jeudi 22 mars 2007

Un "Conseiller aux réformes" pour le Grand Théâtre

Or donc, dans leur grande sagesse, ou leur grande prudence, le Conseil administratif et le Bureau du Conseil de fondation, prévoyant un audit en forme d'averse de reproches, ont décidé de s'offrir un parapluie :

Communiqué de presse du Conseil administratif :
Grand Théâtre: le Conseil administratif propose Me David Lachat
Le Conseil administratif de la Ville de Genève, en accord avec le Président du Conseil de fondation du Grand Théâtre, propose aux membres dudit Conseil de mandater Maître David Lachat afin qu'il participe, en tant que conseiller, à la mise en oeuvre des mesures et réformes qui seront proposées le 2 avril prochain par les sociétés qui ont audité durant ces derniers mois le Grand Théâtre.

Patrice Mugny justifie le choix de David Lachat par le fait que ce "grand amateur d'opera" est une "personnalité respectées par toutes les parties", et Bruno de Preux se dit "personnellement très favorable à ce choix".

L'idée est plaisante, son parcours ne l'est pas moins :

- On observera d'abord que le communiqué du Conseil administratif évoque l'accord du Président du Conseil de fondation. Accord donné à quel titre et au nom de qui ? titre personnel ? Au nom du bureau ? Au nom du Conseil (pas consulté) ? En tous cas, le communiqué de presse du Conseil administratif a été soumis avant publication au président de la Fondation, qui l'a approuvé.

- On notera que les membres du Conseil de fondation ont été (avec le personnel) les derniers informés de la proposition, annoncée par un communiqué distribué à toute la République... sauf eux... "Pourquoi le Conseil de fondation est-il systématiquement le dernier informé des propositions et des décisions des uns et des autres", se demandent plusieurs de ses membres ? Sans doute parce qu'il n'est que la dernière roue du char, une chambre d'enregistrement... et que le seule chose qu'on demande à une chambre d'enregistrement est d'enregistrer. Pas de débattre. Et encore moins de décider. Il apparait donc que pour le bureau du Conseil, proposer de nommer un "conseiller aux réformes", et choisir ce conseiller, après plus d'une année de crise, relève de la "gestion des affaires courantes", une tâche parfaitement subalterne, dont le bureau du Conseil est effectivement chargé, et dont l'"instance suprême" de la fondation (le Conseil) n'a pas à se préoccuper puiqu'on s'en charge pour elle... quitte à lui expliquer ensuite, que, bon d'accord, en l'occurrence, la proposition ne relève pas vraiment d'une "tâche subalterne" mais qu'on ne pouvait pas l'informer plus tôt parce que le conseiller pressenti n'avait pas formellement donné son accord, et qu'on craignait les fuites -qu'on craignait cependant beaucoup moins, puisqu'on les organisait, lorsqu'il s'était agi d'annoncer la vraie-fausse démission du président et du vice-président de la fondation... quant aux tractations qui durent depuis des semaines entre diverses instances, coteries et castes locales, on ne pouvait sans doute pas non plus en informer "l'instance suprême" de la fondation du Grand Théâtre, ni le perfsonnel, ni les syndicats.

- On saluera avec émotion les retrouvailles entre MM Mugny et de Preux, après des semaines de querelle publique et d'annonces qu'ils n'avaient plus rien à se dire et ne pouvaient plus travailler ensemble : ce retour de flamme est attendrissant, mais fragile : le communiqué du Conseil administratif évoque explicitement un accord du président de la Fondation avec la proposition du CA. Le président affirme de son côté n'avoir reçu communication du communiqué de presse du CA qu'en même temps que les autres membres du Conseil.

- On trouvera assez malin le choix de la personne : un socialiste comme conseiller, ça pourrait servir à calmer la gauche du Conseil municipal (et du Conseil de fondation), ou à la diviser... En tout état de cause, ça n'est pas David Lachat qui s'est proposé, ce sont les contributeurs privés du Grand Théâtre (Char les Pictet, le Cercle, la fondation Wilsdorf), vraisemblablement cornaqués par le président honoraire de la fondation, qui sont allés le chercher. Ce qui suggère qu'ils pourraient nourrir quelques doutes sur la capacité de la présidence actuelle de la Fondation de "gérer" les conséquences de l'audit...

Quant au mandat qui serait donné à David Lachat ("participer à titre de conseiller à la mise en oeuvre des mesures et réformes qui seront proposées le 2 avril" par les auditeurs), on s'interroge : de qui le Conseiller serait-il le conseiller ? du Conseil administratif ? Du Conseil de Fondation ? De tous les signataires du protocole d'audit ? Vu les divergences entre ces instances (et au sein d'elles), c'est pas d'un Conseiller dont on aurait besoin, mais d'un contingent de casques bleus.
Par ailleurs, de quelles réformes parle-t-on, ou plutôt : à quelles propositions de réformes s'attend-on de la part des auditeurs (on ne se permettra évidemment pas de supposer que les propositions des auditeurs soient déjà connues des audités, puisqu'elles sont supposées leur être présentées le 2 avril).
De toutes façons, la décision finale sera politique : elle devra se traduire par de nouveaux statuts et un nouveau réglement interne pour la Fondation, et ces textes aboutiront fatalement devant le Conseil municipal (et, pour les statuts, le Grand Conseil)...

Le Conseil de fondation, dernier informé (avec les syndicats et la commission du personnel) de la proposition, devra l'examiner et l'entériner (ou la refuser, ou la soumettre à un accord préalable des partenaires de l'audit -les syndicats et la commission du personnel) le 2 avril. Ce même 2 avril, les rapports d'audit seront présentés à leurs commanditaires (le Conseil administratif, le Conseil de Fondation), aux signataires du protocole d'audit (les mêmes plus les commissions du personnel et les syndicats) et au personnel. Et le 3 avril, le Conseil de fondation débattra du contenu des rapports et des propositions qu'ils contiennent.

Pour toutes celles et tous ceux que le sujet intéresse, le Conseil administratif informe que les rapports d'audit (en version intégrale ? expurgée ? réduite à leurs conclusions) seront disponibles dès lundi 2 avril au matin sur le site internet du DAC

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