier lot (elle n'avait soumissionné que pour ce lot) et Sherwood (qui soumissionnait pour les deux lots, et souhaitait les obtenir les deux) pour le deuxième lot. Douze entreprises avaient soumissionné dans les délais. Les devis des deux entreprises retenues " tiennent ", ensemble, dans la limite de 300'000 francs. Le Bureau du Conseil de fondation, dans une sélection préalable à celle du Conseil lui-même, avait notamment écarté un soumissionnaire, Ressource, " bien que compétente pour réaliser l'audit " au motif que " trop impliquée dans le dossier puisque auteur du projet de périmètre d'audit ". Crealyse se donne pour objectif l'analyse de la structure du GTG, et notamment de sa structure institutionnelle, d'une part, et d'autre part l'audit auprès des collaborateurs, du personnel et des partenaires du GTG " afin de comprendre la situation actuelle et d'en repérer les nœuds ", dans le but " d'harmoniser les conditions de travail " au sein de l'institution.
- Dans Le Matin (du 10 décembre), le syndicat SSP dénonce une nouvelle affaire de harcèlement sexuel, aboutissant à des relations sexuelles obtenues d'une stagiaire accessoiriste, sous contrainte et menaces de la part de son chef. Selon le syndicat, la direction du GTG a été interpellée plusieurs fois avant de se résigner à déplacer le chef en question, puis d'accepter sa démission, deux mois plus tard. Le chef en question est le même que celui qui avait été mis en cause en 2003, puis " blanchi " (et même promu) alors que les deux employées qui avaient dénoncé ses pratiques étaient, elles, suspendues. On dira donc, avec les auditeurs de Crealyse (qui s'expriment ainsi dans l'introduction contextuelle de leur offre pour l'audit) que l' " affaire " de 2003 " ne semble pas avoir été réellement réglée " et que la conclusion qui lui a été donnée par la Ville et le GTG a " encore péjoré les relations internes " et accru " la peur de parler ouvertement de difficultés relationnelles au sein des équipes du personnel ".
- A la suite de la parution de l'article du " Matin " du 10 décembre (et d'un article supplémentaire le 17 décembre, portant cette fois sur l'achat de matériel électrique par des employés du GTG, auprès d'une entreprise appartenant à l'un d'eux, le Conseil de fondation, à la demande du Directeur général et à l'unanimité (moyennant l'abstention de l'auteur du présent rapport), vote à Jean-Marie Blanchard, le 19 décembre, une confiance générale et abstraite, sans contenu précis, et sans que ce vote ait été annoncé à l'ordre du jour. Dans ces conditions, la " confiance " en question consiste en un véritable chèque en blanc -mais sans provision. Le directeur général annonce en outre qu'il posera ses conditions (mais après avoir obtenu la " confiance " du Conseil de fondation, et sans préciser au Conseil de quelles " conditions " il s'agit) pour pouvoir poursuivre son travail à la tête du GTG ; le Conseiller administratif ajoute que l'exécutif municipal pourrait lui aussi témoigner de sa " confiance " à l'égard de la direction. Le Conseil de fondation a donc voté au directeur général une confiance absolue, sans que le directeur général ait annoncé ce qu'il entendait en faire.
- Immédiatement après la réunion du Conseil de fondation, et les membres de celui-ci ayant à peine tourné les talons (sans être informés de ce qui allait suivre), le bureau se réunit (en l'absence des conseillers administratifs), et entend le Directeur général, s'appuyant sur la " confiance " (aveugle) qui lui a été accordée par le Conseil, demander la tête du secrétaire général , avec qui il assure qu'il lui est désormais impossible de travailler, et faire de ce licenciement la condition de la poursuite de son propre mandat de directeur général : en clair, " c'est Soragni ou moi ". Ce sera donc Soragni, le bureau et la direction générale mettant ainsi, en plein audit, le Conseil de fondation et le Conseil administratif devant le fait accompli d'une décision (la demande de licenciement " dans les meilleurs délais " du secrétaire général) préjugeant explicitement les conclusions de l'audit. Bref, la " confiance " règne. On saluera l'innovation liturgique (et interreligieuse) consistant à introduire le sacrifice du bouc émissaire dans la période de l'Avent. Reste à savoir pourquoi il aura fallu six ans, soit le temps pendant lequel Antonio Soragni sera resté à son poste, pour s'apercevoir qu'il n'était pas la bonne personne au bon endroit.
Lors de la même séance du Conseil de fondation, celui-ci apprend que le sous-chef du service des tapissiers-accessoiristes mis en cause dans l' " affaire " qui a provoqué la crise est à nouveau impliqué dans une " affaire " du même genre, avec une stagiaire du service. Il s'ensuit la démission (avec un indemnité de six mois de salaire) du sous-chef en question.
- janvier 2007 : le 16 janvier, finalement saisi (après que la presse l'ait rendue publique dès le 11 janvier, en l'attribuant à " la direction et la fondation ", alors que le Conseil de fondation n'avait même pas été consulté) de la demande du Directeur général et du bureau de licencier purement et simplement Antonio Soragni, autrement dit de ratifier formellement une décision déjà prise ailleurs, et que de toutes façons il n'avait pas la compétence de prendre puisqu'elle revenait au Conseil administratif, le Conseil de fondation, après avoir entendu Jean-Marie Blanchard et Antonio Soragni (le premier menaçant de démissionner si le second n'est pas limogé), refuse par six voix contre quatre de ratifier la demande de licenciement du second. En pleine procédure de vote, et s'apercevant que la demande du bureau n'allait pas recueillir de majorité au sein du Conseil, le président de celui-ci, suivi du vice-président, annonce que dans ces conditions, le bureau, collectivement, et le président, ainsi que le vice-président, individuellement, démissionneront de leur mandat (le directeur général ayant un mois auparavant procédé de la même manière pour arracher au bureau un soutien à la proposition de licenciement du secrétaire général). Le Conseil de fondation n'en repousse pas moins (par six voix contre quatre et une abstention) la proposition du bureau -c'était la première fois depuis des années que le Conseil, sortant de son rôle habituel de chambre d'enregistrement, faisait montre de sa capacité de décision. Devant la cascade de démissions potentielles annoncées (ou plutôt évoquées) par le directeur général, le président et le vice-président, le Conseiller administratif (qui annonce que l'exécutif municipal n'a pas l'intention de renouveler par écrit sa confiance au directeur général avant la fin de l'audit) propose de remplacer le licenciement par un déplacement, la Ville étant chargée de trouver, d'entente avec Antonio Soragni, un point de chute professionnel(le) à ce dernier, en Ville de Genève . Cette proposition (qui préjuge elle aussi les conclusions de l'audit, en contradiction formelle du protocole d'audit dont le Conseil de fondation est signataire) recueille une faible majorité au sein du Conseil (six voix pour, deux oppositions, trois abstentions), Antonio Soragni lui-même demandant qu'une " décision claire " soit prise en ce qui le concerne. La position du Conseil de fondation est transmise au Conseil administratif. Celui-ci reçoit le directeur général, le secrétaire général et des représentants du bureau du GTG, et se laisse un temps de réflexion avant de prendre une décision. Le directeur général annonce qu'il faudra désigner un directeur technique et un-e secrétaire général intérimaires La demande du Conseil de fondation de " déplacer " le secrétaire général confirme l'impression persistante que les instances du Grand Théâtre font sauter les uns après les autres les fusibles dont elles disposent -à cette précision près que, contrairement à une opinion généralement répandue, ce n'est plus la direction générale qui tente de se protéger du court-circuit en faisant " sauter les fusibles ", mais le Conseil de fondation lui-même, et plus précisément encore son bureau. La direction générale n'a en effet pas eu le choix du secrétaire général et du directeur technique (dont le Conseil de fondation apprend le départ pour Paris) : elle les a trouvés l'un et l'autre en place à son arrivée , comme elle a hérité d'une situation et d'un fonctionnement auquel on peut certes lui reprocher (pour le moins) de n'avoir pas mis fin, mais certainement pas de les avoir instaurés. Le Conseil de fondation étant supposé être l'organe " suprême de la fondation ", il doit en assumer suprêmement toutes les décisions importantes, même les plus calamiteuses : ça n'est pas la direction générale qui a refusé de recevoir les syndicats quand il était encore temps de les recevoir, de les écouter et de désamorcer la crise en réglant les problèmes qui l'ont provoquée : c'est le Conseil de fondation. La direction générale avait certes alors invité le Conseil à l'autisme, mais le Conseil pouvait parfaitement ne pas la suivre sur cette voie sans issue.
- le 24 janvier, le Conseil administratif, " soucieux de l'intérêt général de l'institution et dans le but d'apaiser les tensions qui y règnent ", annonce dans un communiqué qu'à la demande du Conseil de fondation du GTG, il " libère " le Secrétaire général, Antonio Soragni, de ses fonctions, compte tenu de l'évidence que " la poursuite de la collaboration entre M. Blanchard et M. Soragni (n'est) plus souhaitable en l'état ". Le CA annonce également qu'il envisage avec A. Soragni " de lui confier d'autres missions ", mais sans dire lesquelles. Il repousse enfin tout soupçon quand à l'honnêteté et l'intégrité du secrétaire général " déplacé ", en feignant d'ignorer que la demande faite de le licencier, et même la décision de le " déplacer ", accréditent ces mêmes soupçons que le Conseil administratif affirme vouloir dissiper. L'annonce du " déplacement " du secrétaire général suscite de la part des syndicats une double réaction : d'une part, la dénonciation de la méthode consistant à sacrifier un bouc émissaire (ou à faire sauter un fusible) en plein audit, alors que les sacrificateurs eux-mêmes se sont engagés, comme toutes les parties au protocole d'audit, à ne pas prendre de décision préjugeant les conclusions de l'audit ; mais d'autre part, une indifférence certaine quant au sort d'Antonio Soragni lui-même (et de celui de Jacques Ayrault, directeur technique dont le départ pour Paris n'attriste pas grand monde), dont les pratiques, les décisions et le comportement à l'égard du personnel ont été régulièrement mis en cause depuis le début de la crise -ni plus, ni moins, cependant, que ceux de la direction générale. Les syndicats expriment toutefois leur opposition à la méthode consistant à transformer la Ville en office de réinsertion professionnelle des employés (sous contrat de droit privé) de la Fondation du GTG, dont la fondation souhaite se défaire avec le moins de vagues possibles.
- Dans le même temps où le bureau du Conseil de fondation (s'exprimant au nom du Conseil, sans l'avoir même consulté) annonce qu'il demande le licenciement du secrétaire général, on apprend que le directeur technique s'en va vers de nouvelles aventures parisiennes : Jacques Ayrault est engagé comme directeur technique au Châtelet, à Paris. Deux fusibles ont donc sauté, le Directeur général n'en dispose plus, le bureau du Conseil de fondation n'en dispose plus d'autre que le Directeur général lui-même, et le Conseil de fondation plus d'autre que son propre bureau.
- Pendant ce temps, l'audit continue. Les auditeurs du premier lot (celui de Crealyse) sont surpris de l'afflux de demandes d'audition, émanant d'employés (et d'anciens employés) du GTG. Au terme de l'audit, et pour ce seul lot, le nombre d'entretiens aura dépassé le double de ce qui était initialement prévu.
- Fin janvier, le remplacement temporaire des deux cadres poussés au départ est assuré par la nomination d'une secrétaire générale et d'un directeur technique intérimaires.
- Février 2007 : le 27 février, une semaine après l'avoir fait annoncer par la presse , le président et le vice-président de la Fondation, Bruno de Preux et Robert Roth, annoncent au Conseil de fondation qu'ils ne solliciteront pas le renouvellement de leurs mandat fin août 2007. Le président explique, dans une longue déclaration, que si le Grand Théâtre est en crise, la faute en revient à Patrice Mugny, la direction générale, le Conseil de fondation, et le bureau du Conseil et la direction générale ne portant aucune responsabilité ni dans le déclenchement, ni dans l'aggravation de la crise. Tout suggère que le président et le vice-président du Conseil de fondation veulent tenter, en pleine période électorale, d'obtenir la tête du Conseiller administratif en charge de la culture (ou du moins de le priver de ce dicastère et le poussant à en prendre un autre) avant de quitter la présidence du Conseil de fondation, et surtout avant la remise du rapport et des conclusions de l'audit. Après avoir entendu le président de la fondation s'expliquer sur les raisons de sa vraie-fausse démission, et le vice-président en faire autant, l'un et l'autre (ainsi que le directeur général) ayant longuement fait le procès de Patrice Mugny et de Boris Drahusak, le Conseil de fondation a procédé à un vote sur la proposition du représentant des Verts de demander au bureau (et pas seulement au président et au vice-président) de réellement démissionner sans délai, afin de pouvoir le remplacer par un bureau intérimaire en fonction jusqu'en août prochain, le temps de mettre en oeuvre les recommandations de l'audit. La proposition a recueilli trois voix, trois membres du Conseil ont voté contre, sept se sont abstenus ou n'ont pas pris part au vote. En résumé : il n'y a ni majorité pour soutenir le président et le vice-président, ni majorité pour les désavouer -mais seulement une majorité relative attendant de savoir de quel côté va souffler le vent de l'audit avant de se prononcer .
- Au Conseil municipal, une motion de la droite, amendée par la gauche, est adoptée à la quasi unanimité le 26 février. Initialement, la motion de la droite exprimait le soutien du Conseil municipal à l'exécutif de la fondation et à la direction générale mais, détournée de ses buts par un amendement de la gauche, elle demande finalement au Conseil administratif de faire son travail, quitte à brusquer la fondation.
- Le 28 février, le rapport d'enquête administrative ouverte à l'encontre de deux électriciens du GTG, dont l'un exploitait une société privée sans en avoir obtenu l'autorisation, et l'autre passait commande à cette entreprise, est rendu. Le rapport conclut que les deux hommes n'ont pas respecté les obligations découlant de leur statut de fonctionnaire, et condamne le laxisme de la Direction générale du GTG. Le Conseil administratif renoncera finalement à sanctionner l'un ou l'autre des deux mis en cause.
- Mars 2007 : les deux présidents des deux commissions du personnel, Denis Chevalley (personnel fondation) et Gérald Crettenand (personnel Ville) prennent position contre le Conseil de fondation et son bureau et, de manière plus ou moins critique, soutiennent le Conseiller administratif . Dans une lettre publiée par La Tribune de Genève du 2 mars, Gérald Crettenand, président de la commission du personnel de la Ville écrit : " Notre commission soutient Patrice Mugny et le Conseil administratif " dans leur conflit avec le Conseil de fondation, et ajoute que la commission " espère que des mesures permettant d'assurer de meilleures relations humaines et conditions de travail au Grand Théâtre soient prises à la suite des résultats de l'audit ". Au passage, Gérald Crettenand estime qu'en annonçant leur départ, le président et le vice-président de la fondation anticipent les conclusions de l'audit relatif à la gestion des ressources humaines, et que cet audit " risque d'être accablant pour eux et la direction du Grand Théâtre ". Dans un communiqué envoyé aux media le 3 mars, et dont Le Matin dimanche rend compte le lendemain, Denis Chevalley, président de la Commission du personnel de la fondation, estime que le président et le vice-président de celle-ci " utilisent (leur démission) pour aggraver la crise (...) en tentant de rendre (Patrice Mugny) responsable de leur désengagement " .
- Le 12 mars, sept des huit représentants du Conseil municipal au Conseil de fondation demandent (et obtiennent) au Bureau du Conseil la convocation d'une séance extraordinaire sitôt après la publication des audits.
- Le 21 mars, le Conseil administratif propose la nomination de David Lachat (qui se dit à disposition) comme " conseiller (de la Ville et de la Fondation) à la mise en œuvre des mesures et réformes qui seront proposées " par les audits. Le président du Conseil de fondation fait d'abord mine de ne pas avoir été mis au courant, avant qu'il s'avère que la proposition a été faite avec son accord. Il s'avère également que l'initiative de la proposition émane du Cercle du Grand Théâtre et de la fondation Wilsdorf. Le 3 avril, le Conseil de fondation acceptera le principe de la nomination de David Lachat, sous réserve d'un cahier des charges, et après que Patrice Mugny ait assuré que David Lachat n'était " pas pressenti pour prendre la présidence de la Fondation, malgré ce qui peut être dit " (et qui sera confirmé par la suite, lorsque David Lachat refusera explicitement cette proposition…)
- Avril 2007 : Le 2 avril, les rapports d'audit sont présentés à la presse, au personnel et au Conseil de fondation, et publiés sur les sites internet du GTG et de la Ville, avant que d'en être précipitamment retirés. Ils sont ravageurs, celui de Créalyse tout particulièrement. Ces rapports devaient être présentés sous une forme provisoire, et améliorable, le 23 mars, à la Fondation, à la Ville et aux syndicats. Cette séance a été supprimée, contre l'avis des syndicats, le résultat étant que le rapport d'audit de Créalyse est formellement contestable, n'ayant pu être corrigé. Le 3 avril, les auditeurs de Sherwood se désolidarisent confraternellement du rapport de leurs homologues de Créalyse. Le bureau du Conseil de fondation saute sur l'occasion pour tenter de faire refuser le rapport Créalyse par le Conseil -qui, le 4 avril, finit par en accepter les conclusions tout en désapprouvant la formulation du rapport .
- Le même 4 avril, le Conseil administratif " prend acte " des conclusions des deux rapports d'audit et décide de proposer à la direction et à la fondation du GTG, d'une part, aux syndicats et à la commission du personnel d'autre part, de : faire examiner par l'Office cantonal de l'inspection et des relations du travail les questions liées à la santé et à la sécurité du personnel, de municipaliser six personnes sous contrat fondation et de réintégrer dans leur fonction les deux tapissières-accessoiristes.
- Le Directeur général mandate l'avocat Marc Bonnant pour défendre ses intérêts. L'avocat somme la Ville de Genève de résilier le mandat de Créalyse. L'ancien Directeur technique mandate l'avocat Alain Marti pour défendre ses intérêts (contre Créalyse). De son côté, Créalyse mandate l'avocate Catherine Chirazi pour défendre ses intérêts, après que le président de la Fondation s'en soit pris publiquement à Créalyse dans un entretien à La Tribune de Genève du 18 avril, et ait attribué à Créalyse l'entière responsabilité de la crise ouverte par la publication précipitée de son audit (avec l'accord de la Fondation…)
- Le 17 avril, le Conseil de fondation adopte (à l'unanimité) le mandat donné à David Lachat et décide, à l'unanimité moyennant une abstention (celle de l'auteur du présent rapport) de " mettre un terme au mandat de Créalyse ", alors que la Fondation n'était que l'un des deux mandataires de l'audit et ne pouvait donc mettre seule un terme au mandat de l'auditeur.
- Mai 2007 : le Directeur général, se considérant comme " la personne juste pour conduire les réformes utiles et le redressement du Grand Théâtre ", propose au Conseiller administratif Mugny de prolonger son contrat jusqu'au 30 juin 2010. Jean-Marie Blanchard ajoute que " ne pas accueillir (cette) proposition serait donner crédit aux calomnies du rapport Créalyse ".
- Juin 2007 : Début juin, le Conseil administratif, reprenant les propositions faites par David Lachat, annonce son intention de présenter au Conseil municipal un " paquet ficelé " de propositions diverses , aux implications politiques, financières et sociales considérables, et dont certaines ont pour caractéristique de supposer une modification du statut de la fondation, modification que le Conseil municipal ne peut " voter sur le siège " car elles impliquent une acceptation par le Grand Conseil, impossible à obtenir avant l'échéance du mandat du Conseil en fonction, le 31 août . Le CA propose notamment de faire passer tout le personnel du GTG (y compris le personnel municipal) sous contrôle de la fondation, de réduire à une dizaine le nombre de membres du Conseil de fondation, et à deux ou trois celui des représentants du Conseil municipal dans ce Conseil.
- Le 4 juin, David Lachat informe le Conseil administratif et le Conseil de fondation qu'il met fin à son mandat de " conseiller de la Ville et de la Fondation ", et décline l'offre qui lui avait été faite de présider le Conseil de fondation. Le même jour, les syndicats et la CPTA adressent aux Conseillers municipaux une lettre les alertant sur les conditions de travail " inacceptables " au GTG (surcharge de travail due à une " programmation démesurée ", milliers d'heures supplémentaires, périodes de travail excessives, jusqu'à dix jours d'affilée douze heures par jour , déficience du management), sur la non-résolution des problèmes mis en lumière par la crise, sur la mauvaise volonté manifestée par la Fondation et la direction dans le cadre des négociations triparties, sur le danger de voir la Ville s'en retirer au profit d'un Conseil de fondation remanié . Les syndicats et la CPTA expriment leur opposition à la réforme du Conseil de fondation telle que proposée par David Lachat. et réaffirment leur volonté de négocier avec le Département de la culture sans être obligés de passer systématiquement par l'intermédiaire de la Fondation. Le président de la fondation réagit le 6 juin en adressant au président de la CPTA, Denis Chevalley, une lettre lui imputant des " accusations graves et mensongères " à l'encontre du directeur général, lui reprochant de n'avoir pas consulté la CPTA avant de signer la lettre commune avec les syndicats, l'accusant enfin d' " abus d'autorité " et le menaçant implicitement de sanctions (mais lesquelles ?). Le président du Conseil de fondation écrit en outre le 7 juin aux cinq conseillers administratifs pour accuser Patrice Mugny de " diffuser des informations confidentielles à M. Chevalley et aux syndicats à l'insu (de ses collègues) " et du Conseil de fondation, et Denis Chevalley de vouloir provoquer " une nouvelle crise fonctionnelle " au GTG. Le 15 juin, les syndicats et la CPTA répondent au président de la Fondation en réfutant la divulgation par Denis Chevalley d'informations secrètes. La cheffe du service financier, la chargée des publics, le chargé de la presse et de la diffusion et le chargé du service culturel se désolidarisent également de la lettre des syndicats et de la CPTA (et le font généralement savoir au Conseil municipal et au Conseil de fondation), certains demandant implicitement ou explicitement que la CPTA se dote d'une nouvelle présidence. Le directeur général a répondu aux syndicats et à la CPTA, en qualifiant leurs propos de " malveillants et inexacts ", en réfutant les accusations portées contre lui d'entraver les réformes au GTG, et en démentant que le personnel soit surchargé d'heures supplémentaires. Le directeur général fait en outre intervenir son avocat auprès du président de la CPTA et de la secrétaire syndicale du SIT pour leur annoncer que Jean-Marie Blanchard se réservait le droit de porter plainte contre eux pour leur " comportement pénalement répréhensible " et leurs " accusations graves et totalement mensongères ". Le directeur technique réfute quant à lui l'accusation de non-respect des règlements et lois en vigueur. Il dément également l'existence de " milliers d'heures supplémentaires " et de périodes de travail allant jusqu'à dix jours.
- Le 14 juin, le Bureau du Conseil de fondation (sans en informer le Conseil, mais en en avertissant par courriel et affichage interne l'ensemble des collaboratrices et collaborateurs du GTG) décide unilatéralement de ne plus participer aux négociations tripartites Ville-Fondation-Syndicats/CPTA (examen des préconisations des audits). Le bureau du Conseil de fondation (toujours sans en informer le Conseil) annonce en outre qu'il refuse désormais de siéger en présence de Boris Drahusak, co-directeur du DAC, qu'il accuse de transmettre " des informations secrètes à M. Denis Chevalley, voire aux syndicats, à l'insu du Conseil administratif, du Conseil de fondation et de la Direction du Grant Théâtre ". Le bureau du Conseil de fondation demande que la Ville ne soit plus représentée aux négociations que par un représentant de ses Ressources Humaines et propose l'ouverture immédiate de négociations sur les modifications " indispensables et urgentes " du règlement du personnel technique. Le lendemain, le Conseil administratif décide de poursuivre ces négociations, que la fondation y soit ou non représentée. Les syndicats et la CPTA déclarent quant à eux ne pouvoir accepter la décision unilatérale du bureau du Conseil de fondation de mettre fin à l'examen des préconisations des audits.
- Dans un communiqué, publié alors que le Conseil de fondation était en séance, le Conseil administratif annonce qu'il nomme pour le représenter au Conseil de fondation l'ancien président de celui-ci, Guy Demole, l'ancien Secrétaire général du GTG, François Duchêne, l'ancien Conseiller d'Etat Guy-Olivier Segond, la co-directrice du DAC, Martine Koelliker, et enfin, last but not least, Lorella Bertani, que le CA propose à la présidence de la Fondation. Le CA se résout à " maintenir la composition statutaire actuelle du Conseil de fondation " (il n'avait pas le choix, ce n'est pas lui qui peut modifier les statuts), mais propose tout de même, sans que les statuts le permettent, de nommer deux vice-présidents (MM Segond et Demole). Enfin, le CA propose que le Conseil de fondation s'adjoigne, à titre consultatif (dans un premier temps) la présence du président de la CPTA, au titre de représentant du personnel.
- Le 25 juin, le Conseil administratif ayant renoncé à défendre devant le Conseil municipal les propositions faites par David Lachat de modifier la composition du Conseil de fondation, le Conseil municipal désigne ses sept représentants (un par parti) au Conseil de fondation .
Juillet 2007 : Jean-Marie Blanchard dépose plainte à Paris pour diffamation contre les auteurs du rapport Créalyse. La plainte ayant été jugée recevable, les cinq personnes concernées ont été inculpées (leur avocate déclare en " sourire ", ses clients n'ayant fait qu'exécuter un mandat qui leur avait été confié par la Ville et le GTG. L'avocate ajoute que " certaines personnes prennent prétexte de la forme (du rapport) pour (en) ignorer le fond " et rappelle que les conclusions du rapport ont été " approuvée par la Fondation comme par la Ville "). Le porte-parole du GTG explique que la plainte a été déposée en France parce que le Directeur général du GTG est Français et que la crise du GTG a été relatée dans la presse française. La publication (par le GTG et la Ville) du rapport d'audit de Créalyse sur internet explique aussi le recours à la justice française.
Novembre 2007 : Le tribunal de Grande Instance de Nanterre condamne le 15 novembre le directeur de publication du " Monde " et un journaliste du quotidien à 10'000 euros de dommages-intérêts pour " diffamation publique envers un particulier " (en l'occurrence Jean-Marie Blanchard) après la publication en mai d'un article relatant la crise du Grand Théâtre sur la seule base du rapport Créalyse, sans faire état des critiques qu'il avait suscitées. Aux termes du jugement, celui-ci est publié dans Le Monde, Le Temps et la Tribune de Genève.

Il aura donc fallu le suicide d'un employé du GTG et une lettre collective signée par 70 employés de ses collègues pour que le Conseiller administratif, Patrice Mugny, le directeur du GTG, Jean-Marie Blanchard, et le président de la Fondation, Bruno de Preux, qui tous avaient fait la sourde oreille aux protestations des employés et des syndicats, consentent à admettre que " tout ne tourne pas rond " et que ces protestations, les assemblées générales, les tracts syndicaux, ne procédaient pas d'un complot ourdi par les syndicats et de la manipulation de braves travailleurs heureux de se trouver dans la grande famille de l'Opéra, mais détournés de ce bonheur par de méchant-e-s syndicalistes uniquement animés de la volonté de nuire à l'Institution.

Le Conseil de fondation (où l'on a entendu des voix se plaindre d'un " manque d'information "...) avait même, par deux fois, et explicitement, refusé d'entendre les syndicats, qui souhaitaient lui exposer les revendications du personnel, à propos de l'affaire de harcèlement dans le milieu des accessoiristes, affaire niée par tout l'appareil du GTG, et sur laquelle une enquête administrative, confirmée par un audit, avait fort opportunément conclu (contre l'avis des syndicats) au non-lieu. En clair : quand le Conseil de Fondation était informé, il refusait d'entendre les informations qu'il recevait (notamment des syndicats), quand il pouvait être informé, il refusait de l'être, et quand il ne l'était pas, il s'en plaignait. " Nous n'avons certainement pas compris grand-chose ", reconnaît Patrice Mugny. Certainement... " J'ai sous-estimé le problème ", admet également le Conseiller administratif. A sa décharge, ajoutons qu'il n'est pas le seul, et que si certains ont " sous-estimé " le problème, d'autres l'ont carrément camouflé. Patrice Mugny assurait que " si des petits chefs se mettent à jouer les sergents-majors pour intimider les signataires de la lettre (collective du personnel après le suicide de M. R.), il faut que ces derniers osent nous le dire ! ". Avec quelles garanties de ne pas avoir ensuite à subir des mesures de rétorsion de la part desdits " petits chefs " ? Et Bruno de Preux ajoutait : " je ne tolérerai aucune sanction contre qui que ce soit tant que nous n'aurons pas le rapport d'audit ". Et après la remise du rapport, les sanctions pouvaient être tolérées ? En réalité, elle le furent même avant : en décembre, le même Bruno de Preux, en plein rapport d'audit, demandant le licenciement du secrétaire général du GTG…

Le directeur du GTG reconnut également que le problème du mobbying et du harcèlement " n'a pas été véritablement soldé ". Pas véritablement, non. Jean-Marie Blanchard ajouta que les signataires de la lettre collective à Patrice Mugny " se sont exprimés de manière maladroite, sous le coup de l'émotion ". Et le président du Conseil de fondation, après avoir commencé à entendre plusieurs des signataires de la lettre des employés pour obtenir d'eux des " explications " (qui avaient déjà été données par les syndicats, mais qu'il avait à l'époque refusé d'entendre) " mais aussi des dénonciations " (qui avaient déjà été faites par quatre employés, qui se sont retrouvés suspendus pour les avoir exprimées), assurait qu'il serait " insupportable que quelqu'un soit sanctionné parce qu'il parle ". C'est pourtant précisément ce qui est arrivé à Mme V. : être sanctionnée (avec deux autres personnes, mutées) pour avoir parlé.

La manière dont la direction du GTG, y compris le Conseil de fondation, c'est-à-dire son bureau et la majorité de ses membres (lors de sa séance du 19 septembre 2006, le Conseil de fondation avait intégralement reconduit son bureau et réélu les membres du bureau sortant dans leurs fonctions) a cru pouvoir régler le conflit avec les quatre employés dénonçant des pratiques de harcèlement a été si obtuse qu'elle a aggravé la situation, en la recouvrant provisoirement d'une chape de silence que seuls les syndicats, intervenant " de l'extérieur " et de manière autonome, sans être sensibles aux pressions de la direction et du Conseil de fondation (à tout le moins de son bureau), ont pu briser. Les " instances maison " (notamment la commission du personnel) n'ont été d'aucun secours à personne, et quand le directeur regrette que les pétitionnaires " n'ont en tout cas pas suivi les canaux traditionnels en usage dans chaque entreprise ", il faut bien admettre que c'est parce que ces " canaux traditionnels " étaient inutilisables . L'audit eut donc pour effet positif, comme l'intervention des syndicats, ce que Crealyse posait comme une " règle d'or " : " libérer la parole et cerner la capacité des gens en interne à exprimer, puis dépasser le conflit ou le problème ". Bref, ce que la direction et le Conseil de fondation se sont précisément révélés incapables de faire.
Quand à ce qui est " en usage dans chaque entreprise ", il nous semblait que depuis la signature de la Paix du Travail en 1937 le dialogue avec les syndicats en faisait partie -or le Conseil de Fondation du GTG a refusé de recevoir les syndicats quand ceux-ci le demandaient.

De ce point de vue, la responsabilité du Directeur général n'est sans doute pas, dans la crise, la plus directe, et si la " confiance " à son égard, votée par le Conseil de fondation, avait un sens, elle aurait dû impliquer que le Conseil de fondation lui-même, collectivement, liât son sort à celui de la direction au cas où celle-ci devait subir les conséquences de l'audit : Le rôle de Jean-Marie Blanchard aurait dû être d'abord celui d'un directeur artistique, pouvant se décharger des tâches administratives et techniques sur un directeur général (voire de surcroît un directeur financier et un directeur des ressources humaines et un directeur technique). Ce qu'il n'a pas pu faire. A cet " erreur " s'est ajoutée celle, quasi structurelle, qui consistait à utiliser le Conseil de fondation comme chambre d'enregistrement des décisions (ou de ratification des propositions) de son Bureau, lequel semblait lui aussi fonctionner comme chambre d'enregistrement (ou de ratification) des choix de la direction générale. Dans cette structure où chacun se reposait sur les autres de la responsabilité ultime des décisions prises, plus personne n'était responsable de rien :
- la direction refusait d'admettre la présence des syndicats dans l'institution, refusait que le Conseil de fondation se mêle de ce qui tient lieu de " dialogue avec le personnel ", et organisait ce " dialogue " dans des conditions qui dissuadait le personnel d'y exprimer ce qu'il a à exprimer ;
- le Bureau du Conseil de fondation soutenait la position de la direction ;
- le Conseil de fondation ratifiait la position du Bureau... puis votait une confiance générale, aveugle et abstraite au directeur général…
… et on attendait que la crise éclate publiquement pour commencer à se demander si tout fonctionne aussi bien qu'on l'avait affirmé (ou, pour reprendre la formulation interrogative de l'auditeur Sherwood : " certains problèmes auraient-ils pu être évités s'ils avaient été traités par la bonne instance ? (…) certaines décisions ont-elles été prises dans un vide juridique et institutionnel qu'il conviendrait de combler ? (…) certaines personnes ont-elles commis des fautes professionnelles, comme outrepasser les instances et processus de décision institutionnels, voire plus grave encore ? "...

" Il faut absolument revitaliser les courroies de transmission dans la maison ", déclarait le directeur. Pourquoi pas ? Mais encore aurait-il fallu que ces courroies ne fonctionnent pas dans un seul sens, et ne servent pas surtout à la direction et à la Fondation à la démobilisation des mouvements de protestation internes. " Je crains que les revendications syndicales et le tapage médiatique ne nous aident pas à avancer ", déclarait Jean-Marie Blanchard. Et s'il n'y avait eu que " les revendications syndicales " et le " tapage médiatique " pour permettre au GTG d'avancer, fût-ce contre son gré ? Le directeur général déclarait craindre " à quelques mois des élections (...) l'instrumentalisation du Grand Théâtre à des fins partisanes " . Plus la résolution de la crise tardait, plus ce danger, hypothétique ou réel, devenait évident -et l'audit réclamé par Patrice Mugny n'y changea rien -au contraire, puisque ses résultats tombèrent juste avant l'élection du nouveau Conseil administratif -et la réélection de Patrice Mugny, au grand dam du Bureau du Conseil de fondation du GTG.

Le déplacement du Secrétaire général (déplacement assumé par la Ville, et non par la fondation), le départ du Directeur technique, ont laissé le Directeur général en première ligne, alors qu'il n'a eu ni le choix du Secrétaire général, ni celui du directeur technique, les ayant trouvé en place l'un et l'autre à son arrivée au GTG. On peut donc certes reprocher à Jean-Marie Blanchard de n'avoir pas mis fin au fonctionnement erratique de la direction générale du GTG, et aux pratiques féodales de la direction technique et de ses baronnies, mais on ne peut lui reprocher de les avoir créées : il et elles préexistaient de longue date à son arrivée. Le Conseil de fondation étant supposé être " l'organe suprême " de la fondation, il doit aussi assumer la responsabilité " suprême " des décisions les plus importantes prises dans la maison, qu'il ait explicitement ratifié ces décisions (comme celle de refuser de recevoir les syndicats) ou qu'il se soit contenté de " laisser faire " (laisser faire la direction, ou le bureau du Conseil). Nous ne pouvons donc qu'être en plein accord avec la position exprimée par le Directeur général en décembre 2006 : " Le Conseil de fondation supervise la gestion du Grand Théâtre mois après mois. Deux conseillers administratifs y siègent, dont Patrice Mugny, et tous les partis y ont un représentant. Si mauvaise gestion il y avait, ce serait donc aussi la leur " . Or mauvaise gestion, des rapports sociaux, pour le moins, il y a eu…

La crise dont les deux audits (y compris, donc, celui de Crealyse) ont contribué à permettre la résolution (dans la mesure où ils n'aboutirent seulement au sacrifice de quelques boucs-émissaires dans l'appareil administratif et technique du GTG) illustra, de la part d'une institution municipale, une conception difficilement acceptable du respect des droits syndicaux. Or, dès lors qu'une part croissante du personnel du Grand Théâtre est constituée par du personnel engagé par la Fondation, sous contrat de droit privé, les droits de ce personnel ne peuvent être garantis que par l'action des syndicats -la commission du personnel Ville ne représentant, comme son nom l'indique, que le personnel municipal, ce qui suffisait à justifier la création d'une commission unique. Toute entrave à l'activité des syndicats porte donc préjudice au droit du personnel du Grand Théâtre d'être défendu face à son patron -la Fondation, ou la Ville.

Les " dysfonctionnements " (pour user d'un aimable euphémisme) à la tête de l'administration générale, et des services techniques et artisanaux, du GTG, posèrent en outre le problème du statut des chefs de cette administration et de ces services. La Ville étant, directement ou non, la pourvoyeuse financière du fonctionnement du théâtre, il paraît logique que les fonctions directoriales (administratives, techniques, financières, des ressources humaines) de Secrétaire général(e) et de Directeur(trice) soient assurées (sur proposition de la direction générale et du Conseil de fondation -non de son bureau) par de haut-e-s fonctionnaires municipaux-ales, nommés par la Ville.

La crise interne du GTG pose enfin le problème du double statut du personnel du Grand Théâtre : en gros, la moitié du personnel relève de la fonction publique municipale, l'autre moitié est sous contrat de droit privé avec la fondation. Le résultat de cette dichotomie est aberrant : des employés municipaux sont placés sous les ordres de chefs sous contrat de droit privé, employés par une institution théoriquement contrôlée et lourdement subventionnée par la municipalité, mais dont la moitié des employés sont soustraits à son contrôle par leur statut même. " Il faudra s'y attaquer un jour, mais pas en période de crise ", a déclaré Patrice Mugny à propos de la dualité des statuts du personnel du GTG. Et si " la période de crise " était précisément la provocation nécessaire pour s'attaquer à cette dualité en municipalisant la quasi-totalité du personnel ?
Lors de la séance du 23 mai 2005 du Conseil de fondation, Patrice Mugny s'est clairement prononcé contre la municipalisation du personnel du GTG : " ce n'est pas possible pour des questions budgétaires ". L'argument paraît faible, puisque cette municipalisation, en libérant le budget du Grand Théâtre de la charge salariale et des charges sociales du personnel qu'il emploie -et qu'il n'emploierait plus- permettrait à la Ville de réduire d'autant la subvention qu'elle verse à la Fondation. Pour l'essentiel, il s'agit d'un déplacement comptable -même pas un transfert de charges, puisque de toutes façons ce sont les fonds municipaux qui assurent la couverture de la masse salariale, que ce soit directement ou par voie de subvention. Dans une lettre aux syndicats et aux commissions du personnel, où il doute de la possibilité " compte tenu de la situation financière générale actuelle " de " municipaliser l'ensemble du personnel ", le Conseiller administratif rappelait que l'indexation des salaires du personnel de la Fondation sur le même pourcentage que les fonctionnaires de la Ville aboutit à une indexation de la subvention d'exploitation versée par la Ville à la Fondation, ce qui confirme qu'on est bien dans un fonctionnement de vases communicants.

Or donc :
- le Grand Théâtre emploie des personnels sous deux statuts différents : le statut d'employés municipaux pour la moitié du personnel stable et la majorité du personnel régulier payé à la prestation, le statut d'employés de la Fondation pour les autres. Tout ce personnel est cependant placé sous la responsabilité hiérarchique ultime d'une direction sous contrat de droit privé. En d'autres termes, du personnel municipal est dirigé par du personnel privé.

- Les employés réguliers du Grand Théâtre, ainsi que les temporaires, étaient auparavant, sauf exceptions, engagés par la Ville et mis sous statut du personnel municipal. Depuis 2005, le personnel auxiliaire temporaire (dont une partie est employé pendant toute une saison, et réengagé pour la saison suivante) est engagé par la Fondation, sous contrat de droit privé. Le statut du personnel municipal ne permet en effet pas le réengagement d' " intermittents " après une année de fonction. Comme l'engagements d' " intermittents " est indispensable au GTG, il faut donc qu'ils soient employés par la Fondation. La direction, la Fondation et la Ville avaient assuré que ce passage de la Ville à la Fondation n'allait entraîner aucune péjoration des conditions de travail et de rémunération du travail. Un an plus tard, les syndicats constataient le contraire -et le Conseil de fondation comme la Ville l'admettaient à demi-mot : salaires et vacances en baisse, prestations sociales, indemnités et récupérations en régression, disparités entre les statuts, surtout dans les services " mixtes ", employant à la fois du personnel municipal et du personnel de la Fondation, disparités entre les avantages sociaux et les conditions offertes par les caisses de retraite … En outre, les temporaires Fondation et les temporaires Ville ont certes le même salaire, mais ne bénéficient pas du même régime de congés. Lors de leur transfert de la Ville à la Fondation, les temporaires avaient perdu 8,33 % de leur salaire réel -le pourcentage correspondant précisément aux congés, sous forme d'une adjonction au salaire de base puisque le contrat temporaire est limité à onze mois. Une nouvelle grille salariale (à trois échelons) a été mise en place dès le 1er juillet 2006 pour le personnel temporaire, et finalement le paiement rétroactif des congés dus à ce personnel a été effectué (il aura fallu, là encore, l'intervention des syndicats pour que cela se fasse).

Au 30 juin 2008, le Grand Théâtre employait, directement (personnel de la Fondation) ou indirectement (personnel de la Ville), régulièrement ou occasionnellement, 417 personnes (89), compte non tenu des musiciens d'orchestre, des choristes auxiliaires, des figurants, des chefs d'orchestre, solistes, metteurs en scène, chorégraphes, décorateurs, costumiers et assistant-e-s des uns et des autres (soit au total entre 250 et 300 personnes chaque saison). Le personnel administratif et technique fixe et temporaire est formé de personnel municipal affecté au GT, mais pris en charge sur le budget de la Ville. Tendanciellement, la part du personnel municipal reculait, jusqu'en 2006-7 par rapport à celle du personnel fondation, les nouveaux postes de travail créés étant généralement des postes fondation. L'un des effets de la crise interne de 2006-7 sera d'inverser cette tendance, par la municipalisation de plusieurs postes " fondation ". ¨

Au 30 juin 2008 :
Personnel sous contrat fondation 132 personnes (dont 16 à temps partiel)
Direction : 10 personnes
Personnel artistique : 19 personnes
Chœur : 46 personnes (dont 43 choristes)
Ballet : 30 personnes (dont 22 danseurs)
Personnel sous contrat Ville 137 personnes (dont 8 à temps partiel)
Théâtre : 98 personnes
Ateliers : 38 personnes (90)
Personnel temporaires de salle et de location (Ville)
51 personnes
Apprentis, stagiaires, chômeurs et AI 33 personnes (sur la saison)
Personnel artistique ou technique temporaire (Ville et Fondation) :
64 personnes90


Les frais de personnel représentent en gros les trois quarts des dépenses d'exploitation totale du GT, soit pour 2006/2007 (budget, en mios FS, sans les charges sociales) :

Direction et personnel administratif 1,138
Personnel d'exploitation 3,257
Chœur professionnel 3,861
Ballet 2,164
Personnel artistique 7,454
Chœurs auxiliaires, figurants, danseurs surnuméraires, mimes 0,82

Au 1er janvier 2009, le GTG employait 278 collaborateurs réguliers : 135 sous statut de droit public (mais plusieurs postes occupés par des employés municipaux affectés au GTG, n'étaient pas pourvus) et 143 sous statut de droit privé. Un catalogue exhaustif des fonctions exercées par les employés de la fondation, une évaluation et une classification de ces fonctions (par analogie avec celles de la Ville) ont été effectués au premier semestre 2009, et sont entrés en vigueur le 1er juillet (91). La direction des ressources humaines du GTG a été chargées, en collaboration avec celle de la Ville, de mettre en place des structures paritaires (analogues à celles de la Ville).
Une soixantaine d'artisans (menuisiers, serruriers, cordonniers, décorateurs, costumiers, peintres etc…) travaillent dans les ateliers du GT, à Neuve, Michel-Simon, Sainte-Clotilde ou Vernier ; certains exercent des professions qu'ils ne pourraient plus exercer ailleurs, ou dont ils ne pourraient plus vivre décemment. Le GTG est en outre, sauf erreur, le seul opéra de Suisse à employer à demeure certains artisans (comme les cordonniers).

Le deuxième pilier (prévoyance professionnelle) du personnel employé par la Fondation est pris en charge par la Fondation de prévoyance en faveur du personnel d'institutions subventionnées par la Ville de Genève (FOP), qui en 2002 couvrait 1117 assurés actifs (192 hommes et 925 femmes) employés par 46 crèches et garderies d'enfants, 4 centres de loisirs et maisons de quartier, deux résidences pour personnes âgées et quatre théâtres, le tout constituant une masse salariale de 37,769 mios FS/an (92).

Nous insistons : le fait que le personnel employé par le Grand Théâtre relève d'au moins deux statuts différents (personnel municipal, avec statut de la fonction publique municipale, et personnel de la fondation, avec statut de droit privé, et le GTG est sauf erreur la seule institution genevoise où se constate cette situation), sans compter les temporaires et les auxiliaires, n'est pas sans poser problème : c'est ainsi qu'aux ateliers du GT travaillent côte à côte des " fonctionnaires " et des " employés " de la fondation, effectuant les mêmes tâches, avec grosso modo les mêmes horaires, mais pas forcément les mêmes conditions salariales (93) et sociales. La Fondation expliquait qu'elle " n'a pas les moyens d'avoir la même politique salariale que la Ville " (94). On peut en douter, dans la mesure où l'identification de la politique salariale de la fondation à celle de la Ville finirait de toutes façons par être payée par la Ville (par l'indexation de la subvention à l'augmentation des charges salariales, dont le principe a été admis par le Conseiller administratif responsable de la politique culturelle).
D'ailleurs, même si réellement la fondation ne pouvait avoir les moyens d'aligner sa politique salariale et sociale sur celle de la Ville, la question resterait posée d'une " municipalisation " de l'ensemble du personnel stable du GT (hors le personnel temporaire, le personnel artistique payé à la prestation, ainsi que le directeur général et les directeurs et directrice des chœurs et du ballet) dès lors que la totalité de ce personnel est tout de même payé par la Ville, que ce soit directement en tant que personnel municipal ou indirectement par la subvention versée à la Fondation. De ce point de vue, affirmer que la situation financière de la Ville n'autorise pas la municipalisation du personnel du Grand Théâtre n'a guère de sens, puisque de toutes façons c'est la Ville qui paie ce personnel. L'état des finances municipales apparaît ainsi comme un prétexte -et il serait plus clair, et en tous cas plus franc, de dire que la Fondation tient à garder le plus grand contrôle possible sur le personnel qu'elle emploie de fait, qu'elle en soit ou non l'employeur de droit.
Quant à nous, nous devrions désormais défendre l'idée d'un passage sous statut municipal, tant que la Ville reste le principal soutien financier du GTG, de l'ensemble du personnel actuellement employé par la fondation, sauf les exceptions évoquées plus haut (95), parallèlement à la régularisation des " temporaires structurels ", autrement dit des " faux temporaires ", du moins ceux qui souhaitent cette régularisation (96) . Au minimum, nous devons soutenir le principe d'une égalisation des droits salariaux et sociaux entre les deux catégories de personnel du GTG (97).

Enfin, une Commission unique " des personnels du Grand Théâtre " (sous contrats avec la Fondation ou membres de la fonction publique municipale) a été instituée, et élue en novembre 2008. Cette commission unique était une revendication des employés du GTG et des syndicats. Elle remplace la " Commission d'information et de coordination " (CIC), dissoute par le Conseil de fondation en janvier 2009, et qui tentait, sans y parvenir, d'être un lieu de dialogue entre la direction et les représentants des différents personnels du GTG, qu'ils soient sous statut fondation ou sous statut municipal. La commission des personnels du GTG remplace également l'actuelle Commission du personnel technique et administratif. Elle représentera donc l'ensemble des employés du GTG (98). Son président siège désormais officiellement, mais toujours à titre consultatif, au sein du Conseil de fondation.

Le Fonds de solidarité

Le Fonds de solidarité (anciennement " Fonds de secours ") est alimenté par un prélèvement de 2 % sur les cachets des artistes ne cotisant pas à l'AVS. Ce prélèvement s'est élevé à 87'322 francs lors de la saison 07-08, saison lors de laquelle les retraits se sont montés à 105'949 francs -le capital accumulé lors des saisons précédentes, où les prélèvements ont toujours été supérieurs de plusieurs dizaines de milliers de francs aux retraits, permettant largement de compenser ce déficit ponctuel. Au 30 juin 2008, le fonds s'élevait à 1,897 million de francs. Son utilisation était jusqu'à ces derniers mois établie par deux textes, un règlement et des directives, adoptés par le Conseil de fondation. Une révision de ces textes, fusionnés en un seul, a été opérée début 2009 par un groupe de travail auquel participaient des représentants des chœurs et du ballet. Le projet présenté par le groupe de travail a été adopté par le Conseil de fondation en juin 2009. Il élargit le champ des prestations du fonds (qui peut désormais accorder des versements en capital, des rentes mensuelles, des cautions ou des garanties), et les motifs de ces prestations, sans modifier celui de ses bénéficiaires, le but de l'exercice étant de permettre l'utilisation du fonds pour aider à la reconversion ou au perfectionnement professionnel de membres du personnel du GTG, en particuliers de membres du Ballet ou des chœurs. En outre, le Conseil de fondation est désormais toujours informé, et parfois décisionnaire (pour toutes les demandes supérieures à 25'000 francs) de l'octroi des prestations du fonds.


NOTES
(59) La procédure d'enquête administrative est ainsi faite : les accusés ont accès au dossier et disposent de droits qui sont niés aux plaignants, qui deviennent des témoins sans droit.

(60) avant d'être fin 2006 contraint à démissionner (avec six moins de salaire en guise d'indemnités), après avoir été impliqué dans une nouvelle affaire de harcèlement, réglée celle-ci " à l'interne ", avec une stagiaire du même service des tapissiers-accessoiristes, stagiaire que cette affaire a incité à ne pas accepter la transformation de son stage en un poste stable.

(61) " Nos inquiétudes se portent sur la manière dont une plainte pour mobbing est traitée au sein du Grand Théâtre. Il n'est sans doute pas facile de se plaindre de harcèlement à sa hiérarchie. Celles et ceux qui font cette démarche s'attendent à une écoute sérieuse et impartiale, espèrent des conseils judicieux, la prise de mesure pour y remédier et une procédure adaptée. Toutefois, malgré un numéro de téléphone à la Ville de Genève et au Service des ressources humaines "harcèlement, procédure de médiation", et l'intérêt de la hiérarchie à intervenir au mieux dans ce genre de conflit, nous constatons qu'un conflit dénoncé à la plus haute hiérarchie du Grand Théâtre depuis plus de trois ans a abouti à une procédure d'enquête administrative très tendancieuse. D'autres expériences malheureuses de ce type ont eu lieu. Jugées a posteriori inadaptées par la direction du département, les enquêtes administratives qui ont été mises en place visent uniquement à déterminer un coupable. Il faut savoir que l'enquête administrative considère les plaignant-e-s comme des témoins, qui ne sont donc pas consultés dans le choix des autres témoins, n'ont pas accès au dossier, ne peuvent se faire accompagner et n'ont que peu d'espoir d'être reconnus comme victime. Cette procédure peu adéquate fait prendre le risque à la victime de perdre sa place de travail.
Il est étonnant qu'aucune procédure de médiation n'ait été adoptée. De même, aucun cours en matière de prévention du harcèlement sexuel et du mobbing n'ont été dispensés au personnel et à la hiérarchie du Grand Théâtre. Ceux-ci seraient de nature à améliorer les rapports de travail au sein du personnel. Toutes ces alternatives permettraient de trouver un règlement équitable à un conflit. Nous craignons que ces affaires découragent quiconque de se plaindre, tolérant les abus de toute sorte, et en particulier la grande difficulté d'intégration des femmes dans des services du Grand Théâtre. De nombreux cas sont dénoncés à la Commission du Personnel de la Ville, aux syndicats SIT et SSP et à la Commission du Personnel du Grand Théâtre, sans passer par la voie hiérarchique du Grand Théâtre, démontrant ainsi le manque de confiance et la crainte des employé-e-s envers leurs supérieurs directs.
La Direction du Département des affaires culturelles a souhaité l'étude d'une nouvelle procédure pour le harcèlement sexuel et le mobbing et prévoit une information au personnel sur ces questions.
Les principes qui guident la politique des ressources humaines, en particulier "l'égalité des chances et l'égalité de traitement concrète entre femmes et hommes", "la formation et la relève des cadres, ainsi que le développement des capacités de gestion des RH", "un partenariat social approfondi entre l'employeur et les membres du personnel, ainsi que de leurs organisations respectives", attendent d'être appliqués dans les faits.
Nous formulons les demandes suivantes :
1. Demander une information rapide sur le mobbing et le harcèlement sexuel à titre préventif, et la formation de la hiérarchie
2. Information aux RH de l'importance de la prise en charge des plaintes au Grand Théâtre, en rapport avec le manque de confiance du personnel envers sa Direction interne
3. Demander une clarification à la Direction du Département sur la distinction des compétences du Chef du personnel interne et des responsables du personnel en Ville de Genève
4. Demander le respect de la personnalité des membres du personnel en application des statuts
5. Demander la réintégration des plaignant-e-s dans l'affaire susmentionnée. "

(62) Genève, le 31 août 2006
" Interpellation à qui de droit.
Combien de drames, combien de douleurs devront être soufferts avant d'être pris sérieusement en compte ?
Nous voulons des mesures concrètes afin que le facteur humain soit pris en considération dans notre institution.
Nous considérons que les conditions de stress générées par les spectacles n'autorisent, ni n'excusent, les débordements langagiers et les attitudes irrespectueuses subies fréquemment.
Notre collègue avait exprimé son désarroi et son besoin de se recomposer par des horaires plus réguliers, pourtant son appel a été vain.
Nous sommes profondément choqués par sa disparition. "

(63) Le Temps 16 septembre 2006

(64) Le Courrier 16 septembre 2006

(65) Tribune de Genève du 16 septembre

(66) Courriel de P. Holenweg à P. Mugny du 2 novembre 2006 :
" Monsieur le Conseiller administratif,
J'ai reçu, comme l'ensemble des membres du Conseil de Fondation du Grand Théâtre, copie de la lettre adressée le 27 octobre par le président dudit Conseil, M. Bruno de Preux, au Directeur général dudit théâtre, M. Jean-Marie-Blanchard, lettre par laquelle le premier cité suggère au deuxième cité de vous inviter à " demander l'autorisation à PricewaterhouseCoopers de distribuer le rapport d'audit du 14 février 2006 à l'ensemble des employés du Grand Théâtre et bien entendu à tous les membres du Conseil de fondation ".
A la lecture de cette lettre, mon premier sentiment a été celui de satisfaction, à constater la conversion du bureau (à tout le moins de son président) du Conseil de fondation à une interprétation aussi souple que la mienne de la confidentialité (le rapport de PricewaterhouseCoopers étant précisément un rapport confidentiel), d'autant que la missive du président du Conseil de fondation nous transmet les recommandations du rapport d'audit (recommandations que je suppose non moins confidentielles que le rapport lui même). Je me trouve ainsi conforté dans ma propre conception de la circulation de l'information, et dans mon intention de continuer à m'y conformer.
Ce premier sentiment de satisfaction a été suivi d'un non moins agréable sentiment d'amusement à observer le retour en grâce du jeu fort ancien du ricochet (M. de Preux demandant à M. Blanchard de demander à M. Mugny de demander à PricewaterhouseCoopers...). Finalement, cependant, c'est un sentiment d'inquiétude qui a prévalu, et que je permet de vous exprimer ici.
Il m'apparaît en effet, à la lecture de la lettre du président du Conseil de fondation, des extraits choisis par lui des recommandation du rapport de février dernier, et de l'accusation portée contre les syndicats d'avoir " systématiquement désinformé " les collaborateurs du GTG, que la demande de distribuer le rapport en question à l'ensemble des employés avant même que l'audit décidé par le Conseil municipal n'ait débuté, instaurerait un climat parfaitement détestable comme toile de fond de ce dernier audit.
Il me paraît également que la distribution à l'ensemble du personnel d'un audit partiel (et dénoncé comme partial par les syndicats), avec comme motivation explicite de conforter l'accusation portée contre les syndicats de " désinformation systématique ", vise à transformer ce second audit en instrument de refus de reconnaître réellement lesdits syndicats comme partenaires, et de poursuivre dans la voie engagée précédemment : celle du refus de les entendre, et même de les admettre.
Que l'audit de février soit communiqué aux auditeurs à venir me paraît relever de l'évidence. Qu'il soit communiqué à l'ensemble des employés avant que toutes celles et tous ceux qui souhaitent être entendu-e-s par les auditeurs aient pu l'être ne peut évidemment que relever d'une tentative d'orientation de leurs témoignages, voire de les dissuader de témoigner. Dans ces conditions, les résultats du second audit seraient évidemment frappés de suspicion, et l'exercice aurait été dans le meilleur des cas parfaitement inutile, et dans le pire des cas parfaitement contre-productif. Je vois mal, en effet, à quoi auront servi les innombrables réunions, discussions et négociations menées entre le GTG, la Ville, le personnel et les syndicats, si le protocole d'accord sur les procédures et le contenu de l'audit, protocole issu de ce processus de discussion, est considéré comme un document sans valeur, exprimant un accord insignifiant sur un audit dont on peut préjuger la conclusion avant même qu'il n'ait débuté.
J'espère donc que la demande de M. de Preux ne sera pas suivie d'autre effet que celui de confirmer la transmission du rapport d'audit de février dernier aux auditeurs des mois à venir.
Avec mes plus cordiales salutations,
Pascal Holenweg

(67) PROTOCOLE
Préambule
Des personnels du Grand Théâtre de Genève ont exprimé une souffrance dans leur travail. La Ville de Genève et le Grand Théâtre de Genève, souhaitant comprendre ce qui se passe et y remédier, décident qu'au audit doit être mené dans cette institution.
Pour garantir à toutes et tous le bon déroulement de cet audit, il est convenu ce qui suit :
1. L'anonymat et la confidentialité absolue sont garantis à toutes les personnes qui seront entendues dans le cadre de l'audit.
2. Aucune pression, de quelque nature que ce soit, ne sera exercée par les signataires du protocole. Aucune réunion portant sur l'audit ne sera convoquée par les parties durant l'audit.
3. La Ville de Genève et la Direction du Grand Théâtre de Genève s'engagent à garantir la protection du personnel durant ce processus, dans le cadre de l'audit, au sens de ,l'article 328 du Code des Obligations.
4. Une séance générale d'information à l'ensemble du personnel sera organisée pour présenter l'audit (périmètre, déroulement) en collaboration avec l'auditeur. Une lettre d'information, signée par les parties, sera envoyée à l'ensemble du personnel avant cette séance d'information.
5. Les résultats de l'audit doivent être disponibles fin mars 2007 Un délai supplémentaire peut être accordé sur demande justifiée de l'auditeur ou des auditeurs avec l'accord de tous les signataires du protocole.
6. Une séance générale d'information à l'ensemble du personnel sera organisée pour présenter les résultats de l'audit, dès que les signataires auront reçu ceux-ci.
7. La première version du rapport d'audit sera soumise aux parties.
8. Les signataires du protocole s'engagent à se retrouver pour discuter les recommandations de l'audit.
9. Les parties examinent tous les dossiers et choisissent d'un commun accord le ou les auditeurs.
10. Le périmètre, le déroulement et les modalités de l'audit sont décidés d'un commun accord entre les signataires du présent protocole.
11. Le personnel est libre de rapporter tous les éléments qu'ils (sic) jugeront bon de transmettre aux auditeurs.
12. Les droits syndicaux sont garantis.
13. Les entretient individuels se dérouleront selon les principes suivants :
. Lettre au domicile des personnes tirées au sort pour les inviter à un entretien, prise de rendez-vous téléphonique ou par e-mail.
. Liberté de participation (nul n'est obligé d'accepter l'entretien proposé).
. Entretien réalisé hors du lieu de travail, dans un lieu neutre pendant les heures de travail ou en accord avec l'interviewé.
Fait à Genève le 16 novembre 2006

Le Conseiller administratif, représentant la Ville de Genève (Patrice Mugny)
Le Président du Conseil de fondation, représentant le Conseil de fondation (Bruno de Preux)
Le Directeur général du Grand Théâtre de Genève (Jean-Marie Blanchard)
Le Président de la Commission du personnel technique et administratif du Grand Théâtre de Genève (Denis Chevalley)
La Secrétaire syndicale, représentante du SIT (Valérie Buchs)
Le Secrétaire syndical, représentant du SSP (Rémy Pagani)

(68) Jean-Marie Blanchard ne manque pas de rappeler, à juste titre, qu'il n'est pour rien dans la désignation d'Antonio Soragni comme secrétaire général, et qu'il en a hérité à son arrivée, pour s'apercevoir ensuite qu'il n'était pas à la hauteur du poste qu'il occupait.

(69) En réalité, il n'est pas de la compétence du Bureau du Conseil de fondation, ni du Conseil lui-même, de licencier le secrétaire général, lors même que celui-ci est sous contrat de droit privé avec la fondation, car son engagement est signé par le Conseil administratif (même si le choix de la personne est du ressort du Conseil de fondation).

(70) La Ville de Genève est ainsi opportunément transformée en office de réadaptation professionnelle des anciens cadres du Grand Théâtre. Antonio Soragni a obtenu la garantie intégrale jusqu'à fin juin 2008, soit à l'échéance de son contrat, du salaire perçu comme secrétaire général du GTG, soit environ 400'000 francs (charges comprises) pour un an et demi. Fin juin 2008, l'affaire n'était toujours pas réglée puisque la Ville n'avait pas trouvé un emploi à Antonio Soragni, qui a donc été (grassement) payé à ne rien foutre pendant un an et demi, pour complaire à la direction générale du GTG…

(71) Antonio Soragni, alors membre du Conseil de fondation (au titre de représentant des Verts) a été engagé en 1999 comme secrétaire général du Grand Théâtre, à la succession de François Duchêne, à l'initiative du président d'alors de la Fondation, Guy Demole, du Conseiller administratif d'alors, Alain Vaissade, la direction générale étant alors assumée par Renée Auphan. Il semble qu'il y ait eu d'autres candidatures que celle d'Antonio Soragni, sans que le Conseil de fondation en ait été informé.

(72) Communiqué de presse du Conseil administratif du 24 janvier : GRAND THÉÂTRE DE Genève : LE SECRÉTAIRE GÉNÉRAL LIBÉRÉ DE SES FONCTIONS
Aujourd'hui, sur demande du Conseil de fondation du Grand Théâtre de Genève, le Conseil administratif, après audition du Directeur général M. Jean-Marie Blanchard, de représentants du Bureau du Conseil de fondation et de M. Antonio Soragni, Secrétaire général, a considéré qu'une poursuite de la collaboration entre M. Blanchard et M. Soragni n'était plus souhaitable en l'état.
C'est donc soucieux de l'intérêt général de l'institution et dans le but d'apaiser les tensions qui y règnent que le Conseil administratif a pris la décision de libérer M. Soragni de ses fonctions de Secrétaire général et d'envisager avec lui de lui confier d'autres missions.
Le Conseil administratif espère par ailleurs que les audits se déroulent dans de bonnes conditions et attend d'ici fin mars les conclusions des auditeurs.
Dans certains articles de presse, l'honnêteté de M. Soragni a été mise en cause. Le Conseil administratif tient à souligner avec force qu'il n'a absolument aucune raison de douter de l'intégrité de M. Soragni.
Le Conseil administratif n'entend pas commenter cette décision.

(73) Jacques Ayrault sera remplacé, d'abord à titre temporaire puis, sur décision du Conseil de fondation (le 14 septembre 2007), à titre plein jusqu'en juin 2009, par M. Millet.

(74) Laquelle presse titrait sur la " démission " des deux hommes, alors qu'ils annonçaient seulement leur intention de ne pas solliciter le renouvellement de son mandat à fin août 2007. En outre, la lettre annonçant cette intention, était datée du 22 décembre 2006 (le Conseil de fondation l'ayant reçue le 23 février). Les membres du Conseil n'ont évidemment pas échappé à l'explication rituelle par la défaillance de la lampisterie : " c'est la faute de la secrétaire qui s'est trompée de date " -ce qui ne change rien à l'évidence que la lettre était écrite depuis deux mois quant elle a été envoyée…

(75) Par ailleurs, trop occupés au lynchage du Conseiller administratif et de son directeur, le président, son vice-président et leur directeur général ont laissé passer le moment, tant attendu, de faire voter par le Conseil de Fondation leur demande (au Conseil administratif) d'exclure le représentant socialiste du Conseil de fondation. Comme quoi, outre ses innombrables qualités et ses quelques défauts, Patrice Mugny peut en outre avoir l'utilité d'un paratonnerre.

(76) Lettre de Denis Chevalley, président de la Commission du personnel technique et administratif
du Grand Théâtre de Genève (5 mars) :
" L'annonce de la démission des président et vice-président de la Fondation du Grand Théâtre ne manque pas de surprendre le personnel du Grand Théâtre.
La date de leur démission coïncide avec la fin de leur mandat et plutôt que d'annoncer la volonté de ne pas en solliciter le renouvellement, ils l'utilisent pour aggraver la crise du Grand Théâtre en tentant de rendre responsable de leur désengagement, le magistrat en charge des affaires culturelles et le Directeur de ce même département.
Le personnel du Grand Théâtre me paraît très inquiet, du manque d'unité et des problèmes du Conseil de fondation, de la prudence qu'il affiche en laissant seule la direction du Grand Théâtre, fragilisé par des mois de conflit, le soin de redresser l'institution.
Le personnel du Grand Théâtre peut être rassuré et heureux de l'engagement de Patrice Mugny et de Boris Drahusak, dans la recherche des solutions qui ramèneront le Grand Théâtre dans une situation plus sereine.
À quelques semaines des résultats de l'audit et du début d'un dialogue que tous souhaitent constructif, il est important que chacun respecte ses engagements, qui font l'objet d'un protocole d'accord, et que les manœuvres destinées à discréditer une des parties engagée dans ce processus, cessent.
L'audit sera la base sur laquelle s'appuiera le travail nécessaire à la remise sur pied de l'institution et il est regrettable d'anticiper ces résultats en annonçant chaque semaine des licenciements, des départs, en cherchant à éloigner notre employeur, la Ville de Genève, qui joue parfaitement son rôle de surveillance et sans lequel le personnel ne pourrait espérer une meilleure gestion interne du Grand Théâtre. "
Denis Chevalley
Président de la Commission du personnel technique et administratif du Grand Théâtre de Genève

(77) Dans une lettre au président de la CPTA, Denis Chevalley, une cinquantaine de membres du personnel lui reprochent de s'exprimer au nom de l'ensemble du personnel sans l'avoir préalablement consulté.

(78) La proposition de refuser le rapport Créalyse a été soutenue par six membres du Conseil, et combattue par six autres, le président se refusant à trancher. Finalement, l'unanimité se fait sur une formulation diplomatique : " Le Conseil de Fondation désapprouve la formulation du rapport Créalyse. Il prend acte de ses propositions ". La Fondation étant co-commanditaire de l'audit, co-responsable du choix de Créalyse pour en réaliser la moitié, et co-signataire du protocole d'audit, il eût été curieux qu'elle refuse d'assumer le rapport (même mal foutu) d'un audit qui a effectivement été assuré, et dont le rapport n'a pu être corrigé avant publication parce que la séance prévue pour examiner un rapport provisoire a été supprimée (par le Bureau de la Fondation et la Ville)

(79) " Fonctionner, si nécessaire, comme conseiller de la Direction du Grand Théâtre, de la Fondation et de la Ville, en vue de les amener à prendre rapidement les premières mesures susceptibles de ramener la sérénité au Grand Théâtre, en accord avec les Commissions du personnel et les syndicats ; définir avec la Fondation et la Ville les mesures à prendre dans le suivi des audits, en distinguant celles pouvant intervenir rapidement, soit d'ici l'été, et celles à envisager à plus long terme, notamment d'éventuelles réformes statutaires ; préparer la transition entre l'actuel Conseil de Fondation et celui qui devra être mis en place en août 2007. "

(80) (note du 5 juin au PS) Lors de la première séance du Conseil municipal, une lettre des syndicats SIT et SSP, et de la Commission du personnel du Grand Théâtre, a été distribuée aux membres du nouveau Conseil (je suppose que toutes et tous l'ont reçu -au cas où tel ne serait pas le cas, j'en annexe une copie). Cette lettre concerne les derniers développements de la crise du Grand Théâtre, derniers développement devant arriver fin juin au Conseil municipal sous forme de proposition du Conseil administratif, proposition présentée sous forme de "paquet ficelé" reprenant les propositions faites par David Lachat (voir annexe) et les exigences présentées par Jean-Marie Blanchard (voir annexe).
Il pourrait être utile que les représentants des partis de l'Alternative dans l'actuel Conseil de fondation du GT, et dans les commissions de la culture et des finances du Conseil municipal, et si possible les chef-fe-s de groupe de ces partis au CM, se rencontrent, avec les syndicats et la CPTA, pour que nous puissions tenter d'arriver à une position commune avant la discussion au Conseil municipal... Si quelqu'un a une date à proposer...
En attendant, je me permets de vous inviter à ne pas accepter (ni d'ailleurs refuser) de voter fin juin cette proposition "sur le siège", compte tenu de ses implications politiques, financières et sociales, et à la renvoyer aux commissions culturelle et des finances du Conseil municipal, afin de l'étudier attentivement (elle le mérite), quelque "chantage à la fermeture du Grand Théâtre" qu'on exerce sur le Conseil municipal. Un tel "chantage" repose en effet sur un pur fantasme : la saison prochaine (2007-2008) est d'ores et déjà "sur rails" (les abonnements ont été renouvelés, les spectacles sont annoncés, les contrats signés depuis longtemps, les plannings établis), et la saison suivante quasiment bouclée. A moins d'un tremblement de terre ou d'un incendie, le Grand Théâtre restera "culturellement" fonctionnel jusqu'en 2009, quoi que décide le Conseil municipal (et quoi que décident David Lachat et Jean-Marie Blanchard).
Quant aux implications des propositions qui seront soumises au Conseil municipal fin juin, elles sont en gros les suivantes :
IMPLICATIONS POLITIQUES : le "paquet ficelé" implique une considérable perte de contrôle de la municipalité sur le Grand Théâtre. Cette perte peut être acceptée, mais elle ne peut l'être qu'au terme d'un débat approfondi, sur son sens, et sur ses conséquences. Concrètement, tout le personnel municipal affecté au GT passerait sous contrôle de la Fondation, sans pour autant cesser d'être un personnel municipal, jouissant des droits accordés par le statut du personnel, et tout en continuant à être payé par la Ville. En outre, le nombre de membres représentant la Ville au Conseil de fondation serait considérablement réduit (ceux représentant le Conseil municipal passant de sept à deux, par exemple). En résumé, on demande à la Ville de payer et de se taire, et aux partis politiques d'accepter (en se taisant) que la Ville paie (et se taise).
IMPLICATIONS FINANCIÈRES : les changements proposés (j'en soutiens personnellement plusieurs) impliquent des dépenses qui se chiffrent à au moins deux millions, sans aucune recette supplémentaire. Comme le Grand Théâtre n'a absolument pas les moyens de les financer, c'est la Ville qui va devoir s'y coller, en augmentant sa subvention au GT, en lui accordant un prêt ou en faisant passer au budget ordinaire des dépenses supplémentaires pour le GT. Là encore, on ne peut l'accepter sans un débat et un examen approfondi.
IMPLICATIONS SOCIALES : les syndicats manifestent une opposition claire à plusieurs des propositions de David Lachat et du CA. Ils relèvent à juste titre que plusieurs de ces propositions sont contradictoires, sur le fond et sur la forme, de l'accord passé entre la Fondation, la Ville et les organisations du personnel dans le cadre de l'audit du GTG. En outre, le passage de tout le personnel municipal sous responsabilité (mais pas sous statut) de la Fondation est source de conflits inévitables, du même type que ceux qui ont déclenché la crise actuelle, mais également de conflits nouveaux entre la Ville employeur du personnel et la Fondation utilisatrice du personnel municipal.
Enfin, il faut insister sur le fait que plusieurs propositions faites par David Lachat et le CA impliquent une modification des statuts du Grand Théâtre, lesquels reposent sur une loi, et ne peuvent donc être modifiés que par le Grand Conseil (sur proposition, certes, du Conseil municipal -mais seulement sur proposition). Les décisions prises par le seul Conseil municipal n'auraient aucun effet avant que le Grand Conseil se soit prononcé. Or statutairement, le mandat de l'actuel Conseil de fondation prend fin le 31 août, et ne peut être prolongé. Et la Fondation ne peut, statutairement, se passer de Conseil. Comme même la création d'un Conseil de fondation intérimaire doit faire l'objet d'une modification des statuts actuels, et donc d'une décision du Grand Conseil, sur proposition du Conseil municipal (mais après étude par celui-ci de la proposition), on risque donc de se retrouver soit avec un Conseil de fondation illégalement constitué et ne pouvant prendre aucune décision valable, soit sans Conseil de fondation du tout.
Je ne saurais donc trop vous inviter à ne pas voter "en bloc", sans réel débat et sans examen attentif, des propositions qui modifient complètement (ils en ont besoin, mais pas comme ça) les rapports entre la Ville et le GTG, et à renvoyer le paquet en commission pour étude, et pour "déficelage".
Bien cordialement,
Pascal Holenweg

(81) Les propositions du CA étaient ainsi porteuse d'un risque amusant : le Conseil de fondation que proposait le CA aurait été formé en contradiction avec le statut de la fondation ; il n'aurait donc pu prendre aucune décision sans que cette décision soit, ou puisse être, attaquée pour illégalité, puisque illégitimité de l'instance l'ayant prise. Comme le 31 août à minuit, le mandat du Conseil de fondation sortant prenait fin, si le 1er septembre à 0 heures un Conseil de fondation conforme au statut en vigueur n'avait pas été désigné, la Fondation se serait retrouvée hors-la-loi par manque d'organe statutaire. Le légalisme de l'auteur du présent rapport étant tout relatif, cette situation aurait été de nature à l'amuser, non sans qu'il s'interroge sur l'absence de lucidité d'un " gouvernement municipal " s'engageant tête baissée dans une voie sans issue…

(82) En avril, le Conseiller administratif Mugny évoquait déjà au Conseil de Fondation le cas de tapissiers-accessoiristes travaillant six semaines d'affilée, six jours par semaine.

(83) La gauche perd un siège, puisque les deux groupes de l'Alliance de Gauche n'en font plus qu'un. On note également le petit putsch interne au sein du PDC, qui a abouti à l'éviction de son représentant dans le Conseil sortant, Jacques Finet, au profit de Jean-Luc von Arx, ainsi que le retour de l'ancien représentant du parti radical, Jacques Hämmerli, sous l'étiquette UDC. Pour le reste, Jean Spielmann (AGT) remplace son épouse, Bernard Lescaze (rad) remplace Sarah Klar-Boson, et les représentants respectifs des partis libéral, socialiste et vert se succèdent à eux-mêmes.

(84) Ces canaux, pourtant, existent et des réunions régulières se tiennent entre tous les responsables, petits, moyens et grands, du GTG, réunions qui auraient dû permettre de traiter dignement le conflit " à l'interne " :
- Réunion mensuelle de coordination, présidée par le Directeur général, et réunissant tous les chefs de services administratifs, artistiques et techniques, ainsi que le/la secrétaire général-e et son adjoint-e, l'administrateur de production, l'adjoint de direction, l'assistante à l'administration artistique, le directeur du Ballet, la cheffe des chœurs etc… ;
- Réunion hebdomadaire des services techniques (" Billet technique "), présidée par le Directeur technique et réunissant tous les responsables de tous les services techniques et des ateliers ;
- Réunion hebdomadaire des services de communication, présidée par l'adjointe du Directeur général ;
- Réunion hebdomadaire de la Direction, présidée par le Directeur général

(85) Jean-Marie Blanchard, La Tribune de Genève du 15 septembre 2006

(86) Jean-Marie Blanchard, Le Temps du 19 décembre 2006

(87) Ainsi, par exemple lorsque le Conseil municipal accorde une prime aux membres du personnel municipal, cette prime n'est pas garantie aux membres du personnel du GTG. C'est le Conseil de fondation qui, de cas en cas, décide d'aligner les prestations au personnel du GTG sur les prestations au personnel municipal affecté au GTG (tel a été le cas en 2009, pour la prime unique de 1000 francs accordée au personnel municipal, puis au personnel fondation).

(88) Début 2009, la caisse de pension du personnel de la fondation, la FOP (le personnel municipal étant affilié à la CAP) a décidé de réduire son taux d'épargne, et de refuser désormais d'autoriser les cotisants à retirer leur capital en cas de rachat de crédits hypothécaires.

(89) A titre de comparaison (même entre institutions de tailles difficilement comparables), l'Opéra de Paris (deux établissements) avait (en 2004) 1584 employés fixes, et la Scala de Milan 808, les 13 fondations lyriques italiennes employant au total 5531 personnes, avec un financement mixte (Etat central, collectivités locales, privé), le Capitole de Toulouse 260 personnes (sans l'orchestre), plus 2000 " intermittents du spectacle " par an.

(90) Certains ateliers se trouvent parfois en sous-effectif de personnel, et doivent alors faire appel à du personnel temporaire, salarié par la Ville ou par la Fondation. De même, en fonction des ouvrages, il peut être nécessaire de faire appel à du personnel artistique temporaire, salarié ou payé à la prestation. Pour certaines productions le GT sous-traite une partie du travail de confection des costumes, des accessoires et des décors. Les ateliers sont en revanche mis à contribution pour l'agencement du théâtre lui-même (bureaux, foyers) ou des opérations hors des sites de représentations (opérations de promotion et de publicité). Par ailleurs, le volume de travail du personnel du GT s'accroît régulièrement du fait d'activités " hors-saison " (fête de la musique, réceptions de la Fondation). Certains services sont en sous-effectifs (les machinistes, par exemple) et doivent " tourner " grâce aux auxiliaires. L'entretien du matériel pourrait, selon certains, être effectué moins fréquemment, mais les situations de travail dangereuses, les dépassements d'horaires, la fatigue qui leur est liée, posent des problèmes de sécurité trop importants pour que l'on s'y risque.

(91) Les fonctions s'étagent d'une catégorie minimale 6 à une catégorie maximale 23, et d'un salaire minimum de 57'076 francs (responsable d'entretien) à un salaire maximum de 222'054 francs (directeur-trice technique), le-la directeur-trice générale étant hors classe, soit un écart d'environ 1 : 4 entre le plus bas et le plus haut salaire, si on ne tient pas compte de la direction générale, ou de 1 : 6 si on en tient compte.

(92) La situation de cette fondation de prévoyance a été assez préoccupante -la dégradation de son équilibre financier ayant commencé avec le siècle. Selon l'expertise actuarielle réalisée au 1er janvier 2002 par " Prevista Prévoyance ", la valeur comptable des titres était passée en dessous de leur valeur vénale. Le degré de couverture des prestations par les fonds disponibles restait encore supérieur à 100 %, mais était tout de même passé de 112,1 % à 108,9 % en un an. L'organe de contrôle (la fiduciaire SFER) note au surplus, pour l'exercice 2001, que la limite légale de 30 % de placements pour l' " exposition en monnaies étrangères " avait été dépassée, puisque cette exposition avait atteint 36,34 % en 2001. En 2002, la situation s'était encore aggravée, puisque le degré de couverture des prestations par les fonds disponibles était tombé en dessous de la barre des 100 % (au 31 décembre 2002, il n'était plus que de 93,5 %), et que le taux de rendement moyen des placements avait diminué de plus de la moitié, se situant en 2002 à 1,68 % contre 3,75 % en 2001. La situation s'est redressée par la suite, le taux de couverture ayant atteint 110 % en 2005 et 115 % en 2006.

(93) Les salaires moyens ou médians du personnel Fondation étaient en octobre 2003 de 15 % inférieurs aux salaires moyens ou médians du personnel Ville.

(94) (Antonio Soragni, Conseil de Fondation du 19 juin 2001)

(95) Cette municipalisation aura un coût, pour la Ville si elle ne réduit pas la subvention accordée au GTG de l'équivalent de la massa salariale correspondant à ce personnel municipal supplémentaire, ou pour le GTG si cette réduction de subvention est opérée, compte tenu du coût salarial supérieur des employés municipaux par rapport aux employés fondation. Pour 14 employés du GTG passant sous contrat municipal (3 au 1er janvier 2009, 4 au 1er janvier 2010, 3 au 1er janvier 2011 et 4 au 1er janvier 2012) , le GTG " perdrait " ainsi, si sa subvention était réduite de ce que cette municipalisation coûterait à la Ville, de 415'000 francs sur trois ans.

(96) Les sept postes municipalisés en 2009 et municipalisables en 2010 concernent précisément des " temporaires structurels ". Sept autres postes ont été mensualisés à fin septembre 2008, et régularisés dès le début de la saison 2009-2010.

(97) En avril 2008, l'Assemblée générale du personnel de la Ville a adopté une résolution acceptant l'accord négocié entre le Conseil administratif de la Ville et les organisations du personnel (commission du personnel, syndicats). Cet accord contient plusieurs mesures (congés, primes), qu'une identification du statut du personnel de la fondation du GTG au statut du personnel municipal impliquerait d'accorder au premier comme elles l'ont été au second. Par ailleurs, le personnel sous contrat avec la Fondation bénéficiera désormais des mêmes droits aux vacances (au minimum cinq semaines au lieu de quatre) et au paiement du salaire de base en cas de maladie (pendant 730 jours) que le personnel municipal, et au printemps 2009, la Fondation du GTG a décidé de verser aux employée sous contrat de droit privé la même prime unique de 1000 francs que celle que la Ville a décidé de verser à son propre personnel.

(98) La nouvelle commission est composée de 10 membres, élus par le personnel en collèges séparés : un membre pour les cadres intermédiaires, un membre pour le personnel de l'administration, deux membres pour le personnel des ateliers, deux membres pour le personnel de scène, un membre pour le personnel artistique, un membre pour le personnel du Ballet, un membre pour le personnel du Chœur, un membre pour le personnel d'accueil. Cette composition et celle des huit collèges électoraux qui proposent leurs représentants à la Commission, a été contestée par plusieurs employés et cadres de l'administration et de la direction, qui estimaient que le personnel de l'administration et les cadres intermédiaires étaient sous-représentés, et que cette sous-représentation procédait d'un choix délibérer de les affaiblit au moment du changement de direction . Les " contestataires " ont vainement demandé le report de l'élection des membres de la Commission des personnels. Les compositions de la commission et des collèges électoraux avaient d'ailleurs été négociées avec les représentants des personnels pendant plusieurs mois.