mercredi 17 février 2016

Fonds de tiroir


Donc, on l'a enfin reçu, le « projet scientifique et culturel » (PSC pour les intimes) du Musée d'Art et d'Histoire, qu'on demandait depuis un an. Enfin, disons qu'on en a reçu une version résumée. C'est un peu le système de la bibliothèque verte, quand on fait tenir un Jules Verne en texte intégral dans un chti bouquin facile à lire. Le PSC version intégrale fait 200 pages. Quelqu'un a dû se dire que c'était trop pour nos neurones.  Mais dans la version qu'on a reçue, c'est plein de jolies images en couleurs. ça doit être pour nous consoler. N'empêche qu'on se demande si on nous prendrait pas un peu pour des gamins ...

Toute la presse locale l'a annoncé comme si cela changeait quoi que ce soit à l'enjeu du vote municipal du 28 février : le collectionneur et promoteur immobilier valaisan Léonard Gianadda a décidé de ne plus soutenir publiquement le projet de rénovation-extension du Musée d'Art et d'Histoire, parce que « les deux camps » (celui du soutien et celui de l'opposition) «regroupent des amis». Bon, et alors ? Déjà qu'on ne savait même pas qu'il soutenait le projet, Gianadda, ni pourquoi il le soutenait, savoir qu'il ne le soutient plus (pour ne pas se fâcher avec Barbier-Muller, Oppikofer et «Tout l'immobilier» ?), sans pour autant le combattre (pour ne pas se fâcher avec on ne sait qui), faut bien avouer qu'on s'en contrefout un peu...

Le 14 août de l'année prochaine, on pourra célébrer le centenaire de la naissance de Georges Haldas. Et le 24 octobre dernier, cela faisait cinq ans que Georges Haldas était mort. Et on a proposé au Conseil municipal de Genève d'accorder son nom à une rue, ou une place de la Ville. Certes, Haldas a déjà été lauréat du Grand Prix de la Ville de Genève, en 1971. Mais les prix sont fugaces, ils s’oublient – qui se souvient de celui-là? Qu’une rue, qu’une place, porte le nom d’un homme ou d’une femme, cela l’inscrit dans le corps même de la ville, et lorsque nos pas nous y porteront, lorsqu’apparaîtra quelque part cette adresse: rue Georges-Haldas, place Georges-Haldas, et que sur des murs une plaque dira: «Georges Haldas, 1917-2010, journaliste, poète, essayiste, traducteur, chroniqueur», alors Genève, par cette trace, aura reconnu celle qu’en racontant sa Genève, a laissé de Genève. Le Conseil Municipal a, presque unanimement, accepté cette proposition. On avait pourtant cherché quel argument pouvait convaincre quelque conseiller municipal ou conseillère municipale de voter contre cette proposition. Et on n'en avait pas trouvé. Sauf un, peut-être : Georges Haldas aimait le football. Autant que les bistrots, les mots et Genève. Il est vrai que le football qu'il aimait était le vrai, celui qui attirait les foules aux Charmilles, pas celui que le fric a pourri et qui traîne son ennui et le nôtre à la Praille.
Bref, il y aura peut-être une rue ou une place Georges-Haldas à Genève. D’autres noms qui mériteraient d’être portés sur les lieux que nous arpentons attendent de l’être: ils ont en commun d’être les noms d’hommes et de femmes qui, pour quelque raison que ce soit, par choix souvent, étaient en marge de l’officialité genevoise. On vous dira  ce qu’il en fut de Sébastien Castellion et de Luigi Bertoni. Ce qu’il en fut de Haldas, c’est que ce fils de Grec de Céphalonie, se fit mieux que les Genevois « de souche » chroniqueur de Genève, de ses bistrots, de ses tumultes, de sa petite et grande vie. On ne sait qui de Georges Haldas ou de Genève adopta l’autre en premier. On sait qu’ils s’adoptèrent l’un (ou l’une) l’autre. Il fallut bien que pareille élection mutuelle se fasse pour que nous puissions lire, sous cette plume, le tendre portrait de cette ville sans grande tendresse. En proposant que Genève honore George Haldas en donnant son nom à l’une de ses rues, ou l’une de ses places, nous proposions que Genève s’honore elle-même et reconnaisse en lui l’un de ceux qui surent le mieux la dire et la voir derrière ses masques. Et pour le reste: lisez ou relisez Haldas. Vous vous y retrouverez.



Le 7 octobre dernier, le Conseiller municipal socialiste Sylvain Thévoz s'inquiétait de l'usage excessif de l'anglais dans la communication du  MAH et les noms donnés à quelques unes de ses activités publiques (Afterworks, Outings project, speed dating, etc...), et se demandait si cela relevait du « marketing culturel ou d'un manque de culture ». Le Conseil administratif a répondu que certains projets requièrent l'utilisation d'anglicisme parce qu'il n'y a pas de mots ou d'expressions françaises équivalents. Et donne comme exemple « Afterworks », « concept très difficilement traduisible en français sans faire une périphrase ». « Post Laborem », c'est une périphrase ? Bon d'accord, c'est du latin, mais dans un Musée d'Art et d'Histoire, ça a du cachet, non ? Bref, le Conseil administratif assure que le MAH est «extrêmement soucieux de la qualité du français employé dans ses différentes communications». Il s'avère donc que la convention passée entre la Ville et la Fondation Gandur pour l'Art a échappé à la vigilance soucieuse du MAH quant à la qualité de son français. Parce qu'à sa lecture, tant celle de sa première version que de sa version révisée, on reste pantois devant les fautes d'orthographe, de grammaire, de syntaxe et de logique formelle du texte....    

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