jeudi 8 mars 2007

chrestomathie

Veuillez compléter les passages remplacés entre parenthèses par *** :
"L'audit sur le fonctionnement (***1) est sans pitié avec (***2) Première réaction des (***3) en lisant ce rapport ? Dénoncer l'enquête de (***4) qui serait truffée d'erreurs" (Le Matin 17 mars)
Allez, on est pas chien, on vous aide un peu :
***1 : il peut s'agir de la police judiciaire (PJ) ou du Grand Théâtre (GTG)
***2 : il peut s'agir du chef de la PJ ou des chefs du GTG
***3 : il peut s'agir des syndicats policiers ou des membres du Conseil de fondation du GTG
***4 : il peut s'agir de Bernard Ziegler ou de Créalyse

"Dès que j'ai eu conscience du sérieux de la situation, j'ai immédiatement réagi et oeuvré sans désemparer depuis"
Bruno de Preux, président de la Fondation du GTG, (Tribune de Genève du 7 avril)
... le problème, c'est que la conscience du sérieux de la situation a pris du temps. Beaucoup de temps. Beaucoup trop de temps...

"(...) Lors de sa séance du 23 mai 2006, le Conseil de Fondation a constaté que le problème des tapissiers-accessoiristes était réglé. Il a également constaté, qu'après investigations, il n'existait pas de cas connus de mobbying ou de harcèlement sexuel au Grand Théâtre. (...) Le Conseil de Fondation a considéré, à la majorité, qu'il n'était pas l'instance compétente pour vous recevoir".
(Lettre du président de la Fondation à la Commission du personnel du GTG, à la Commission du personnel de la Ville, au SIT et au SSP)
... Une année plus tard, on cherche encore pour quoi le Conseil de fondation a bien pu être "l'instance compétente"...

"Maître de Preux, je n'ai pas compris pourquoi, mais je l'agace", confie Patrice Mugny à la Tribune de Genève (du 9 mars)...
... il jouerait pas un peu les andouilles, là, notre ministre de la Culture ?
Et de poursuivre, à propos de la crise du Grand Théâtre : "Les problèmes de structure apparaissent toujours quand surgissent des conflits de personnes".
... même que c'est réciproque...

La "Droite libérale" s'est présentée à la presse. Se situant par rapport au parti libéral, son président, Blaise-Alexandre Le Comte, a situé celui-ci à "l'extrême-centre" du panorama politique genevois. D'où il ressort sans doute que radicaux et démo-chrétiens sont à gauche, que les Verts sont à l'extrême-gauche et que les socialistes sont à l'ultra-gauche. Quant à "A gauche toute !", elle sort carrément du camp de perception de Blaisounet. La Dr oite libérale propose notamment que pour obtenir une subvention publique, tout projet culturel soit tenu d'être financé à 50 % par des dons privés (Mécenat, sponsoring etc...). Le Grand Théâtre atteignant péniblement un taux de financement privé équivalent à 5 % de son coût, et un taux d'autofinancement (en comptant donc les recettes de billeterie et quelques recettes annexes) d'un tiers de son coût, la première mesure historique que prendrait la DL si elle en avait les moyens politiques serait de fermer le Grand Théâtre.
De Preux et Roth vont trouver pire que Mugny.

Résumant le programme de la saison 2007-08 de la saison du Grand Théâtre, "plus joyeuse que jamais", Le Courrier du 7 mars écrit que "le Ballet du Grand Théâtre (a été) sauvé en 2003 par Patrice Mugny et Charles Beer". C'est exact. Mais sauvé de qui et de quoi ? Sauvé du Conseil de fondation, qui menaçait de le supprimer s'il n'obtenait pas deux millions et demi de plus.
... quand on évoque une prise d'otage, faut aussi évoquier le preneur d'otage...


Le Matin
du 11 février se faisait écho de "rumeurs persistantes" selon lesquelles le Conseil administratif serait "déjà en train de chercher un successeur" au directeur général du Grand Théâtre, Jean-Marie Blanchard.
... Pourquoi "déjà " ? tous les fusibles qui protégaient le directeur ont "déjà" sauté : le directeur technique a été expédié au Châtelet (pas la prison, l'opéra), le secrétaire général a été "libéré de ses fonctions" au Grand Théâtre et fourgué à la Ville, à charge pour elle de lui trouver un placard. Jean-Marie Blanchard se retrouve donc sans fusible. Pire, il risque bien de devenir lui-même l'ultime fusible du Conseil de fondation du Grand Théâtre, Conseil où siègent deux Conseillers administratifs, et qui depuis des années n'a cessé de fonctionner comme chambre d'enregistrement des volontés du directeur général, relayées par le bureau du Conseil. Au point qu'en décembre dernier, le Conseil, presque unanime (à un socialiste près) a voté au directeur général une confiance générale, abstraite et inconditionnelle. Sur quoi le directeur s'est appuyé pour exiger (et obtenir) la tête de son secrétaire général.
On résume donc : les deux fusibles du directeur général ont sauté, le Directeur général devient le fusible du Conseil de fondation, lequel finira bien lui-même par se retrouver fusible du Conseil administratif.
... finalement, c'est pas la structure du Grand Théâtre qu'il faut changer, c'est son installation électrique.

"Aujourd'hui, sur demande du Conseil de fondation du Grand Théâtre de Genève, le Conseil administratif, après audition du Directeur général M. Jean-marie Blanchard, de représentants du Bureau du Conseil de fondation et de M. Antonio Soragni, Secrétaire général, a considéré qu'une poursuite de la collaboration entre M. Blanchard et M. Soragni n'était plus souhaitable en l'état. C'est donc soucieux de l'intérêt général de l'institution et dans le but d'apaiser les tensions qui y règnent que le Conseil administratif a pris la décision de libérer M. Soragni de ses fonctions de Secrétaire général (...)" (Communiqué du Conseil administratif, 24 janvier)
... Outre qu'il convient toujours de se méfier de ceux qui prétendent vous libérer sans qu'on ne leur ait rien demandé, il convient aussi, en l'occurrence, de se demander qui a libéré qui : le Conseil administratif, Antonio Soragni de ses fonctions, ou Antonio Soragni, le Conseil administratif du chantage à la démission exercé sur lui par le Directeur général et le bureau du Conseil de fondation du Grand Théâtre ?

On apprend non sans surprise (dans le GHI du 7 mars), que la ligne du parti radical envers le Grand Théâtre est "toujours très critique" (c'est Pierre Maudet qui le dit). Ah bon ? Alors pourquoi le parti radical a-t-il poussé son représentant au Conseil de fondation, Jacques Hämmerli, à en démissionner, sur injonction du bureau dudit conseil, parce que Hämmerli, précisément, et malgré son parti, était "très critique", "trop critique" en tous cas pour le bureau du Conseil de fondation ? "Jacques Hämmerli a démissionné de lui-même" assure Maudet. Tu parles : il a été poussé dehors par les radicaux, et remplacé par Maudet lui-même pendant trois mois (le temps pour Maudet de cirer quelques pompes et de s'apercevoir qu'il n'y avait aucun suffrage à gagner au Grand Théâtre)...
La clairvoyance critique du parti radical est admirable. Mais très tardive. Et surtout très discrète.

On lit avec un plaisir non dissimulé le chef du groupe UDC au Conseil municipal de la Ville, Pascal Rubeli, se prononcer (dans Tout l'immobilier du 5 février) pour un meilleur partage de la charge des grandes institutions culturelles : "ce n'est pas à la Ville de Genève de suppporter seule les frais des institutions qui bénéficient aussi aux habitants de tout le canton et de la zone frontalière. Les dépenses consacrées à de grandes entités comme le Grand Théâtre (...) plombent le budget de la Ville. Nous voulons revoir le partage des frais".
... en voilà une bonne nouvelle... Mais alors, est-ce que quelqu'un pourrait nous expliquer pourquoi toutes les propositions de la gauche (plus précisément du PS, mais aussi d'AGT) pour réduire la charge financière et structurelle des grandes institutions culturelles ont été repoussées par la droite,. UDC comprise, et qu'à chaque fois que le Grand Théâtre demande de l'argent supplémentaire, la droite (UDC comprise) le lui accordent ?

Dans le genre récupérateur des idées des autres, on a trouvé une sorte de champion : le candidat radical au Conseil municipal de la Ville, Thierry Baeriswyl, qui déclare benoîtement dans Tout l'immobilier du 15 janvier, à propos du Grand Théâtre, que "les charges annuelles (de l'institution) semblent prohibitives pour une collectivité publique". Ce que les socialistes et solidaritéS disent depuis dix ans, face (notamment) à des radicaux qui non seulement votent la tête dans le sac toutes les demandes de subvention, de rallonges, de garanties de déficit et de crédits déposées par le Grand Théâtre, mais limogent leur propre représentant au Conseil de fondation du Grand Théâtre quand il s'avise de contester la gestion dudit Grand Théâtre.
Bon, d'accord, y'a longtemps que plus personne n'attend la moindre cohérence des radicaux. Mais de là à ce qu'ils exhibent aussi fièrement leur incohérence...

Dans le Courrier du 28 février, le vice-président du Conseil de fondation du Grand Théâtre, Robert Roth, annonce que que les futures conclusions de l'audit "n'y changeront rien : nous considérons qu'il n'est plus possible de travailler avec Patrice Mugny"...
... manque de pot, le bureau du Conseil de fondation du Grand Théâtre n'a pas le choix : ça n'est pas lui qui élit le Conseil administratif, mais le peuple, et ça n'est pas lui qui décide quel(le) Conseiller-e administratif-ve sera chargé de la culture, mais le Conseil administratif...

"Patrice Mugny se comporte à la manière d'un pompier pyromane, en mettant en scène des dysfonctionnements exagérés qu'il donne ensuite l'impression de régler seul", dénonce la président du Conseil de fondation du Grand Théâtre, Bruno de Preux (La Tribune de Genève du 28 février).
Exemples de quelques dysfonctionnements "exagérés" :
- le limogeage du secrétaire général du Grand Théâtre, au motif qu'il ne remplit pas efficacement la fonction qu'il occupe... depuis six ans...
- le refus par deux fois du Conseil de fondation de recevoir les syndicats;
- le refus systématique, pendant des mois, de considérer les plaintes émanant du personnel comme autre chose qu'un complot syndical;
- l'annonce publique par le président et le vice-président de la fondation de leur "démission" alors qu'ils n'ont décidé que de ne pas se représenter au terme de leur mandat... dans six mois...

Le même président du Conseil de fondation se plaint de l'"intolérable décrédibilisation de la direction (du GTG) par les initiatives ravageuses du magistrat" (La Tribune de Genève du 28 février)
... comme si la direction avait eu besoin du magistrat pour se décribiliser...

Expliquant dans Le Courrier (du 28 février) sa vraie-fausse démission de vice-président du Conseil de fondation, parallèlement à la fausse-vraie démission du président du même Conseil, Robert Roth assure qu'à titre personnel "il est loin d'éprouver de l'antipathie pour Patrice Mugny"... qu'il accuse ensuite, pèle-mèle, de vouloir déstabiliser le directeur général, de ne pas respecter les règles du jeu, de considérer le Grand Théâtre comme son jouet, de faire primer l'émotionnel sur la raison, de s'approprier la crise à des fins politiques...
... heureusement que Robert Roth est "loin d'éprouver, à titre personnel, de l'antipathie pour Patrice Mugny".

Dans le même entretien, paru dans le même journal, Robert Roth assure que la décision de Bruno de Preux et de lui-même de ne pas se représenter à leurs postes respectifs en août prochain, et la décision de l'annoncer à trois semaines des élections municipales n'est pas "partisanes" et que les deux hommes ne cherchent pas à "nuire politiquement à Patrice Mugny"...
... ben non,. c'est évident, l'accuser de tous les maux, c'est une manière de le soutenir...

Enfin, Robert Roth explique que Bruno de Preux et lui-même n'ont annoncé leur démission que fin février "pour ne pas parasiter le processus d'audit", et qu'ils ont attendu la fin des entretiens de l'audit. Et d'ajouter que les futures conclusions de l'audit "n'y changeront rien : nous considérons qu'il n'est plus possible de travailler avec Patrice Mugny"...
... bref, l'audit peut dire ce qu'il veut, on n'entendra que ce qu'on a envie d'entendre.
Le problème, c'est que ce n'est pas le bureau du Conseil de fondation du Grand Théâtre qui doit décider avec quel Conseiller administratif il doit travailler, ce sont les citoyennes et citoyens...

Le président de la Fondation du GTG, Bruno de Preux, a expliqué le 16 janvier au Conseil de fondation, pour justifier la demande du bureau du Conseil de licenciement du secrétaire général (à la demande du directeur général) qu'il fallait le faire parce que les deux hommes ne pouvaient plus travailler ensemble, qu'il fallait choisir entre les deux et que "gérer le départ de M. Blanchard ne serait pas facile".
... bien moins facile en effet que gérer le départ de M. de Preux...

Quant au vice-président du Conseil de fondation, Robert Roth, il s'est demandé (toujours le 16 janvier) comment il se faisait que la Conseillère municipale de Solidarités, Catherine Gaillard, "en sait plus que le Bureau".
... logiquement, il aurait mieux valu s'interroger sur le fait que le Bureau du Conseil de fondation du GTG en sait moins sur la situation du GTG qu'une conseillère municipale, mais ç'aurait été reconnaître l'incompétence dudit bureau en même temps que la compétence de ladite conseillère municipale...

"
Si après les élections Patrice Mugny devait encore être en charge de la Culture, il est exclu que je retire mes (sic) démissions", a déclaré le président de la fondation du Grand Théâtre, Bruno de Preux, lors de la présentation de la saison 2007-8 du GTG, selon "Le Temps" du 7 mars.
... mais qui diable a demandé à de Preux de retirer "ses démissions" ? Il faudrait d'ailleurs qu'il en ait au moins présenté une : aux dernières nouvelles, il n'a qu'annoncé que son intention de ne pas se représenter à son poste en août prochain) ? Quant à la nouvelle flèche décochée à Mugny, on rappellera au président de la Fondation que son vice-président, Robert Roth, estimait (dans Le Courrier du 28 février) que "le Grand Théâtre doit rester en dehors du jeu politique".
Parce que ses têtes n'en comprennent pas les règles ou qu'elle trichent?
Le même Courrier du même 7 mars, donne une version légèrement différente (c'est beau, le pluralisme de la presse) de la déclaration de Bruno de Preux "si M. Mugny était réélu et restait chef de la Culture, il serait impossible pour moi de travailler avec lui". Le président de la Fondation du Grand Théâtre a seulement oublié de dire pour qui il appelait à voter (Catherine Gaillard, Rémy Pagani ?), et qui il voudrait à la tête du DAC (Catherine Gaillard ? Manuel Tornare ?).

Dans un rapport d'enquête administrative diligenté par le Conseil administratif sur le cas de deux électriciens du Grand Théâtre, employés de la Ville, les enquêteurs évoquent le "laxisme ambiant au Grand Théâtre" et le "non respect manifeste des procédures statutaires par la Direction générale".
... mauvaises langues, va...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Tout cela me semble bien compliqué.

La réalité est là : un ministre de la culture d'une ville de province se prend pour Néron et Staline réunis pour faire main basse sur la culture et fixer les normes du bon goût.

D'indécrottables coqs en mal de flatterie de leur égo cherchent à lui résister, alors que le personnel, directeur en tête, ne sait à quels saints se vouer dans une pareille querelle de chiffonniers, instrumentalisé qu'il est par ailleurs par les uns et les autres.

Il est temps que les choses changent.

Pascal Holenweg a dit…

Les choses vont forcément changer -mais dans quel sens ? Les audits suggéreront des directions, mais la décision reviendra finalement aux politiques (pas forcément à Néron, peut-être aussi à Sénèque...)
De toutes façons, les seuls à être indispensables au fonctionnement d'un opéra sont bien ceux qui y travaillent, et les seuls à justifier le fric qu'on y met sont ceux qui viennent assister aux spectacles : on peut changer de ministre de la culture et virer toute la volaille du Conseil de fondation (coqs compris), le GTG tiendra si on rend droit à son personnel...