lundi 8 février 2016

Fonds de tiroir


« Même il s'agit d'un vote municipal, tout le monde a conscience qu'il dépasse le cadre de la Municipalité, puisque c'est le rayonnement et l'avenir de toute une région qui sont en jeu », a déclaré le président du Conseil d'Etat, François Longchamp, à propos de la rénovation et de l'extension du MAH. Ouais, ben c'est peut-être un enjeu fondamental, mais c'est du fondamental à l'oeil : le canton ne paie pas un fifrelin pour la rénovation et l'extension du MAH... c'est à ça qu'on les reconnaît à Genève, en ce moment, les enjeux culturels fondamentaux, pour le canton : c'est la Ville qui casque. Soit parce que c'est prévu comme ça dès le départ, soit parce que la participation financière du canton est bloquée (par la droite -sauf le PDC) au Grand Conseil. C'est pas ce qu'on appelle la nouvelle répartitiion des tâches ?

« La nouvelle va faire l'effet d'une bombe », écrit le rédac'chef de GHI dans l'édition d'hier. Une bombe ? Un pétard. Et mouillé, en plus. Donc le comité référendaire contre la rénovation-extension, version Nouvel-Jucker, du Musée d'Art et d'Histoire a saisi le service de surveillance des communes pour lui demander d'invalider la nouvelle version de la Convention entre la Ville de Genève et le principal partenaire privé du projet, la Fondation Gandur. Et c'est doublement idiot. D'abord parce que si la nouvelle version de la Convention était invalidée, c'est l'ancienne qui serait ressuscitée, et qu'elle est pire que la nouvelle. Ensuite parce que la raison donnée de cette demande d'invalidation, l'illégalité supposée d'une convention du type de celle entre la Ville et la FGA (une convention sur 99 ans, avec, des contreparties matérielles, de la part de la Ville, au «don» de la FGA,) si cette Convention n'était pas validée par le Conseil municipal, avait déjà fait l'objet d'une saisie de la Cour des Comptes par plusieurs conseillères et conseillers municipaux de gauche en 2011, et que la Cour des Comptes avait conclu que le Conseil administratif n'était pas obligé de soumettre ce texte au Conseil Municipal, et que le fait qu'il engage la Ville seul n'est pas illégal. Politiquement contestable, et inopportun, mais pas illégal. Et que tant que la loi (celle sur l'administration des communes) n'a pas changé, le Conseil administratif peut se passer de l'avis du Conseil Municipal. Et que donc, plutôt qu'aller pleurnicher auprès de la surveillance des communes, les référendaires devraient déposer au Grand Conseil une proposition de modification de la loi. Mais faut croire que c'est trop compliqué. Ou pas assez jouissif. Et avec tout ça, à un mois du vote sur le MAH, on ne débat toujours pas du fond. ça aussi, c'est trop compliqué et pas assez jouissif ?

Votation municipale sur le projet de rénovation-extension du Musée d'Art et d'Histoire : faut plus dire que le débat part en couille, faut dire qu'il part en cours, au pluriel. Le comité référendaire a saisi la Surveillance des Communes pour demander l'invalidation de la convention passée entre la Ville et la Fondation Gandur, puis le Tribunal de Première Instance pour y dénoncer ce qu'il estime être la partialité de la Surveillance des Communes, placée sous la tutelle du Conseiller d'Etat François Longchamp, partisan du projet « MAH+ ». Les référendaires ont en outre annoncé que si le projet était accepté en votation populaire (ce qui est possible, même si ce n'est pas l'hypothèse la plus probable), il envisagerait de demander l'annulation de la votation  au motif d'une campagne « unilatérale » de la Ville. Par ailleurs, toujours côté opposants, deux recours de Patrimoine Suisse restent pendants, l'un contre l'extension du musée, l'autre contre l'autorisation donnée par le Conseil d'Etat d'aménager, dans le cadre de cette extension, un bâtiment classé. Et côté partisans du projet, on n'oubliera pas la procédure lancée par Jean-Claude Gandur, principal partenaire privé du projet, contre le quotidien « Le Courrier », coupable de l'avoir portraituré d'une manière et par des mots qui lui ont déplu. Aux dernières nouvelles, ni le Tribunal fédéral, ni la Cour européenne des droits de l'Homme, ni le Tribunal pénal international n'ont encore été saisis. Mais ça ne saurait tarder.

Aucun commentaire: