mercredi 3 juin 2009

Grand Théâtre : Sortie ratée

Quatre cadres du Grand Théâtre, dont le contrat a été résilié par la Fondation du GTG, contestent cette résiliation et demandent ensemble plus d'un million de francs (un an de salaire pour chacun) à la Fondation, au motif ou au prétexte que la lettre de résiliation n'aurait pas été signée par la bonne personne. De son côté, le Directeur général sortant, dont le contrat a également été résilié (mais par le Conseil administratif sur préavis du Conseil de fondation) en demande à peu près autant à la Ville (soit l'équivalent de trois ans d'un salaire plus élevé que celui d'un Conseiller administratif). On précisera utilement que la responsabilité de Patrice Mugny n'est nullement engagée dans cet épisode (elle ne l'était d'ailleurs guère dans la crise elle-même dont ce piètre règlement de compte est l'épilogue) : toutes les porcelaines cassées dans le magasin culturel genevois ne sont pas à mettre au compte du même éléphant vert. Le Grand Théâtre change de direction, et la direction sortante rate toute seule sa sortie.

Rideau...
Le conflit entre la direction sortante du Grand Théâtre et les deux " autorités " de l'institution, le Conseil de fondation et le Conseil administratif, peut utilement signaler deux évidences : d'abord, celle de la différence de statut entre les membres du personnel du Grand Théâtre, selon qu'ils font partie du personnel municipal affecté à l'institution ou du personnel employé par la fondation. Si les quatre cadres du GTG qui dénoncent leur employeur au Prud'hommes avaient été membres du personnel municipal, ils n'auraient pu être licenciés, mais tout au plus déplacés dans un autre service, avec garantie des droits acquis, sauf à leur reprocher des fautes graves que personne ne leur reproche. Cette inégalité de statut, que rien ne justifie s'agissant d'un personnel stable et " non artistique ", ne pourra être surmontée que par l'unification du statut de tous les employés du GTG dans le cadre du statut municipal, tant que le GTG restera une institution municipale. Ensuite, l'épisode illustre l'insuffisance crasse de la protection contre les licenciements dans ce pays dès lors qu'on n'est pas couvert par un statut public ou une convention collective calquée sur un tel statut. En réalité, il n'y a en Suisse aucune protection légale contre les licenciements : un employeur peut a priori licencier sans donner de raisons, pour autant qu'il respecte les délais légaux et les formes légales. On peut enfin s'interroger sur la légitimité de la pratique, dans une institution culturelle, du système des " dépouilles " : un nouveau chef arrive avec son équipe et vire l'équipe du chef précédent. Ce système a son sens lors d'un changement de gouvernement et de politique, pour manifester précisément ce changement : Obama arrive, les collaborateurs de Bush partent. Mais l'appliquer dans une institution culturelle (Richter arrive, les collaborateurs de Blanchard doivent partir) ne s'impose pas forcément. Reste le plus désagréable : le sortie ratée d'un directeur général dont le bilan artistique est remarquable. Des années passées par Jean-Marie Blanchard à la direction du Grand Théâtre, on devrait retenir le courage d'y avoir présenté Goebbels, Jarrell, Py. Pas de les clore sur un départ acrimonieux et une revendication pécuniaire vindicative. Et même un tantinet indécente.

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